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FERME ET ATELIER D'OUTILLAGE BOURLIER, PUIS CAFÉ-RESTAURANT DE LA POMME D'OR

25 - Montécheroux

1 rue du Lomont

  • Dossier IA25001978 réalisé en 2018 revu en 2020
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Façade antérieure. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Fondateur au milieu des années 1810 d’une entreprise de fabrication d’outils, Pierre Bourlier (1787-1853) est en 1830 propriétaire d’une ferme dessinée sur le plan cadastral napoléonien (D 265, actuelle 1 rue du Lomont), vraisemblablement bâtie à la fin du 18e siècle ou au début du 19e.
En 1839 ou 1840, il fait construire une forge (D 269) à côté d’elle. Il est alors associé avec son fils Frédéric (Jacques Frédéric, 1816-1871) au sein de la société Bourlier Père et Fils. Est-ce le même Jacques Frédéric Bourlier qui sera propriétaire, de 1865 à 1874, de l’usine Brésard à Villars-lès-Blamont ou son homonyme (né en 1815 et mort en 1883) marié avec Marie Ducommun dit Véron ? Les Bourlier père et fils, qui se déclarent "fabricants d’outils d’horlogers, de bijoutiers, de graveurs et d’amateurs", participent à l’exposition nationale de Paris en 1839, à laquelle ils envoient 177 outils. Ils emploient alors 125 personnes et leur production annuelle, exportée pour les deux cinquièmes, s'élève à 86 000 F.

En 1844, le seul fabricant de Montécheroux à participer à l’exposition nationale est David Bourlier : le fils de Pierre né en 1818 ? Le jury de sélection des produits à envoyer émet l’appréciation suivante sur son affaire : "Le jury a reconnu un grand fini d’exécution dans les objets soumis à son examen, ainsi qu’une diminution très sensible de prix relativement aux années précédentes. La fabrique encore récente de M. Bourlier s’est fait remarquer parmi les fabriques de même nature déjà existantes à Montécheroux. Les produits de cette nature sortis de cette petite localité se sont rapidement substitués à bien meilleur marché à ceux qui étaient auparavant tirés de l’Angleterre. La bonne exécution et la modicité des prix de ses produits lui assure une extension de plus en plus considérable." La fiche d'accompagnement donne le 1er janvier 1842 comme date de fondation d’une affaire qui emploie 5 personnes en atelier et de 3 à 30 à domicile "selon les besoins". Avec à la rubrique "Avantages que présente l’établiss[emen]t pour la localité" : "circulation d’argent, aisance générale". L’entreprise dispose de "3 feux, 1 four, 1 forge, plusieurs tours" et d’une "machine à fraiser les gouges de la force de trois hommes", consomme 2 t de fer, 300 kg d’acier et 30 m3 de charbon pour produire "500 gouges et ciseaux, 700 pinces, 100 tours, 450 étaux, 1 200 marteaux", le tout d’une valeur de 12 000 F.
Après avoir été déclarés vers 1844 propriété de François Joseph Guarret, de Chamesol, les bâtiments sont au milieu de la décennie suivante au nom de la société Bourlier Frères, réunissant trois fils de Pierre : Pierre (1812-1885), David (1818-1900) et Jacques (1834-1899). Ceux-ci établissent à cette époque une nouvelle unité au cœur du village de Liebvillers, sur le site de l’ancien moulin. Ils y font construire deux habitations auxquelles David ajoute en 1857 un "atelier de polissage mécanique", dans lequel il occupe 14 personnes vers 1860 (ces bâtiments seront cédés vers 1883 à l’industriel écheroumontain Lucien Hugoniot-Tissot).

En 1864, le Dr Muston évalue à 12 000 F la valeur des outils produits par l’affaire associant David Bourlier et Georges Frédéric Gueutal alors que l’entreprise Bourlier Frères est, avec 52 000 F, en troisième place (derrière celles des Gueutal et de Besançon). Il y a donc bien à cette date deux fabriques tenues par la famille Bourlier, et qui se font face au carrefour : celle des frères Bourlier au 1 rue du Lomont et celle de David Bourlier au 9 rue de Saint-Hippolyte, associant une maison rebâtie en 1864 (D 242) à une autre plus ancienne (D 244).
Jacques Bourlier récupère vers 1871 les bâtiments de la rue du Lomont (à noter que peu avant sa mort, il deviendra aussi copropriétaire d’une maison au 13 Grande Rue, augmentée d’une partie de l’habitation voisine, au n° 11, passée en 1881 à son frère Pierre, lequel semble en rebâtir la forge, future forge Thomann). A son décès, le site est acquis par le limeur Nicolas Bouton (1830-1919) puis vers 1921 par l’épicier Louis Lorenzini. Reprenant l’enseigne de l’établissement voisin (au 1 Grande Rue), qui abrita la forge Vannier-Ruhier puis Faivre, le bâtiment sur rue est transformé au milieu des années 1990 en café-restaurant de la Pomme d’Or. Cet établissement, agrandi vers l'est, est aujourd’hui fermé et la forge a été détruite (à une date non déterminée).
Période(s)
Principale :
  • limite 18e siècle 19e siècle

Description


Le logement et la grange ont des murs en moellons calcaires enduits et sont coiffés de toits à longs pans, avec demi-croupe au sud (côté Grande Rue) et pignon couvert au nord pour le premier, pignons couverts sur la grange. Ils comportent un étage de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé, accessible à l'est par un escalier extérieur droit en maçonnerie pour le premier, par une rampe pour la deuxième. Le logement a en outre un étage carré et un étage en surcroît, desservis par un escalier dans-oeuvre. La remise, en pan de bois essenté de planches, est protégée par un appentis. Les couvertures sont en tuiles mécaniques.
Toit :
  • tuile mécanique
Etages :
  • étage de soubassement
  • rez-de-chaussée surélevé
  • 1 étage carré
  • étage en surcroît
Escalier :
  • escalier de distribution extérieur, escalier droit, en maçonnerie
  • escalier dans-oeuvre,
Autre :
  • rampe d'accès

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 394 Cadastre de la commune de Montécheroux, 1830-1934
    3 P 394 Cadastre de la commune de Montécheroux, 1830-1934
    3 P 394 : Atlas parcellaire (16 feuilles), dessin (plume, lavis), par le géomètre du cadastre Mestre, 1830
    3 P 394/1 : Registre des états de sections, [1831]
    3 P 394/2 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, [1832-1913]
    3 P 394/3 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910
    3 P 394/4-5 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1914-1934
    3 P 394/6 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1934
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 394
  • M 2337 Encouragement à l’industrie. Expositions. Expositions nationales et universelles. Exposition des produits de l’industrie française à Paris, 1839-1844
    M 2337 Encouragement à l’industrie. Expositions. Expositions nationales et universelles. Exposition des produits de l’industrie française à Paris, 1839-1844
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2337
  • Gueutal, Simone ; Deconninck, Eric (edocpatch). Recherches généalogiques
    Gueutal, Simone ; Deconninck, Eric (edocpatch). Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Roze, Jacqueline. Recherches généalogiques
    Roze, Jacqueline. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Baudoin, Gilbert. Une histoire des fabricants d’outils "dits de Montécheroux". 1780-1920, 2017
    Baudoin, Gilbert. Une histoire des fabricants d’outils "dits de Montécheroux". 1780-1920. - 2017. 48 p. : ill. ; 30 cm. Version provisoire en date du 30 septembre 2017.
  • Muston, Etienne (Dr). Recherches anthropologiques sur le pays de Montbéliard, 1866
    Muston, Etienne (Dr). Recherches anthropologiques sur le pays de Montbéliard. 1re partie. Mémoires de la Société d’Emulation de Montbéliard, 1866, 2e série, 3e vol., p. 5-456.
  • Poissenot, Aimé ; Abram, Luc ; Pourcelot, René. Histoire des pinces de Montécheroux, 2002
    Poissenot, Aimé ; Abram, Luc ; Pourcelot, René. Histoire des pinces de Montécheroux. - Nancray : Folklore comtois, 2002. 339 p. : ill. ; 24 cm.
  • Bourhis Myriam (témoignage oral)
    Bourhis Myriam, trésorière de l’association Musons et Créons. Montécheroux
  • Bonvalot Léon (témoignage oral)
    Bonvalot Léon, propriétaire de l’ancienne auberge de la Pomme d’Or (au 1 Grande Rue). Montécheroux

Informations complémentaires


Les Bourlier père et fils participent à l’exposition nationale de Paris en 1839, dans laquelle ils bénéficient d’une "citation favorable".

Dans leur lettre de candidature du 24 décembre 1838 (conservée aux Archives départementales du Doubs : M 2337), ils se déclarent "fabricants d’outils d’horlogers, de bijoutiers, de graveurs et d’amateurs" tandis que le bordereau accompagnant les objets, en date du 30 mars 1839, les mentionne comme "ancienne et bonne fabrique qui occupe 125 ouvriers". C’est en effet le chiffre qu’ils mettent en avant dans la notice accompagnant leur envoi, précisant aussi que les outils sont vendus en France pour les trois cinquièmes et réalisés avec des matières premières provenant pour un vingtième seulement de l’étranger. Dans une version actualisée de la notice, ils chiffrent leur production - 86 000 F, dont 52 500 F en France et le reste (33 500 F) à l’étranger - et leur consommation - 21 000 F, dont 19 950 F de matières premières françaises et le reste (1 050 F) de l’étranger.
Bourlier en profite pour signaler ses difficultés : "Depuis 25 ans que ma fabrique est établie j’ai pu, jusqu’à l'époque où les droits d’entrée des outils étrangers ont baissé, occuper un grand nombre d'ouvriers, mais depuis cet époque je n’ai plus eu de commandes que sous les conditions de baisser les prix pour soutenir [la] concurrence avec les mêmes outils d’Allemagne dont les droits d’entrée par leur réduction facilite les fabricants de ce pays d’en fournir à plus bas prix par la raison que les matières premières sont au dessous des prix de France. Ainsi au lieu de pouvoir donner de l’extension à ma fabrication, je me suis vu forcé par cette raison de la voir diminuer sensiblement parce que je ne recevais que peu de commandes au prix dont je pouvais livrer mes produits au commerce et que je n’avais point de débouché pour pouvoir les placer qu’avec perte. Le seul moyen de donner l’extention dont elle est susceptible de recevoir ce serait l’augmentation des droits d’entrée des articles étrangers proportionnellement en valeur avec ceux des matières premières."

Le jury de sélection donne une appréciation élogieuse de l’affaire : "Cette fabrique est réputée pour ses bons produits depuis un grand nombre d’années ; le jury se plait à reconnaitre toutefois que sa fabrication est un progrès de perfectionnement, qu’il y a amélioration dans les produits et dans les prix courants. MM. Bourlier chefs de cette fabrique ont présenté 177 échantillons d’outils d’horlogerie de diverses sortes lesquels sont dignes d’attention par leur perfection et la modicité des prix."
Les articles expédiés à l’exposition sont ainsi présentés dans la lettre de candidature de 1838 : "Outils d’horlogers, de bijoutiers et d’amateurs : tours, pinces, éteaux, marteaux, bigornes, outils-à-trous, boules à redresser, compas, tasseaux, presselles, bocfils, huit-de-chiffre, maîtres-de-danse, porte-forêts, calibres, fillières, tournevis, outils à percer yeux de ressorts, crochets de cordes à boyaux, cisailles, crochets pour manteaux, cécateurs, casse-noisettes, tillets, équerres, brunissoirs, ciseaux à sucre. Outils de graveurs et de sculpteurs : gouges, compas, butavents, ciseaux, chasse goupilles, aiguilles à calquer, viroles, pointes de graveurs, marteaux, échoppes. Articles divers : pinces et emporte pièces pour selliers, presselles pour chirurgiens, pour fleuristes et pour tissiers, pinces pour bonnetiers et pour tissiers".
Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Complément de localisation :
  • anciennement région de Franche-Comté
Dénomination : ferme, atelier
Parties constituantes non étudiées :
  • logement
  • grange
  • remise
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