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MAISON ET ATELIER D'OUTILLAGE DE NICOLAS PUIS LOUIS GUEUTAL

25 - Montécheroux

  • Dossier IA25001932 réalisé en 2018 revu en 2020
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Vue d'ensemble, depuis le nord. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


La maison au 49 Grande Rue est bâtie en 1786 (date portée sur un linteau de porte, avec les initiales DG), certainement pour Daniel Gueutal (1745-1826), dit meunier, laboureur et maréchal-ferrant. Elle passe ensuite à son fils Nicolas (Pierre Nicolas, 1783-1868) qui, créant son affaire en 1802, est l’un des premiers fabricants d’outils d’horlogerie de Montécheroux. En 1830, il est propriétaire de deux bâtiments dessinés sur le plan cadastral : un bloc (cadastré D 520) formé de l'habitation de 1786 accolée à une autre, vraisemblablement à usage de ferme, et une forge au sud-ouest (D 521, auparavant portée comme maison).
Nicolas Gueutal est présent à l’exposition nationale de 1839 à Paris. La notice de présentation de son entreprise précise qu’il est "fabricant d’outils pour horlogers, bijoutiers et autre quincaillerie" : "Cette fabrique qui existe depuis un grand nombre d’années confectionne des outils d’horlogerie de toute espèce très recherchés à raison de leur précision et de leurs formes commodes. Elle occupe de 80 à 100 ouvriers de tout âge et de tout sexe lesquels gagnent de 50 centimes à 3 francs par jour. Ces ouvriers, ainsi que ceux des fabriques de même nature, travaillent en grande partie dans leurs domiciles respectifs et rapportent le produit de leur travail au chef de la manufacture. M. Gueutal fabrique de cette manière pour 40 à 50 000 francs d’outils divers qui se placent facilement en France quoique l’abaissement des droits d’importation sur les objets de même genre venant de l’étranger donne lieu à une concurrence fâcheuse, nuisible aux simples ouvriers dont un certain nombre reste sans ouvrage à raison du ralentissement forcé de la fabrication. La fabrique tire ses matières premières de l’intérieur du pays sauf quelques aciers fins et des laitons qu’elle fait venir de l’étranger." Le nombre d’ouvriers est fluctuant : une centaine "et même plus lorsqu’il le faut" ("jusqu’à 250"). Gueutal envoie pinces (dont une "à 3 têtes nouvelle invention"), étaux (dont un "casse-noisette"), bigornes, tours, compas, marteaux, "boulles [sic] pour monteurs de boite", "tasseaux et outils à trous", brucelles, "bocfilles [bocfils] à douille", un calibre, etc. Le 24e article de l’envoi réunit trois pistolets dont un "à 2 coups invanté [sic] par moi-même en 1837".

Le site est partagé au milieu de la décennie 1850 entre deux de ses fils, les "forgeurs" (forgerons) Jacques dit le Sec (1818-1877) et Louis (1821-1878), tandis que leur frère aîné Pierre Nicolas (1809-1871) s’installe juste à côté (aux 45-47 Grande Rue). Le bâtiment est reconstruit en 1853 : la maison de 1786 subsiste mais une nouvelle habitation (n° 51), distincte, est édifiée ainsi qu'une dépendance agricole (n° 53), à usage de grange et d’étable. La raison sociale de l’entreprise de Louis, rejoint par son fils également prénommé Louis (1847-1916), est "Maison Louis Gueutal et Fils - Ancienne maison Nicolas Gueutal et Fils, fondée en 1802".
Louis fils succède à son père et en 1881, selon la matrice cadastrale, il fait bâtir deux remises (?). Il acquiert vers 1900-1903 la propriété voisine (55 et 66 Grande Rue), comprenant notamment une maison et une forge dues à Jacques Mélières (1806-1883) et passées ensuite au forgeur Frédéric Ducommun dit Véron (Pierre Frédéric, 1833-1898), marié à une demoiselle Gueutal (également présent au 6 rue de Saint-Hippolyte). Les biens de Louis Gueutal fils, incluant des terres (13 ha en 1901), sont vendus à l’issue de la première guerre mondiale (dès son décès en 1916 ?). La maison au n° 51 est partagée entre le boulanger Jonathan Abram et Charles Louis Lamy, les autres bâtiments sont repris par la société en nom collectif E. Ducommun et Marti.
Créée en 1911 et réunissant Ernest Ducommun (1857-1928) et son gendre Ernest Marti (1881-1959), cette dernière s'est implantée rue de la Planchette dans des locaux appartenant aussi aux Gueutal (deux maisons propriété de Louis fils et une troisième ayant appartenu à Jacques). Sur le site des 49-53 Grande Rue, elle exploite la forge, utilise la maison de 1786 comme habitation pour ses ouvriers et aménage l’étage de la grange en logements. La Sarl des Anciens Ets E. Ducommun et Marti - E. Marti successeur est en 1952 dirigée par René Marti, le fils d’Ernest. Comptant 70 ouvriers à Montécheroux en 1960, elle est acquise en 1967 par l’autre grande entreprise de Montécheroux, la société Hugoniot-Perrenoud et Cie, et devient Forges de Montécheroux (FMX). En difficulté, cette affaire (qui quittera le village en 2000) est revendue en 1985 puis 1986. La forge est alors désaffectée et les bâtiments sont cédés. Ils servent toujours de logement.
Période(s)
Principale :
  • 4e quart 18e siècle
  • 3e quart 19e siècle
Date(s)
1786 : porte la date
1853 : daté par source

Description


Le site comporte quatre corps de bâtiments principaux, aux murs de moellons calcaires enduits. La maison de 1786 (à l'est de la cour) et celle de 1853 (à l'ouest) comportent sous-sol, étage carré et comble (à surcroît pour la 2e), desservis par un escalier dans-oeuvre. La grange (en fond de cour) et la forge (derrière elle) ont un étage carré, accessible sur une façade latérale par un escalier extérieur en pierre, et un comble (à surcroît pour la 1ère). Le bâtiment de 1786 a des fenêtres à linteau délardé en berceau segmentaire, la forge un linteau de porte avec arc en accolade et une fenêtre d'atelier récente. Les toits sont à longs pans, croupes (maison de 1853) ou demi-croupes, et tuiles mécaniques (associées aux tuiles plates sur la maison de 1786).
Murs :
  • calcaire
  • moellon
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
  • tuile plate
Etages :
  • sous-sol
  • 1 étage carré
  • comble à surcroît
Elévation :
  • élévation à travées
Escalier :
  • escalier de distribution extérieur, escalier symétrique, en maçonnerie
  • escalier de distribution extérieur, escalier droit, en maçonnerie
  • escalier dans-oeuvre,
Typologie :
  • baie d'atelier
Energie utilisée :
  • énergie humaine

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 394 Cadastre de la commune de Montécheroux, 1830-1934
    3 P 394 Cadastre de la commune de Montécheroux, 1830-19343 P 394 : Atlas parcellaire (16 feuilles), dessin (plume, lavis), par le géomètre du cadastre Mestre, 18303 P 394/1 : Registre des états de sections, [1831]3 P 394/2 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, [1832-1913]3 P 394/3 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-19103 P 394/4-5 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1914-19343 P 394/6 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1934
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 394
  • M 2337 Encouragement à l’industrie. Expositions. Expositions nationales et universelles. Exposition des produits de l’industrie française à Paris, 1839-1844
    M 2337 Encouragement à l’industrie. Expositions. Expositions nationales et universelles. Exposition des produits de l’industrie française à Paris, 1839-1844
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2337
  • Prix-courant de N[ico]las Gueutal, fabricant d'outils pour horlogers, bijoutiers et autre quincaillerie à Montécheroux, près St Hypolite (Doubs), 1839
    Prix-courant de N[ico]las Gueutal, fabricant d'outils pour horlogers, bijoutiers et autre quincaillerie à Montécheroux, près St Hypolite (Doubs), 1839Un autre exemplaire est conservé au musée de la Pince, à Montécheroux (cf. IVR43_20192501024NUC4A).
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2337
  • [Plan-masse et de situation avec affectation des bâtiments de Louis Gueutal Fils], 1916
    [Plan-masse et de situation avec affectation des bâtiments de Louis Gueutal Fils], photocopie d’un dessin colorié, s.n., 1916, 1/500, 21 x 30 cm. Plan annexé à un document (non consulté) intitulé Adjudication Gueutal, 19 mai 1916
    Lieu de conservation : Collection particulière : Yolaine Collardey, Montécheroux
  • Gueutal, Simone ; Deconninck, Eric (edocpatch). Recherches généalogiques
    Gueutal, Simone ; Deconninck, Eric (edocpatch). Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Patois, René-Pierre. Recherches généalogiques
    Patois, René-Pierre. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Roze, Jacqueline. Recherches généalogiques
    Roze, Jacqueline. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Baudoin, Gilbert. Une histoire des fabricants d’outils "dits de Montécheroux". 1780-1920, 2017
    Baudoin, Gilbert. Une histoire des fabricants d’outils "dits de Montécheroux". 1780-1920. - 2017. 48 p. : ill. ; 30 cm. Version provisoire en date du 30 septembre 2017.
  • Bonnet, Michel. Les fabricants d'outils d’horlogerie de Montécheroux, 2017
    Bonnet, Michel. Les fabricants d'outils d’horlogerie de Montécheroux. In : L'horlogerie, fille du temps : actes du cycle de conférences dans le massif du Jura, septembre 2016-juin 2017. - Besançon : Association française des Amateurs d'Horlogerie ancienne, 2017, p. 121-128 : ill.
  • Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
    Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm.
  • Maire. Montécheroux, un village d’artisan, 1947
    Maire. Montécheroux, un village d’artisan. Mémoires de la Société d’Emulation de Montbéliard, 6e vol., 1947, p. 49-51.
  • Poissenot, Aimé ; Abram, Luc ; Pourcelot, René. Histoire des pinces de Montécheroux, 2002
    Poissenot, Aimé ; Abram, Luc ; Pourcelot, René. Histoire des pinces de Montécheroux. - Nancray : Folklore comtois, 2002. 339 p. : ill. ; 24 cm.
  • Vurpillot, Fabrice. La pluriactivité à Montécheroux de 1836 à 1911, 1987
    Vurpillot, Fabrice. La pluriactivité à Montécheroux de 1836 à 1911. - Besançon : Université de Franche-Comté, 1987. 199 p. ; 30 cm. Mém. Maîtrise : Histoire : Besançon : UFR Sciences du Langage, de l'Homme et de la Société : 1987
  • Fourtot Frédéric (témoignage oral)
    Fourtot Frédéric, ancien finisseur chez Ducommun et Marti. Montécheroux

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Complément de localisation :
  • anciennement région de Franche-Comté
Dénomination : maison, ferme, atelier
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • logement
  • grange
  • étable
  • garage
  • cour
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