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LES CONSÉQUENCES DU PASSAGE DE LA SAÔNE DANS LA VILLE DE CHALON-SUR-SAÔNE

71 - Chalon-sur-Saône

  • Dossier IA71003634 réalisé en 2019
  • Auteur(s) : Aurélie Lallement, Virginie Malherbe
pont © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Les conséquences du passage de la Saône dans la ville de Chalon-sur-Saône


Depuis le débouché du canal du Centre, situé en amont de la ville, jusqu'au pont des Dombes, au sud de la ville, l'ensemble des rives de la Saône est aménagé tandis que quatre ponts permettent aujourd'hui de franchir la rivière. De la zone portuaire nord, rive droite, on arrive au port Sainte-Marie (quai), puis on longe le quai de la Poterne. Après le passage du pont Saint-Laurent, on suit le port (quai) des Messageries et le quai Gambetta (ancien port Saint-Jean). L'île Saint-Laurent est séparée de la Saône par le bras de la Génise (naturel). Le bras des Chavannes, lui, a été conçu par Gauthey au 18e siècle (délimitant ainsi une autre île au niveau du faubourg des Chavannes). Les rives de l'île Saint-Laurent sont également aménagées : quais de la Monnaie, port (ancien quai à gradins) et perré Saint-Laurent au nord, et quai de l'Hôpital (le plus ancien de la ville d'ailleurs) au sud. Le pont de la Génise et le pont des Chavannes permettent de franchir ces bras. L'actuel port de plaisance de Chalon-sur-Saône se trouve sur la Génise, derrière l'île Saint-Laurent. En aval du pont Jean-Richard se trouve le quai Saint-Cosme (en lien avec l'ancien port du canal du Centre) qui se prolonge par le perré du passage de la Benne-la-Faux situé sur la commune de Saint-Rémy. Rive gauche, face à l'ancien débouché du canal du Centre (pont Jean-Richard) se trouvait le port du Creusot et un aménagement de rive avec une rampe au niveau du lieu-dit Les Granges Forestiers. Bien que située sur la commune de Saint-Marcel, la zone industrielle et portuaire sud constitue le deuxième port de Chalon (1974).

Historique


Si les premières traces d'habitations remontent à l'âge du bronze et sont déjà liées à la rivière, puisque les fouilles archéologiques ont mis au jour des groupements d'habitations au milieu de la Saône, l'émergence de la ville de Chalon-sur-Saône (oppidum de Cabilonnum) date du 1er siècle av J.-C., quand elle était le port principal des Éduens dont Bibracte était la capitale. La position stratégique le long de la Saône a permis le développement d'une batellerie spécifique dont plusieurs modèles ont été retrouvés dans la rivière, lors de fouilles. C'est aussi de cette époque que datent les premières constructions du pont Saint-Laurent. Le rôle commercial de la ville va perdurer au Moyen Âge, notamment grâce aux foires, dont on sait qu'elles étaient encore prospères au 18e siècle (février et juin). La Saône matérialisait à cette époque (et depuis le traité de Verdun de 843) la frontière entre le royaume de France et le Saint Empire romain germanique.
A la fin du 18e siècle, la ville s'ouvre davantage vers la Saône, en particulier avec les aménagements des ingénieurs Thomas Dumorey puis Emiland Marie Gauthey. En effet, à partir de 1770, le quai des Messageries est édifié et un canal de décharge est creusé pour éviter les crues (bras des Chavannes). L'ouverture du canal du Charolais (canal du Centre) à la toute fin du 18e siècle, débouchant dans la Saône à Chalon, reste l’œuvre majeure de Gauthey. Elle permet à la ville d'accroître son développement commercial et industriel tout au long du 19e siècle. Le développement du transport de voyageurs est également notable avec l'aménagement du Port-Villiers : Chalon est alors le lieu de changement de moyen de transports. En effet, jusqu'au milieu du 19e siècle, Chalon est le terminus de la ligne de Paris, l'ouverture du chemin de fer jusqu'à Lyon ne se fera qu'en 1854. Les voyageurs empruntaient alors la rivière pour gagner Lyon.
Les activités liées à la rivière étaient source de nombreux emplois : pêche, construction de bateaux, tireurs de sable (dragages), "plattières" (laveuses de linge sur des bateaux-lavoirs appelés plattes), meuniers (moulins à nefs), etc. sans oublier les ingénieurs et le personnel qui a travaillé à l'aménagement et à la canalisation de la rivière.
Les recherches archéologiques subaquatiques permettent aujourd'hui d'affirmer qu'il a existé plusieurs zones portuaires à Chalon : au nord de la ville antique, au niveau du gué des Piles (qui doit son nom à la présence d'anciennes piles de moulin) ; à l'aval immédiat du pont romain ; au sud, au niveau des gués des Ronzeaux, du Port Guillot et de la Benne-Lafaux. Il semble que ce dernier secteur ait été le plus actif au niveau des activités portuaires de la ville à l'époque gallo-romaine.
Courtépée rappelle le rôle commercial de la Saône pour Chalon : "Elle [Chalon] est, par sa situation, le dépôt nécessaire de toutes les denrées que la Bourgogne envoie à l'étranger, et qu'elle en reçoit. C'est là que le Mâconnais, le Lyonnais, le Dauphinois...vient charger le blé, le chanvre, le vin, le fer, en un mot tout ce que le sol de son pays lui refuse ou qui n'est point l'objet de son industrie. Ce port est le plus considérable de la Saône." Le commerce sur la Saône était d'une grande variété, en particulier à Chalon. G.-R. Bucher détaille le commerce de 5 productions au 18e siècle, en particulier dans le port de Chalon : grains, fers, bois, charbons et chanvre, vins. Chalon est à cette époque, grâce à sa position géographique stratégique, un "entrepôt des Deux-Mers", c'est-à-dire un lieu d'étape dans le transport de marchandises ; ce qui a dû fortement contribuer aux aménagements des quais et des ports de la ville.
Période(s)
Principale :
  • Antiquité
  • Moyen Age
  • Temps modernes
  • Epoque contemporaine

Source(s) documentaire(s)

  • Archives départementales de Saône-et-Loire : 3 S 43. Ports publics et privés. 1837-1877.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3 S 43. Ports publics et privés. 1837-1877.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon - Cote du document : 3S 43
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3S 113. Administration des Ponts et Chaussées, service spécial de la Saône. Atlas n°5 entre Allerey, bk 164 et Tournus, bk 113 : feuilles 30 à 21.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3 S 113. Administration des Ponts et Chaussées, service spécial de la Saône. Atlas n° 5 entre Allerey, bk 164 et Tournus, bk 113 : feuilles 30 à 21.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon - Cote du document : 3s 113
  • COURTEPEE, BEGUILLET. Description générale et particulière du Duché de Bourgogne. Tome III : Bailliages de Charolles, Montcenis, Semur, Chalon-sur-Saône et Noyers.
    COURTEPEE, BEGUILLET. Description générale et particulière du Duché de Bourgogne. Tome III : Bailliages de Charolles, Montcenis, Semur, Chalon-sur-Saône et Noyers. Avallon : Editions F.E.R.N., 1967 (3e ed.).
  • Bucher, Georges-René. Le commerce du port de Chalon au XVIIIe siècle. Dans : Annales de Bourgogne. Tome 51/3, 1979, p. 157-185.
    Bucher, Georges-René. Le commerce du port de Chalon au XVIIIe siècle. Dans : Annales de Bourgogne. Tome 51/3, 1979, p. 157-185.
  • Verpeaux, Michel. Une grande opération d'urbanisme : la construction du port fluvial de Chalon-sur-Saône dans la première moitié du XXe siècle. Actes du Congrès, Tome II, Val de Saône, Mâcon : Académie de Mâcon, 1980, p. 201-207.
    Verpeaux, Michel. Une grande opération d'urbanisme : la construction du port fluvial de Chalon-sur-Saône dans la première moitié du XXe siècle. Actes du Congrès, Tome II, Val de Saône, Mâcon : Académie de Mâcon, 1980, p. 201-207.
  • Bonnamour, Laurent. Archéologie de la Saône. Paris : Éditions Errance, 2000.
    Bonnamour, Laurent. Archéologie de la Saône. Paris : Éditions Errance, 2000.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • Saône navigable en Bourgogne-Franche-Comté (la)
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