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THÉÂTRE MUNICIPAL

39 - Dole

30 rue du Mont-Roland

  • Dossier IA39002060 réalisé en 2022
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
théâtre © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Le théâtre est bâti de 1840 à 1843. Il succède à une salle de spectacle devenue insuffisante, aménagée dans un ancien magasin à poudre du 15e siècle acheté en 1740 par la Ville. Cette dernière manifeste son désir de construire un nouveau théâtre, notamment lorsqu'elle justifie ce voeu, le 11 août 1838, par la volonté de développer l'art musical et d'offrir à la jeunesse un "délassement utile", qui concourt également au maintien de la garnison, ajoutant "que le théâtre hâte les progrès de la civilisation en instruisant le peuple". En 1839, l'écroulement des écuries militaires encadrant la salle existante et une conjoncture financière favorable décident la municipalité, laquelle organise un concours sur la base du programme établi le 4 mai par l'architecte voyer André Amoudru : 800 places, trois galeries dont deux avec loges, un orchestre pour 40 musiciens et un foyer d'une capacité de 250 personnes, un coût limité à 120 000 F. Une trentaine d'architectes est intéressée, dix envoient leur projet dont trois sont, dans un premier temps, retenus : ceux des Parisiens Rolland et Levicomte, de Martin et de Belfort-Devaux. C'est celui de l'ingénieur architecte Jean-Baptiste Martin, de Besançon, repéré par sa devise (Convenance, Economie), qui est choisi en décembre 1839. Il a déjà participé à des aménagements de théâtres parisiens, en travaillant avec les architectes Debret et Duban, et a obtenu en 1836 le 2e prix du concours pour la construction de celui du Mans.
En fait, Martin a donné deux variantes, dont la première (la moins onéreuse) est adoptée. Il prévoit, à l'emplacement de l'ancien théâtre qui sera détruit, un bâtiment de 45,50 m sur 17, dont les murs latéraux seront ouverts de nombreuses fenêtres pour l'aération et en cas d'incendie : "cette dernière hypothèse doit toujours être supposée quand il s'agit d'un théâtre, puisqu'il est reconnu que sur 12, 10 sont détruits par l'effet du feu". L'accès à la salle se fera par des escaliers différenciés suivant le statut social ("un de ces escaliers est affecté aux places privilégiées, telles que les premières, les loges des 1re & 2e galeries et le parquet (places équivalentes aux 1res)"). Cette salle aura une capacité de 811 places : 323 "places chères" (dont 18 dans les loges du maire, du sous-préfet et des officiers supérieurs, 52 dans 10 loges fermées des 1res et 83 dans 15 loges fermées des 2es) et 488 "places inférieures" (dont 12 dans 4 baignoires devant la scène et 50 dans 11 baignoires au parterre). Le cadre de scène aura 9,65 m de large sur 10,80 de haut, le dessous de scène une hauteur de 2,50 m ("cette profondeur est suffisante pour engloutir acteurs, actrices, Dieux, Diables, etc., etc."), la scène 15,65 m de largeur pour 9,80 de profondeur. 19 loges d'acteurs sont prévues : "ce nombre est bien suffisant pour une troupe de comédie et d'opéra comique, composée ordinairement de 24 acteurs". Le chauffage de l'entrée et de la salle sera assuré par un calorifère. Le foyer servira de salle de concert et de bal et pour cela, l'antichambre en hémicycle à l'entrée aura un sol mobile pouvant s'élever pour servir d'estrade à un orchestre ("la salle aura alors la même disposition que celle où se donnent les concerts Musard à Paris"). Le projet, déclaré "de bon goût, bien dessiné" par la commission municipale chargée de l'examen des projets mis au concours, est modifié en fonction de ses observations, avec notamment remplacement des trois escaliers de l'entrée par un seul, disparition de l'estrade mobile du foyer et nouvelle disposition pour le parterre ("en amphithéâtre et à gradins comme celui de l'Opéra"). Les critiques du Conseil des Bâtiments civils conduisent à l'élargissement des circulations, la suppression des saillies latérales et le report des loges d'acteur à l'arrière du bâtiment.
La construction est adjugée le 17 août 1840 à l'entrepreneur dolois François Décoursières, associé à Jean Phal (d'Auxonne), qui confie la taille des pierres et la sculpture aux Dolois Pierre Berger, Louis Dubois et Jacques Bicasiny. Le décor, le luminaire, l'ameublement et la machinerie sont attribués le 24 février 1841 au Bisontin Georges Och (préféré à Napoléon Sacchetti), élève de Ciceri, qui a oeuvré au théâtre de Besançon et à celui de La Chaux-de-Fonds. Ce dernier sous-traite la réalisation de la salle au peintre et scénographe Victor Chenillon, aussi élève de Ciceri, qui a déjà travaillé avec Martin. Le théâtre est inauguré le 4 juillet 1843 (la réception provisoire avait été prononcée le 1er juin précédent, celle définitive le sera le 1er juin suivant). Il compte 800 places (200 au parterre, autant au 1er balcon, 150 au 2e, 250 au 3e et au poulailler) et est plus décoré que prévu initialement, d'où un dépassement de devis conséquent conduisant à l'inachèvement du fronton. Une pièce du rez-de-chaussée, à gauche du vestibule, est louée à un cafetier.
L'éclairage au gaz est installé en 1869, suivant le projet du 20 mai 1868 de l'architecte voyer Jules Decoursière et sous la responsabilité du directeur de l'usine à gaz J.-A. Jourdes, tandis que le calorifère construit au sous-sol en 1844-1845 par Zani père et fils (de Besançon), suivant les plans de l'ingénieur Ch. Lombard, est remplacé en 1870 par deux nouveaux appareils de la même entreprise Zani (qui seront refaits au début des années 1890). Le même Decoursière substitue en 1870 des poteaux en fonte à certains de ceux en bois supportant les balcons. Le 1er décembre 1897 (huit mois après l'incendie du Bazar de la Charité), l'architecte de la Ville Eugène Bouveret livre un projet de galeries et escaliers de secours métalliques à établir sur quatre niveaux à l'extérieur (contre les murs gouttereaux), que la Société des Hauts Fourneaux, Fonderies et Forges de Franche-Comté concrétise en 1901.
"Occupé par la troupe pendant la guerre et détérioré", le théâtre est rénové en 1923 suivant le projet, daté du 15 avril 1922, de l'architecte voyer Noël Lavie. Exécutés à partir du 11 mai (fin de la saison théâtrale), les travaux comprennent notamment l'agrandissement du 1er balcon par l'entrepreneur Victor Haxaire (14 avenue de Gray), l'installation de colonnettes en fer sous les balcons, la réfection du plafond du foyer, le remplacement d'une partie du mobilier (les banquettes en planches et chaises en paille) par Gallot Frères (48-54 avenue de Suffren, à Paris), la modernisation des installations, l'éclairage électrique par Jules Brisebras (Grande Rue), etc. La décoration de la salle est confiée le 27 avril 1923 à Charles Laforêt (37 rue Pasteur), qui refait le garde-corps du 1er balcon, nettoie les autres balcons et le foyer ; la réalisation des décors revient le 5 juin suivant à Chambouleron et Mignard (28 rue Vicq d'Azir, à Paris). La réouverture a lieu le 13 décembre, avec une capacité de 721 places assises. Par la suite, en 1967, les escaliers en bois du corps d'entrée seront remplacés par d'autres en béton ; les escaliers de secours et les galeries extérieures seront déposés fin 1973 ou début 1974 (seule la galerie du 1er niveau sera conservée).
L'établissement accueille des projections de films du 4 octobre 1935 au 3 mai 1936, sous l'impulsion de la Société doloise de Représentations cinématographiques, Sarl fondée le 14 août 1935 par divers commerçants. Cette dernière, qui transforme en cabine fermée la loge située au milieu du 2e balcon, fait appel à la société Pathé-Consortium-Cinéma (6 rue Francoeur, à Paris) pour la fourniture de deux appareils de type 70 (projecteur Simplex à obturateur avant, lanterne à arc, tête sonore RCA Photophone) avec transformateur, enrouleuse double Ernemann, etc. Accusant un déficit croissant, l'expérience est arrêtée à la fin de la saison et la société se transporte dans un cinéma qu'elle fait construire derrière l'hôtel de la Cloche (3 avenue de Northwich), le Modern'Cinéma.
Le théâtre est protégé au titre des Monuments historiques en 1975 (inscription le 29 octobre) et 1996 (classement le 12 avril). Il fait l'objet d'une campagne de restauration de 2014 à 2021 sous la direction du cabinet Chatillon Architectes (61 rue de Dunkerque à Paris et 10 rue de Genève à Ferney-Voltaire), en collaboration avec l'agence de scénographie Architecture & Technique (9 avenue de Taillebourg, à Paris), et rouvre le 28 novembre 2021. Sa programmation est assurée par Scènes du Jura, association née en 1997 de la fusion des théâtres de Dole et de Lons-le-Saunier, labellisée Scène nationale en 2013.
Période(s)
Principale :
  • 2e quart 19e siècle
Date(s)
1840 : daté par source
Auteur(s) & personnalité(s)

Martin, Jean-Baptiste : ingénieur architecte à Besançon au début du 19e siècle. A travaillé à des projets d'aménagement de théâtres parisiens auprès des architectes Debret et Duban, et a obtenu en 1836 le 2e prix du concours pour la construction de celui du Mans. Auteur des théâtres de Dole et de Gray.

Description


Le théâtre est organisé en trois corps de bâtiment : l'entrée au nord et les loges d'acteurs au sud sont dominées par celui plus élevé au centre, qui abrite la salle et la cage de scène. Les murs sont en moellons calcaires enduits à l'exception du corps d'entrée, réalisé en pierres de taille. Le corps central est protégé par un toit à longs pans et pignons couverts (sur lequel le mur de séparation entre la salle et la cage de scène forme saillie), avec couverture d'ardoises. Même matériau sur le toit du corps postérieur tandis que le corps d'entrée fait aussi appel au zinc. Ce dernier est doté d'un avant-corps central d'inspiration Renaissance, avec loggia (donnant sur le foyer) et deux rangées d'arcades superposées encadrées par des colonnes doriques et surmontées d'un fronton triangulaire, dont le décor sculpté n'a pas été réalisé. Le foyer est précédé côté salle d'une antichambre en hémicycle. Le corps principal comporte un sous-sol partiel (abritant autrefois la chaufferie) voûté en berceau plein cintre, un rez-de-chaussée surélevé, 4 étages carrés et un étage de comble. Sans compter les deux ascenseurs et le monte-charge (récents), les dessertes font appel à plusieurs types d'escaliers : droit dans l'entrée, tournant à retours avec jour pour les balcons, sans jour (récent) pour les loges, en vis pour la chaufferie et la loggia. La salle est formée d'un parterre enserré par un niveau de gradins établis sous les balcons ("pourtour"), d'un premier balcon en gradins avec des loges cloisonnées, de deux autres balcons soutenus par des colonnettes en fonte et d'un poulailler (4e balcon), dont les baies ont été fermées lors de la restauration. Coiffée d'une fausse coupole, elle dispose aussi de loges d'avant-scène et d'une fosse d'orchestre, couverte d'un plancher amovible. La cage de scène conserve une partie de sa configuration ancienne : un dessous soutenu par une charpente en bois, deux niveaux de galeries de service, un de ponts volants et un grill, le tout en bois (un faux grill métallique a été ajouté). L'inscription "Vive la République démocratique et sociale" est visible sur le mur du fond depuis la première passerelle.
Murs :
  • calcaire
  • pierre de taille
  • moellon
  • enduit
Toit :
  • ardoise
  • zinc en couverture
Plan :
  • plan rectangulaire régulier
Etages :
  • sous-sol
  • rez-de-chaussée surélevé
  • 4 étages carrés
  • étage de comble
Couvrement :
  • voûte en berceau plein-cintre
  • fausse coupole
Elévation :
  • élévation ordonnancée
Couvertures :
  • toit à longs pans, pignon couvert
  • croupe
  • noue
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre, escalier droit escalier tournant à retours avec jour escalier tournant à retours sans jour, en maçonnerie
  • escalier dans-oeuvre, escalier en vis avec jour, en charpente
  • escalier de distribution extérieur, escalier droit, en charpente métallique
Autre :
  • ascenseur
  • monte-charge

Source(s) documentaire(s)

  • Archives municipales de Dole : 1 M 155 Théâtre municipal. Construction, ravalement de façades. 1827-1974.
    Archives municipales de Dole : 1 M 155 Théâtre municipal. Construction, ravalement de façades. 1827-1974.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 155
  • Archives municipales de Dole : 1 M 156 Théâtre municipal. Mesures préventives contre les dangers d'incendie, appropriation, réfection de toiture. 1897-1977.
    Archives municipales de Dole : 1 M 156 Théâtre municipal. Mesures préventives contre les dangers d'incendie, appropriation, réfection de toiture. 1897-1977.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 156
  • Archives municipales de Dole : 1 M 157 Théâtre municipal. Appropriation. 1923-1924.
    Archives municipales de Dole : 1 M 157 Théâtre municipal. Appropriation. 1923-1924.
    - Cote du document : 1 M 157
  • Archives municipales de Dole : 2 R 6 Cinéma. 1913-1947.
    Archives municipales de Dole : 2 R 6 Cinéma. 1913-1947.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 2 R 6 B
  • Théâtre de Dole. Plan de localisation. S.d.
    Théâtre de Dole. Plan de localisation. Dessin imprimé, s.n. S.d. 44,5 x 56 cm, sans échelle.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 157
  • Première section dite intra-muros en deux feuilles [plan extrait du cadastre Amoudru]. S.d. [1797-1807].
    Première section dite intra-muros en deux feuilles [plan extrait du cadastre Amoudru]. Dessin (plume, lavis) sur feuille collée sur carton, s.n. [par l'architecte Anatoile Amoudru]. S.d. [1797-1807]. 103 x 199 cm, échelle de 20 cm pour 30 perches de 9,5 pieds anciens de Bourgogne.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 48 Fi 1
  • Théâtre de Dôle. Convenance, Economie [projet H]. S.d. [1839].
    Théâtre de Dôle. Convenance, Economie [projet H]. Dessin (plume, lavis) collé sur carton, s.n. [Jean-Baptiste Martin]. S.d. [1839]. Sans échelle.
    - 41 Fi 15 : N° 2 & 1. Plan des fondations. 61,5 x 49 cm. En bas, 1 retombe : Projet n° 1, 16,5 x 35,5 cm.
    - 41 Fi 16 : N° 3. Plan du rez de chaussée. 63,5 x 51,5 cm. En bas : Variante du Projet n° 2 (Bâtiment d’Entrée), recouverte par 3 retombes : Projet n° 1 (Bâtiment d’Entrée), 15 x 39 cm ; Variante du Projet n° 1 (Bâtiment d’entrée), 15 x 23,5 cm ; Projet n° 2 (Bâtiment d’entrée), 15, x 39 cm.
    - 41 Fi 17 : N° 4. Plan des 2èmes loges et de la 2e galerie. 65 x 51,5 cm. En haut,1 retombe : Plan du 1er Etage, 35,5 x 39 cm. En bas : Variante du projet n° 2 (Bâtiment d’entrée), recouverte par 3 retombes : Projet n° 1 (Bâtiment d’entrée), 18 x 39 cm ; Variante du Projet n° 1, 18 x 23,5 cm ; Projet n° 2 (Bâtiment d’Entrée), 15,5 x 39 cm.
    - 41 Fi 18 : N° 5. Plan des 3e galeries. 63 x 48,5 cm. En bas : Projet n° 2 et sa Variante (Bâtiment d’entrée), recouvert par 1 retombe : Projet n° 1 (Bâtiment d’entrée), 13,5 x 36 cm.
    - 41 Fi 19 : N° 6. Coupe longitudinale. 51,5 x 64 cm. A droite : Variante du projet n° 2, recouverte par 2 retombes : Projet n° 1 (Bâtiment d’Entrée), 37,5 x 16 cm ; Projet n° 2 (Bâtiment d'entrée), 21 x 16 cm.
    - 41 Fi 20 : N° 7. [Coupes transversales]. 61,5 x 45,5 cm. En bas : Variante du projet n° 2 (Bâtiment d’entrée), recouverte par 2 retombes : Projet n° 1 (Bâtiment d’entrée), 25 x 33 cm ; Projet n° 2 (Bâtiment d’entrée), 25 x 33,5 cm.
    - 41 Fi 21 : N° 8. Façade principale du bâtiment d'entrée. Projet n° 2 et sa variante. 64,5 x 51,5 cm. A droite, 2 retombes [feuilles entières] : Projet n° 1, 38,5 x 51,5 cm ; Variante du projet n° 1, 38 x 50 cm.
    - 41 Fi 22 : N° 9. Façade longitudinale. 47,5 x 62,55 cm. A droite : Projet n° 2 et sa variante (Bâtiment d'entrée), recouvert par 1 retombe : Projet n° 1 (Bâtiment d’entrée), 35,5 x 15,5 cm.
    - 41 Fi 23 : N° 10. Elévation postérieure. 45,5 x 61 cm.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 41 Fi 15-23
  • [Théâtre de Dole. Projet C]. S.d. [1839].
    [Théâtre de Dole. Projet C]. Dessin (plume, lavis), s.n. [Rolland et Levicomte]. S.d. [1839]. 57,5 x 39,5 cm, sans échelle.
    - 41 Fi 5 : N° 1. Plan général.
    - 41 Fi 6 : N° 2. Rez de chaussée.
    - 41 Fi 7 : N° 3. 1er étage.
    - 41 Fi 8 : N° 4. 2ème étage.
    - 41 Fi 9 : N° 5. 3ème étage.
    - 41 Fi 10 : N° 6. Façade principale.
    - 41 Fi 11 : N° 7. Façade latérale.
    - 41 Fi 12 : N° 8. Coupe longitudinale.
    - 41 Fi 13 : N° 9. Détails au 10e d’exécution de divers assemblages des fermes en fer de la salle et de la scène. 1/100 (coupes) et 1/10 (détails).
    - 41 Fi 14 : N° 10. Détails au 10e d’exécution de divers assemblages des planchers des galeries notament dans la partie qui touche aux avant-scène.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 41 Fi 5-14
  • Dôle (Jura), salle de spectacle-théâtre : plan général, plans, élévations et coupes. Avril 1840.
    Dôle (Jura), salle de spectacle-théâtre : plan général, plans, élévations et coupes. Dessin sur calque, s.n. [par Jean-Baptiste Martin]. Avril 1840. 7 calques.
    Accès internet : https://www.inha.fr/fr/ressources/outils-documentaires/conseil-des-batiments-civils-conbavil/interroger-conbavil.html (rapport du 11 avril 1840)
    Lieu de conservation : Archives nationales, Paris - Cote du document : F21/1886/1477
  • [Plan de situation du théâtre]. 30 novembre 1843.
    [Plan de situation du théâtre]. Dessin (plume, lavis) collé sur toile, par l'architecte voyer Amoudru. 30 novembre 1843. 61 x 91 cm, 1/500.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : M 67
  • [Le théâtre vu de trois quarts droite]. 1843.
    [Le théâtre vu de trois quarts droite]. Gravure, s.n. 1843. Publiée dans l'Album dolois, 11 juin 1843, p. 3.
  • Jura. Dole. Calorifère [pour le théâtre]. S.d. [1844].
    Jura. Dole. Calorifère [pour le théâtre]. Dessin (plume), par l'ingénieur Ch. Lombard. S.d. [1844]. 1/10.
    - N° 1 [Plan]. 58 x 41,5 cm.
    - N° 2 [Coupe et élévation]. 44,5 x 59 cm.
    - N° 3 [Coupe verticale et élévation]. 43 x 58 cm.
  • Théâtre de Dole [vu de trois quarts gauche]. S.d. [entre 1843 et 1850].
    Théâtre de Dole [vu de trois quarts gauche]. Gravure, par Fragonard. S.d. [entre 1843 et 1850]. Thierry Frères impr. et éd. à Paris (1 Cité Bergère).
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 19 G 5
  • Commune de Dole (Jura). Marché aux chevaux. 20 janvier 1851.
    Commune de Dole (Jura). Marché aux chevaux. Dessin sur calque (plume, lavis), par l'architecte voyer A. Tony Chariot. Dole le 20 janvier 1851. 54 x 86 cm, échelles 1/500 et 1/66.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : M 67
  • Ville de Dole. Plan du théâtre [projet d'implantation du chauffage]. 27 décembre 1869.
    Ville de Dole. Plan du théâtre [projet d'implantation du chauffage]. Dessin imprimé, par l'architecte de la ville J. Décoursière. Dole le 27 décembre 1869. 60,5 x 45,5 cm, 1/100. Lith. Courbe-Rouzet, Dole.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 155
  • Le théâtre [vu de trois quarts gauche]. S.d. [4e quart 19e siècle].
    Le théâtre [vu de trois quarts gauche]. Carte postale, s.n. S.d. [4e quart 19e siècle].
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : VEL/CP/10/14
  • Ville de Dole. Théâtre. Mesures préventives contre les dangers d'incendie. Etablissement de galeries de protection en fer sur les façades latérales. 1er décembre 1897.
    Ville de Dole. Théâtre. Mesures préventives contre les dangers d'incendie. Etablissement de galeries de protection en fer sur les façades latérales. Dessin, par l'architecte de la ville Eug. Bouveret. Dole le 1er décembre 1897.
    - Plan du théâtre. Dessin imprimé. 60,5 x 45,5 cm, 1/100. Lith. Courbe-Rouzet, Dole.
    - [Elévation]. Dessin (tirage bleu, plume). 63 x 69 cm, 1/50.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 157
  • Compagnie générale de Travaux d'Eclairage et de Force (Anciens Etablissements Clémançon). Projecteurs de lumière [catalogue]. S.d. [1re moitié 20e siècle].
    Compagnie générale de Travaux d'Eclairage et de Force (Anciens Etablissements Clémançon). Projecteurs de lumière [catalogue]. Paris : impr. Haymann, s.d. [1re moitié 20e siècle]. [26] p. : ill. ; 22,5 x 27,5 cm.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 157
  • Dole. - Le théâtre [vu de trois quarts gauche]. Entre 1901 et 1905.
    Dole. - Le théâtre [vu de trois quarts gauche]. Carte postale coloriée, s.n. Entre 1901 et 1905. Payan librairie-papeterie éd. à Dole, J. Coqueugniot (J.C.) impr. à Autun. Porte la date 27 août 1905 (manuscrite) au verso.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : VEL/CP/5/98
  • Dole - Le théâtre [façade vue de trois quarts gauche]. Entre 1901 et 1910.
    Dole - Le théâtre [façade vue de trois quarts gauche]. Carte postale, s.n. Entre 1901 et 1910. Payan éd. à Dole. Porte la date 21 juin 1910 (tampon) au recto et la même (manuscrite) au verso.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : VEL/CP/5/168
  • Dole (Jura) - Le Théâtre Municipal [façade vue de trois quarts droite]. S.d. [1ère moitié 20e siècle].
    Dole (Jura) - Le Théâtre Municipal [façade vue de trois quarts droite]. Carte postale, s.n. S.d. [1ère moitié 20e siècle]. Marcel Mosdier éd. à Dole.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : VEL/CP/13/35
  • 12 Dole - Le Théâtre [vu de trois quarts droite]. S.d. [entre 1901 et 1907].
    12 Dole - Le Théâtre [vu de trois quarts droite]. Carte postale, s.n. S.d. [entre 1901 et 1907]. B.F. éd. à Chalon-sur-Saône. Porte la date 15 octobre 1907 (tampon) au verso.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : VEL/CP/3/58
  • Ville de Dole. Théâtre municipal. Restauration, aménagement et installation du chauffage à vapeur. 15 janvier 1913.
    Ville de Dole. Théâtre municipal. Restauration, aménagement et installation du chauffage à vapeur. Dessin (tirage), par l'architecte Eug. Chifflot (90 bd Raspail). Paris le 15 janvier 1913. 74,5 x 55 cm, 1/100.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 157
  • Ville de Dole. Appropriation du théâtre municipal. Plan du théâtre. Agrandissement de la 1ère galerie. 15 avril 1922.
    Ville de Dole. Appropriation du théâtre municipal. Plan du théâtre. Agrandissement de la 1ère galerie. Dessin (tirage, plume, lavis), par le directeur de travaux N. Lavie. Dole le 15 avril 1922. 30,5 x 131 cm, éch. diverses.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 157
  • Théâtre de Dole. Plan de location. S.d. [vers 1923 ?].
    Théâtre de Dole. Plan de location. Dessin imprimé, s.n. S.d. [vers 1923 ?]. 45 x 55,5 cm, sans échelle.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 157
  • Théâtre de Dole. Coupe sur les 1ères, 2mes et 3mes galeries. S.d. [1923].
    Théâtre de Dole. Coupe sur les 1ères, 2mes et 3mes galeries. Dessin (plume), s.n. S.d. [1923]. 29,5 x 21 cm, 1/5 (coupe) et 1/25 (détail).
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 157
  • [Coupe de la rampe de scène]. S.d. [septembre 1923].
    [Coupe de la rampe de scène]. Dessin sur calque (crayon de papier), par les Ets Paz et Silva. S.d. [septembre 1923]. 32 x 80 cm, sans éch. [1/100].
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 157
  • [Croquis de répartition des places]. S.d. [1923].
    [Croquis de répartition des places]. Dessin imprimé, s.n. S.d. [1923]. 3 feuilles : Parterre (32,5 x 26 cm), 1ère Galerie (32,5 x 25 cm) et 2me Galerie (32,5 x 24 cm).
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 41 Fi 1-3
  • Théâtre municipal à Dôle. Projet d’aménagement de la cabine. 9 août 1935.
    Théâtre municipal à Dôle. Projet d’aménagement de la cabine. Dessin (tirage, crayon de papier), par le service technique de Pathé Cinéma (6 rue Francoeur, Paris), dessinateur N. S.-S. 9 août 1935. 27 x 40 cm, 1/20.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 157
  • Théâtre municipal. Projet de modification des façades. 2 février 1972.
    Théâtre municipal. Projet de modification des façades. Dessin (tirage), par l'adjoint technique Claude Faivret. 2 février 1972. 61 x 108,5 cm, 1/50.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Dole - Cote du document : 1 M 155
  • Photographies réalisées en 2020 par l'agence Chatillon Architectes lors de la restauration du théâtre. 2020.
    Photographies réalisées en 2020 par l'agence Chatillon Architectes lors de la restauration du théâtre. Photographie en couleur, par Antoine Mercusot (Chatillon Architectes). 2020.
    Lieu de conservation : Ville de Dole, Services techniques
  • Photographies réalisées lors de la restauration du théâtre. 2020.
    Photographies réalisées lors de la restauration du théâtre. Photographies en couleur, par Yves Regaldi. 2020.
    Lieu de conservation : Ville de Dole, Services techniques
  • Annuaire général de la Cinématographie et des Industries qui s'y rattachent
    Annuaire général de la Cinématographie et des Industries qui s'y rattachent. Paris : Cinémagazine, 1922-...
    Suite de : Almanach du Cinéma. Paris : Cinémagazine-édition, 1922-1924.
  • Berrier, J. ; Millet, J.-L. La résurrection du théâtre municipal de Dole. 2 décembre 2021.
    Berrier, J. ; Millet, J.-L. La résurrection du théâtre municipal de Dole. La Voix du Jura, 2 décembre 2021, ill.
  • Bienmiller, Daniel. Aux origines... du théâtre municipal. 18 avril 1985.
    Bienmiller, Daniel. Aux origines... du théâtre municipal. Le Nouveau Journal de Dole, 18 avril 1985, ill.
  • Blandin, Patrick. Les théâtres du XIXe siècle. 1986.
    Blandin, Patrick. Les théâtres du XIXe siècle. Vieilles Maisons françaises, n° 112, mai-juin 1986, p. 56-59 : ill.
  • Blandin, Patrick ; Boisnard, Patrick. Les théâtres au XIXe siècle. 1992.
    Blandin, Patrick ; Boisnard, Patrick. Les théâtres au XIXe siècle. Monuments historiques, n° 183, septembre-octobre 1992, p. 72-76 : ill. Numéro spécial consacré à la Franche-Comté.
  • Blandin, Patrick. Dossier de protection du théâtre municipal de Dole. 1996.
    Blandin, Patrick. Dossier de protection du théâtre municipal de Dole. Besançon : Drac de Franche-Comté, Conservation régionale des Monuments historiques, 1996.
    Lieu de conservation : Conservation régionale des Monuments historiques, Besançon
  • C., H. Le théâtre de Dole en 1865. 1976.
    C., H. Le théâtre de Dole en 1865. Nouvelle revue franc-comtoise, n° 56, t. XIV, 1976, p. 204-208.
  • Daujat, Vincent. Gray - Dole - Lons le Saunier. Trois théâtre historiques en Franche-Comté. 1995.
    Daujat, Vincent. Gray - Dole - Lons le Saunier. Trois théâtre historiques en Franche-Comté. S.l. : 2 août 1995. 10 p. ; 30 cm. Rapport demandé par la DRAC de Franche-Comté dans la perspective d'une restauration de ces trois théâtres.
  • François Chatillon Architecte. Jura. Dole. Théâtre. Réhabilitation, modernisation et mise en accessibilité du théâtre municipal. 2014.
    François Chatillon Architecte. Jura. Dole. Théâtre. Réhabilitation, modernisation et mise en accessibilité du théâtre municipal. Paris : François Chatillon Architecte, 2014. 87 p. : ill. ; 30 cm.
    Lieu de conservation : Ville de Dole, Services techniques
  • [Inauguration du théâtre]. Album dolois, 11 juin 1843.
    [Inauguration du théâtre]. Album dolois, n° 50, 2e série, dimanche 11 juin 1843, p. 2-4 : ill.
    Contient p. 2 une Revue de la semaine et le Compliment pour l'ouverture du théâtre de la ville de Dole, le 4 juin 1843, par Léon Dusillet, et p. 3-4 le Prologue de M Andriveau.
  • M., J.-L. Le théâtre municipal a 150 ans. 23 janvier 1991.
    M., J.-L. Le théâtre municipal a 150 ans. La Croix du jura, 23 janvier 1991, ill.
  • Pidoux de la Maduère, Pierre André. Le Vieux Dole : Histoire pittoresque, artistique et anecdotique d'une ancienne capitale. 1929.
    Pidoux de la Maduère, Pierre André. Le Vieux Dole : Histoire pittoresque, artistique et anecdotique d'une ancienne capitale. Paris : Guenegaud, 1975. 4 t. en 2 vol., 675 [i. e. 679] p. : ill. ; 23 cm. Réimpr. de l'éd. publiée en 1929 chez Sequania à Besançon.
  • Rousset, Alphonse. Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes [...] du Jura, 1853-1858
    Rousset, Alphonse. Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes [...] du Jura. - Besançon : Bintot ; Lons-le-Saunier : Robert, 1853-1858. 6 t. en 6 vol.
  • Le théâtre de Dole : une élégante architecture du XIXe siècle. Septembre 2017.
    Le théâtre de Dole : une élégante architecture du XIXe siècle. Cahiers dolois, n° 14, septembre 2017, p. 1-16 : ill. Numéro spécial des Cahiers dolois consacré au théâtre.
  • Le théâtre de Dole. Un espace privilégié de la vie culturelle doloise aux XIXe et XXe siècles. Décembre 2017.
    Le théâtre de Dole. Un espace privilégié de la vie culturelle doloise aux XIXe et XXe siècles. Cahiers dolois, n° 15-16, décembre 2017, p. 1-16 : ill. Numéro spécial des Cahiers dolois consacré au théâtre.
  • Théâtre municipal : 150 ans de rêve. 24 janvier 1991.
    Théâtre municipal : 150 ans de rêve. Les Dépêches, le Progrès (Éd. du Jura), 24 janvier 1991, ill.
  • "Une des plus belles salles de spectacle du royaume ! " 28 novembre 1991.
    "Une des plus belles salles de spectacle du royaume ! " Les Dépêches, le Progrès (Éd. du Jura), lundi 28 novembre 1991, ill.

Informations complémentaires

Mémoire

descriptif et analytique à l'appui du projet de théâtre pour la ville de Dôle, portant pour devise Convenance, économie.
 
 
 
« Ces deux mots résument les conditions auxquelles tout projet rationnel doit satisfaire. »
Durand.
Discours à l'académie des beaux arts, 1833.
 
« Pour qu'un édifice ait le caractère de sa destination, il faut composer des plans réguliers, facile à exécuter et des façades indiquant leur distribution intérieure. »
Alavoine
à ses élèves.
 
 
 

Sommaire.

§ 1. Introduction.
§ 2. Bâtiment d'entrée.
§ 3. Salle.
§ 4. Scène.
§ 5. Extroduction.
 
 
 

§ 1. Introduction.

 
Dans la composition du projet que nous avons l'honneur de soumettre à l'examen de Messieurs les Membres du Conseil municipal de la Ville de Dôle, nous nous sommes conformé strictement aux conditions du programme ainsi qu'à celles de notre devise, Convenance, économie.
Nous avons cherché principalement dans nos distributions les meilleurs moyens de faciliter la circulation et les dégagemens, et de diminuer les frais qu'exige ordinairement le service d'un théâtre.
A cet égard, notre projet résume les études et les observations que nous avons été appelé à faire sur la construction et la disposition des meilleurs théâtres de la capitale, où nous avons recueilli des données d'expérience indispensables pour coordonner avec méthode toutes les parties d'un semblable édifice.
On conçoit facilement que la salle et la scène d'un théâtre sont tellement dépendantes l'une de l'autre qu'on ne saurait changer une de leurs dimensions relatives, sans nuire soit à l'effet soit au service de la scène.
La perspective et l'acoustique imposent d'autres conditions particulières pour la forme et la hauteur des galeries, pour l'inclinaison des planchers de la scène et de la salle, pour les distances des divers points de la salle au fond de la scène, pour les emplantations et constructions scéniques, etc.
Pour être certain d'ailleurs de nos résultats, nous avons établi nos plans et dressé notre devis estimatif avec tous les détails et l'exactitude qu’exigerait l'exécution immédiate des travaux. On reconnaîtra que les toisés et les prix sont plutôt exagérés que trop faibles.
C'est donc avec confiance dans l'utilité de notre travail, que nous réclamons l'examen attentif des hommes spéciaux désignés pour en apprécier le mérite, ne doutant pas que leur jugement sera impartial et bien fondé.
Pour saisir l'ensemble du projet et en faciliter l'examen, voici l'ordre suivant lequel les divers dessins doivent être placés. Ce sera l'ordre que nous suivrons dans leur description.
 
[Planche donnant la disposition des plans et autres dessins dans l’ordre de description.]
 
Plan général [mention dans la marge indiquant le plan concerné]
Les dimensions extérieures du théâtre réduites aux limites que comporte une salle de 800 personnes, exige une longueur de 45 mètres 50 c. et une largeur de 17 mètres, tout compris. D'après ces dimensions et celles de la place publique où il sera construit, il restera une rue de 14 m de largeur de chaque côté de l'édifice, jusqu'aux bâtimens en aile qui y sont attenants. En face des bâtimens en aile, les rues seront réduites à 10 m de largeur chacune. La façade postérieure du théâtre devra être emplantée sur le diamètre du rond point de la place, de cette manière, il y aura 17 mètres de distance depuis la façade principale aux maisons en face de la rue Mont-Roland.
L'édifice se compose de trois parties bien distinctes, sçavoir :
Le bâtiment d'entrée ;
La salle de spectacle ;
La scène avec ses accessoires.
Nous allons décrire successivement ces trois parties.
 
 

§ 2. Bâtiment d'entrée.

 
La somme de 120,000 francs étant bien plus que suffisante pour satisfaire à toutes les conditions du programme, nous avons composé deux projets différents du bâtiment d'entrée et une variante pour chacun d'eux. Les feuilles de retombe qui indiquent ces diverses dispositions, présentent donc quatre manières différentes de faire le bâtiment d'entrée, toutes également applicables au même projet de théâtre (salle et scène).
Par suite le devis présente quatre chiffres différents pour la dépense, tous n'excédant pas 120,000 francs (voir la récapitulation générale à la fin du devis).
Le projet n° 1 du bâtiment d'entrée est aussi régulier, aussi complet, aussi riche que le projet n° 2 ; mais il est, dans sa composition, moins grandiose, aussi exige-t-il moins de dépense pour son exécution, en présentant les mêmes avantages que le projet n° 2.
D'après ces considérations le projet n° 1 nous a paru mériter une étude détaillée, c'est de celui-là seulement dont nous avons fait l'estimation, celles des autres projets n'ont été faites qu’en aperçu.
 

Examen du projet n° 1 du bâtiment d'entrée

 
N° 2 Plan des fondations.
A la seule inspection de ce plan, on devine sa distribution supérieure ; entre le bâtiment d'entrée et la salle est la continuation d'un des escaliers principaux du théâtre conduisant au calorifère, dont nous parlerons plus loin.
 
N° 3 Plan du rez-de-chaussée.
On entre rez-de-chaussée par un vaste portique constamment ouvert, destiné à abriter les personnes qui prennent leur billet d'entrée. A droite est la loge du portier, à gauche est l'escalier spécial du foyer placé à l'étage. Ce portique correspond à un vestibule de distribution ayant 7m50 sur 7m50, fermé à l'entrée par trois grandes portes ; devant celle du centre et à l'intérieur du vestibule se place le bureau du contrôle mobile du directeur, d'où il distribue les billets d'entrée par deux guichets donnant sous le portique, l'un pour les places chères et l'autre pour les places inférieures. On entre dans ce vestibule par les deux autres portes latérales.
Au moment de la sortie, le contrôle du directeur est transporté dans une salle voisine, de telle sorte que les trois portes sont alors ouvertes pour l’évacuation de la salle.
C’est le moyen employé dans les petits théâtres pour exercer une surveillance facile et diminuer le nombre des agents. A droite du vestibule est une pièce destinée au piquet et à l'agent de police de service. A gauche est une autre pièce de même dimension et un petit laboratoire contigu, destinés au limonadier du théâtre. Ces deux pièces serviront de salle de rafraîchissement pour les bals. Le vestibule sera chauffé par un tuyau du calorifère débouchant sous une grille placée au centre.
Les trois portes opposées à celles d'entrées donnent accès aux différentes places du théâtre.
La porte du centre conduit au parterre, et les deux autres à deux vastes escaliers de 1m50 de largeur, distribuant aux divers étages de la salle. Un de ces escaliers est affecté aux places privilégiées, telles que les premières, les loges des 1re et 2e galeries et le parquet (places équivalentes aux 1res).
L'autre escalier est destiné à conduire aux places publiques des 2es et 3es galeries.
A la sortie du spectacle, les deux escaliers pourront être fréquentés par tous les assistans, mais alors l'escalier spécial du foyer servirait de dégagement aux 1res.
Dans les deux pans coupés au bas de chaque escalier est un cabinet d'aisance et un urinoir ; pour prévenir tout inconvénient, les matières se rendent dans une fosse construite extérieurement, d'ailleurs les sièges à la Turc en pierre sont faciles à nétoyer, et les cheminées et ouvertures de ventilation suffisent pour enlever les mauvaises odeurs.
 
N° 4 Plan du 1er étage (bâtiment d’entrée).
On peut arriver au 1er étage soit par l'escalier spécial à gauche du portique, soit par les deux escaliers du théâtre. Il se compose d'un foyer, d'un dépôt d'instrumens (ou foyer de M. le maire), d’un vestibule et d'un balcon.
Le foyer servant de salle de concert et de bals est éclairé à ses deux extrémités par trois grandes fenêtres latérales (voir l'élévation longitudinales n° 6), il est en communication directe avec le théâtre par trois grandes portes fesant face à trois portes semblables ouvrant sur le balcon. Nous avons fait saillir de 0m40 les piédroits des arcades, afin de placer entr’eux des banquettes qui ne débordent pas dans la salle.
Aux extrémités longitudinales se trouvent quatre glaces de la hauteur des portes et symétriquement placées (voir la coupe longitudinale du bâtiment d'entrée n° 7).
 
N° 8 façade principale.
On remarquera facilement sur la façade principale la distribution précédente ; les arrières corps renfermant les accessoires n'empêchent pas d'appercevoir l'élévation du foyer sur tout son développement.
Voyons l’usage qu’on peut en faire dans les différents cas qui se présenteront :
N° 4 Plan de l’étage.
Pour un concert : Les trois portes entre le foyer et son vestibule s’enlèveront, et l'orchestre se placera dans l'hémicycle formé par le vestibule du foyer.
Comme l’estrade des musiciens doit être élevée à la hauteur d'appui, il sera indispensable de rendre mobile la partie du plancher des secondes correspondante à cet hémicycle.
Or, il est facile de concevoir que cette partie est demi-circulaire du plancher ne formera qu'un seul système qui pourra se descendre à volonté au moyen de deux contre-poids placés dans les cabinets M N et fesant équilibre au poids de ce plancher.
Par ce moyen l’estrade sera établie immédiatement, sans frais, et en fermant par des fausses portes les corridors des 1re et 2e galeries, l'orchestre sera renfermé dans un espace cylindrique indépendant de la salle et de la forme la plus favorable pour l'acoustique.
La salle aura alors la même disposition que celle où se donnent les concerts Musard à Paris.
Le balcon pourra servir de promenoir couvert.
Or, la salle a 16 mètres de longueur sur 7m60 de largeur, ce qui produit une surface de 121 mètres carrés et demi ; en supposant que chaque personne occupé 0,50 m carrés ou un demi mètre carré, elle pourrait renfermer 243 personnes, la place de l'orchestre non comprise. Mais une personne occupe au plus deux pieds et demi sur dix huit pouces, ou 0m80 sur 0m50, ce qui produit 0m40 carrés ou un cinquième en moins de 0m50 carrés. Ainsi donc la salle pourrait à la rigueur contenir un cinquième de personnes en plus ou 292 personnes. Mais admettons que ce cinquième soit employé pour les passages non occupés, la salle pourra donc encore renfermer le nombre de personnes fixé.
 

L'orchestre ayant 7m de diamètre, l'hémicycle présente une surface de 19m50 carrés, ci

19.50

L'espace compris entre les portes est de

5.50

Surface totale jusque l'affleurement des piédroits, ci

25 m carrés

 
C'est donc plus que suffisant pour placer 40 musiciens avec leurs instrumens.
D'ailleurs, on pourra encore faire saillir l’estrade d'un mètre dans la salle pour y placer un piano ou les virtuoses accidentels.
Nous ferons remarquer ici deux points importants, c'est que la construction de l’estrade sera très facile et ne désharmonisera en rien la décoration de la salle ; en second lieu, c'est que les musiciens auront l'avantage d'y arriver et d'en sortir par les corridors des 1res sans déranger les assistans. C'est donc pour les concerts que l'escalier spécial du foyer deviendra surtout nécessaire ; quant au vestiaire, on pourra l'établir soit au rez-de-chaussée soit à l'étage.
La salle d'accords des instruments sera une de celles du rez de chaussée.
Pour un bal : On pourra arriver dans la salle par les trois escaliers. Le vestibule au rez de chaussée, ou celui du foyer au 1er, à l'étage, pourra servir de vestiaire ; l'orchestre, alors, se placera aux secondes où l'hémicycle existe comme au 1er. Les cintres pleins au dessus des impostes s’enlèveront à volonté à cet effet (voir la coupe longitudinal du bâtiment d'entrée n° 7).
La salle sera donc complètement libre, et on y arrivera de toutes parts ; d'ailleurs le foyer de M. le maire pourra au besoin servir de salon de jeu.
Toutes les conditions du programme sont donc remplies par ce projet qui n'exige qu'une dépense de 41,899f.99c.
 

Examen de la variante du projet n° 1 du bâtiment d’entrée.

 
N° 3 Plan du rez de chaussée (2e feuille de retombe).
Le plan du rez de chaussée ne diffère du précédent que par la suppression de l'escalier ; mais au 1er étage (2e feuille de retombe du 1er étage) la salle existe sur toute l'étendue du bâtiment d'entrée, le mur de refend du portique n'y existe plus, le nombre des fenêtres est diminué de moitié, enfin, ce bâtiment est d'un mètre moins large que le précédent.
La salle présente 16 mètres de longueur sur 10m de largeur, ou 160 mètres carrés ; sa surface est d’un quart plus grande que celle du projet n° 1.
Outre cet avantage, si toutefois c'en est un, elle a encore celui de coûter 3,000 francs de moins.
Mais à bien voir, elle n'a pas d'escalier de dégagement, pas de balcon, pas de foyer pour M. le maire, ensuite il faudra y monter et démonter à chaque occasion une estrade. Pour les concerts, la façade principale (feuille de retombe 2, bâtiment d'entrée, n° 8) n'a pas le caractère de celle du projet n° 1, qui ne présente aucun doute sur sa destination. Ce projet, sous ces rapports, est inférieur au précédent, mais il ne coûterait que 38899f. Passons au projet n° 2.
 

Examen du projet n° 2 (bâtiment d’entrée).

 
N° 3 Plan du rez de chaussée (feuille de retombe n° 2).
Nous avons été conduits à établir le projet n° 2 du bâtiment d'entrée en pensant qu'il serait possible d’amodier les salles du rez de chaussée à un cafetier qui servirait en même temps de portier.
A cet effet, nous avons composé ce projet sur des bases plus grandioses que les précédens.
On remarquera que l'escalier et le logement du portier sont placés latéralement, de manière à augmenter la longueur de la façade, le portique est ouvert sur toute l'étendue du bâtiment.
Le vestibule et les deux salles latérales pourraient facilement être transformées en un riche café, il suffirait de les mettre en communication directe par trois portes (voir la variante n° 2). La loge du portier et l'emplacement de l'escalier suffiraient pour y loger le cafetier ; car l'escalier spécial du foyer n'est point indispensable comme dans le 1er projet.
Pour les spectacles, concerts ou bals, le vestibule serait isolé par des portes vitrées et le café réduit aux deux salles de chaque côté.
Dans le cas où on ne jugerait pas d'en agir ainsi, on donnerait à ces différentes pièces la destination indiquée au plan.
 
De cette disposition, il résulte :
N° 4 Plan du 1er étage (2e feuille de retombe).
1° qu’au 1er étage, la salle est séparée de la façade extérieure par un riche balcon à colonnes, qui servira de promenoir pour les spectacles et les concerts en été.
2° qu'à l'extrémité de la salle est un emplacement fixe pour l'orchestre de concert ou de bal, et à l'autre extrémité un vaste escalier qui, à la rigueur, pourra être remplacé par un salon de jeu, car les escaliers du théâtre amèneront dans la salle, puisque dans toutes les circonstances la construction de l'orchestre ne s'y opposera pas.
Le foyer a encore les mêmes dimensions qu’au projet n° 1, c'est à dire 16 mètres sur 7m50, orchestre non compris.
N° 8 Façade principale (projet n° 2 et sa variante).
La façade correspondante au plan n° 2 a beaucoup d'analogie avec celle du théâtre Ventadour à Paris.
N° 6 et 7 Coupes longitudinale et transversale du projet n° 2 (feuilles de retombe).
Les coupes indiquent le genre de décoration de la salle, on voit que les glaces et les portes se suivent alternativement.
Ce projet exécuté coûterait 7,000 francs de plus que le projet n° 1, ou 48899f99. Il faut examiner attentivement pour choisir.
 

Examen de la variante n° 2

 
N° 3 et 4 Rez de chaussée et étage, variante du projet n° 2 (bâtiment d’entrée).
La variante du projet n° 2 ne diffère de celui-ci qu’au 1er étage, c'est à dire que le balcon longitudinal y est compris ; cette salle présente alors une longueur de 16 mètres sur 9m50, mais ici le bâtiment d'entrée est moins large que le précédent.
L'emplacement de l'orchestre est également fixe, mais comme il serait trop petit pour un concert on serait obligé de l'agrandir dans la salle. Les musiciens ont un escalier spécial pour descendre à la salle des accords placée au rez de chaussée.
Sur la façade principale les colonnes isolées sont remplacées par des pilastres à l'exception des 4 colonnes aux extrémités. Moyennant toutes ces modifications, cette variante aussi grandiose et ayant le même aspect que dans le projet précédent, ne coûterait que ci 46,899f99c.
En résumé les dispositions de ces divers projets sont aussi simples que possible, et n’entraîneront pas dans des dépenses plus grandes que celle portée au devis.
Le foyer, dans ces projets, est chauffé au moyen d'un tuyau du calorifère placé dans les frises du plancher et percé d'orifices en rapport avec leurs distances. Les bouches de chaleur seront placées sur les faces latérales des piédestaux en menuiserie.
Le buste du roi pourra être en face de l'emplacement de l'orchestre dans chaque projet.
 
 

§ 3. Salle du théâtre.

 
Plans n° 3, 4 et 5.
Nous avons cherché à donner à la salle la forme la plus favorable pour l'acoustique et la plus commode pour les spectateurs. Les courbes et gradins ont été étudiés de manière à laisser bien voir la scène de toutes les places sans être gêné ; leur forme est d'ailleurs la seule qui puisse éviter des pertes de places et qui soit le plus en harmonie avec la largeur et la profondeur de la scène.
Il convient d'éviter autant que possible l'emploi de la sculpture dans la construction de la salle, d'abord par ce qu'elle entraîne à une dépense coûteuse et en second lieu, par ce qu'elle produit toujours peu d'effet à cause de la multitude des foyers lumineux qui l’éclairent dans divers sens et qui font disparaître les ombres et par conséquent les formes de détails.
Plan n° 13.
Les modèles des fuseaux en fonte sont les seuls objets sculptés qui existeront dans la salle ; les frontons, les couronnemens, les consoles de faces et de profils qui décorent les loges d'avant-scène, seront en bois simplement chantournés et ornés de détails peints. Il en sera de même de la corniche de la salle ; elle sera formée par une simple planche inclinée, sur laquelle les moulures ornées seront peintes. Par ce moyen, on peut décorer une salle avec beaucoup de richesse et à peu de frais. Les fuseaux en fonte sont d'un si petit diamètre qu'ils ne peuvent gêner les spectateurs ; ils offrent le grand avantage d'augmenter la solidité des galeries, tout en diminuant le volume de la charpente nécessaire.
Nous nous sommes conformé exactement au programme pour la disposition des différentes places de la salle. L'orchestre peut contenir à l’aise quarante musiciens.
Nous avons renoncé à placer sous l'orchestre une caisse d'harmonie, par ce qu'elle est ordinairement plus nuisible que profitable ; l'emploi n'en est favorable que dans les grands théâtres.
Nous allons indiquer dans le tableau ci après le nombre de places contenues dans la salle, en donnant à chacune d'elles un espace de 0m50 de longueur.
 

 

 

1er banc

18

 

 

Parquet

2e Id.

16

54

 

 

3e Id.

16

 

 

 

 

 

 

 

 

2 bancs de chacun 16

32

 

 

Balcon

2 Id. - Id.

32

64

 

 

 

 

 

 

 

4 loges de 4 places

16

 

 

 

2 Id. - 6

12

 

 

Loges fermées des premières

2 Id. - 6

12

52

 

 

2 Id. - 6

12

 

 

 

 

 

 

 

Loge du maire

 

 

6

Places chères

Loge du sous-préfet

 

 

6

 

Loge des officiers supérieurs

 

 

6

 

 

 

 

 

 

 

2 bancs de chacun 8

16

 

 

Places publiques

2 Id. - 10

20

52

 

 

2 Id. - 8

16

 

 

 

 

 

 

 

 

2 loges d’officiers de chacune 8

16

 

 

 

4 Idem - 4

16

 

 

Loges fermées des 2es

2 Idem - 6

12

83

 

 

4 Idem - 6

24

 

 

 

3 Idem - 5

15

 

 

 

 

 

 

 

Total des places chères

 

 

323

 

 

4 baignoires devant la scène

 

 

12

 

 

 

 

 

 

 

3 baignoires de 6 places

18

 

 

 

2 - de 4

8

 

 

Baignoires du parterre

2 - de 4

8

50

 

 

2 - de 4

8

 

 

 

2 - de 4

8

 

 

 

 

 

 

 

 

1er banc de

60

 

 

 

2e Idem

58

 

 

3e galerie

3e Idem

56

212

 

 

4e Idem

38

 

Places inférieures

 

 

 

 

 

 

1er banc de

18

 

 

 

2e Idem

16

 

 

 

3e Idem

17

 

 

 

4e Idem

14

 

 

 

5e Idem

14

 

 

Parterre

6e Idem

14

144

 

 

7e Idem

15

 

 

 

8e Idem

12

 

 

 

9e Idem

10

 

 

 

10e Idem

8

 

 

 

11e Idem

6

 

 

 

 

 

 

 

Total des places inférieures

 

 

488

 

Places chères

 

 

323

 

Total des places que renferme la salle

 

 

811

 
Il est à remarquer qu’au parterre les spectateurs occupent moins de 0m50 de longueur de banquettes puisque les chaises ordinaires n’ont que 0m40 de largeur. On pourra donc y placer un cinquième de spectateurs en plus à la rigueur.
Nous observerons encore que nous avons cherché à multiplier les places les plus chères en construisant un parquet et en fesant des loges aux premières et aux secondes.
N° 6 Coupe longitudinale.
Pour que le parterre soit commode, sa pente doit être un douzième de sa longueur et celle de la scène un vingt quatrième. Il faut aussi pour que la construction d'un théâtre soit régulière et favorable aux spectateurs, que le milieu de l'avant-scène soit à égale distance du fond de la salle et du fond de la scène. Ces résultats sont donnés par l'expérience.
N° 5 Plan du 3ème.
La forme du plafond de la salle présente une pyramide tronquée, dont les faces sont divisées en deux compartiments ; sa construction est fort simple et peu dispendieuse. Dans tous les théâtres existans, les coupoles sont en bois et marouflées de toile. Ce mode de construction, le seul adopté jusqu'à ce jour, offre de grands inconvéniens ; le bois se tourmente et se disjoint et la toile se décolle sur les joints ; il s'établit entr’eux un courant d'air, qui fixe le noir de fumée dégagé des appareils d'éclairage, et en peu de tems, le plafond est recouvert d’autant de lignes noires qu'il y a de joints de planches. Le moyen de prévenir cette détérioration a été employé avec succès dans les nouveaux théâtres.
Les compartiments égaux du plafond seront composés par des chassis cloués sur des solives qui formeront ces compartimens. Les chassis seront formés par des croix de St André et des traverses, sur les quelles les toiles destinées à recevoir les peintures seront clouées et marouflées par derrière en y collant du papier. On obtiendra ainsi des surfaces aussi sonores que la boiserie. Les clous qui fixeront les toiles sur les chassis seront enduites de vernis gomme-laque pour empêcher la rouille. Ce mode de construction a le grand avantage de permettre la peinture des chassis dans l'atelier, au lieu de les peindre en place à la lumière factice attendu que l'échafaudage nécessaire intercepterait le jour.La peinture sera donc mieux soignée et coûtera moitié moins.
La pose des chassis sera facile en les vissant sur les solives. Leurs joints seront masqués par des couvre-joints chantournés et harmonisés avec la décoration du plafond.
Un échafaudage pour peindre le plafond en place serait à lui seul plus dispendieux que la construction des chassis peints.
N° 6.
L'ouverture du ventilateur est formée par une balustrade à jour.
Au dessus de l'ouverture du plafond est équipé un plancher à tiroir, destiné à fermer complètement l'orifice pour allumer le lustre.
Cette même ouverture peut être avec avantage surmontée d'une cheminée en planches, terminée par une lanterne, afin de produire la ventilation de la salle.
Les salles de spectacle qui manquent de ces cheminées de ventilation sont mal-saines par les vapeurs méphitiques qui s'est dégagent continuellement et les appareils d'éclairage y fonctionnent mal.
Toutes les devantures des loges et galeries seront peintes sur toile et marouflées sur la menuiserie. Les joints des compartimens seront masqués comme au chassis du plafond, par des couvre-joints (1).
[Note 1 : Il est important de remarquer que la salle a sa communication directe avec les deux murs extérieurs du bâtiment pour qu'on puisse l'aërer facilement et y porter un promp secours en cas d'incendie, par les nombreuses fenêtres percées dans les façades latérales : cette dernière hypothèse doit toujours être supposée quand il s'agit d'un théâtre, puisqu'il est reconnu que sur 12, 10 sont détruits par l’effet du feu.]
 

Avant-scène

 
N° 7, 12 et 13.
Dans tous les théâtres à l'exception de deux ou trois construits récemment, l'avant-scène se rétrécit près du rideau. Plusieurs constructeurs croient que cette disposition est plus commode et prête d’avantage aux effets d'optique ; c'est à la fois un vice de construction et une faute grave contre les règles de la perspective ; car toutes les lignes perpendiculaires au tableau tendent au point de vue. D'ailleurs lorsqu’une scène se passe dans la direction des loges d'avant-scène, les spectateurs sont gênés les uns par les autres. Autrefois on limitait l'ouverture de l'avant-scène d'après les dimensions de la salle ; c'était à tort, parce qu'il n'y a aucun inconvénient à lui donner toute la largeur possible ; celle de notre projet à 9m65 de largeur sur 10m80 de hauteur.
 
 

§ 4. Scène.

 
La scène se compose de sept plans, elle est divisée comme suit :
Trois costières avec leur charriot sur le 1er plan ; 2 costières id. au 2e plan et ainsi de suite pour les autres.
N° 4 Plan de l’étage sous la feuille de retombe de la 2e galerie.
La plupart des rideaux de fond sont placés au 7e plan, les autres le sont selont leur emploi pour l'usage du répertoire.
Les extrémités de toutes les costières doivent être à la même distance du grand axe du théâtre et les décorations doivent être plantées de la même manière.
Dans les anciens théâtres, la distance entre les extrémités des costières et l'axe diminuait en s'éloignant de l'avant-scène ; on était par conséquent forcé de se conformer à ce vice de construction pour la plantation des décorations, de sorte que la hauteur des chassis (ou coulisses) était en rapport avec cette diminution : il arrivait alors qu'un acteur entrant par le fond d'un palais se trouvait à la hauteur d'une colonne et sur le premier plan, il n'arrivait qu’au tiers.
La perspective était donc fausse, car tout ce qui est accessible à l’acteur doit être construit sur la même échelle.
Nous avons donné le plus d’étendue possible aux ouvertures des costières, afin de pouvoir placer les charriots sur tous les points de la scène ; celà est aussi nécessaire pour consolider les rideaux à bâtis dont les portes sont praticables. Dans peu de théâtres on a cette facilité, et il arrive que lorsqu'un acteur ouvre une porte précipitamment, toute la décoration s'ébranle et produit un mauvais effet. Il y aura en plus des charriots ordinaires, quatre autres charriots destinés uniquement à porter les accessoires : ces charriots auront la hauteur du dessous de la scène et pourront être placés à tous les plans ; les objets qu’ils auront à porter sont : des colonnes, des arbres isolés etc. etc. ; ils éviteront l'emploi des tringles à deux pointes courbées qui dégradent le plancher en peu de tems et sont très incommodes pour les acteurs.
N° 3 Plan du rez-de-chaussée qui est une coupe horizontale sous le plancher de la scène.
Le dessous de la scène est formé par une charpente compliquée. A l'aplomb de chaque costière sont placés les chemins de fer sur les quels roulent les charriots ; les montants de cette charpente sont maintenus entr’eux par des crochets qui fixent l'écartement de chaque plan ; ces crochets se lèvent quand le charriot doit s'approcher du milieu de la scène. La profondeur du dessous est de 2m50c ; cette profondeur est suffisante pour engloutir acteurs, actrices, Dieux, Diables etc. etc.
Dans le projet, ce dessous de la scène n'est pas machiné, c'est à dire qu'il n'est pas disposé pour opérer des changemens à vue. On a renoncé aux moyens qui étaient employés à cet effet, à cause du grand nombre d’inconvénients qui arrivaient toujours dans les manœuvres. A l'Opéra, comme dans tous les principaux théâtres, on baisse un rideau de manœuvre au moment du changement de décoration, et de cette manière son effet n'est jamais manqué et on évite du reste une dépense considérable d'appareils compliqués.
Tous les plans seront construits de manière à y équiper des trappes ; 3 ou 4 dans les premiers plans suffiront pour toutes les pièces du répertoire.
Dans le fond du théâtre sont établis deux escaliers conduisant en bas, au foyer des acteurs, et en haut, aux corridors de service des machinistes.
Entre ces deux escaliers sont construites 3 loges d'acteurs (1er étage) formant l'entresol au dessus de leur foyer.
Ici nous ferons remarquer que le tambour formé au dessus des loges d'acteurs a plusieurs buts d'utilité : 1° il communique avec les fenêtres de la scène ; 2° il met en communication, à cette hauteur, les côtés opposés de la scène ; 3° il est très favorable à l'emplantation d'une décoration de palais ou autre, dans la quelle il convient d'avoir un pont, une terrasse ou autre objet pratique ;
Les contre-poids sont renfermés dans des cheminées à claire voie ; ces cheminées servent en même tems à appuyer les décors nécessaires, pendant une représentation ; elles les garantissent de l'humidité des murs.
La scène a 15m65 de largeur et 9m80 de profondeur, depuis le rideau jusqu'au tambour.
N° 5.
Les corridors de service au dessus de la scène (plan des 3es) sont continuellement parcourus par les machinistes et les pompiers : c'est là aussi qu’aboutissent tous les fils de manœuvre des rideaux de fond, frises, plafonds etc. Ces corridors sont construits au niveau des 3es. Les communications sont établies par des portes de secours dans la salle.
L'emplacement des pompes à incendies est au dessus de l'avant-scène (plan des 3es). Là, ces pompes dominent la scène, la salle et peuvent être instantanément amenées sur les corridors de service ou dans la salle, en cas d'accident.
Sur les deux bâtimens en aile, on pourrait établir au niveau des corridors de service deux réservoirs d'eau alimentés par les eaux du grand comble ou par la conduite venant de la machine. Ces réservoirs seraient du plus grand secours en cas d'incendie.
Sur les mains courantes des corridors seront fixés des taquets en bois, destinés à retenir les poignées de cordages des plafonds ou frises, qui seront réglés sur leurs fils de manœuvre. En cas d'incendie on couperait ces poignées de cordages et tous les plafonds tomberaient sur la scène. Si l'on avait eu cette facilité à l'Ambigu et à la Gaîté, ces théâtre eussent été sans doute préservés de l'incendie qui les a dévorés, car le feu avait pris aux frises ; c'est ce qui arrive le plus ordinairement. L'opération pour dégarnir le cintre de 35 à 40 plafonds ne peut durer plus d'une minute, et elle peut être faite par un seul homme.
La construction du plancher du gril est facile, elle consiste dans la disposition de poutrelles placées parallèlement à l'axe du théâtre. Ces poutrelles sont destinées à recevoir les poulies en manœuvres basses pour les plafonds, poulies qui ont peu de charge à supporter. Les poutrelles sont recouvertes par des planches destinées à recevoir les poulies en manœuvres hautes, qui fatiguent d’avantage que les premières, puisqu’elles portent les rideaux de fonds, etc.
 

Bâtimens en ailes.

 
N° 3 Rez de chaussée.
Le foyer des acteurs, ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, est placé sous la scène (rez de chaussée), il est en communication directe avec les loges des acteurs et actrices placées de chaque côté, au même niveau, dans les bâtimens en ailes : on remonte sur la scène par les quatre escaliers qui y sont établis.
N° 4.
Dans les bâtimens en ailes, et au niveau de la scène (1er étage) sont placés les magasins pour les décorations avec la régie et le foyer des comparses. Ces pièces dépendantes de la scène sont indispensables pour l'ordre et l'administration du théâtre.
Au dessus de la régie et dans les bâtimens en ailes sont placées d'autres loges d'acteurs (2e et 3e étages, n° 4 et 5). Il y aura en tout dix neuf loges d'acteurs ; ce nombre est bien suffisant pour une troupe de comédie et d'opéra comique, composée ordinairement de 24 acteurs.
 
 

§ 5. Extroduction.

 
En résumant tout ce qui précède : nous pensons que le projet n° 1 du bâtiment d'entrée, qui est le plus économique en satisfaisant complettement à toutes les conditions imposées, est aussi celui qui nous a paru mériter la préférence sur les autres, à moins, pourtant, que M.M. les membres du Conseil municipal consentent à l'augmentation qu’exige le projet n° 2 ou sa variante, plus grandiose et plus vaste que le projet n° 1.
D'après l'aperçu des convenances auquel un théâtre doit satisfaire, on sera convaincu qu'il faut, évidemment, être au courant des exigeances motivées par le service et l'usage de la salle et de la scène pour faire un théâtre qui ne présente pas les inconvénients de la plupart de ceux qui sont établis par des architectes tout à fait neufs sur une semblable matière.
Notre projet est étudié méthodiquement et consciencieusement ; nous n'avons pu nous empêcher de le traiter aussi complètement, malgré l'éventualité du résultat d'un concours.
Nous répéterons encore à M.M. les membres du Conseil municipal de bien choisir les juges d'un pareil travail pour ne pas être induits en erreur par les apparances inexactes d'un projet étudié superficiellement par des auteurs qui en sont à leur début en fait de pratique et d'application.
On voit tous les jours les convenances sacrifiées au caprices plus ou moins bizarres des compositeurs de théâtre ; aussi arrive-t-il que parmi ceux nouvellement construits on en rencontre à peine deux ou trois exécutés avec économie et connaissance des règles invariables, inhérentes à un semblable projet. Tantôt l'intrigue ou la condescendance engagent les juges à s’écarter des considérations positives aux quelles ils doivent principalement s'attacher.
Nous n'avons pu résister au désir d'être utile à la Ville de Dôle, en lui offrant un travail sur lequel nous nous sommes tant de fois exercés et qui nous a valu des résultats honorables partout où nous l'avons produit.
Nous réclamons donc avec instance des juges impartiaux et éclairés, capables de signaler dans un rapport motivé les avantages que présente les diverses combinaisons indiquées par les concurrents. Nous réclamons d’eux, surtout, un examen attentif sur la disposition des plans, sur les intersections des planchers avec les ouvertures, sur les moyens d'établir les communications, les dégagemens, les modes de construction et d'exécution des diverses parties de la salle et surtout de la scène.
Nous ne nous dissimulons pas le désavantage qu’éprouve tout homme de dévouement à mettre ses oeuvres en comparaison avec celles de gens protégés par les coteries d'une localité ; nous pensons que dans la ville de Dôle on écartera de semblables moyens, on aura égard et confiance dans des résultats positifs si difficiles à se procurer et plus encore à faire comprendre. Nous espérons donc rencontrer des juges animés d'un esprit de dévouement et d'abnégation conforme aux sentiments qui nous ont dirigés dans cette circonstance.
Pour chauffer les pièces du bâtiment d'entrée et la salle du théâtre un seul calorifère pourra suffire ; nous avons indiqué, sur le plan du rez-de-chaussée, la direction des tuyaux de chauffage. Mais il faudra bien se garder d'employer les appareils vicieux et antiéconomiques du système de Desarnod adaptées indifféremment dans la plupart des édifices, par des soi-disant fumistes, aussi ignorants de leur art que des convenances. Ces appareils chauffent bien l'air, mais ils ne lui communiquent que la vitesse due à la différence de température ou de densité des couches, vitesse toujours trop faible pour chauffer et ventiler rapidement et avec économie.
Nous employons ordinairement des appareils plus simples, bien supérieurs à ces derniers, en ce qu'ils évitent les fuites de fumée dans les tuyaux d'air chaud, les chances d'incendie et dont le nettoyage et l'alimentation s'opèrent plus facilement.
Il n'est pas nécessaire de faire une description des dessins coloriés, on jugera facilement du mode de décoration de la salle, du rideau et du plafond représenté par les dessins 11, 12 et 13 et 14. Nous y avons joint un autre détail des devantures de loges qui pourra être substitué, si on le juge à propos, aux motifs indiqués sur le dessin n° 13.
On comprendra sans que dans un projet, il est impossible de donner tous les détails aux quels on a égard dans l'exécution. Ce serait une exposition fastidieuse pour ceux qui auraient à en apprécier les avantages.
Provisoirement, nous nous bornons à en donner un aperçu succint. Fin.
 
(Convenance, Economie.)
 
Observations :
Inscription du 29 10 1975 (théâtre en totalité) (arrêté) abrogée.
Protection
classé MH : 1996/04/12


Le théâtre en totalité (cad. BI 24) : classement par arrêté du 12 avril 1996.

Thématiques :
  • salles de spectacle de Bourgogne-Franche-Comté
Aire d’étude et canton : Bourgogne-Franche-Comté
Dénomination : théâtre