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REMISE AGRICOLE PUIS COMMUNS ET THÉÂTRE DE SOCIÉTÉ

21 - Chevigny-en-Valière

23 rue Mercey

  • Dossier IA21000002 réalisé en 1996 revu en 2021
  • Auteur(s) : Claudine Hugonnet-Berger, Laurent Poupard
Salle. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Si le bâtiment d'exploitation dépendant de la ferme date comme elle du 17e siècle, il en suit les changements de propriétaires dont certains nous sont connus : Philippe de la Mare puis en 1743 Philippe Bénigne Bouhier de Versalieu, sa fille Catherine puis en 1766 son mari Melchior Cérice François de Vogüé, la famille Terrand dont Anne Flavie et en 1818 son époux Noël Mathurin Brossard, avocat à Dijon puis juge au tribunal de Chalon-sur-Saône. Les propriétaires suivants sont leurs enfants : Louis et sa soeur Louise, épouse Verneau.
Louis Brossard (1819-1907), Parisien marié à Marie Rose Caroline Durand du Paisseau, qui se dit "possédé par le démon de la construction", entreprend de 1870 à 1905 environ de transformer la propriété en "château des Tourelles". Le bâtiment à usage de remise agricole et pressoir est converti en communs et Brossard le fait surélever vers 1882 "pour en faire le pendant de l'aile droite constituée par l'habitation". De 1885 à 1893, il y fait aménager un théâtre, à l'étage, récupérant les décors d'un théâtre parisien qu'il avait achetés pour ses nièces. Il explique ainsi sa démarche : "L'exécution commença en 1885. Les charpentiers avaient entassé poutres sur poutres et je me suis heurté à des difficultés extraordinaires pour transformer ce grenier en salle de spectacle. De ce fait, si la salle se présente fort bien, la scène laisse beaucoup à désirer et les dégagements destinés aux acteurs sont très insuffisants. Cela n'avait pas grande importance car, dans mon esprit, on ne jouerait peut-être qu'une seule fois sur ce théâtre, le jour de la pendaison de crémaillère, après l’achèvement définitif de mes travaux. Or je sentais fort bien que ces travaux ne seraient jamais terminés et par conséquent qu’il n’y aurait jamais de pendaison de crémaillère... Mais comme j’avais la passion de la décoration, je me suis plu à faire de ce théâtre une véritable bonbonnière, non pas pour y faire jouer un jour la comédie, mais pour le seul plaisir de donner libre cours à mes penchants artistiques." Il fait réaliser une loge centrale, tendue de satin blanc : "Le style de l’ensemble est assez étrange qui rappelle l’égyptien, le persan et le chinois." La salle est accessible par cinq portes de style Louis XV provenant de l'hôtel du marquis de Canisy à Paris (rue Lafayette), et le foyer du public réutilise les lambris peints d'un hôtel de la place des Victoires (vraisemblablement celui qui fut démoli en 1885 lors du percement de la rue Etienne Marcel) ; son plafond à caissons est dessiné par Brossard lui-même tandis que "les menuiseries destinées à recevoir les vitraux proviennent du Pavillon de l’Amérique du Sud, à l’Exposition Universelle de 1878." L'escalier est censé rappeler celui de l'Opéra de Paris, avec des marches en marbre blanc et des balustres et un décor de stuc. Dernier aménagement en 1893 : un luxueux "salon des actrices", "car ces charmantes personnes, gâtées par tout ce qui leur est prodigué à Paris, sont très exigeantes sur ce point". Finalement, le théâtre sera utilisé pour des représentations données par "quelques jeunes ménages des environs" de 1897 à la fin de 1900. Louis Brossard fait aménager contre ce bâtiment une écurie dotée de mangeoires en marbre issues "de la démolition du palais Bonne-Nouvelle à Paris" ("la magnificence de cette écurie, digne d'un palais, est telle qu'on n'a jamais rien vu qui puisse rivaliser avec elle"), et une "grosse tour dite le Donjon", avec remise et sellerie au rez-de-chaussée, salle des fêtes et fumoir au 1er étage, chambres à coucher au 2e (avec un escalier en bois à doubles révolutions rappelant celui du château de Chambord), toit terrasse surmonté d'un petit belvédère. Il précise que la terrasse "a été construite contre l'avis des architectes les plus compétents et notamment de M. Charles Garnier, constructeur de l'Opéra de Paris" car "beaucoup trop lourde pour les médiocres bâtiments qui la supportent" (si la terrasse est toujours là, le belvédère a été détruit).
Vendu par les descendants de Louis Brossard, le bâtiment se dégrade. Le nouveau propriétaire, M Jordanson, entreprend des rénovations à partir de 1976. Il fait refaire la charpente et la toiture de la partie centrale, entérinant la disparition du salon des actrices et du "passage des panoramas", et le foyer, dans lequel interviennent Michel de Haese en 1995 (date et nom inscrits près de la cheminée) et Caroll Roughol, qui signe le décor de la coupole du théâtre. Le pressoir signalé en 1980 a disparu depuis.
Période(s)
Principale :
  • 1ère moitié 17e siècle
  • 4e quart 19e siècle
Date(s)
1890 : porte la date
1995 : porte la date
Auteur(s) & personnalité(s)

Date de naissance : 26/02/1819 - date de décès : 1907

Brossard, Louis (1819-1907). Né à Beaune, fils d'un juge au tribunal civil de Chalons-sur-Saône, Noël-Mathurin Brossard, et d'Anne-Flavie Terrand, propriétaire du domaine de Chevigny. Marié en 1863 avec Marie-Rose-Caroline Durand du Paisseau, de Poitiers. Avocat, rentier à Paris.

remploi provenant de :
  • Paris

Description


Les communs sont composés de trois corps de bâtiment : au nord le chai surmonté du théâtre (et prolongé vers l'est par le foyer du public), au centre l'écurie et au sud le corps appelé "le Donjon" par Brossard, réunissant remise et sellerie au rez-de-chaussée, salle des fêtes au 1er étage et logement au 2e. Les murs sont en briques, laissées apparentes pour l'écurie côté cour et pour le foyer (restauration du 4e quart du 20e siècle), ou masquées par un enduit (avec imitation brique pour le mur nord du chai, et faux appareil de pierre de taille pour son mur ouest et ceux du corps sud). Le corps nord comporte un étage carré et un étage de comble, l'écurie est en rez-de-chaussée avec étage de comble à charpente apparente, le corps sud a deux étages carrés. Les deux premiers corps sont protégés chacun par un toit à longs pans (à croupes sur le théâtre) et des tuiles plates (émaillées pour le théâtre au nord) ou du zinc sur l'appentis du foyer, le troisième est coiffé d'une terrasse en béton. Aménagé à l'étage et desservi par un escalier tournant à retours, en marbre et stuc, le théâtre associe donc foyer du public (côté jardin) et salle à balcon unique, de plan en U, couverte d'une fausse coupole à ouverture zénithale. Le balcon, accueillant une loge centrale, ouvre sur la salle par des arcs d'inspiration orientale portés par 12 colonnettes. La salle des fêtes et l'ancien logement au sud sont desservis par des escalier tournants à retours en bois, la terrasse par un escalier vis à doubles révolutions.
Murs :
  • brique
  • enduit partiel
Toit :
  • tuile plate
  • béton en couverture
  • zinc en couverture
  • tuile plate plombifère
Etages :
  • 1 étage carré
  • étage de comble
Couvrement :
  • fausse coupole
  • charpente en bois apparente
Elévation :
  • élévation à travées
Couvertures :
  • toit à longs pans, croupe
  • pignon couvert
  • appentis
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre, escalier tournant à retours, en maçonnerie
  • escalier hors-oeuvre, escalier de type complexe, en charpente
  • escalier dans-oeuvre, escalier en vis avec jour, en charpente
État de conservation :
  • restauré, mauvais état

Source(s) documentaire(s)

  • Hugonnet-Berger, Claudine ; Maulmin, Pascale de ; Sonnet, Bernard. Théâtres en Bourgogne : architectures du spectacle 1800-1940. 1996.
    Hugonnet-Berger, Claudine ; Maulmin, Pascale de ; Sonnet, Bernard. Théâtres en Bourgogne : architectures du spectacle 1800-1940 / Service régional de l'Inventaire général, Direction régionale des Affaires culturelles de Bourgogne ; photogr. Michel Rosso ; carte Alain Morelière. Dijon : Direction régionale des Affaires culturelles, 1996. 28 p. : ill. ; 23 cm. (Itinéraires du Patrimoine ; 124).
  • M., G. de. Extraits des mémoires de Monsieur Louis Brossard. 30 novembre 1975.
    M., G. de. Extraits des mémoires de Monsieur Louis Brossard. 30 novembre 1975. 12 p. dactyl. : ill.; 30 cm.
  • Vignier, Françoise. Dictionnaire des châteaux de France : Bourgogne, Nivernais. 1980.
    Vignier, Françoise. Dictionnaire des châteaux de France : Bourgogne, Nivernais. Paris : Berger-Levrault, 1980.  337 p. : ill., 1 carte dépl. ; 31 cm.

Informations complémentaires


Texte publié dans la collection des Itinéraires du Patrimoine : Hugonnet-Berger, Claudine ; Maulmin, Pascale de ; Sonnet, Bernard. Théâtres en Bourgogne : architectures du spectacle 1800-1940. Dijon : Direction régionale des Affaires culturelles, 1996, p. 12-13, 16 : ill. (itinéraires du patrimoine ; 124).

Louis Brossard qui se disait « possédé par le démon de la construction » édifia ce château quelque peu insolite entre 1870 et 1905, au gré de son imagination. Les communs abritent un petit théâtre dont l'aménagement, entre 1885 et 1893 environ, n'alla pas sans difficultés : « Les charpentiers avaient entassé poutres sur poutres et je me suis heurté à des difficultés extraordinaires pour transformer ce grenier en salle de spectacle. De ce fait, si la salle se présente fort bien, la scène laisse beaucoup à désirer et les dégagements destinés aux acteurs sont très insuffisants. Cela n'avait pas grande importance car, dans mon esprit, on ne jouerait peut-être qu'une seule fois sur ce théâtre ». Toutefois, entre 1897 et 1900, la petite salle accueillera les spectacles montés « par quelques jeunes ménages des environs ». Comme le reste du château, le théâtre de L. Brossard est actuellement en cours de restauration.
Aménagé au rez-de-chaussée des communs, un vestibule, incluant un vestiaire, donne accès à un petit escalier tournant qui conduit, en deux volées, au corridor du théâtre. L. Brossard disait s'être « inspiré aussi exactement que possible du fameux escalier de l'Opéra de Paris », inspiration qui se limita essentiellement à jouer sur la polychromie des matériaux : marches de marbre blanc, rampe en stuc à balustres rouge antique et main-courante blanche et verte, panneaux de revêtement en stuc marbré à dominante rouge sombre et à encadrement de moulures crème. A l'étage, un décor de treillage habille les murs de cage. Le corridor, en U, s'interrompt côté jardin pour faire place au foyer du public : la salle ouvre sur l'un et l'autre par cinq portes de style Louis XV provenant de l'hôtel du marquis de Canisy, à Paris. « Je me suis plu à faire de ce théâtre une véritable bonbonnière... pour le seul plaisir de donner libre cours à mes penchants artistiques », disait L. Brossard : des penchants très éclectiques tant le parti décoratif de la salle mêle les références stylistiques, tout en multipliant les couleurs. Une galerie en U, avec loge de fond à l'italienne, entièrement capitonnée de satin blanc, domine le parterre autrefois meublé de fauteuils. Douze colonnettes portant des arcs d'inspiration orientale rythment la galerie dont le garde-corps s'agrémente d'instruments de musique : une porte dérobée, à gauche de la scène, donne accès à l'étroit escalier qui dessert la galerie et son promenoir. Quant au foyer, son séduisant décor remploie des lambris peints, rythmés par des colonnettes en candélabre, provenant d'un hôtel de la place des Victoires (Paris), vraisemblablement celui qui fut démoli en 1885 lors du percement de la rue Etienne-Marcel.

M., G. de. Extraits des mémoires de Monsieur Louis Brossard. 30 novembre 1975, p. 5-8.
  
 Le Théâtre
 "Vers 1882, j'avais fait surélever l'aile gauche qui abritait les communs pour en faire le pendant de l'aile droite, constituée par l'habitation. Ces travaux coûtèrent environ 15 000 francs (or) ce qui me parut beaucoup trop élevé pour un simple grenier à fourrages. J'ai donc cherché à donner à ce nouveau local une destination plus luxueuse.
"Comme mes nièces VERNEAU aimaient jouer parfois la comédie avec leurs jeunes amies, j'avais acheté à leur intention des décors provenant d'un théâtre de PARIS et je les avais envoyés chez ma soeur Louise, à MONTCENIS. Mais elle n'était pas possédée comme moi par le démon de la construction et elle se refusa à faire aménager un théâtre dans sa maison, si bien que mes toiles furent reléguées dans un grenier. En me rappelant leur tristes sort je décidai d'en tirer parti et pour cela de créer moi-même mon théâtre à CHEVIGNY.
 
"L'exécution commença en 1885. Malheureusement les charpentiers avaient entassé poutres sur poutres et je me suis heurté à des difficultés extraordinaires pour transformer ce grenier en salle de spectacle. De ce fait, si la salle se présente fort bien, la scène laisse beaucoup à désirer et les dégagements destinés aux acteurs sont très insuffisants . Cela n'avait pas grande importance car, dans mon esprit, on ne jouerait peut-être qu'une seule fois sur ce théâtre, le jour de la pendaison de crémaillère, après l'achèvement définitif de mes travaux.
"Or je sentais fort bien que ces travaux ne seraient jamais terminés et par conséquent qu'il n'y aurait jamais de pendaison de crémaillère... Mais comme j'avais la passion de la décoration, je me suis plu à faire de ce théâtre une véritable bonbonnière, non pas pour y faire jouer un jour la comédie, mais pour le seul plaisir de donner libre cours à mes penchants artistiques.
"Je me suis donc borné à faire exécuter la grande loge centrale, entièrement capitonnée de satin blanc, sans y ajouter des loges latérales. Le style de 1'ensemble est assez étrange qui rappelle l'égyptien, le persan et le chinois. Les cinq grandes portes Louis XV proviennent de la démolition de l'hôtel du marquis de CANISY, rue Lafayette, à PARIS . Un magnifique lustre de VENISE assure l'éclairage.
 
"Un théâtre doit nécessairement comporter un foyer. Comme la place manquait, je fis mettre en place une poutre de fer sur toute la largeur du bâtiment, en surplomb au-dessus de la cour de la ferme. J'ai obtenu ainsi un espace de 6 m x 10 m. Les boiseries des murs viennent de la démolition d'un hôtel de la place des Victoires, à PARIS. Le plafond de bois à caissons a été exécuté sur mes dessins. Les menuiseries destinées à recevoir les vitraux proviennent du pavillon de l'Amérique du Sud, à l'Exposition Universelle de 1878. La grande cheminée en marbre griotte des Flandres a été exécutée en BELGIQUE. Comme ce foyer était normalement sans emploi, il a été utilisé comme billard.
 
"L'un des éléments essentiels de cet ensemble est l'escalier allant de la cour d'honneur au vestibule du théâtre. Pour le réaliser, je me suis inspiré aussi exactement que possible du fameux escalier de 1'OPERA de PARIS.
"Les marches, en marbre blanc, avaient été commandées à NICE en 1888. Mais le marbrier s'était aventuré à les exécuter d'après les simples croquis que je lui avais remis, sans attendre les calibres exacts. Il était donc à craindre qu'elles ne puissent pas se monter correctement, et elles restèrent en souffrance à NICE pendant cinq ans. Lorsque je me suis décidé à les faire venir à CHEVIGNY, j'ai eu l'agréable surprise de constater que, non seulement elles étaient absolument intactes malgré leur stockage prolongé, mais encore qu'elles s'adaptaient dans la cage d'escalier comme si elles, y avaient été moulées en vulgaire béton.
"Il restait à exécuter la rampe et les panneaux des murs. Peut-être par raison d'économie - une fois n'est pas coutume… - je confiai ce travail à de célèbres stucateurs de PARIS. Socles vert de mer, balustres rouge antique, main-courante blanche à filets verts, panneaux en imitation de marbres du LANGUEDOC, la réalisation fut parfaite, mais elle me coûta les yeux de la tête. Tous comptes faits, j'aurais eu bien meilleur compte à faire exécuter le tout en véritables marbres...
 
"Pour finir, un salon des actrices fut aménagé en 1893, avec tout le luxe possible, car ces charmantes personnes, gâtées par tout ce qui leur est prodigué à PARIS, sont très exigeantes sur ce point.
 
"Mes prévisions furent également déjouées sur un autre plan mais à mon avantage cette fois. Vers 1897, alors que la pendaison de crémaillère et par suite l'inauguration du théâtre étaient toujours remises aux calendes grecques, quelques jeunes ménages des environs aimaient se réunir pour jouer des comédies de salon. Lorsqu'ils apprirent que je disposais d'un véritable théâtre ils vinrent me demander la permission de l'utiliser. Bien entendu elle leur fut accordée avec empressement et les représentations se poursuivirent avec succès pendant trois ans. La dernière eut lieu à la fin de I900 et fut des plus brillantes :
- grand déjeuner de vingt couverts à midi, offert par M. et Mme BROSSARD aux acteurs et actrices,
- après la séance, lunch et dîner froid de cent couverts,
- puis le bal jusqu'à onze du soir".
 
 L'escalier de CHAMBORD et le Donjon
 "En sortant du théâtre on traverse d'abord un petit vestibule dont le plafond est orné d'une peinture poétique, représentant des oiseaux étranges voltigeant au milieu des fleurs. On pénètre ensuite dans une galerie aérienne dont le plafond et les murs sont tendus de nattes de CHINE. De petites ouvertures à droite et à gauche donnent des vues variées sur le paysage environnant, ce qui a fait donner à cette galerie le nom de Passage des panoramas.
 
"Il débouche sur une autre merveille de CHEVIGNY, le fameux escalier dit de CHAMBORD, car de même que dans ce célèbre château les visiteurs peuvent, si bon leur semble, les uns monter et les autres descendre simultanément sans se rencontrer.
 
"Le tour du couloir de cet escalier est occupé par quatre chambres. La plus belle a trois fenêtres donnant une belle vue à l'Est. Les murs et le plafond sont tapissés d'un damas de soie d'un très bel effet. Au cours de l'inauguration de la statue du grand CARNOT, à NOLAY, dont la famille est apparentée à la mienne, j'avais invité le Président CARNOT et sa famille à venir à CHEVIGNY. L’invitation n’eut pas de suite mais la chambre qui lui était destinée a conservé le nom de chambre du Président de la République.
 
"Au-dessus de ces chambres, on accède à une magnifique terrasse, d'où l'on a des vues aussi varies que belles sur toute la région, alors que vue du sol cette plaine paraît affreusement triste et monotone. Cette terrasse a été construite contre l'avis des architectes les plus compétents et notamment de M. Charles GARNIER, constructeur de l'OPERA de PARIS. Elle est en effet beaucoup trop lourde pour les médiocres bâtiments qui la supportent et par suite des bévues et de l'incurie de mon entrepreneur elle risquait dès sa construction la ruine à bref délai, faute de points d'appui suffisants.
"En cas de mauvais temps, un escalier en spirale donne accès à un campanile qui permet de jouir à couvert de la même vue, à condition bien entendu qu'elle ne soit pas complètement bouchée par la pluie ou le brouillard.
 
"En redescendant l'escalier CHAMBORD, on trouve au premier étage de la grosse tour dite le Donjon une magnifique Salle des Fêtes, vaste pièce de 6 m x 12 m, avec un plafond à caissons, des vitraux aux fenêtres, des tapisseries aux murs et une cheminée monumentale. Un petit fumoir lui est contigu.
 
"Le rez-de-chaussée abrite une vaste remise dont le plafond est orné d'une décoration gothique. Une belle petite sellerie lui fait suite et on arrive enfin à ce qui constitue sans doute ma plus belle réalisation".
 
"Sans faire de fausse modestie, je reconnais volontiers avec tous les visiteurs que la magnificence de cette écurie, digne d'un palais, est telle qu'on n'a jamais rien vu qui puisse rivaliser avec elle. Les mangeoires, en marbre griotte foncé des FLANDRES, viennent de la démolition du palais BONNE-NOUVELLE à PARIS ; elles ont coûté 800 francs (or) à elles seules, non compris les frais de transport et de mise en place. Les stalles et leurs frontons sont en chêne massif ; les râteliers et les grilles en fonte de PARIS ; le revêtement des murs est en carreaux de faïence à dessins jaunes et noirs ; le plafond et les corniches sont peints en imitation de faïence. Jusqu'aux portes, aux vitraux et au splendide dallage, rien n'a été négligé pour faire de cette écurie une véritable merveille".
Thématiques :
  • théâtres de Bourgogne
  • salles de spectacle de Bourgogne-Franche-Comté
Aire d’étude et canton : Bourgogne
Dénomination : remise agricole, communs, théâtre
Parties constituantes non étudiées :
  • écurie
  • remise
  • sellerie
  • logement
  • salle des fêtes
  • chai
  • pressoir à vin
Carte interactive
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