ÉTABLISSEMENT THERMAL DE LA SOURCE ÉLISABETH DITE SOURCE SANTANA
21 - Santenay
avenue des Sources
- Dossier IA21005781 réalisé en 2019
- Auteur(s) : Marguerite Cinotti, Fabien Dufoulon
Historique
L'histoire de l’exploitation de la source Santana débute après celle des sources Lithium et Carnot. En 1906, Henri Perrin, directeur d'une sucrerie à Chalon-sur-Saône, et Pierre-Antoine dit Marius Desfontaines, associé de la tuilerie Perrusson et chargé plus particulièrement du site de Saint-Léger-sur-Dheune, mettent à jour, par forage, une nouvelle source située à environ 200 mètres plus au sud. L'eau découverte à une profondeur d'environ 75 mètres possède des caractéristiques comparables à celle des sources voisines. Son analyse révèle qu'elle contient 5,17 grammes de chlorure de sodium et 0,09 gramme de lithium par litre. Dès 1906, deux pavillons sont construits. Le premier, côté nord-ouest, est situé au-dessus du forage ; il est destiné à l'accueil des buveurs. Le second, côté sud-est, sert de logement au gardien. L'autorisation d'exploiter la source est accordée, après inspection, en 1908. En 1910, menacés par la concurrence d'Arthur Budan qui agite des projets grandioses autour de la source Carnot, les deux exploitants vendent la source Santana à la Compagnie générale des eaux de Santenay, sise Cours Tolstoï à Villeurbanne, laquelle s'active pendant plusieurs années à commercialiser et à promouvoir l'eau en bouteilles en vantant ses propriétés purgatives (laxatives). Afin de renforcer ces dernières, elle met au point une eau artificielle en ajoutant du sulfate de sodium à l'eau de source. Le nouveau produit est vendu sous la marque Apollo, et l'étiquette des bouteilles le présente comme une eau minérale. Le préfet, alerté par l'inspecteur des pharmacies Edmond Voisenet sur la supercherie, intervient en 1917. Après la Première Guerre mondiale, les cures à l'eau sont passées de mode. La société abandonne l'exploitation qui passe de mains en mains, sans rencontrer le succès. Dans les articles qu'il consacre aux sources en 1950, Louis Gerriet décrit le bâtiment des buveurs en ruine. La verrière s'est effondrée et les mosaïques bleues ne subsistent que sous forme de débris. La vasque est encore en place, mais vide ; l'eau s'écoule désormais parcimonieusement d'un tuyau sur le côté. En 1956, la commune acquiert l'ensemble des sources de Santenay avec l'intention de relancer leur exploitation. Comme le débit de la source Santana est pratiquement nul, elle n'envisage pas de la restaurer. En outre, le pavillon qui l'abrite, devenu une ruine dangereuse, est rasé. Le logement du gardien est en revanche conservé et converti en maison d'habitation, avant d'être à son tour démoli en 2019. À son emplacement est construite une partie du nouveau centre thermal (2020).
Date de naissance : 1844 - date de décès : 1917
Né à Saint-Léger-sur-Dheune, ingénieur de l’École Centrale (promotion 1869). En 1880, il épouse Eugénie Perrusson, fille de Jean-Marie Perrusson, qui l'associe à la direction de son entreprise de tuilerie (Saint-Léger-sur-Dheune et Écuisse). Celle-ci porte successivement le nom de société « Perrusson père et fils et Marius Desfontaines » de 1880 à 1892, société « Perrusson fils et Marius Desfontaines » de 1892 à 1911, et enfin société « Perrusson et Desfontaines » à partir de 1911.
Directeur d'une raffinerie de sucre à Chalon-sur-Saône.
Description
L'ensemble de l'édifice, de dimensions modestes, a été détruit. Chacun des deux pavillons est toutefois bien connu. Le pavillon de la source (buvette dite "salle de dégustation") ouvrait sur l'avenue des sources. Il se présentait comme une petite cour couverte fermée par quatre murs, à la manière d'un patio d'un palais oriental. Au centre, quatre piliers supportaient une verrière qui assurait un éclairage zénithal. Une vasque de plan trilobé se situait près du centre de la cour. Derrière elle, des robinets étaient prévus pour l'embouteillage. Les murs étaient décorés de mosaïques bleues. Deux portes permettaient d'accéder à la cour depuis le second pavillon, qui servait de logement au gardien. Ce dernier comprenait un rez-de-chaussée et un étage carré couvert d'un toit à longs pans en pente douce. L'accès à l'étage se faisait à l'intérieur par un escalier dans-œuvre que complètait un escalier en maçonnerie hors-œuvre contre l'une des façades latérales. Le décor de céramique polychrome correspondait à l'esprit oriental de l'architecture du patio. Le rez-de-chaussée de la façade sud-est était percé de trois ouvertures, une porte et deux fenêtres, couvertes d'un arc outrepassé alternant brique rouge et pierre blanche. Les arcs eux-mêmes étaient inscrits dans un cadre rectangulaire composé de carreaux de céramique à motifs géométriques colorés (gris, bleu et blanc). Le même décor se retrouvait autour de la baie géminée de la façade nord-est. Le reste des murs présentait un parement de couleur blanche. Une moulure en briques rouges, posées en boutisses, courait tout le long des façades, au niveau de la base des fenêtres et sous l'avant-toit. Le recours important au décor de céramique polychrome s'explique sans doute par la personnalité de Marius Desfontaines. Les carreaux de céramique correspondent au modèle n° 47 de la tuilerie Perrusson-Desfontaines de 1910. Quant à la référence à l'Orient, elle témoigne de l’éclectisme qui touche l'architecture des lieux de villégiature à partir du milieu du 19e siècle. Les pavillons coloniaux des Expositions Universelles de 1889 et 1900 ont sans doute été déterminants dans l'adoption du style mauresque. Son adoption dans un bâtiment thermal connait des précédents en France. On peut ainsi rapprocher les pavillons santenois de l'établissement thermal du Mont-Dore (Puy-de-Dôme) de Louis-Charles Ledru et de celui de Salies-de-Béarn (Pyrénées-Atlantiques) d'Adrien Lagarde, et surtout des pavillons des sources du Hammam construits d'après les plans d'Antoine Percilly (1893) à Hauterive (Allier). Il n'existe pas d'équivalent en Bourgogne-Franche-Comté.
- brique
- badigeon
- tuile mécanique
- plan régulier
- rez-de-chaussée
- 1 étage carré
- élévation à travées
- toit à plusieurs pans, croupe
- escalier de distribution extérieur escalier droit en maçonnerie
- ornement géométrique représentation non figurative
- maçonnerie
- céramique
- détruit après inventaire
Source(s) documentaire(s)
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Archives départementales de la Côte-d'Or. Cadastre de la commune de Santenay. [1839-1966].
Archives départementales de la Côte-d'Or. Cadastre de la commune de Santenay. [1839-1966].
- Atlas parcellaire (1839) : 3 P PLAN 582
- État de section (1839) : 3 P 582/ES
- Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties : 3 P 582/1 (folio 1 à 760), 3 P 582/2 (folio 761 à 1114)
- Matrice cadastrale des propriétés bâties : 3 P 582/3
- Matrice cadastrale dite « matrice noire » des propriétés bâties : 3 P 582/4
- Matrices cadastrales des propriétés non bâties : 3 P 582/5 (folio 1 à 488), 3 P 582/6, (folio 489 à 1088), 3 P 582/7 (folio 1089 à 1588), 3 P 582/8 (folio 1589 à 1669)
Lieu de conservation : Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon - Cote du document : 3 P 582
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Santenay-les-Bains (Côte-d'Or). Source Santana. [Début du 20e siècle].
Santenay-les-Bains (Côte-d'Or). Source Santana / [auteur inconnu]. [S.l.] : Édit. Mouron, [début du 20e siècle]. Carte postale.Lieu de conservation : Collection particulière -
Santenay-les-Bains. Source Santana. [Deuxième quart du 20e siècle].
Santenay-les-Bains. Source Santana / [auteur inconnu]. [S.l.] : [s.n.], [deuxième quart du 20e siècle]. Carte postale.Lieu de conservation : Collection particulière
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Gerriet, Louis. Une richesse nationale qui se perd : les eaux minérales de Santenay-les-Bains. 1950.
Gerriet, Louis. Une richesse nationale qui se perd : les eaux minérales de Santenay-les-Bains. La Bourgogne républicaine, 26-27 août 1950, p. 6, 28 août 1950, p. 6, 29 août 1950, p. 6, 30 août 1950, p. 6. -
[Exposition. Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts. 1985]. Villes d'eaux en France. 1984.
[Exposition. Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts. 1985]. Villes d'eaux en France. Dir. Lise Grenier. Paris : Institut français d’architecture, 1984. 397 p. -
Charbon, Paul. Histoire du thermalisme à Santenay. 2000.
Charbon, Paul. Histoire du thermalisme à Santenay. Santenay : Paul Charbon, 2000. 53 p. -
Charbon, Paul. Santenay et son histoire. 2009.
Charbon, Paul. Santenay et son histoire. Santenay : Éditions santenoises, Paul Charbon, 2009. 319 p. ISBN 978-2-7466-1193-1.
À voir
Informations complémentaires
- thermalisme en Bourgogne-Franche-Comté (le)
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