ÉTABLISSEMENT THERMAL DE LA SOURCE CARNOT

21 - Santenay

30 avenue des Sources

  • Dossier IA00061485 réalisé en 1978 revu en 2019
  • Auteur(s) : Elisabeth Réveillon, Claudine Hugonnet-Berger, Marguerite Cinotti, Fabien Dufoulon
Bâtiment du forage avec logement du gardien à l'étage, façade principale. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique

Découverte de la source et début de son exploitation

Moins de dix ans après la découverte de la source Lithium, première source artésienne de Santenay, et le début de son exploitation, un forage est entrepris sur le terrain voisin dit "Les Potets" situé de l'autre côté du chemin conduisant à Santenay-le-Haut (actuellement avenue des Sources). L'initiative revient à Lucien Garreau, pharmacien à Santenay, qui profite de l'absence de périmètre de protection des eaux de la source Lithium. En 1895, il met à jour une source qu'il appelle "Carnot" sans doute en hommage au président de la République Sadi Carnot assassiné quelques mois plus tôt. En 1898, l'Académie de Médecine émet un avis favorable pour son exploitation. La composition de l'eau est comparable à celle de la source Lithium ; elle est cependant moins concentrée en chlorure de lithium (0,09 gramme contre 0,11 gramme par litre) ce qui s'explique par la profondeur moins importante du forage, qui s'est arrêté à la première nappe à 81,6 mètres. Le débit est tout aussi important ; il s'élève à 84.000 litres par jour.
Vers 1900, Garreau fait construire un édifice au-dessus de la source, dominé, à l'angle sud côté rue, par une tour carrée coiffée d'un toit hexagonal. Au rez-de-chaussée, il aménage une vasque tandis que l'étage est destiné à héberger le gardien de la source. L'édifice, dont la façade ornée et colorée est véritablement la vitrine de la source, est agrandi à l'arrière par la construction d'un hangar, qui s'ouvre directement sur la rue par une porte cochère, et surtout une usine d'embouteillage. L'ensemble pourrait être resté un temps inachevé, puisqu'il apparaît dans les matrices cadastres comme une construction nouvelle seulement autour de 1904. L’essentiel des bâtiments, à l'exception de la tour qui a été abattue, existent encore aujourd'hui. Il ne reste aucun témoignage à l'intérieur de l'exploitation et de la commercialisation de l'eau.

Création d'un bâtiment de bains

Garreau n'a pas les moyens d'exploiter de façon optimale sa source dont le débit élevé justifierait la création d'un vrai centre de soins avec bains. En 1902, il vend donc l'ensemble à un groupe de financiers qui créent la Compagnie des eaux lithinées de Santenay. Le président de son conseil d'administration est Jean Villy, riche industriel et maire d'Amplepuis (Rhône). Plusieurs bâtiments sont construits à proximité de ceux de Garreau, pour un coût estimé à 800.000 francs. Le Grand Hôtel des Bains ouvre dès 1903. Il faut en revanche attendre 1904 pour assister à l'inauguration du bâtiment des bains complété par une annexe abritant les machines et les chaudières. L'hôtel et l'établissement thermal sont reliés par une passerelle couverte. À la même époque, la Compagnie obtient de la mairie l'élargissement de ce qui est alors appelée la "peute rue" (actuelle avenue des sources) ; elle passe effectivement de 3 à 10 mètres de largeur.
Dès la première saison, les difficultés financières se multiplient. L'établissement de la source Carnot ne peut pas ouvrir pour la saison 1905. Tout comme l'hôtel, il est d'abord racheté par l'un des anciens membres de la Compagnie, Louis Antoine Vignon, en 1906 ; la saison est assurée, mais la faible fréquentation des curistes entraîne sa faillite l'année suivante. En 1909, l'arrivée d'Arthur Budan, étudiant en médecine, domicilié à Paris, semble apporter un nouveau souffle au thermalisme à Santenay. Celui-ci achète en effet non seulement l'ensemble des bâtiments attachés à la source Carnot, mais aussi ceux de la Fontaine Salée. Malgré ses grandes ambitions, Budan ne parvient pas à relancer l'établissement qui est revendu à la veille de la Première Guerre mondiale à Charles Michelerne, notaire à Chalon-sur-Saône. Au final, le bâtiment des bains aura a peine fonctionné deux années (1904 et 1906). En 1924, le démantèlement de l'ensemble du site de la source Carnot devient inéluctable. La ville de Courbevoie achète le Grand Hôtel des Bains tandis que Henri-Joseph Boussin, notaire à Santenay, acquiert à titre personnel les bâtiments d'exploitation de la source. En 1947, il les vend à la SNCF et cède la source elle-même à la Société des viticulteurs de la Dheune qu'il a fondée. Le docteur Suzanne Canteraine, qui en est gérante, s'emploie à relancer l'activité thermale, sans succès. Dans les articles qu'il consacre aux sources en 1950, Louis Gerriet indique que la source a été "déménagée" est qu'elle s'écoule directement dans la rue. Il mentionne également l'installation d'une borne-fontaine.
Comme les trois autres sources de Santenay, la source Carnot est achetée par la commune en 1956. Le service des Mines refuse d’accorder une autorisation d’exploitation tant que des travaux d’amélioration au forage n’ont pas été exécutés. Pour cela, la tour qui surplombe le captage est rasée. L’eau de la source est canalisée vers l’autre côté de l'avenue des Sources et jointe à l’eau de la source Lithium pour finalement s'écouler dans le "kiosque de dégustation" édifié à la même époque. De 1989 à 1995, elle est utilisée pour alimenter les bassins du nouveau central thermal. En 1999, son débit étant jugé négligeable, la source Carnot n’est pas retubée contrairement aux sources Santana et Lithium.
Période(s)
Principale :
  • 4e quart 19e siècle
  • 1er quart 20e siècle
Date(s)
1904 : daté par source
Auteur(s) & personnalité(s)

Né(e) : Elisée

Suzanne Canteraine est docteur. Elle adopte le prénom Suzanneç la place de son prénom Elisée, peu commun. Elle gère la Société des viticulteurs de la Dheune et s'efforce de relancer le thermalisme à Santenay.

Étudiant en médecine, domicilié à Paris, rue Barbès, il s'implique dans la relance du thermalisme à Santenay vers 1910.

Propriétaire de l'exploitation de la source Carnot de 1905 à 1909.

Notaire à Santenay. Il fonde la Société des viticulteurs de la Dheune.

Description


Contrairement aux bâtiments historiques des trois autres sources de Santenay et malgré leur utilisation finalement éphémère, les bâtiments de la source Carnot sont bien conservés.

Bâtiment de l'exploitation

L'édifice le plus ancien (vers 1900) a la forme et les dimensions d’une maison ordinaire. Il est constitué d’un corps central à deux travées avec un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré, coiffé d’un toit à longs pans en tuile mécanique. Ce corps est doté à droite d'une courte aile couverte d’un toit en demi croupe. À l'angle sud subsiste la base de l’ancienne tour hors-œuvre qui surmontait le captage de la source. Le logement du gardien de la source se situait à l'étage. L’édifice aux dimensions modestes est orné avec soin. Les baies couvertes d'un arc en anse de panier en briques vernissées bleues sont mises en valeur par un encadrement polychrome associant la pierre, la brique brute et la brique vernissée de couleur bordeaux. Cette même alternance se retrouve dans les chaînes d’angle. Les baies du premier étage sont assorties à leur base d’une frise en céramique, à motifs végétaux, polychrome, et l’arc en anse de panier qui les couvre alterne briques vernissées bleues et jaunes. Les deux souches de cheminées du corps central, ainsi que l’encadrement de l’oculus sur la façade latérale, offrent le même jeu de bichromie. L’avant-toit abrite une dizaine de motifs décoratifs en céramique, figurant une fleur dans un large encadrement carré à motifs végétaux. L’ensemble est couvert de peinture jaune pale. Seule la base de l’ancienne tour hors-œuvre aujourd’hui rasée se démarque du reste de l’édifice par son parement en moellon calcaire et ses chaînes d’angles uniformément grises. Une porte en tôle, donnant directement sur la rue, permet de descendre au captage de la source Lithium.
Un bâtiment secondaire en forme de L qui abritait l'usine d'embouteillage et le magasin de stockage prolonge d'édifice principale à l'arrière. Il n'a qu'un niveau au rez-de-chaussée, légèrement surélevé sur un côté, couvert d'un toit à longs pans en tuile mécanique. L'édifice présente de nombreuses ouvertures, cinq portes fenêtres, deux portes ordinaires et une porte cochère. Elles sont toutes couvertes d'un arc surbaissé et entièrement encadrées de briques de couleur rouge. Ces mêmes briques se retrouvent dans les chaînes d'angle harpées. Trois larges fenêtres, divisées par deux meneaux, couvertes d'un arc segmentaire, et également encadrées de briques, s'ouvrent sur la rue. Les murs sont revêtus de peinture jaune.

Bâtiment des bains

Le bâtiment de soins (1904) est situé juste à côté du Grand Hôtel des Bains, auquel il est relié par une passerelle couverte qui devait permettre aux curistes de rejoindre leurs chambres sans passer par l'extérieur. De plan en U, il comprend un rez-de chaussée surélevé et un étage. L'aile de droite est couverte d'un toit en pavillon tandis que le reste de l'édifice est coiffé d'un toit à long pans et à croupe avec couverture en ardoises. L'édifice est percé de baies rectangulaires et de baies en plein cintre, rehaussées par des encadrements moulurés. Un escalier rampe sur rampe extérieur, en fer est accolé contre la façade du corps central. Il permet d'accéder au rez-de-chaussée surélevé et à l'étage. Quant au pavillon, un large escalier en pierre donne accès au rez-de-chaussée surélevé. Sur la même travée, sous l'avant-toit, une horloge est inscrite dans un encadrement mouluré en plein cintre. Une frise aux motifs géométriques ou végétaux peints court tout le long de la façade sous l'avant-toit. Le tout est en maçonnerie enduite avec soubassement en pierre de taille.
Murs :
  • calcaire
  • brique et pierre
  • badigeon partiel
Toit :
  • tuile mécanique
  • bitume
Etages :
  • rez-de-chaussée surélevé
  • 1 étage carré
  • sous-sol
Elévation :
  • élévation à travées
Typologie :
  • baie avec arc segmentaire
  • oculus
Décors :
  • céramique
  • maçonnerie

Source(s) documentaire(s)

  • Archives départementales de la Côte-d'Or. Cadastre de la commune de Santenay. [1839-1966].
    Archives départementales de la Côte-d'Or. Cadastre de la commune de Santenay. [1839-1966].- Atlas parcellaire (1839) : 3 P PLAN 582- État de section (1839) : 3 P 582/ES- Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties : 3 P 582/1 (folio 1 à 760), 3 P 582/2 (folio 761 à 1114)- Matrice cadastrale des propriétés bâties : 3 P 582/3- Matrice cadastrale dite « matrice noire » des propriétés bâties : 3 P 582/4- Matrices cadastrales des propriétés non bâties : 3 P 582/5 (folio 1 à 488), 3 P 582/6, (folio 489 à 1088), 3 P 582/7 (folio 1089 à 1588), 3 P 582/8 (folio 1589 à 1669)
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon - Cote du document : 3 P 582
  • Santenay. Les Sources. [carte postale]. [vers 1904].
    Santenay. Les Sources. [carte postale]. Chalon-sur-Saône : B.F., [vers 1904].
    Lieu de conservation : Collection particulière
  • Gerriet, Louis. Une richesse nationale qui se perd : les eaux minérales de Santenay-les-Bains. 1950.
    Gerriet, Louis. Une richesse nationale qui se perd : les eaux minérales de Santenay-les-Bains. La Bourgogne républicaine, 26-27 août 1950, p. 6, 28 août 1950, p. 6, 29 août 1950, p. 6, 30 août 1950, p. 6.
  • Charbon, Paul. Histoire du thermalisme à Santenay. 2000.
    Charbon, Paul. Histoire du thermalisme à Santenay. Santenay : Paul Charbon, 2000. 53 p.
  • Charbon, Paul. Santenay et son histoire. 2009.
    Charbon, Paul. Santenay et son histoire. Santenay : Éditions santenoises, Paul Charbon, 2009. 319 p. ISBN 978-2-7466-1193-1.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine hospitalier
  • thermalisme en Bourgogne-Franche-Comté (le)
Aire d’étude et canton : Bourgogne-Franche-Comté
Dénomination : établissement thermal
Parties constituantes non étudiées :
  • usine de mise en bouteilles des eaux minérales
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