ÉGLISE PAROISSIALE SAINT-MARTIN
70 - Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin
rue de l' Église
- Dossier IA70001044 réalisé en 2018
- Auteur(s) : Fabien Dufoulon
Historique
D'après les historiens, une église (ou une chapelle) est attestée à Scey-sur-Saône dès le 11e siècle. Elle a vraisemblablement subi d'importantes transformations ou reconstructions au fil des siècles. Les derniers travaux attestés datent de 1714 et concernent la transformation d'une ancienne sacristie en chapelle. Ce lieu de culte est desservi dans un premier temps par les curés des villages de Pont-lès-Traves et de Saint-Albin, qui sont successivement les chefs-lieux de la paroisse, avant l'érection de l'église de Scey en paroissiale. Au moment de la construction de l'édifice actuel, la paroisse réunit les villages de Scey-sur-Saône, La Neuvelle-lès-Scey (au nord) et Chassey-lès-Scey (au sud). Le contexte et la chronologie du chantier sont bien connus grâce aux recherches effectuées par Patrick Boisnard en vue du classement de l'édifice au titre des Monuments historiques (2011).
Construction de l'édifice actuel (1739-1759)
La paroisse reçoit l'autorisation de vendre une partie de son quart de réserve pour la reconstruction de son église par arrêté du Conseil du 8 juillet 1738. Les paroissiens choisissent le projet de l'architecte Jean-Pierre Galezot, qu'ils parviennent à imposer face à l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées Jean Querret, commis dans un premier temps par le Grand Maître des Eaux et Forêts mais alors occupé en Lorraine. Le projet définitif est signé le 7 décembre 1738. La première pierre est posée le 20 juillet de l'année suivante. Les travaux sont adjugés pour un montant de 29.000 livres à François Lhéritier, entrepreneur à Scey-sur-Saône, qui s'associe à Jean Giulietti, appareilleur, et Jean Marpand, tailleur de pierre. Ils sont menés sous le contrôle du curé Jean-François Nobis. L'église est encore en chantier à la fin des années 1740. L'entrepreneur Nicolas Plaisonnet dit Lépine est chargé de l'achèvement des travaux de la nef en 1748. Le dallage de l'église est en cours en juin 1750. On ignore si le projet de Galezot (qui meurt en 1742) a été respecté pendant toute la durée du chantier. La tribune notamment pourrait avoir été ajoutée ultérieurement.Lorsque débutent les travaux de construction du maître-autel et de décoration du chœur en 1750, l'église ne possède toujours pas de clocher. Le clocher hors-œuvre prévu par Galezot, qui aurait vraisemblablement dû prendre place à un angle de la façade occidentale, n'a pas été construit. Le rez-de-chaussée de la façade en revanche est percé en son centre d'un imposant portail donnant directement accès à la nef. L'architecte Hugues Faivre propose malgré tout un projet de clocher à construire au centre de cette façade occidentale. On en conserve le plan et l'élévation. Le projet initial est daté du 21 juillet 1755 mais il est modifié dès le 2 août et le 23 août, puis à nouveau au cours des mois suivants. Les travaux sont adjugés à l'architecte lui-même, pour un montant de 14.000 livres. Le portail déjà construit n'est pas détruit mais intégré dans le clocher-porche. La date de 1759 est inscrite au-dessus de la porte du clocher. L'église est consacrée en septembre 1761.
Travaux des 19e et 20e siècles
Divers travaux de réparations de toiture et de maçonnerie sont faits aux 19e et 20e siècles. Les toitures des chapelles latérales sont modifiées au moins à deux reprises. Elles sont dans un premier temps surélevées (architecte J. B. Bruand et entrepreneur C. É. Collet, 1812-1813). La couverture de lave est ensuite remplacée par des tuiles (entrepreneurs Varlet, Bouchu et Maréchal, 1873). Dans les années qui suivent, c'est la toiture du clocher qui est l'objet de travaux. Sa charpente est refaite par l'architecte J. Froissard en 1873. On conserve un document ("charpente actuelle du beffroi") en présentant le plan et la coupe. D'autres interventions au clocher sont attestées en 1881, 1897, 1923 et 1929. À l'intérieur, l'aménagement des deux calorifères successifs (1913 et 1937) entraînent des transformations dans la troisième chapelle latérale du bas-côté nord et la sacristie nord.L'église est dans un état de délabrement avancé à l'arrivée de l'abbé Georges Demesmay (1885-1973) à la tête de la paroisse en 1928. Des travaux sont lancés par les communes copropriétaires dès l'année suivante, à l'extérieur (reprise des chéneaux) et surtout à l'intérieur (décapage des murs et des voûtes, pose d'un mortier et d'une couche de peinture sur les voûtes, réfection de l'installation électrique). Les murs et les piliers ont de nouveau été sablés plus récemment (seconde moitié du 20e siècle). Une plaque portant les noms des bienfaiteurs insignes en pierre de Beaune taillée par Georges Halley, sculpteur-marbrier de Vesoul, est posée dans la deuxième chapelle latérale du bas-côté sud en 1934.
Verrières des chapelles latérales et des fenêtres hautes
Les vitraux de plusieurs chapelles latérales datent de la fin du 19e siècle. Le vitrail de la première chapelle latérale nord porte la signature de la Maison C. Champigneulle, peintre-verrier de Bar-le-Duc, et la date de 1883. La signature figure également sur le vitrail de la troisième chapelle latérale sud (chapelle de Bauffremont). Le vitrail de la troisième chapelle latérale du bas-côté sud (chapelle des fonts baptismaux) est l'ancien vitrail de la deuxième chapelle latérale du bas-côté nord (chapelle Sainte-Anne). Il s'agit d'une grisaille à bordure de motifs végétaux colorés, déplacée à son emplacement actuel à la suite de la pose d'un nouveau vitrail dans la chapelle Sainte-Anne en 1932.En octobre 1930, les huit vitraux des fenêtres hautes des bas-côtés surmontant les chapelles et sacristies sont installés. La série est divisée en deux groupes. Le premier est composé de quatre bustes de saints. Sainte Claire (au nord) fait face à saint Louis (au sud) dans la deuxième travée, et saint Henri (au nord) fait face à saint Georges (au sud) dans la quatrième travée. Les autres vitraux sont des scènes historiées. La Crucifixion (au sud) fait face aux "tombes du front" représentant des veuves et des orphelins (au nord) dans la troisième travée, et le Christ au milieu des enfants (au sud) fait face à sainte Thérèse de l'Enfant Jésus entourée d'anges (au nord). Ils sont exécutés par J. Benoît, peintre-verrier à Nancy.
- 2e quart 18e siècle
- 3e quart 18e siècle
Date de naissance : 15/06/1686 - date de décès : 18/06/1742
Jean-Pierre Galezot, sculpteur et architecte. Né à Besançon (Doubs) le 15 juin 1686, mort dans cette même ville le 18 juin 1742. Fils de Jean Galezot, menuisier-sculpteur à Besançon.
Entrepreneur à Port-sur-Saône (70).
Appareilleur originaire du Piémont.
Maître tailleur de pierre.
Hugues Faivre exerce à Besançon.
Date de naissance : 09/10/1820 - date de décès : 11/08/1882
Champigneulle, Charles François (1820-1882). Peintre-verrier, né en 1820 à Metz, mort en 1882 à Savonnières-Devant-Bar (Meuse). Père de Louis Charles Marie Champigneulle. Industriel : filature-tissage, fabrique de statues puis de vitraux. Il reprend la maison Maréchal et Gugnon à Bar-le-Duc (Meuse), qu'il transfère en 1872 à Metz (Moselle). (Source : Geneanet, https://gw.geneanet.org/bordsophie?n=champigneulle&oc=&p=charles+francois).
Date de naissance : 1871 - date de décès : 1939
Joseph Benoît, peintre-verrier à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Né en 1871, mort en 1939. En 1912, il s'associe à Georges Janin (1884-1955), également peintre-verrier à Nancy.
Description
Les murs de l'église sont principalement en pierre de taille. Lors de la restauration des années 1929-1931, les entrepreneurs remarquent que les arcs doubleaux du couvrement sont en maçonnerie, et non en pierre de taille, ce qui les encourage à les recouvrir, de même que les voûtes d'arêtes, d'un mortier à la chaux comparable à celui qui préexistait. L'ensemble est recouvert de peinture, qui est celle qui subsiste encore aujourd'hui. Les piliers et pilastres, décapés, sont en revanche laissés à nu lors de cette campagne de travaux. Enfin, il subsiste peu de traces de la peinture en faux-marbre qui couvrait les encadrements des fenêtres hautes. Ces traces se situent dans la chapelle du chœur à l'extrémité du bas-côté sud. Il ne reste aucun vestige des décors en peinture attestés dans la chapelle de la Vierge et de la chapelle du Sacré-Cœur à la fin des années 1920.
Plan
L'église est orientée. Elle est composée d'une nef constituée de trois vaisseaux s'étendant sur cinq travées. Le chœur qui renferme l'ancien maître-autel est formé d'une travée droite et d'une abside à trois pans. Il est encadré par deux chapelles orientées d'une travée, dans le prolongement des bas-côtés. Dans la nef, six chapelles latérales fermées par des grilles (au niveau de la deuxième, de la troisième et de la quatrième travée) et deux sacristies fermées par des portes de menuiserie (au niveau de la cinquième travée) ouvrent sur les bas-côtés. Ce plan, caractérisé notamment par l'absence de transept et l'abside à trois pans, rappelle le premier projet de l'architecte Jean-Pierre Galezot pour l'église Saint-Georges de Vesoul (1731).La nef est précédée d'un clocher-porche de plan carré qui constitue l'accès principal à l'église. Deux murs de plan concave assurent l'adoucissement entre les deux parties de l'édifice ; cette composition à succès est reprise ensuite à l'église Saint-Étienne de Port-sur-Saône. La porte aménagée dans la deuxième chapelle latérale du bas-côté sud (chapelle des fonts) constitue une entrée secondaire du côté du presbytère. Sur le flanc nord, une porte de service donne enfin accès à la troisième chapelle latérale du bas-côté nord qui renfermait le premier calorifère de l'église.
Élévations intérieures
Avec ses trois vaisseaux d'égale hauteur, l'édifice se présente comme une église-halle. Là aussi, l'architecte Jean-Pierre Galezot reprend le parti qu'il a proposé à l'église Saint-Georges de Vesoul en 1731. Elle est principalement éclairée grâce aux fenêtres hautes des bas-côtés et du chœur. Les trois vaisseaux sont couverts de voûtes d'arêtes séparées par des arcs doubleaux reposant sur les murs gouttereaux et les piliers de section carrée. L'un comme l'autre sont ornés des mêmes pilastres à chapiteau corinthien surmontés de morceaux d'entablement, ce qui participe à l'impression d'un espace unifié. Les voûtes sont encore recouvertes de la peinture des années 1929-1931. Les murs et piliers en revanche ont été sablés depuis.Le premier portail de l'édifice, aujourd'hui abrité dans le clocher-porche ajouté dans un second temps, se présente comme un frontispice à porte centrale encadrée par des pilastres doriques supportant un entablement et un fronton cintré et brisé à ressauts. L'élégance de la composition et la qualité de sa mise en œuvre expliquent sans doute qu'il ait été conservé malgré la construction du clocher-porche. Sa partie supérieure, notamment sa niche sommitale, a toutefois été partiellement prise dans la voûte d'arêtes. La taille de la porte du clocher-porche est identique à celle de l'ancien portail pour permettre le remploi des menuiseries.
Élévations extérieures
La nef s'élève à l'extérieur sur deux niveaux. Le premier niveau correspond à celui des chapelles et sacristies, aménagées entre les mur-boutants épaulant la nef et couvertes de toits en appentis. Le second à celui de la nef (bas-côtés et vaisseau central) couverte d'un toit à longs pans. Chacun des deux niveaux est surmonté d'une corniche. La première se prolonge dans le larmier qui règne au chevet. L'abside est couverte d'une croupe polygonale. Les baies ébrasées sont couvertes d'arcs en plein-cintre. Dans le flanc sud se trouve une console en pierre sculptée avec cadran solaire datée de 1655.Le clocher-porche s'élève sur trois niveaux, alors que deux niveaux seulement étaient prévus dans le projet d'origine. La face ouest du premier niveau est ornée de pilastres jumelés d'ordre dorique supportant un entablement régnant sur les murs concaves de part et d'autre. Cet entablement, tout comme les pilastres à refends qui répondent aux pilastres jumelés, contribuent largement à unifier la façade. Le deuxième niveau du clocher-porche est composé d'un stylobate et d'une ordonnance de pilastres. Aux angles, des pilastres corniers se présentent comme des pilastres adossés à d'autres pilastres sur les côtés nord et sud et comme des pilastres jumelés en façade ouest, où ils surmontent ceux du premier niveau. Le troisième et dernier niveau est plus simplement orné de pilastres à refends. Disposés de biais, ils sont surmontés d'une corniche angulaire et d'un toit à l'impériale à pans et nervures. Comme l'a remarqué Patrick Boisnard, ce dernier niveau est assez similaire à celui du clocher de l'église Saint-Pierre de Jussey sur le chantier de laquelle l'architecte Hugues Faivre est également actif. L'oculus qui surmonte la porte est à demi obstrué par un mur d'appui. Chacune des faces du deuxième niveau est ornée d'un encadrement de pierre à l'intérieur duquel prend place un cadran de l'horloge. Le dernier niveau est réservé aux cloches.
- calcaire
- calcaire
- pierre de taille
- moellon
- enduit
- tuile en écaille
- tuile plate plombifère
- plan allongé
- 3 vaisseaux
- toit à longs pans, croupe polygonale
- toit à l'impériale
- escalier dans-oeuvre escalier en vis en charpente
- église-halle
- baie avec arc plein cintre
- ordre dorique ordre corinthien pilastre fronton
- sculpture
- peinture
- mosaïque
- vitrail
Source(s) documentaire(s)
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Archives départementales de la Haute-Saône. B 8932. Actes extraordinaires intéressant les communes de Chassey, Ferrières, La Neuvelle et Scey-sur-Saône. [1649-1786].
Archives départementales de la Haute-Saône. B 8932. Actes extraordinaires intéressant les communes de Chassey, Ferrières, La Neuvelle et Scey-sur-Saône. [1649-1786].Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : B 8932 -
Archives départementales de la Haute-Saône. G 178. Papiers ayant appartenu à un curé de Scey. [1663-1790].
Archives départementales de la Haute-Saône. G 178. Papiers ayant appartenu à un curé de Scey. [1663-1790].Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : G 178 -
Archives départementales de la Haute-Saône. G 179. Documents divers relatifs à la paroisse de Scey. [1680-1788].
Archives départementales de la Haute-Saône. G 179. Documents divers relatifs à la paroisse de Scey. [1680-1788].Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : G 179 -
Notes éparses sur les travaux d'entretien ou de restauration des monuments religieux de la paroisse de Scey-sur-Saône à partir de 1926.
Notes éparses sur les travaux d'entretien ou de restauration des monuments religieux de la paroisse de Scey-sur-Saône à partir de 1926.Lieu de conservation : Collection particulière : Bernard Renaud, Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin
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Plan et élévation du clocher de l'église paroissiale Saint-Martin de Scey-sur-Saône. 1755.
Plan et élévation du clocher de l'église paroissiale Saint-Martin de Scey-sur-Saône / Hugues Faivre. 1755. Dessin. In : Archives départementales de la Haute-Saône. B 8932.Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : B 8932
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Architectures en Franche-Comté au XVIIIe siècle. 1980.
[Exposition. Arc-et-Senans, Salines. Besançon, Palais Granvelle. 1980] Architectures en Franche-Comté au XVIIIe siècle : exposition organisée par les Archives départementales du Doubs et de la Haute-Saône. 1980.Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R.HA 450 -
Morel, Claude, Cordier, Claude. Histoire de Scey-sur-Saône et de la famille princière de Bauffremont. 1985.
Morel, Claude, Cordier, Claude. Histoire de Scey-sur-Saône et de la famille princière de Bauffremont. 1985. -
Les orgues de la Haute-Saône en bref, 1987
Les orgues de la Haute-Saône en bref. Vesoul (70) : Conseil général de la Haute-Saône : ADDIM de la Haute-Saône, 1987. Non paginé [ca 47 f.] -
Derrider, Annick. Jean-Pierre Galezot, architecte et sculpteur (1686-1742), 2000
Derrider, Annick. Jean-Pierre Galezot, architecte et sculpteur (1686-1742). Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, n° 42, 2000, p. 77-101. -
Boisnard, Patrick. Église Saint-Martin de Scey-sur-Saône. 2011.
Boisnard, Patrick. Église Saint-Martin de Scey-sur-Saône. Dossier de protection au titre des Monuments historiques. 2011.Lieu de conservation : Conservation régionale des Monuments historiques, Besançon
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Bernard Renaud (témoignage oral)
Bernard Renaud, témoignage oral, juillet 2018. -
André Messelet (témoignage oral)
André Messelet, témoignage oral, juillet 2018.
À voir
Informations complémentaires
- val de Saône
- cadran solaire
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