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DEMEURE

21 - Chevigny-en-Valière

2 rue Mercey

  • Dossier IA21005827 réalisé en 2021
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
maison © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


La demeure date, selon Louis Brossard, de la première moitié du 17e siècle et comporte alors deux logements en rez-de-chaussée. Elle est restaurée en 1766 par Melchior Cérice François de Vogüé (les dates 1766 et 1767 ont été ajoutées sur la façade, certainement à la fin du 19e siècle). Cette restauration s'accompagne vraisemblablement de l'extension du bâtiment côté cour et de sa surélévation d'un étage destiné au propriétaire. Le domaine passe en 1818 à la famille Brossard : Noël Mathurin Brossard puis son fils Louis qui, de 1870 à 1905 environ, le transforme en "château des Tourelles", réutilisant mobilier et autres éléments d'architecture achetés à Paris. Il fait creuser une cave sous le bâtiment, dont il modifie le rez-de-chaussée : le logement de gauche devient une cuisine tandis que le cellier est converti en office et chambre de domestique. L'escalier est décoré "de quelques petits ornements gothiques". A l'étage, il donne à la salle à manger "un caractère moyenâgeux, à l'instar des grands châteaux de Touraine - mais dans d'humbles proportions -" en faisant modifier les poutres apparentes, poser des boiseries et portes gothiques ("provenant de la salle à manger du marquis d'Alligre, achetées lors de la démolition de son hôtel de la rue d'Anjou, à Paris"). Il orne la chambre d'une boiserie provenant du château de Laborde et d'une peinture au plafond due à Dubois, le salon (ancienne salle à manger) de cinq portes de l'Ambassade de Russie (rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris), de peintures murales de Druard et Couturier et d'une cheminée en marbre blanc, et son bureau d'une porte tirée du palais des Tuileries. Il fait également aménager treize chambres de bonnes dans les combles.
Période(s)
Principale :
  • 1ère moitié 17e siècle (?)
  • 3e quart 19e siècle
  • 4e quart 19e siècle
Secondaire :
  • 3e quart 18e siècle
Date(s)
1766 : porte la date
1767 : porte la date
Auteur(s) & personnalité(s)

Date de naissance : 26/02/1819 - date de décès : 1907

Brossard, Louis (1819-1907). Né à Beaune, fils d'un juge au tribunal civil de Chalons-sur-Saône, Noël-Mathurin Brossard, et d'Anne-Flavie Terrand, propriétaire du domaine de Chevigny. Marié en 1863 avec Marie-Rose-Caroline Durand du Paisseau, de Poitiers. Avocat, rentier à Paris.

remploi provenant de :
  • Paris

Description


La demeure a des murs en brique, avec enduit partiel (parfois à l'imitation de briques). Elle comporte un sous-sol partiel (cave voûtée en berceau segmentaire), un étage carré, un étage en surcroît et un étage de comble. Elle est coiffée par un toit à croupes, égouts retroussés et couverture de tuiles plates (émaillées au nord). L'étage est desservi par un escalier tournant à retours avec jour, en bois.
Murs :
  • brique
  • enduit partiel
Toit :
  • tuile plate
  • tuile plate plombifère
Etages :
  • sous-sol
  • 1 étage carré
  • étage en surcroît
  • étage de comble
Couvrement :
  • voûte en berceau segmentaire
Elévation :
  • élévation à travées
Couvertures :
  • toit à longs pans, croupe
  • noue
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre escalier tournant à retours avec jour en charpente

Source(s) documentaire(s)

  • Archives départementales de la Côte-d'Or : 3 P Chevigny Cadastre, 1826-1937.
    Archives départementales de la Côte-d'Or : 3 P Chevigny Cadastre, 1826-1937- Atlas parcellaire (6 feuilles), dessin (plume, lavis), par le géomètre du cadastre Pelletier, 1826- Registre des états de sections, 1829.- Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties- Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910- Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1911-1937- Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1937
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon - Cote du document : 3 P Chevigny
  • Château des Tourelles. - La Cour (Chevigny-en-Valière). S.d. [1re moitié 20e siècle].
    Château des Tourelles. - La Cour (Chevigny-en-Valière). Carte postale, s.n. S.d. [1re moitié 20e siècle].
    Lieu de conservation : Collection particulière : Stéphane Sésé, Chevigny-en-Valière
  • Chevigny-en-Valière (Côte-d'Or). Château - Appartements privés - Puits ancien. S.d. [1re moitié 20e siècle, avant 1942].
    Chevigny-en-Valière (Côte-d'Or). Château - Appartements privés - Puits ancien. Carte postale, par Karrer. S.d. [1re moitié 20e siècle, avant 1942]. Karrer éd. et phot. à Dole. Porte la date (7 novembre ?) 1942 (manuscrite) au verso.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Stéphane Sésé, Chevigny-en-Valière
  • M., G. de. Extraits des mémoires de Monsieur Louis Brossard. 30 novembre 1975.
    M., G. de. Extraits des mémoires de Monsieur Louis Brossard. 30 novembre 1975. 12 p. dactyl. : ill.; 30 cm.
  • Vignier, Françoise. Dictionnaire des châteaux de France : Bourgogne, Nivernais. 1980.
    Vignier, Françoise. Dictionnaire des châteaux de France : Bourgogne, Nivernais. Paris : Berger-Levrault, 1980.  337 p. : ill., 1 carte dépl. ; 31 cm.
  • Sésé, Stéphane (témoignage oral)
    Sésé, Stéphane. Propriétaire du château et du théâtre. Chevigny-en-Valière

Informations complémentaires


M., G. de. Extraits des mémoires de Monsieur Louis Brossard. 30 novembre 1975, p. 3-5.

L'habitation
 Sans avoir de renseignements précis sur la date de sa construction, on a de bonnes raisons de croire qu'elle remonte à la première moitié du 17° siècle, sous le règne de Louis XIII. A l'origine, elle ne comportait très probablement qu'un rez-de-chaussée, occupé par deux logements de vignerons.
On sait par contre de source sûre qu'elle a été restaurée en 1766. C'est sans doute à cette occasion qu'elle a été surélevée afin de créer au premier étage un logement pour les propriétaires du domaine et qu'on a ajouté les deux avant-corps du côté de la cour ainsi que la galerie qui les réunit.
Le gros oeuvre n'a plus été modifié depuis cette époque, mais M. BROSSARD a procédé à des remaniements intérieurs et à de nombreux "embellissements".
 
En 1890 le rez-de-chaussée comportait toujours à droite un logement de vignerons.
Le logement de gauche avait été transformé en cuisine, "d'allure quelque peu gothique". Le cellier était devenu un office et une chambre de domestique. Une cave avait été creusée par en-dessous.
L'escalier est ancien. "Comme il était difficile d'en faire quelque chose de bien, j'ai dû me borner, pour lui donner un peu de style, à le revêtir de quelques petits ornements gothiques et de petites statues, entre autres la tentation d'un moine par le diable au départ du rez-de-chaussée".
 
Au premier étage, la salle à manger occupe l'emplacement de l'ancienne cuisine. "Pour donner à cette pièce un caractère moyenâgeux, à l'instar des grands châteaux de TOURAINE - mais dans d'humbles proportions - j'ai conservé ses grosses poutres apparentes, bien que la mode soit aux plafonds de plâtre, mais en les faisant retailler. J'ai dessiné et fait exécuter une ornementation sculptée pour la cheminée et j'ai entouré les murs d'une boiserie gothique. Enfin j'ai remplacé les anciennes portes par de très belles portes gothiques provenant de la salle à manger du marquis d'ALLIGRE, achetées lors de la démolition de son hôtel de la rue d'Anjou, à PARIS".
La première modification du plafond n'ayant pas donné satisfaction à M. BROSSARD, son menuisier passa tout un hiver à rectifier à nouveau les poutres et les solives...
 
La chambre à coucher dite "LABORDE" faisant suite à la salle à manger a été entourée d'une boiserie provenant de la démolition du château de LABORDE. Le motif du plafond - un enfant jouant avec des colombes - a été peint par un ami de M. BROSSARD, M. DUBOIS, professeur à l'Ecole de dessin de BEAUNE. Le cadre en bois sculpté qui l'entoure provient du château du comte de VOGUE à PALLEAU.
 
La petite pièce qui suit était autrefois un évier. M. BROSSARD en a fait un élégant boudoir avec une alcôve, orné de tentures en toile peinte dite "perse" et précédé d'un petit vestibule. C'est maintenant un cabinet de toilette.
 
Le salon actuel est installé dans l'ancienne salle à manger. Les murs étaient recouverts simplement de plâtre blanc avec pour unique décoration des moulures délimitant des panneaux nus. Les portes, à un seul vantail, étaient disposées sans grand souci de symétrie. Quant au plafond à la française il était constitué de poutres et de solives apparentes, dégrossies à 1a hache et disposées irrégulièrement.
"Il est difficile de se rendre compte de la peine que je me suis donnée pour tirer un bon parti de cette pièce dont la décoration laissait tant à désirer.
"Les menuisiers passèrent tout d'abord un temps énorme pour tenter de régulariser le plafond, puis il fut peint et doré. Le résultat ne me donna pas satisfaction et je n'hésitai pas, cinq ans plus tard, à tout reprendre. Je fis ajouter six demi-poutres, des consoles, des culs-de-lampe et des ornements divers puis refaire entièrement peinture et dorure.
" Pour orner les panneaux des murs, j'avais eu recours à deux peintres de mes amis, MM DRUARD et COUTURIER. Ils voulurent bien venir passer quelques jours à CHEVIGNY et tout en alternant avec la chasse et la pêche, ils exécutèrent quinze sujets de peinture. Mais n'étant pas payés pour ce travail, ils ne se crurent pas obligés de mettre tout leur talent dans son exécution.
 
"Quelques années plus tard, je fis l'acquisition de cinq belles portes de chêne à deux vantaux, blanches et or, lors de la démolition de l'Ambassade de RUSSIE, rue du Fbg Saint-Honoré, dans le but de remplacer mes cinq petites portes. Pour les disposer avec une symétrie rigoureuse, je me suis résigné sans trop de regrets à sacrifier la plus grande partie des panneaux peints par mes amis avec tant de désinvolture, ainsi que la commodité des passages. Elles ne correspondent donc qu'approximativement aux ouvertures pratiquées dans les murs. En outre comme elles étaient trop hautes pour la hauteur de mon salon, j'ai dû en faire couper la partie supérieure et je l'ai remplacée par un simple attique provenant de la démolition d'un hôtel du Faubourg Saint-Germain.
" La cheminée Louis XV existante, en marbre griotte trop pâle à mon goût, a été remplacée elle aussi par une cheminée Louis XIV en marbre blanc".
 
En 1905, les huit peintures qui avaient échappé à la destruction étaient les suivantes :
- à droite de la cheminée - une chasse au renard ; le premier chasseur derrière les chiens prétend représenter M. BROSSARD.
- sous la porte de gauche du panneau suivant - des cailles au nid dans les blés.
- au milieu de ce panneau - M. BROSSARD en chasseur, près de sa soeur, Mme Louise VERNEAU et de la fille de cette dernière.
- à gauche de la fenêtre - un jeune faune avec sa mère.
- à droite de la fenêtre - un paysan gardant ses vaches.
- à droite en venant de la galerie - Mme BROSSARD avec sa nièce Mme MUZEAU et le fils de cette dernière tenu par sa nourrice.
- sous la porte donnant dans la galerie - des bécassines.
- à gauche de la cheminée - M. BROSSARD présente un énorme lièvre à sa mère et à sa soeur. Pour rendre ce tableau de famille visible à l'occasion, le vantail de droite de la porte a été articulé de façon très spéciale et se rabat vers la gauche et non vers la droite.
 
"Après le salon, on trouve une petite chambre à coucher ; j'ai fait tendre ses murs et son plafond d'un papier peint nommé "tissu PAVY" imitant l'étoffe à s'y méprendre et du plus gracieux effet".
 
"Mon bureau, qui servait au besoin de fumoir, communiquait avec le salon et la galerie. Les murs et le plafond sont compartimentés par des baguettes et tendus d'une imitation de cuir de RUSSIE. La grande porte et son entourage, donnant sur la tourelle, ont été achetés lorsque le Prince-Président Louis-Napoléon fit démolir l'aile du palais des Tuileries longeant la Seine en vue de rebâtir ce qui est devenu le Pavillon de Marsan. Mais j'ai remplacé leur couleur blanche par du noir, plus en harmonie avec le ton général de cette pièce".
Thématiques :
  • salles de spectacle de Bourgogne-Franche-Comté
Aire d’étude et canton : Bourgogne-Franche-Comté
Dénomination : demeure
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