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FERME, ATELIER ET ÉDIFICE COMMERCIAL (COMPTOIR D'OUTILLAGE QUELET)

25 - Montécheroux

  • Dossier IA25001975 réalisé en 2018 revu en 2020
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Grange et étable : linteau daté (sur la façade antérieure). © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


La ferme dessinée sur le plan cadastral de 1830 (D 482) appartient à Pierre Charton (1795-1882) et à son beau-frère Pierre Quelet fils (1786-1870), cultivateur et fabricant d’outils. Ce dernier, qui en devient rapidement seul propriétaire, la fait reconstruire en 1836 (date portée sur deux linteaux avec les initiales PQ), avec une grange. Deux ans plus tard, il lui ajoute une forge (cadastrée D 482 bis). Maire de 1837 à 1850, il obtient en 1839 une mention honorable à l’exposition nationale de Paris, à laquelle il a envoyé 46 outils d’horlogerie (tours, porte-scies, étaux, bigornes, pinces, brucelles, boules à redresser les boîtes, marteaux et un "compas pour graveur"). Il emploie selon les besoins de 75 à 90 personnes, à Montécheroux (pour le forgeage) et dans les communes environnantes (limage et polissage). En 1860 (il est de nouveau maire), il fait bâtir sur le site une deuxième maison, apparemment attenante à la forge.
A son décès, ses biens passent à ses fils Charles Frédéric (1814-1886), dit "forgeur" (forgeron) et cultivateur, et Jules (1832-1876), fabricant d’outils, puis à la veuve du premier née Marie Julie Vannier-Ruhier (1829-1906), fille d'un autre fabricant (Pierre Frédéric installé au 1 Grande Rue), et vers 1911 à sa fille Sophie Quelet (1858-1921). Veuve d’un cabaretier alsacien, Jean Hirn (Johann, 1856-1887), celle-ci tient une auberge (café-restaurant) dans le bâtiment de 1836, qui revient vers 1923 à son fils Paul Hirn (1884-1972), exerçant la même profession (à Chamesol ?). L'édifice est transmis quatre ans plus tard à son cousin Jules Brandt (1898-1940) et à la soeur de celui-ci Alice Madeleine (1895-?), demeurant à New-York (tous deux sont les enfants de Jules Jacques Brandt - 1844-1912 -, dont le père David Pierre avait maison et atelier d’outillage au 66 Grande Rue). Sophie avait cédé vers 1915 à Elisa Quelet (sa sœur Marie Lisa, née en 1860 ?) la maison de 1860 et la forge, dont on ne sait pas à quelle date cesse l’activité. Le bâtiment qui les abrite et celui de 1836 sont actuellement des habitations.
Période(s)
Principale :
  • 2e quart 19e siècle
  • 3e quart 19e siècle
Date(s)
1836 : porte la date
1860 : daté par source

Description


Perpendiculaires à la rue, la maison de 1836 à gauche et le bâtiment de 1860 (maison et forge, construit en deux fois) à droite encadrent une cour fermée par la grange au sud. Ces bâtiments ont des murs en moellons calcaires enduits, avec essentage de ciment amiante sur le mur pignon nord du premier (côté rue). Ils sont coiffés de toits à longs pans (à pignons couverts pour le premier et demi-croupes pour la grange), avec couverture de tuiles mécaniques. Le premier comporte un sous-sol, un rez-de-chaussée surélevé (accessible côté rue par un escalier extérieur droit en pierre), un étage carré et un comble à surcroît ; le deuxième a un étage carré. Les dessertes sont assurées par des escaliers dans-oeuvre. La grange, avec levée de grange (rampe d'accès) centrale, est protégée par une toiture à demi-croupes.
Toit :
  • tuile mécanique
Etages :
  • sous-sol
  • rez-de-chaussée surélevé
  • 1 étage carré
  • comble à surcroît
Elévation :
  • élévation à travées
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre,
  • escalier de distribution extérieur, escalier droit, en maçonnerie
Autre :
  • rampe d'accès

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 394 Cadastre de la commune de Montécheroux, 1830-1934
    3 P 394 Cadastre de la commune de Montécheroux, 1830-19343 P 394 : Atlas parcellaire (16 feuilles), dessin (plume, lavis), par le géomètre du cadastre Mestre, 18303 P 394/1 : Registre des états de sections, [1831]3 P 394/2 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, [1832-1913]3 P 394/3 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-19103 P 394/4-5 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1914-19343 P 394/6 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1934
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 394
  • M 2337 Encouragement à l’industrie. Expositions. Expositions nationales et universelles. Exposition des produits de l’industrie française à Paris, 1839-1844
    M 2337 Encouragement à l’industrie. Expositions. Expositions nationales et universelles. Exposition des produits de l’industrie française à Paris, 1839-1844
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2337
  • Prix-courant de P[ier]re Quelet, fabricant d'outils pour horlogers, bijoutiers et autre quincaillerie à Montécheroux, près St Hypolite (Doubs), 1839
    Prix-courant de P[ier]re Quelet, fabricant d'outils pour horlogers, bijoutiers et autre quincaillerie à Montécheroux, près St Hypolite (Doubs), 1839
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2337
  • Brandt, Daniel. Recherches généalogiques
    Brandt, Daniel. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Hirn, Jean-Claude. Recherches généalogiques
    Hirn, Jean-Claude. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Roze, Jacqueline. Recherches généalogiques
    Roze, Jacqueline. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Baudoin, Gilbert. Une histoire des fabricants d’outils "dits de Montécheroux". 1780-1920, 2017
    Baudoin, Gilbert. Une histoire des fabricants d’outils "dits de Montécheroux". 1780-1920. - 2017. 48 p. : ill. ; 30 cm. Version provisoire en date du 30 septembre 2017.
  • Poissenot, Aimé ; Abram, Luc ; Pourcelot, René. Histoire des pinces de Montécheroux, 2002
    Poissenot, Aimé ; Abram, Luc ; Pourcelot, René. Histoire des pinces de Montécheroux. - Nancray : Folklore comtois, 2002. 339 p. : ill. ; 24 cm.

Informations complémentaires


Pierre Quelet participe en 1839 à l’exposition nationale de Paris, où il obtient une mention honorable. Le dossier conservé aux Archives départementales du Doubs (M 2337) contient de précieuses informations.

Dans le bordereau du 30 mars accompagnant les 46 outils d’horlogerie expédiés, son affaire est dite "fabrique de même nature [que celle des Bourlier] qui occupe plus de cent ouvriers. Elle est estimée." Quelet a joint aux outils une notice, datée du 23 février, qui présente son entreprise. "1° Pour l’étendue de la fabrication, Montécheroux seulement pour le forgeage ; mais pour le limage et [le] polissage, on emploie des ouvriers dans les communes environnantes lorsque les commandes l’exigent. 2° Les lieux de la consommation habituelle sont : dans toutes les villes de France où il existe des ateliers d’horlogerie et bijouterie, et même à l’étranger, telles que la Suisse et l’Amérique. 3° le nombre d’ouvriers employés est ordinairement de 75 à 90. 4° Leur salaire est de f 0,75 centimes à f 2,50 centimes par jour. 5° L’origine des matières premières provient des usines de l’intérieur pour environ 9/10 et l’autre 1/10 provient de l’étranger, soit d’Angleterre, soit de Styrie. 6° Les débouchés et le placement des produits sont : Paris, Lyon, Besançon, Marseille et quelques autres villes ; puis la Suisse, le Piémont, et même en Belgique et en Allemagne."
Les outils envoyés consistent en tours (à lunette, simple, à finir), porte-scies (à douille ou à canon, coulants et à douille, à coulant), étaux (à main, à pattes, pour videuses, à queue, à vis, d’établi parallèle, d’établi forme anglaise, d’établi forme suisse), bigornes (à pointes, à tas), pinces (à boucles à bouts ronds, à couper droit et de côté, plates, rondes, pour bonnetiers, aux vis, aux tenons, aux aiguilles), brucelles (fines, à vis moirée, à vis moirée double) et boules à redresser les boîtes. Sont distingués les "objets d’acier fondu" : marteaux (tranchants ou non), pinces (plates, à boucles, à couper, à river) et un "compas pour graveur".

Quelet ajoute un long développement sur la concurrence étrangère.
"Jusqu’à l’époque où les droits d’entrée des outils étrangers ont été favorisés d’une baisse conséquente, j’occupais un plus grand d’ouvriers et j’avais peine à remplir toutes les commandes qui me parvenaient, mais dès lors je n’en ai plus reçu que sous les conditions de baisser les prix et me conformer aux prix de ceux d’Allemagne, sans quoi on retirait les commandes quoique cependant on préférait mes articles aux leurs. Les matières premières étant à moindre prix en Allemagne qu’en France, il m’a été impossible de soutenir long-temps la concurence avec eux, malgré qu’insensiblement j’aie baissé les prix jusqu’à ne plus faire qu’échanger mon argent.
Ainsi, au lieu de pouvoir donner de l’extension à ma fabrication, je me suis vu forcé pour cette raison de la voir diminuer sensiblement, parce que je ne recevais plus que peu de commandes aux prix dont je pouvais livrer mes produits au commerce, et que je n’avais point de débouché pour pouvoir les placer qu’avec perte.
Il en est résulté que certains ouvriers que j’occupais sans interruption s’étant trouvé momentanément sans travail, résolurent de fabriquer eux-mêmes pour se procurer du travail, ils ont livré leurs produits mal soignés au commerce et par ce moyen les articles étrangers ont prévalu par leur bas prix ; seul motif qui a réduit ma fabrication à n’employer qu’un nombre inférieur d’ouvriers, parce que je n’ai jamais voulu détériorer les objets fabriqués.
Le seul moyen de donner toute l’extension dont elle est susceptible de recevoir, ce serait ou l’augmentation des droits d’entrée ou la prohibition des articles étrangers de même genre."
Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Complément de localisation :
  • anciennement région de Franche-Comté
Dénomination : ferme, atelier, édifice commercial
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • logement
  • grange
  • étable
  • rampe d'accès
  • cour
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