COUVENT DE BÉNÉDICTINES, PUIS SOUS-PRÉFECTURE ET HÔTEL DE VILLE, ACTUELLEMENT HÔTEL DE VILLE

21 - Châtillon-sur-Seine

place de la Résistance, rue du Président Carnot

Dossier IA21000049 réalisé en 1992 revu en 2021
Auteur(s) : Claudine Hugonnet-Berger, Laurent Poupard

couvent © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique

Le couvent de bénédictines fondé en 1129 au Puits d'Orbe (commune de Verdonnet) est transféré à Châtillon en 1619, sur l'initiative de saint François de Sales, afin de rétablir la discipline dans la communauté. Après adoption de la réforme en 1641, puis l'arrivée de religieuses du Val-de-Grâce (1643) et le passage de Louis XIV (1650), de nouveaux bâtiments sont édifiés au cours du 3e quart du 17e siècle, semble-t-il grâce à la générosité de la reine mère Anne d'Autriche (qui vient, avec le cardinal Mazarin, visiter les lieux le 27 avril 1650). Les travaux, encore en cours en 1666 (d'après Bouchu), sont interrompus, sans doute à la suite du décès de la reine (le 20 janvier 1666), de sorte que la construction des corps de bâtiment sud et ouest devant fermer la cour carrée ne sera jamais entreprise. Les deux corps nord et est semblent achevés (la date 1667 est portée sur la lucarne surmontant l'entrée).
Vendu comme bien national le 12 messidor an V (30 juin 1797), le couvent est acquis le 13 mars 1820 par la municipalité et le département afin d'établir dans l'aile nord l'hôtel de ville et dans l'aile est la sous-préfecture (arrondissement de Châtillon-sur-Seine, supprimé en 1926). Le percement de fenêtres à l'identique, dans les façades ouest et sud du corps nord, date probablement de cette époque, ou au plus tard de 1826 à la suite des travaux suscités par la création du quartier Marmont. En effet en 1826, dans le cadre de l'aménagement de ce nouveau quartier, la clôture et les dépendances de l'ancien couvent (écuries au nord-est) sont démolies, ce qui permet de transformer l'étroite rue des Bénédictines en une large voie (actuelle rue du Président-Carnot) aboutissant à la place Marmont : la municipalité fait alors modifier la façade de l'hôtel de ville qui donne sur cette rue en y ajoutant une galerie conduisant à une nouvelle porte d'entrée, encadrée de colonnes, et fait bâtir de nouvelles écuries au sud-est du site. Outre le bureau du maire, le corps de bâtiment nord accueille la justice de paix (par la suite complétée par une salle de détention provisoire ou "violon") et une salle de spectacle.
Cette dernière est aménagée de 1832 à août 1833 sur les plans d'architectes châtillonnais : Simon Tridon, architecte voyer (projet du 26 décembre 1831), puis Roze (Roze-Cousturier, auteur notamment de la 2e galerie et des peintures qui décorent le lieu). Un don permet, en 1873 et 1874, de rénover cette salle "où ont lieu toutes les cérémonies publiques" : restauration des peintures par J. Suchetet-Millot et Adolphe Carpentier, peintres-décorateurs à Châtillon, lesquels recourent largement aux décors de faux marbres et ornent également le plafond d'une balustrade en trompe-l'oeil ("une balustrade en imitation avec pilastres d'angle surmontés de vases de fleurs") ; restauration et création de décors de théâtre par le peintre décorateur Alexis Barré (42 rue Saint-Pierre, Dijon) ; installation d'un calorifère Gurney et d'un éclairage au gaz avec lustre central (remplacé en 1894 par celui toujours en place). En 1877, le mur de refend occidental de cette salle est exhaussé au-dessus du toit afin de "préserver les archives et la Mairie dans le cas d'incendie du Théâtre". Un nouveau corps de bâtiment est édifié (à la fin du 19e siècle ?) dans le prolongement de l'aile est, à laquelle il est relié après avoir été rehaussé d'un étage. La vétusté de la salle de spectacle conduit en 1930 à étudier sa reconstruction ou sa réfection. Plusieurs projets sont présentés, séparément puis ensemble, par les architectes Marcel Trolliet, architecte de la Ville, et Henri Guichard (7 rue Chevert, Paris), missionné par le Comité de Réfection du Théâtre municipal (regroupant les associations utilisatrices). Aucune suite n'est donnée et il faut attendre 1958 pour qu'une nouvelle salle, indépendante, soit bâtie : l'actuel théâtre Gaston Bernard. L'Etat quittant le site avec le départ du centre des impôts au début des années 1980, la mairie occupe l'ensemble des bâtiments, qu'elle rénove en 1981-1982. Transformée en salle de conférences, la salle de spectacle perd alors sa scène à la suite de la construction d'un ascenseur (le décor peint a peut-être déjà disparu). Les grilles fermant la cour antérieure sont enlevées en 2004 ; le parc du couvent est devenu un jardin public, accueillant divers monuments et un kiosque à musique.

Période(s)

Principale :

1er quart 17e siècle
3e quart 17e siècle
1er quart 19e siècle

Secondaire :

2e quart 19e siècle
4e quart 19e siècle

Date(s)

1667 : porte la date

1832 : daté par source

Auteur(s) & personnalité(s)

Auteur : Simon Tridon, architecte voyer, attribution par source

Date de naissance : 23/09/1786

Tridon, Simon (1786-?). Instituteur, géomètre, greffier de paix, architecte. Décédé après 1853. (Source : https://gw.geneanet.org/jeanmillot?n=tridon&oc=&p=simon).

Auteur : Roze, architecte, attribution par source

Roze, ou Roze-Cousturier. Architecte à Châtillon-sur-Seine en 1832.

Illustrations

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Description

L'hôtel de ville, au plan en L, est formé de deux ailes semblables : rez-de-chaussée en pierres de taille apparentes, voûté d'arêtes et ouvert de baies en arc segmentaire, premier étage accessible par un escalier symétrique extérieur, deuxième étage et étage en surcroît, toit à longs pans, croupes et tuiles plates mécaniques. L'entrée sur la rue du Président Carnot est précédée par un balcon porté par des colonnes doriques, celle sur la place est partiellement voûtée de berceaux plein cintre. Dans l'aile nord, la salle de spectacle, au plan en U, comporte deux balcons de loges à la française ; elle est desservie par un escalier en bois qui, à l'étage, comporte une petite volée droite et deux volées divergentes. L'extension de l'aile orientale et les écuries ont un étage carré et sont coiffées d'un toit à croupes, avec ardoises sur la première, tuiles plates mécaniques sur l'autre.

Murs :

calcaire
moellon
enduit

Toit :

tuile plate mécanique
ardoise

Plan :

plan régulier en L

Etages :

2 étages carrés
étage en surcroît

Couvrement :

voûte d'arêtes
voûte en berceau plein-cintre

Elévation :

élévation ordonnancée

Couvertures :

toit à longs pans, croupe

Escalier :

escalier de distribution extérieur, escalier symétrique, en maçonnerie
escalier dans-oeuvre, escalier tournant à retours avec jour, en maçonnerie en charpente
escalier dans-oeuvre, escalier tournant à retours sans jour, en maçonnerie
escalier dans-oeuvre, escalier symétrique, en charpente

Autre :

ascenseur

Source(s) documentaire(s)

Documents d’archives

Archives municipales de Châtillon-sur-Seine : 1 M 3-9 Installation de l'hôtel de ville et de la sous-préfecture dans le couvent des Bénédictines, réparations, aménagements, salle de spectacle, perron. An V-1906.
Archives municipales de Châtillon-sur-Seine : 1 M 3-9 Installation de l'hôtel de ville et de la sous-préfecture dans le couvent des Bénédictines, réparations (plans), aménagements (plans), salle de spectacle, perron (plans). An V-1906.
Lieu de conservation : Archives municipales, Châtillon-sur-Seine - Cote du document : 1 M 3-9
Archives municipales de Châtillon-sur-Seine : 4 M 19 Théâtre. Etude pour une réfection. 1930-1933.
Archives municipales de Châtillon-sur-Seine : 4 M 19 Théâtre. Etude pour une réfection. 1930-1933.
Lieu de conservation : Archives municipales, Châtillon-sur-Seine - Cote du document : 4 M 19
Archives municipales de Châtillon-sur-Seine : 2 R 9 Théâtre. 1821-1830.
Archives municipales de Châtillon-sur-Seine : 2 R 9 Théâtre. 1821-1830.
Lieu de conservation : Archives municipales, Châtillon-sur-Seine - Cote du document : 2 R 9

Documents figurés

Documents multimédias

Masson, Dominique. L'histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson. 2019.
Masson, Dominique. L'histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson [en ligne]. 9 mars et 12 juillet 2019 [consultation du 25 août 2021]. Accès internet : http://www.christaldesaintmarc.com/l-histoire-de-l-hotel-de-ville-de-chatillon-sur-seine-racontee-par-dom-a159792216 et http://www.christaldesaintmarc.com/l-histoire-de-l-hotel-de-ville-de-chatillon-sur-seine-deuxieme-partie--a165718986

Bibliographie

Témoignages oraux

Blondeau, Benoît (témoignage oral)
Blondeau, Benoît. Responsable des services techniques de la ville de Châtillon-sur-Seine.

À voir

Informations complémentaires

Le théâtre de Châtillon-sur-Seine, par Claudine Hugonnet-Berger, 1996.

Texte publié dans la collection des Itinéraires du Patrimoine : Hugonnet-Berger, Claudine ; Maulmin, Pascale de ; Sonnet, Bernard. Théâtres en Bourgogne : architectures du spectacle 1800-1940. Dijon : Direction régionale des Affaires culturelles, 1996, p. 10-12 : ill. (itinéraires du patrimoine ; 124).

Malgré la destruction de la scène, malgré la disparition des aménagements de la salle et de ses peintures décoratives, le théâtre municipal accueille encore concerts et réunions.
Aménagée à l'intérieur de l'hôtel de ville (ancien couvent des bénédictines), cette salle de spectacle a conservé ses deux galeries de loges à la française, construites en bois, sur plan en U : la première est portée par douze colonnes, la seconde par douze fines balustres en double poire dissimulant des supports en fer. Le lustre à lumières étagées, vraisemblablement commandé en 1893 au ferblantier châtillonnais A. Morizot, remplit toujours son office : le mécanisme en bois permettant autrefois de le manœuvrer est encore en place dans le comble. Un vestibule à entrée latérale donne accès directement à la salle et un escalier à volée double dessert les deux étages. Lors des représentations, la salle de l'hôtel de ville faisait office de foyer du public, tandis qu'une pièce, située au-dessus des bureaux et du cabinet du maire, servait de « salle des rafraîchissements » : ce dispositif s'explique par la double vocation de cette salle créée dans un espace limité et née, in extremis, d'un premier projet qui se proposait simplement d'aménager un vaste local pour la tenue des réunions publiques. Mais face à l'insistance d'une majorité d'habitants réclamant un théâtre, la municipalité avait obtempéré : l'architecte-voyer, S. Tridon, en fut réduit à modifier son plan.
Pour ce faire, on lui adjoignit un de ses confrères châtillonnais, Roze. Le nouveau projet, daté du 26 décembre 1831, prévoyait une seule galerie mais, au nom de « la régularité et de l'harmonie », on décida, le 3 avril 1832, d'en ajouter une seconde, conformément au devis établi par Roze. Il fallut bientôt voter des crédits supplémentaires pour l'achèvement de la salle, sa décoration, l'exécution des décors de scène et l'acquisition de la machinerie. Achevé en août 1833, le théâtre fut amodié dès le 1er septembre.
Les devis conservés indiquent que le rez-de-chaussée comprenait, outre le parterre assis et l'orchestre, une série de loges. Deux pilastres et « un grand cintre » encadraient l'ouverture de scène fermée par un rideau peint aux armes de France. Réalisées par Roze, les peintures décoratives de la salle, notamment sur les garde-corps des galeries, associaient draperies, guirlandes, couronnes, attributs, fonds marbrés et dorures : Suchetet et Carpentier, peintres-décorateurs à Châtillon, les restaurèrent en 1873 en même temps qu'ils décoraient le plafond « d'une balustrade en imitation avec pilastres d'angle, surmontés de vases de fleurs, feuilles, rinceaux, rosaces d'angle, moulures et filets ». La même année, Alexis Barré, peintre-décorateur à Dijon, restaura les décors de scène exécutés par Roze en 1833 (place publique, palais, forêt, salon rouge, fond rustique...) et exécuta un « salon fermé ». En 1930, le théâtre demeuré intact ne répondait plus aux exigences de confort du public : sur les 378 places disponibles, 114 étaient « totalement ou partiellement impraticables ». Les projets de réaménagement établis par l'architecte de la ville, Marcel Trolliet, et un confrère parisien, Henri Guichard, n'aboutirent pas, faute de crédits.
Les archives municipales gardent le souvenir de quelques-uns des spectacles qui furent à l'affiche au XIXe siècle : en 1862, « La nonne sanglante ou les catacombes de Rome », drame d'A. Bourgeois et M. Masson, suivi d'un vaudeville du Théâtre des Variétés « Le massacre d'un innocent » ; en 1873, « Le lion amoureux », drame historique et patriotique du Théâtre-Français ; en 1885, « François les Bas-Bleus », opéra-comique de P. Buranni et E. Dubreuil-Humbert...

Protection

inscrit MH partiellement : 1929/08/09

Façades et toitures, boiseries de la petite pièce à l'extrêmité nord-ouest du premier étage : inscription par arrêté du 9 août 1929

Thématiques :

salles de spectacle de Bourgogne-Franche-Comté

Aire d’étude et canton : Châtillon-sur-Seine

Dénomination : couvent, sous-préfecture, hôtel de ville

Parties constituantes non étudiées :

salle de spectacle
parc

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