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ARCHITECTURE LIÉE À L'EAU DE LA COMMUNE DE JOUGNE

25 - Jougne

  • Dossier IA25001996 réalisé en 2008 revu en 2020
  • Auteur(s) : Liliane Hamelin, Carole Josso, Laurent Poupard
réservoir © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Présentation


Malgré l’important réservoir naturel que constitue le Mont d’Or, Jougne, au cours du 19e siècle et au début du siècle suivant, manque cruellement d’eau une grande partie de l’année du fait de l’accroissement de la population (développement des usines de la Ferrière), de la présence d’auberges et de l’augmentation des troupeaux. Dans sa séance du 9 février 1836,le conseil municipal souligne, à l’attention du Préfet, que faute de réservoirs et de fontaines les habitants sont obligés d’aller chercher l’eau à dos d’homme ou à l’aide de chariots à plus de 3 kilomètres du village. « Ce qui les obligent à sacrifier un temps précieux et déjà indispensable à leur subsistance ». Cette absence d’eau se fait sentir journellement non seulement l’été mais aussi pendant l’hiver « ou par des froids de -15 à -16 degrés on ne rapporte que de l’eau glacée qu’il faut faire fondre dans les écuries ou à l’aide de feux dans les habitations déjà glacées. »
Par ailleurs, le manque d’eau favorise l’épizootie, qui décime le bétail. D’où les demandes répétées de citerne de la part des propriétaires de troupeaux qui, l’été, font pâturer leurs animaux sur les communaux. Le 14 avril 1901, le conseil municipal accède à leur réclamation en approuvant la construction d’une citerne d’une capacité de 90 m3 sur le communal de la Fougère. Les travaux sont réalisés par l’entrepreneur Jules Martinet des Hôpitaux-Neufs, d’après les plans de l’architecte Arthur Parrod de Pontarlier. Quelques années plus tard, c’est la citerne du Petit Balzon qui reçoit une couverture en tôle galvanisée.
Parmi les fléaux qui hantent l’esprit des habitants, le plus effrayant est l’incendie lié aux périodes de sécheresse. D’autant que les maisons du village et des hameaux sont couvertes en tuiles de bois (« tavaillons »). Dans le courrier adressé au Préfet le 11 septembre 1885, les habitants des Tavins demandent l’autorisation de construire un réservoir « afin d’avoir une réserve d’eau en cas d’incendie », d’autant que le hameau compte 16 maisons couvertes en bois, une unique fontaine qui est en mauvais état et que le premier point d’eau est à environ un kilomètre de là. Ils obtiennent satisfaction pour les réparations urgentes à faire à la fontaine, le réservoir n’étant construit qu’en 1900 sur les plans de l’architecte Arthur Parrod. Au manque s’ajoute la mauvaise qualité de l’eau à l’origine de l’épidémie de typhoïde qui « moissonna un grand nombre de personnes l’année précédente » comme le rappelle un rapport du 12 février 1836 adressé au Préfet par le commissaire de Police de Pontarlier. Au cours des années, les habitants ne cesseront de réclamer une eau abondante et saine pour eux et leurs animaux, comme les habitants des Tavins en 1885, des Échampés en 1898, du village en 1902 ou d’Entre-les-Fourgs en 1908.
Sous la pression de la population du village, le conseil municipal décide dès 1833 la construction d’un réservoir « dans la partie la plus élevée de Jougne », le Mont Ramey ; ce réservoir est réalisé sur les plans de l’architecte du département, Alphonse Delacroix, assorti d’un tracé pour l’établissement de fontaines, lavoirs et abreuvoirs lorsque la commune aura les fonds suffisants. Le réservoir est alimenté par les nombreuses sources du Mont d’Or et particulièrement celle dite de la Baillette que la commune vient d’acheter à la famille Laffly, propriétaire du domaine du Cernois sur le territoire communal de Métabief. Cette source, dont le débit avoisine les 60 litres par minute, est connue pour ne jamais tarir, même lors des fortes chaleurs comme celles de l’été de 1832, où elle donnait 25 litres d’eau par minute.
Plusieurs autres projets de construction de réservoirs et d’établissement de fontaines voient le jour au cours du XIXe siècle, pour lesquels des architectes de Besançon et de Pontarlier sont sollicités : Alphonse Delacroix, Louis Lavie, Louis Pompée, Arthur Parrod, Paul Robbe. La plupart des édicules ont disparu du fait des changements apportés jusqu’à nos jours au réseau hydraulique.
Ainsi, le 15 février 1857, l’architecte Louis Pompée dresse les plans de deux réservoirs. L’un est situé au centre du village, le second dans la partie inférieure au lieu-dit le Grand Remblai, à l’emplacement de la place du Tunnel. Seul le premier, dit des Portes, est parvenu jusqu’à nous. Il se caractérise par une forme trapézoïdale de 10 mètres de longueur sur une largeur moyenne de 6 mètres.
Les réservoirs alimentent aussi un réseau de fontaines, de lavoirs et abreuvoirs. Lorsque la commune n’a pas les fonds disponibles pour de telles constructions, les habitants sont alors autorisés à puiser directement au réservoir.
A la demande de ces derniers, des améliorations sont progressivement apportées au réseau hydraulique à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les conduites en bois sont remplacées peu à peu par des tuyaux en fonte, le pourtour des fontaines est soigneusement aménagé par un pavage, des abris sont construits au-dessus des lavoirs, répondant ainsi aux demandes répétées des laveuses exposées aux intempéries.
En 1909, des réparations sont effectuées aux toitures des fontaines des Tavins et des Maillots par l’entreprise Costa-Vesco entrepreneur à Jougne. D’anciens lavoirs reçoivent une couverture : les Tavins en 1884, les Échampés en 1931. Afin de remplacer rapidement les bassins en bois hors d’usage la commune passe commande en 1899 auprès du marchand de fer de Pontarlier, Stéphane Chabod, de deux bassins en tôle de fer pour le village. Ce type de fontaines se retrouve en de nombreux exemplaires dans les hameaux ou parfois isolé sur les communaux comme celle alimentée par la source du Lacquerey, non loin de la ferme du même nom.
D’autres fontaines lavoirs et abreuvoirs, en béton, parsèment le territoire de la commune et se distinguent parfois par la présence d’un médaillon orné des armoiries de la cité sur la face antérieure du bassin. La distribution d’eau potable à domicile dans le village est réalisée au début du XXe siècle par l’architecte Arthur Parrod avec le concours de l’entrepreneur Jean Guerre, de Pontarlier. Du fait de la guerre les travaux ne seront réceptionnés que le 7 septembre 1920.
À la fin du 20e siècle, l’extension de la commune résultant de la création de nombreux lotissements a entraîné l’évolution du réseau hydraulique pour donner aux habitants une eau abondante et saine.

Historique

Période(s)
Principale :
  • 19e siècle
  • 20e siècle

Source(s) documentaire(s)

  • Jougne (Doubs). - En hiver - Centre du Village (Alt. 1.000 m.), [milieu 20e siècle].
    Jougne (Doubs). - En hiver - Centre du Village (Alt. 1.000 m.), carte postale, s.d. [milieu 20e siècle], Parriaux éd. à Jougne.
  • Hamelin, Liliane ; Josso, Carole. Jougne : petite cité comtoise de caractère, 2009.
    Hamelin, Liliane ; Josso, Carole. Jougne : petite cité comtoise de caractère. - Lyon : Lieux Dits, 2009. 72 p. : ill. en coul. ; 23 cm. (Parcours du patrimoine ; 348).

Informations complémentaires

Thématiques :
  • petites cités comtoises de caractère
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