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USINE DE TRANSFORMATION DES MÉTAUX ET DE PETITE MÉTALLURGIE DITE FORGES DE HAUTERIVE

25 - Vuillafans

Hauterive

  • Dossier IA00014816 réalisé en 2015 revu en 2016
  • Auteur(s) : Raphaël Favereaux, Liliane Hamelin
Vue d'ensemble depuis le nord. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Le martinet d’Hauterive aurait été fondé vers 1700 en aval de Vuillafans, sur la rive droite de la Loue. Il est exploité en 1744 par la famille Nicolet, et on y travaille annuellement 50 tonnes de fer transformés en cuirasses, faux et outils divers. Sur un plan de 1760 figurent également des "papeteries, battoirs à chanvre, une huilerie et une scierie". En 1776, la papeterie fournit 1800 rames de papier. En 1788, le martinet ne traite plus que 12 tonnes de fer et 2 tonnes de cuivre.
L’usine est vendue en 1792 comme Bien national à Jean-Baptiste et Etienne Chevassu, qui implantent un foyer d'affinerie. En 1813, elle appartient à Jean-Baptiste Chevassu et consorts, et se compose de "bâtiment, maisons, canaux des moulins, moulin, papeterie, scie à eau et huilerie, martinet, forge, halle à charbon". L’usine métallurgique emploie neuf personnes et produit annuellement 399 quintaux métriques de fers en barres, dont 232 travaillés au martinet. En 1836, Jean-Baptiste Chevassu est autorisé à construire, en aval des deux biefs de son usine, un moulin à farine à deux tournants actionné par une roue pendante. A cette date, les équipements divers (meules, ribe, huilerie, scierie et martinet) sont mis en jeu par 9 roues hydrauliques. Acquise par Joseph Queloz vers 1828, la papeterie, actionnée par deux roues hydrauliques, fabrique 1400 rames de papier en 1832, année de la faillite et de la fin d'activité.
C'est vraisemblablement en 1838 qu'un dénommé Jean-François Lambert, "maître de mécanique", introduit la fabrication mécanique de clous. D'une production de 8605 kg avec 8 machines en 1838, la clouterie en fabrique 227 955 kg en 1845 (avec 24 machines), et 550 000 kg en 1854 (avec 36 machines). Le site est acheté vers 1843 par Vautherin et Vuillier, maîtres de forge à Lods (IA00014536), lesquels entreprennent entre 1847 et 1852 la reconstruction du site : "maison et usine, gazomètre et atelier, moulin et scierie et maison". Un atelier de fabrication des pompes est bâti en 1857. En 1859, divers bâtiments sont démolis (le gazomètre, la forge, la scierie), laissant place à des "bureaux, écuries, logement de domestiques, machine à vapeur et clouterie, magasin d’engrenages, atelier de pompes, gazomètres, magasins, logement d’ouvriers et scierie, maison de maître, atelier de peinture des pompes, fonderie de cuivre". Le nombre d'ouvriers est passé de 40 en 1839 à 200 en 1860.
Les ateliers de clouterie, de maréchalerie, de construction et d’ajustage sont mis en jeu par deux turbines de 2,20 m de diamètre qui développent une puissance totale de 75 à 80 chevaux. Une turbine de 12 chevaux actionne les machines de l’atelier de construction des pompes. Une quatrième turbine de 25 chevaux, située plus en aval, met en mouvement les 5 paires de meules du moulin et des machines de fabrication de clous. Enfin, une roue pendante de 5,60 m de diamètre actionne une scierie.
En 1861, les usines de Bersaillin (dite du Haut IA25001509) et d’Hauterive sont réunies sous la dénomination Société des Usines de Vuillafans - Lambert et Cie (siège social 26 rue Montaigne à Paris). L’atelier de clouterie est détruit par un incendie le 9 octobre 1862, reconstruit l’année suivante. Deux logements d’ouvriers sont successivement bâtis en 1862 et 1865, l’un sur le site et le second à l’est de l’usine. Le régime hydraulique de l’usine est réglementé par l’arrêté préfectoral du 13 février 1863. A la mort de Jean-François Lambert en 1863, son fils Ernest lui succède jusqu’en 1877.
Spécialisée dans la production de clous, chevilles et rivets pour chaussures et boîtes à fromage, ou dédiés à certains métiers (tapissier, charpentier, menuisier, cordonnier), la société se diversifie en se lançant dans la fabrication de pompes en tous genre (d’arrosage, de secours, à incendie, d’épuisement, à purin). En 1878, Jules Convers devient gérant de la Société des Usines de Vuillafans, jusqu’à son décès en 1901 (raison sociale Convers et Cie). En 1883, l’atelier de clouterie emploie 77 hommes et sept femmes, et l'atelier de tréfilerie emploie 36 hommes et deux femmes. Les ateliers de mécanique, de fabrication des pompes à incendie, de fonderie et de scierie emploient respectivement 20, 7, 7 et 4 personnes. Onze filles mineures et dix-huit enfants sont également employés à la marche de l'usine en 1883. Le moulin est converti en logements vers 1890.
Jules Convers est remplacé en 1901 par Alexandre Martet, ingénieur diplômé de l’école des Arts et Métiers d’Aix (raison sociale A. Martet et Cie). Eugène Peker lui succède en 1903 (Peker et Cie). Suite à un incendie cette même année, de nouveaux ateliers de fabrication en rez-de-chaussée sont reconstruits. Diverses "constructions nouvelles" sont mentionnées sur la matrice cadastrale entre 1904 et 1911 : décapage du fer, four à recuire, ajustage et nettoyage, magasin à clous, triage, emballage, maison, etc. Une turbine de 50 chevaux est installée en 1909, et une nouvelle conciergerie est bâtie en 1911. Pierre Girod, ingénieur des Arts et Manufactures, succède à Peker début 1911, jusqu’à sa mort en 1924 (raison sociale Girod et Cie). La gérance est ensuite assurée par E. Henry, ingénieur de la Marine.
En 1931, l’usine emploie 170 personnes. Un moteur à gaz pauvre de 60 chevaux supplée les turbines en période d’étiage. La production de pompes est arrêtée en 1935. A la même époque, le matériel de tréfilage de l’usine de Bersaillin est transféré sur place, mais la production de clous décline dans les années 1950 et prend fin en 1956.
En 1939 est créée la Société anonyme des Usines de Vuillafans. La société Fournier-Mouillon apporte en 1953 la fabrication de produits de chaudronnerie-tôlerie (vis d'Archimède et matériel de manutention) et découpage-emboutissage (capots de moteurs électriques, boîtiers d'horodateurs). L'usine se lance en 1974 dans la production de treuils forestiers de marque Silvant. Elle travaille pour la construction mécanique, l’industrie agro-alimentaire, chimique, électrique, du bois et des mines. Environ 100 tonnes de tôle sont travaillées chaque mois. Un atelier de chaudronnerie est construit à l’ouest du site en 1973, agrandi d’un atelier de montage en 1990. Après un dépôt de bilan en novembre 1979, une société d'exploitation est créée en 1981 mais elle dépose son bilan en février 1982. L'activité se poursuit néanmoins avec une quarantaine de salariés, dans les domaines .
En 1983 est créée la Société des Usines Nouvelles de Vuillafans qui poursuit son activité dans la chaudronnerie et la mécano-soudure, principalement pour le matériel de manutention (appareils à base de vis d’Archimède, extracteurs linéaires, élévateurs à godets, bandes transporteuses, etc.). Un logement ouvrier est abattu en 1983, et la plupart des ateliers sont détruits à la fin des années 1980. La Société des Usines Nouvelles de Vuillafans cesse ses activités en 1990. Le site est occupé entre 1989 et 2001 par une société bisontine de fabrication de fours. L'activité industrielle est toujours présente grâce à une entreprise de chaudronnerie.
Période(s)
Principale :
  • 2e quart 18e siècle
  • milieu 19e siècle
  • 3e quart 19e siècle
  • 1er quart 20e siècle [détruit]
Date(s)
1741 : porte la date

Description


Le bâtiment abritant les écuries, remises, logements et bureaux est pourvu d'un sous-sol et d'un rez-de-chaussée surélevé. Construit en moellon de calcaire enduit, il est couvert de toits à croupes en tuile plate et tuile mécanique. La conciergerie (devenue habitation) est dotée d'un sous-sol et d'un étage carré, et est couvert d'un toit à croupes en tuile mécanique. Le faîtage est orné de deux épis et d'une crête en fonte. L'ancien atelier de mécanique (au sud-ouest) est pourvu d'une ossature en bois, couverte d'un toit à longs pans en tuile mécanique. Une pierre conservée sur le site porte l’inscription suivante "Maurice Bretillot Président du conseil de surveillance – Eugène Peker Gérant – Jeannot Ingénieur conseil".
Murs :
  • calcaire
  • moellon
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
  • tuile plate
Etages :
  • sous-sol
  • rez-de-chaussée surélevé
  • 1 étage carré
  • en rez-de-chaussée
Couvertures :
  • toit à longs pans, croupe
État de conservation :
  • établissement industriel désaffecté

Source(s) documentaire(s)

  • F 14/4343 Usines métallurgiques. Maintenue en activité de l'usine à fer de Jean-Baptiste Chevassu [...]. Dossier 11 (1822-1823).
    Archives nationales, Paris : F 14/4343 Usines métallurgiques. Maintenue en activité de l'usine à fer de Jean-Baptiste Chevassu [...]. Dossier 11 (1822-1823).
    Lieu de conservation : Archives nationales, Paris - Cote du document : F 14/4343
  • 3 P 636/1-2 États de sections (1813)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 636/1-2 États de sections (1813)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 636/1-2
  • 3 P 636/3-6 Matrice des propriétés foncières bâties et non bâties (XIXe siècle)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 636/3-6 Matrice des propriétés foncières bâties et non bâties (19e siècle)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 636/3-6
  • 3 P 636/7 Matrice des propriétés bâties (1882-1910)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 636/7 Matrice des propriétés bâties (1882-1910)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 636/7
  • 3 P 636/11 Matrice des propriétés bâties (1911-1964)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 636/11 Matrice des propriétés bâties (1911-1964)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 636/11
  • M 2370 Enquêtes sur les industries principales (1883)
    Archives départementales du Doubs, Besançon : M 2370 Enquêtes sur les industries principales (1883)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2370
  • M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930
    M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 3044
  • Sp 828 Energie électrique. Distribution (1904-1931)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, Sp 828 Energie électrique. Distribution (1921-1931)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 828
  • Sp 1269 Police des eaux - Usines (1855-1888)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, Sp 1269 Police des eaux - Usines (1855-1888)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 1269
  • 7 S 102 Cours d'eau et usines. Dossier communal (1812-1873)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 7 S 102 Cours d'eau et usines. Dossier communal (1812-1873)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 7 S 102
  • 426 S 1 Usines métallurgiques. Affaires générales, statistiques, demandes d’établissements (1805-1820)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 426 S 1 Usines métallurgiques. Affaires générales, statistiques, demandes d’établissements (1805-1820)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 426 S 1
  • 428 S 6 Usines métallurgiques (1822-1844)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 428 S 6 Usines métallurgiques (1822-1844)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 428 S 6
  • 4 U/19/340 Tribunal de commerce. Actes de société (1879-1958)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 4 U/19/340 Tribunal de commerce. Actes de société (1879-1958)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 4 U/19/340
  • 6 U/557 Tribunal de commerce. Actes de société (1875-1929)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 6 U/557 Tribunal de commerce. Actes de société (1875-1929)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 6 U/557
  • 2093 W 21 Aide aux entreprises
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 2093 W 21 Aide aux entreprises
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 2093 W 21
  • 1 Fi 1468 Vuillafans. Affiche publicitaire (1872)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 1 Fi 1468 Vuillafans. Affiche publicitaire (1872)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 1 Fi 1468
  • Banquet organisé à l'occasion de l'inauguration des nouveaux bâtiments d'Hauterive (1), 1903.
    Banquet organisé à l'occasion de l'inauguration des nouveaux bâtiments d'Hauterive (1), 1903. Photographie, s.d. [1903].
    Lieu de conservation : Archives de la Société des Usines de Vuillafans, Vuillafans
  • Opération de curage des vannes du bassin de retenue, vers 1890.
    Opération de curage des vannes du bassin de retenue, vers 1890. Photographie, s.d. [vers 1890].
    Lieu de conservation : Archives de la Société des Usines de Vuillafans, Vuillafans
  • Annuaire du Doubs, 1856.
    Annuaire du Doubs, 1856.
  • Bourgin, H.et G. L’industrie sidérurgique en France au début de la Révolution, 1920.
    Bourgin, H.et G. L’industrie sidérurgique en France au début de la Révolution (1788). - Paris : Imprimerie nationale, 1920.
  • Chapuis Robert. Une aventure territoriale. La haute vallée de la Loue [...], 2006
    Chapuis Robert. Une aventure territoriale. La haute vallée de la Loue. De la vigne, à l'usine et au patrimoine. - Besançon : Presses Universitaires de Franche-Comté, 2006, 194 p.
  • Pitavy Jean-Jacques - Zosso François. Villages vignerons de la Haute-Loue (Mouthier - Lods - Vuillafans), tome II, 2014
    Pitavy Jean-Jacques - Zosso François. Villages vignerons de la Haute-Loue (Mouthier - Lods - Vuillafans), tome II (1815-1970). -Les auteurs : Echevannes, 2014, 167 p.
  • Pitavy Jean-Jacques. Vie et traditions des villages de la haute Loue. Mouthier-Haute-Pierre [...], 2005.
    Pitavy Jean-Jacques. Vie et traditions des villages de la haute Loue. Mouthier-Haute-Pierre [...]. - Echevannes : J.-J. Pitavy, 2005, 91 p.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Vallées, plateaux et montagnes du Doubs
Hydrographie : la Loue
Dénomination : usine de transformation des métaux, usine de petite métallurgie
Parties constituantes non étudiées :
  • logement
  • atelier de fabrication
  • bureau
  • conciergerie
Carte interactive
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