SALLE DE SPECTACLE DITE LA COMÉDIE
21 - Beaune
26 rue Eugène Spuller
- Dossier IA21000117 réalisé en 1988 revu en 2000
- Auteur(s) : Eliane Lochot, Brigitte Fromaget, Laurent Poupard
Historique
En 1766, Jean Delautel, maître tonnelier, obtient l'accord du Conseil de ville pour édifier une salle de spectacle dans la propriété lui appartenant rue des Jacobins (actuelle rue Eugène Spuller). La Comédie, d'une capacité de 540 places, est inaugurée en avril 1768. L'arc segmentaire couvrant le portail et le tympan de menuiserie de la porte sont ornés de reliefs attribués aux Beaunois Jean-Louis Bonnet (menuisier) et Jean-François Swalem (sculpteur). Restaurée en 1831, la salle appartient en février 1845 à Philippe Lacaille, qui propose de la vendre ou de la louer à la Ville parce que "la plupart des directeurs de spectacle qui viennent y donner des représentations ne peuvent en général lui solder le prix de vingt francs alloué pour chaque représentation". La municipalité opte en avril 1846 pour la location de la salle, des combles et de deux pièces au sous-sol, le propriétaire se réservant le reste de ce niveau (chai). Elle réalise aussitôt réparations et transformations afin d'augmenter le nombre de places disponibles, créer un foyer-bar et installer un calorifère. L'édifice perd de son importance après l'ouverture en 1862 du nouveau théâtre (rue de Lorraine). Il est réaménagé en 1896 pour accueillir des conférences, sert de salle de gymnastique, etc. Vendu, il appartient en 1922 à la maison Jules Senard, d'Aloxe-Corton ; c'est toujours actuellement l'entrepôt d'un négociant en vins.
- 3e quart 18e siècle
Delautel, Jean. Maître tonnelier à Beaune, commanditaire de la salle de la Comédie inaugurée en 1768.
Date de naissance : 27/12/1718 - date de décès : 26/11/1790
Bonnet, Jean-Louis (1718-1790). Né le 27 décembre 1718 à Alet-les-Bains (Aude), mort le 26 novembre 1790 à Beaune. Maître menuisier. Père de Jean-Louis Bonnet, maître menuisier et sculpteur à Beaune. (Source : https://gw.geneanet.org/fmcollet?n=bonnet&oc=1&p=jean+louis).
Date de naissance : 10/06/1727 - date de décès : 30/09/1800
Swalem, Jean-François (1727-1800). Né le 10 juin 1727 à Liège (Belgique), mort le 8 vendémiaire an IX (30 septembre 1800) à Beaune. Sculpteur. Père du sculpteur Louis Swalem (né en 1758). (Source : https://gw.geneanet.org/ganaelle?lang=fr&iz=3385&p=jean+francois&n=swalem).
Description
Edifiée entre la rue Spuller et le rempart, la Comédie se prolonge au sud-est par une habitation donnant sur une cour intérieure. Les deux édifices sont bâtis en moellons calcaires enduits. L'ancienne salle de spectacle, protégée par un toit à longs pans, croupes et tuiles plates, comporte un sous-sol, un étage de soubassement (côté rue Spuller), un rez-de-chaussée surélevé (directement accessible par le rempart), un étage carré et un étage de comble. La travée centrale de sa façade antérieure est marquée par un portail coiffé d'un arc segmentaire sculpté, surmonté d'une fenêtre (dont la clé est ornée d'un masque) et d'un oculus (muré). De l'inscription "Salle des" et "spectacles", gravée sur deux plaques de marbre et encore visible sur ce portail en 2001, ne subsiste que la première partie. La maison a un sous-sol, un étage carré et un étage de comble coiffé par un toit à longs pans et tuiles plates.
- calcaire
- moellon
- enduit
- tuile plate
- sous-sol
- étage de soubassement
- rez-de-chaussée surélevé
- 1 étage carré
- étage de comble
- élévation ordonnancée
- toit à longs pans, croupe
- heaume
- lyre
- caducée
- masque de théâtre
- épée
- instrument de musique
- vigne
- chêne
- masque tête d'homme
Sur l'arc du portail est sculpté un trophée de musique et des arts du théâtre (lyre surmontée d'un heaume, marotte, masque de comédie, lance, épée, partition...), sur le tympan de la porte un trophée de musique (violon, cor, flûtes, livre et chapeau) entre un rameau de vigne et un rameau de chêne. La clé de la fenêtre haute centrale est ornée d'un masque (personnage barbu).
- sculpture
Source(s) documentaire(s)
-
Archives municipales de Beaune : 4 M 5 Salle de la Comédie. 1845-1846, 1922.
Archives municipales de Beaune : 4 M 5 Salle de la Comédie. 1845-1846, 1922.
(Ancienne cote : M IV § 14 art. 1)Lieu de conservation : Archives municipales, Beaune - Cote du document : 4 M 5
-
Plan de Beaune, dit plan Quinard. 1783.
Plan de Beaune, dit plan Quinard. Dessin imprimé, par Denis Quinard. 1783.Lieu de conservation : Collection particulière -
Plan en feuilles de la ville de Beaune : les rues du Morimont et du château avec la place des Jacobins. 1783.
Plan en feuilles de la ville de Beaune : les rues du Morimont et du château avec la place des Jacobins. Dessin, par Denis Quinard. 1783.Lieu de conservation : Archives municipales, Beaune - Cote du document : carton 88, cote 37 bis -
[Plan de la salle]. S.d. [1846 ?].
[Plan de la salle]. Dessin imprimé (surchargé au crayon de papier), s.n. [par l'architecte voyer ?]. S.d. [1846 ?]. Lithographie A. Lambert à Beaune. 38 x 25,5 cm, 1/100.Lieu de conservation : Archives municipales, Beaune - Cote du document : 4 M 5 -
[Plan de la salle avec projet de transformation]. S.d. [1846].
[Plan de la salle avec projet de transformation]. Dessin (crayon de papier), s.n. [par l'architecte voyer]. S.d. [1846]. 46,5 x 23 cm, sans éch. [1/100].Lieu de conservation : Archives municipales, Beaune - Cote du document : 4 M 5 -
[Plan et coupe de la salle]. 13 décembre 1857.
[Plan et coupe de la salle]. Dessin (plume, crayon de papier), par l'architecte voyer Félix Goin. 13 décembre 1857. 39 x 35,5 cm, sans éch. [1/100].Lieu de conservation : Archives municipales, Beaune - Cote du document : 4 M 5
-
Archives municipales de Beaune. Théâtre municipal. 2016.
Archives municipales de Beaune. Théâtre municipal / d'après François Mortureux [en ligne]. Beaune : Archives municipales, 29 août 2016. Ill. [consultation du 18 juin 2021]. Accès internet : https://archivesbeaune.wordpress.com/2016/08/29/theatre-municipal/
-
Hugonnet-Berger, Claudine ; Maulmin, Pascale de ; Sonnet, Bernard. Théâtres en Bourgogne : architectures du spectacle 1800-1940. 1996.
Hugonnet-Berger, Claudine ; Maulmin, Pascale de ; Sonnet, Bernard. Théâtres en Bourgogne : architectures du spectacle 1800-1940 / Service régional de l'Inventaire général, Direction régionale des Affaires culturelles de Bourgogne ; photogr. Michel Rosso ; carte Alain Morelière. Dijon : Direction régionale des Affaires culturelles, 1996. 28 p. : ill. ; 23 cm. (Itinéraires du Patrimoine ; 124). -
Mortureux, François. Le théâtre à Beaune. 1983.
Mortureux, François. Le théâtre à Beaune. 1983. 5 p. ; 30 cm. Texte dactylographié destiné à l'exposition 100 ans d'histoire de notre théâtre : Beaune, octobre-novembre 1983.Lieu de conservation : Bibliothèque municipale, Beaune
À voir
Informations complémentaires
Texte publié dans la collection des Itinéraires du Patrimoine : Hugonnet-Berger, Claudine ; Maulmin, Pascale de ; Sonnet, Bernard. Théâtres en Bourgogne : architectures du spectacle 1800-1940. Dijon : Direction régionale des Affaires culturelles, 1996, p. 4, 6-7 : ill. (itinéraires du patrimoine ; 124).
L'ancienne « Comédie », construite en 1768, dresse encore sa façade rue Eugène Spuller (n° 28) : la symbolique des sculptures qui agrémentent sa porte d'entrée rappelle au promeneur le passé artistique de l'édifice qui sera salle de spectacle municipale jusqu'à l'inauguration du théâtre actuel, édifié sur l'ancien bastion Saint-Nicolas, à l'emplacement du Vauxhall dont la démolition ne suscita aucun regret tant il était vétuste.
Les plans du théâtre, datés du 1er mars 1860, sont l'œuvre de l'architecte-voyer Félix Goin. Les travaux de construction, adjugés aux entrepreneurs dijonnais Guenot et Truchetet, prirent fin en novembre 1862. L'inauguration eut lieu dès le 6 décembre avec la représentation de deux comédies, « L'esclave du mari » et « Mademoiselle de la Seiglière », suivies d'une bluette, « Un mari dans du coton ».
La façade principale, dont la Commission Départementale des Bâtiments Civils regrettait le manque de monumentalité, est représentative d'un type de théâtre qui eut la faveur des architectes dans la seconde moitié du XIXe siècle : elle se caractérise par un corps central à travées, flanqué de massifs latéraux, ici agrémentés de niches restées vides.
Traditionnelle, la salle en fer à cheval superpose trois galeries. Les spectateurs des premières et secondes loges empruntaient deux escaliers symétriques, à volée courbe, accessibles à partir du couloir en U qui desservait le parterre, l'orchestre et les deux baignoires grillagées. Le public plus pauvre de la troisième galerie était canalisé, dès le vestibule, par deux escaliers latéraux indépendants : l'accès aux couloirs des premières et secondes loges lui était donc interdit ce qui, fatalement, l'excluait du foyer du public et des comptoirs attenants affectés à la vente des rafraîchissements et « comestibles ».
Composé, selon les étages, « d'entrelacs, de cartouches et de médaillons en camaïeu reliés par des guirlandes de fleurs », le décor blanc et or du garde-corps des galeries s'alliait au rouge des tissus et des papiers peints pour s'harmoniser avec le rideau d'avant-scène dont le Journal de Beaune a gardé le souvenir : « Entre les plis opulents d'une draperie pourpre à demi ouverte et rehaussée d'une riche crépine d'or, se déroule une sorte de tapisserie à fond gris perle, entourée d'ornements dans le goût du siècle dernier; au centre se détache un cippe de marbre blanc dont la base est jonchée d'attributs scéniques ; sur le chapiteau s'ébattent deux colombes aux ailes frémissantes... » Ce rideau somptueux était l'œuvre d'un peintre-décorateur parisien particulièrement renommé, Ch. Cambon. Avec son associé J.-F.-D. Thierry, il exécuta également le décor du plafond qui, nous dit le Journal de Beaune, « s'élève comme un dôme d'azur pâle entouré d'une balustrade fleurie, et coupé de treillages à jour qui ouvrent à l'œil ravi les perspectives éthérées ». Le garde-corps des premières loges d'avant-scène s'agrémente de médaillons figurant la Comédie (côté jardin) et la Tragédie (côté cour), œuvres de l'artiste beaunois Hippolyte Michaud. Les décors de scène (place publique, jardin, forêt, prison, salon dit Molière, salon Louis XV...), également exécutés par Cambon et Thierry, se manœuvraient à partir de deux planchers de service situés à 7 m au-dessus de la scène et reliés par un pont appliqué contre le mur de fond.
En 1934 le théâtre accueillit un appareil de projection cinématographique mais n'abandonna pas pour autant sa mission de salle de spectacle : les remaniements dont il fut alors l'objet épargnèrent l'essentiel de ses dispositions intérieures mais le temps eut raison du décor des galeries et du plafond.
Depuis 1989, grâce à quatre années de travaux, le théâtre restauré et modernisé accueille à nouveau spectacles et concerts.
- salles de spectacle de Bourgogne-Franche-Comté
- © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine