MAISON ET USINE D'HORLOGERIE (USINE D'ASSORTIMENTS À CYLINDRE TISSOT FRÈRES), PUIS ATELIER D'HORLOGERIE JEAN TISSOT ET USINE DE DÉCOLLETAGE LE MICRODÉCOLLETAGE
25 - Maîche
14 et 16 rue de l' Helvétie, 11 rue Pasteur
- Dossier IA25001362 réalisé en 2012 revu en 2015
- Auteur(s) : Laurent Poupard
Historique
Au début du 20e siècle (vers 1902 ou 1906), les frères Henri (1882-1926) et Jules Tissot, anciens ouvriers chez Henri Rotschi (9 rue du Mont), font construire rue de l'Helvétie une petite usine de mécanique de précision (horlogerie) pour accueillir leur affaire, réputée fondée en 1881. En 1911-1912, chacun se fait bâtir une demeure, de part et d'autre de cet atelier : Henri en 1912 (date portée sur le pignon) au n° 14 actuel (maison dotée d'un garage vers 1925) et Jules (dont la femme tenait le Café du Nord rue de Saint-Hippolyte) au n° 16 (maison agrandie vers 1931 ?). L'entreprise a sa clientèle en Suisse (La Chaux-de-Fonds et région de Soleure) et à Morteau (maison Vuez par exemple). Elle emploie une douzaine d'ouvriers à l'usine et davantage à domicile, mais ces effectifs baissent suite à la crise horlogère de 1920-1922. Les deux frères se séparent alors, en 1922, partageant usine, machines et outillage.
Henri poursuit la fabrication de l'assortiment à cylindre dans sa partie du bâtiment (peut-être agrandi vers 1924). Il décède en 1926 et sa veuve (née Julia Sandoz et mariée en 1909) reprend l'affaire, sous la raison sociale Veuve Henri Tissot et ses Fils, aidée de ses cinq enfants et d'un contremaître, Léon Vuillemin. Elle la modernise, l'équipant de tours à décolleter pour la fabrication des "écorces" et des "siettes" de cylindre (l'écorce est la paroi du cylindre, l'une des pièces de l'échappement du même nom, et la siette l'assise supportant le balancier). Une enquête de 1930 fait état de 11 ouvriers. Avec le déclin du cylindre, les fils Tissot se tournent vers le décolletage et le pivotage de précision et fondent en 1945 la société Le Microdécolletage, qui a une "spécialité de rhabillages : axes, cylindres, tiges de remontoirs, balanciers réglés". Un agrandissement (qui a peut-être débuté dès 1940) est signalé à cette époque. L'un des fils, Jean (1914-2004), formé à l'école nationale professionnelle d'horlogerie de Besançon, y fabrique à partir de 1942 des montres sous la marque Amazone, avant de s'installer au 6 rue Sainte-Anne (alors n° 4) où il est signalé dès 1949. La société exporte beaucoup, notamment en Egypte dont la fermeture du marché en 1956 lui crée des difficultés. Devenue le 20 janvier 1956 une Sarl (au capital de 120 000 F), elle édifie vers 1961 une usine au 8 rue de la Batheuse, où elle transfère son activité. Elle est classée en 1963 dans la catégorie des entreprises de 11 à 19 salariés, et disparaît le 12 janvier 1967 lors de sa fusion avec la société de galvanoplastie Coeurdor, de Charquemont, fondée en 1950.
Pour sa part, Jules a temporairement cessé la fabrication en 1922. La crise passée, il s'associe avec un Suisse, Eugène Décrind, qui reste rapidement seul aux commandes et fabrique des "échappements cylindre pivotés sur jauge". L'enquête de 1930 fait état du même nombre d'ouvriers (11) chez Tissot-Décrind que chez Henri Tissot. On ne sait à quel moment l'affaire s'arrête. Un agrandissement (?) est signalé à l'issue de la deuxième guerre mondiale (puis un autre vers 1965-1968). La propriété est partagée à la fin des années 1950 entre les filles de Jules : Marie (épouse Paul Mathiot) et Madeleine (mariée à Louis Parrot).
Les deux maisons et l'usine sont maintenant uniquement à usage d'habitation.
- 1er quart 20e siècle
Description
Les bâtiments, aux murs en moellons calcaires enduits, sont couverts de tuiles mécaniques. L'usine, en rez-de-chaussée et avec comble à surcroît, semble compter un sous-sol. Les deux maisons ont chacune un sous-sol partiellement enterré, un rez-de-chaussée surélevé (accessible par un escalier extérieur à deux volées convergentes) et un étage carré. Celle au n° 14, qui comporte un étage en surcroît, est coiffée par un toit à longs pans et pignons couverts, comme l'usine, alors que celle au n° 16 dispose d'un toit à croupes. La façade de la première est percée de fenêtres horlogères et porte la date 1912 ; les baies de l'usine sont en arc segmentaire à encadrement en brique.
- calcaire
- moellon
- enduit
- tuile mécanique
- sous-sol
- rez-de-chaussée surélevé
- 1 étage carré
- étage en surcroît
- élévation à travées
- escalier dans-oeuvre,
- escalier de distribution extérieur, en maçonnerie
- baie horlogère
- énergie électrique achetée
Source(s) documentaire(s)
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Cadastre de la commune de Maîche [1812-1977]
Cadastre de la commune de Maîche [1812-1977]
- Registre des états de sections (1812)
- Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties : Propriétés foncières [1826-1914]
- Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1883-1896 [1882-1910]
- Matrice cadastrale des propriétés bâties [1911-1977]Lieu de conservation : Archives communales, Maîche -
M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930
M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 3044 -
Papier à en-tête de la société Tissot Frères, 4 mars 1915
Papier à en-tête de la société Tissot Frères, 4 mars 1915Lieu de conservation : Collection particulière : Jean-Marie Bessot, Maîche -
Papier à en-tête de la société J. Tissot et E. Decrind, 2 novembre 1926
Papier à en-tête de la société J. Tissot et E. Decrind, 2 novembre 1926Lieu de conservation : Collection particulière : Jean-Marie Bessot, Maîche -
Papier à en-tête d'Henri Tissot, 1942
Papier à en-tête d'Henri Tissot, s.d. [1942]Lieu de conservation : Collection particulière : Michel Simonin, Maîche -
Papier à en-tête de la société Veuve Henri Tissot et ses Fils "Le Microdécolletage", 5 décembre 1945
Papier à en-tête de la société Veuve Henri Tissot et ses Fils "Le Microdécolletage", 5 décembre 1945Lieu de conservation : Collection particulière : Michel Simonin, Maîche -
Papier à en-tête de la société Le Midrodécolletage, 3e quart 20e siècle (entre 1945 et 1960)
Papier à en-tête de la société Le Midrodécolletage, s.d. [3e quart 20e siècle, entre 1945 et 1960]Lieu de conservation : Collection particulière : Michel Simonin, Maîche
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1024. Maîche - Quartier Neuf, 1912 ou 1913
1024. Maîche - Quartier Neuf, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [1er quart 20e siècle, 1912 ou 1913], Ch. Simon éd. à Maîche et Ornans. Porte la date 27 août 1914 au verso. Publiée dans : Simonin, Michel ; Choulet, Jean-Marie. Maîche hier et aujourd'hui. - 1999, p.62.Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
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Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche, 2007
Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - Maîche : M. Simonin, 2007. 143 p. : ill. ; 30 cm. -
Sornay, Lionel. Prosopographie des entreprises horlogères et de leurs financeurs sur le plateau de Maîche 1925-1973, 2003
Sornay, Lionel. Prosopographie des entreprises horlogères et de leurs financeurs sur le plateau de Maîche 1925-1973. - Besançon : Université de Franche-Comté, 2003. 56 p. : ill. ; 30 cm. Mém DEA : histoire industrielle : Besançon : 2003 ; 51. -
Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome II. Autour de Maîche et Belleherbe, 1990
Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome II. Autour de Maîche et Belleherbe, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1990. 231 p. : cartes postales ; 31 cm.
À voir
Informations complémentaires
- patrimoine industriel du Doubs
- anciennement région de Franche-Comté
- atelier de fabrication
- logement
- garage
- stationnement
- jardin
- jardin potager
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