MAISON COMMUNE, JUSTICE DE PAIX ET ÉCOLE

70 - Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin

24 avenue des Pâtis

Dossier IA70001065 réalisé en 2018
Auteur(s) : Fabien Dufoulon

maison commune © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique

L'édifice remplace l'ancienne maison commune située rue du Pont (actuelle rue Armand Paulmard). Il abrite encore aujourd'hui les services de la commune et de la communauté de commune, ainsi que plusieurs classes de l'école. Le contexte et la chronologie du chantier de 1866-1868 sont bien connus grâce aux recherches effectuées par Patrick Boisnard en vue de l'inscription de l'édifice au titre des Monuments historiques (2005).

Construction d'une nouvelle maison commune (1866-1868)

L'initiative revient sans doute à Roger Alexandre Jean de Bauffremont, qui est maire de Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin à partir de 1860. Le programme comprend non seulement la maison commune et la justice de paix, mais aussi une bibliothèque et surtout des écoles auxquelles le prince consacre un rapport publié en 1872.
Une délibération du conseil municipal en date du 11 novembre 1865 et un arrêté de la préfecture en date du 20 janvier 1866 permettent à la commune, qui ne possède pas de terrain sur l'avenue des Pâtis où l'édifice doit être construit, d'acquérir une série de sept parcelles appartenant à trois particuliers (n°386, 392, 393, 394, 395, 400 et 401) au prix de 100 francs l'are. Le terrain est "convenablement situé [...] entre les deux sections dont se composent la commune". L'édifice peut ainsi sceller en quelque sorte l'union entre le bourg et le quartier de l'église. Il présente de surcroît l'avantage d'être près de la route conduisant à l'écart de Saint-Albin, rattaché à la commune. Le chantier s'échelonne sur les deux années qui suivent. La commune supporte l'essentiel de son coût, qui s'élève à 93.011 francs dans le devis initial (février 1866) et qui augmente à la suite des modifications des mois suivants, pour atteindre au final 121.786 francs. Elle reçoit du Ministère de l'Instruction publique une subvention de 8.000 francs, somme insuffisante qui l'oblige à contracter un prêt de 28.000 francs. Le duc de Bauffremont participe personnellement au financement des travaux en payant une partie du décor intérieur (salle de la justice de paix, salle du conseil municipal et cabinet du maire) et du mobilier des écoles (estrades et bancs).
De l'avant-projet fourni par Lussy, dont le nom apparaît uniquement sur le registre des délibérations du conseil municipal, on ne sait quasiment rien. S'il s'agit bien de l'architecte parisien Édouard Lussy, on peut imaginer que ce choix revient au duc de Bauffremont. Dès le début de l'année 1866, il est toutefois remplacé par l'architecte local Adrien Renahy. C'est lui qui signe les plans, coupes et élévations du projet, ainsi que les devis correspondants, le 12 février 1866. Le projet est modifié à la suite d'une préconisation du préfet (16 mai 1866) et surtout de l'avis du Conseil des Bâtiments civils (3 juillet 1866). La principale modification concerne les accès depuis la rue : l'accès par la cour de réception est complété par deux accès latéraux distincts permettant de séparer dès la rue les garçons et les filles pour des "raisons de convenance". Une autre modification importante concerne l'escalier des filles et des institutrices. Disposé à l'origine symétriquement à celui de l'école des garçons et des instituteurs dans le corps central, il est déplacé dans l'aile nord et retourné à 90° pour être totalement séparé des services de la mairie et de la justice de paix. Ce déplacement permet aussi d'inverser le cabinet du maire et le secrétariat (au rez-de-chaussée) et d'agrandir le local des greffiers (au premier étage) comme demandé. D'autres modifications concernent le remplacement des simples cloisons séparant les deux classes de chacune des écoles par des murs porteurs, l'augmentation de la hauteur des appuis des fenêtres, la création de cabinets d'aisance et d'un logement de concierge.
Les travaux sont adjugés à Jean Mantion (de Coulevon) et Charles Halley (de Scey-sur-Saône) le 4 juillet 1866. Il sont réceptionnés provisoirement le 8 octobre 1868 et définitivement le 2 novembre 1869. Le devis instructif du 12 février 1866 prévoit la commande de barreaux de fonte pour les escaliers chez Saint-Eve Frères, fonderie à Besançon (modèle n°37, planche 12). Un état résumé des travaux exécutés (octobre 1868) indique quelques noms d'artisans ayant travaillé à la décoration de l'édifice, et notamment à celle de la salle de la justice de paix. Le plafond à solives apparentes est exécuté d'après un modèle du menuisier Chaumette (de Paris) qui reçoit 210 francs, celui de l'écusson au centre par le peintre Grand (de Paris) qui reçoit 150 francs. Des travaux de peinture de cette même salle sont exécutés par Garret (sans doute Jean Garret) pour un montant de 731 francs.

Travaux de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle

Dans les années 1880, la clôture de l'ensemble des terrains entourant l'édifice n'est que partielle. Les surcoûts du chantier en ont différé l'achèvement. Seul le mur sud et le muret bordant l'avenue des Pâtis existent. La commune doit donc lancer le remplacement de la "palissade en vétusté" par un véritable mur en 1882. Pour effectuer ces travaux, elle obtient une aide exceptionnelle de l'État de 2.870 francs, correspondant au montant du devis présenté par l'entrepreneur en maçonnerie Augustin Duc le 19 mars 1882. À cette occasion, un Plan d'ensemble de la propriété communale est dressé, qui montre la répartition des différents espaces (cour de réception, cours de récréation de l'asile, de l'école des filles et de l'école des garçons, jardins des institutrices et des instituteurs, champ d'expériences agricoles). L'un des murs est restauré, à la suite de son écroulement, en 1928.
Les salles de classes sont l'objet de petits travaux de rénovation par l'entrepreneur Charles Siblot avant la rentrée des classes de 1896. De nouveaux travaux du même type sont effectués en 1922 et 1923. C'est une campagne plus importante qui s'ouvre en revanche en 1898. Le couronnement en forme de petit temple de plan circulaire construit au-dessus de la travée centrale de la façade principale, en mauvais état, doit être détruit. A. Humbaire, architecte à Vesoul, présente un projet de remplacement de l'édicule par un fronton cintré en pierre. Ce projet et son devis sont validés par le conseil municipal le 5 juin 1898. Joseph Bouchu est désigné pour conduire les travaux le 21 août suivant. Les travaux sont réceptionnés le 3 février 1899.

Agrandissement de l'école au 20e siècle

L'augmentation du nombre d'élèves au fil des décennies a entraîné la construction de nouvelles classes au nord-ouest et au sud-ouest de l'édifice primitif.

Période(s)

Principale :

3e quart 19e siècle

Secondaire :

4e quart 19e siècle

Date(s)

1868 : daté par source

1899 : daté par source

Auteur(s) & personnalité(s)

Auteur : Édouard Lussy, architecte, attribution par source

Date de naissance : 1788 - date de décès : 1868

Élève de Charles Percier à l'École des Beaux-Arts. Architecte demeurant à Paris, 7 rue de Moscou. Auteur notamment du théâtre Saint-Marcel à Paris (1838) auquel il consacre un ouvrage publié en 1845 et d'une maison à Château-Thierry (Inventaire général du patrimoine culturel, région Picardie, IA00127961). Activité aujourd'hui relativement mal connue. Style néo-Renaissance.

Auteur : Adrien Renahy, architecte, attribution par travaux historiques

Date de naissance : 01/09/1800 - date de décès : 16/02/1882

Né à La Malachère (Haute-Saône) et issu d'une vieille famille d'agriculteurs installés à La Malachère dès 1658, il s'installe dans son village natal après ses études en tant qu’entrepreneur en bâtiment. En 1832, il s'installe comme architecte à Vesoul (Haute-Saône). De 1838 à 1853, il collabore avec Le Beuffe, puis exerce seul de 1854 à 1873. Il s'associe avec Humbert de 1873 à 1877. Il réalise un certain nombre de projets avec Collard.

Auteur : Jean Mantion, entrepreneur de maçonnerie, attribution par source

Jean Mantion est entrepreneur en maçonnerie à Coulevon.

Auteur : Charles Halley, entrepreneur de maçonnerie, attribution par source

Charles Halley est entrepreneur en maçonnerie à Scey-sur-Saône.

Auteur : Alphonse Humbaire, architecte, attribution par travaux historiques

Architecte à Vesoul, 20e siècle.

Auteur : Joseph Bouchu, entrepreneur de maçonnerie, attribution par source

Entrepreneur actif dans le secteur de Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin (70).

Auteur : Claude Duc, entrepreneur de maçonnerie, attribution par source dit Augustin

Claude (dit Augustin) Duc est entrepreneur à Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin dans les années 1880 et 1890.

Auteur : Saint-Eve Frères et Maillard-Salin, fondeur, attribution par source

Saint-Eve Frères et Maillard-Salin, fondeurs à Besançon (Doubs). Reprise en 1829 par Jean-Baptiste Saint-Eve, la fonderie est passée, à sa mort en 1842, à ses fils qui la même année s'associent avec Maillard-Salin (elle fermera au cours de la décennie 1870).

Personnalite : Roger Alexandre Jean Bauffremont (de), commanditaire, attribution par travaux historiques

Date de naissance : 29 juillet 1823 - date de décès : 23 avril 1891

Duc de Bauffremont, il est maire de Scey-sur-Saône à partir de 1860.

Auteur : Jean Garret, peintre, attribution par source

Peintre en bâtiments.

Illustrations

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Description

Le terrain, qui se situait à l'origine en contrebas de l'avenue des Pâtis, a été remblayé avant la construction de l'ensemble. Celui-ci se compose d'un bâtiment principal et de deux bâtiments secondaires donnant sur l'avenue : un ancien corps de garde (actuellement siège d'une association sportive) au sud-est et une ancienne remise des pompes à incendie (actuellement local pour les jeunes) au nord-ouest. Le mur de clôture qui fermait l'ensemble depuis la fin du 19e siècle a été en grande partie détruit, notamment en raison de la construction de nouveaux bâtiments vers le nord-ouest et vers le sud-ouest. Du côté de l'avenue, le muret surmonté d'une grille subsiste très partiellement. Sa partie centrale qui fermait la cour de réception, encore visible sur les photographies anciennes, a disparu.

Bâtiment principal

Il adopte un plan régulier en U sur la cour de réception ouverte sur l'avenue, avec un corps principal et deux ailes latérales. Il s'élève sur quatre niveaux (rez-de-chaussée surélevé, deux étages carrés, un étage de comble) et présente une élévation ordonnancée. Il est construit en moellon calcaire enduit. Les deux assises inférieures, les chaînes d'angles harpées et les encadrements des baies sont en pierre de taille. L'enduit de couleur rose en façade principale comportait à l'origine de faux joints pour créer une imitation de brique. Associé à l'ardoise de la toiture, il donne à l'édifice une allure de château francilien de la fin du 16e siècle ou du début du 17e siècle. Les trois corps sont couverts de toitures à longs pans et croupes, percées de lucarnes et ornées d'un édicule en amortissement, enfermant le cadran de l'horloge, au-dessus de la travée centrale. Cet édicule, bordé de deux volutes, est aujourd'hui couronné d'un fronton cintré. À l'origine, il l'était d'un petit temple de plan circulaire de style Renaissance. La corniche au-dessus du premier étage est décorée de modillons sur la façade principale. Toutes les baies sont couvertes d'arcs segmentaires. Les volets en bois qui fermaient à l'origine les baies des façades sur les cours de récréation ont disparu. Un corps secondaire, s'élevant sur un seul niveau niveau, est greffé sur la façade arrière dans le prolongement de l'aile nord-ouest. Il abritait à l'origine la salle d'asile, conçue comme un espace particulièrement bien éclairé grâce à sa triple exposition.
Les plans anciens rendent compte de la distribution d'origine. Au rez-de-chaussée, le vestibule d'accès est une pièce oblongue précédant la salle de la justice de paix et le local des greffiers. Il donne par ailleurs accès à son extrémité gauche à l'un des deux escaliers conduisant au premier étage. L'escalier tournant à retours avec jour central est construit en bois. Au-delà de l'escalier (et communicant avec son palier inférieur) se trouve l'école des garçons (deux classes séparées par un couloir donnant sur la cour de récréation). L'étage présente une distribution comparable ; l'antichambre et la salle du conseil municipal occupent l'essentiel du corps central. Le logement de l'instituteur, au-dessus des classes, est aujourd'hui occupé par les bureaux de la commune. Contrairement à l'école des garçons de l'aile sud-est, l'école des filles de l'aile nord-ouest ne communiquait pas avec le reste de l'édifice. La répartition des espaces était toutefois la même : classes au rez-de-chaussée et logement des institutrices à l'étage. La communication est aujourd'hui rétablie avec le corps central aussi bien au rez-de-chaussée qu'au premier étage. Le logement des institutrices est aujourd'hui occupé par les bureaux de la communauté de communes.
La salle de la justice de paix conserve une partie de son décor (plafond).

Bâtiments secondaires

Chacun des bâtiments est construit en moellon calcaire recouvert d'enduit sur une assise en pierre de taille et couvert d'un toit à longs pans et croupes en tuile mécanique. Ils s'élèvent sur un seul niveau (rez-de-chaussée). La façade sur l'avenue est percée d'une porte encadrée par deux fenêtres à encadrement en pierre de taille, chacune couverte d'un arc segmentaire. Les angles sont soulignés par des chaînes de pierre. La partie supérieure des murs est animée par une moulure horizontale et une corniche.

Murs :

calcaire
moellon
enduit

Toit :

ardoise
tuile mécanique

Plan :

plan régulier en U
plan rectangulaire régulier

Etages :

rez-de-chaussée
rez-de-chaussée surélevé
2 étages carrés
étage de comble

Elévation :

élévation ordonnancée

Escalier :

escalier dans-oeuvre escalier tournant à retours avec jour en charpente

Typologie :

baie avec arc segmentaire
maison commune

Décors :

sculpture
peinture

Source(s) documentaire(s)

Documents d’archives

Archives départementales de la Haute-Saône. 3 O 481. Édifices publics de la commune de Scey-sur-Saône. [an XII-1849].
Archives départementales de la Haute-Saône. 3 O 481. Édifices publics de la commune de Scey-sur-Saône. [an XII-1849].
Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 3 O 481
Archives départementales de la Haute-Saône. 3 O 481(1). Édifices publics de la commune de Scey-sur-Saône.
Archives départementales de la Haute-Saône. 3 O 481(1). Édifices publics de la commune de Scey-sur-Saône.
Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 3 O 481(1)
Archives départementales de la Haute-Saône. 482 E dépôt 46. Registre de délibérations du conseil municipal [1853-1867].
Archives départementales de la Haute-Saône. 482 E dépôt 46. Registre de délibérations du conseil municipal [1853-1867].
Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 482 E dépôt 46
Archives départementales de la Haute-Saône. 482 E dépôt 70. Édifices communaux, monuments et établissements publics. [an III-1896].
Archives départementales de la Haute-Saône. 482 E dépôt 70. Édifices communaux, monuments et établissements publics. [an III-1896].
Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 482 E dépôt 70

Documents figurés

Bibliographie

Bauffremont. Rapport sur la situation des écoles de garçons de Scey-sur-Saône. [1872].
Bauffremont, Roger Alexandre de. Rapport sur la situation des écoles de garçons de Scey-sur-Saône (chef-lieu de Canton). Année 1872. Paris : Impr. de Jouaust, [1872].
Lieu de conservation : Bibliothèque nationale, Paris - Cote du document : 8-LK7-16392
Boisnard, Patrick. École, mairie, justice de paix. 2005.
Boisnard, Patrick. École, mairie, justice de paix : dossier de protection au titre des Monuments historiques. 2005.
Lieu de conservation : Conservation régionale des Monuments historiques, Besançon

À voir

Informations complémentaires

Protection

inscrit MH : 2005/08/01

Thématiques :

val de Saône

Aire d’étude et canton : Val de Saône

Dénomination : école, mairie, maison commune, hôtel de ville

Parties constituantes non étudiées :

préau
cour

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