MAISON COMMUNE, JUSTICE DE PAIX, ÉCOLE ET HALLE, PUIS HABITATIONS ET MAGASINS DE COMMERCE
70 - Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin
24-26-30-32 rue Armand Paulmard
- Dossier IA70001020 réalisé en 2018
- Auteur(s) : Fabien Dufoulon
Historique
Édifice de l'Ancien Régime
L'hôtel de ville de l'Ancien Régime figure sur le Plan de la traverse de Scey-sur-Saône daté de 1781. Il est situé à l'angle de la rue du Pont (actuelle rue Armand Paulmard) et de la rue des Forges, et consiste en un édifice de plan rectangulaire disposé le long de cette dernière. L'édifice correspond très vraisemblablement aux "halles publiques" que les échevins font réparer en 1741. On apprend en effet à cette occasion que "les habitants dudit Scey n'ont d'autres endroits pour résoudre leurs affaires communes" et que "ces mêmes halles servent encore à contenir tous les peuples pour entendre la sainte messe qui [se] célèbre journellement à la chapelle Saint-Hubert dont la porte et le frontispice se trouvent vis-à-vis" (lettre du procureur fiscal Claude Vincent). Le flanc nord de l'édifice est dégagé ; c'est là que se tient le marché hebdomadaire (chaque lundi) et les quatre foires annuelles, ainsi qu'un puits public. Le plan de la traverse de 1781 prévoit la destruction totale de l'édifice et son remplacement par une nouvelle "halle" dont le rez-de-chaussée aurait été une vaste salle hypostyle de cinq travées de longueur (sur la rue du Pont) et de quatre travées de largeur (sur la rue des Forges et la rue du Four). Ce projet n'aboutit pas, et c'est donc encore dans l'ancien hôtel de ville que se rassemble la municipalité au début du 19e siècle.L'édifice (à moins qu'il s'agisse d'une construction attenante) abrite également l'école communale, y compris le logement de l'instituteur. La commune, qui a reçu l'autorisation de vendre une partie de sa réserve de bois pour effectuer les "réparations nécessaires pour prévenir la ruine de la charpente et de l'édifice" du préfet, adjuge les travaux à l'architecte et entrepreneur Marc Pambet d'après un devis en date du 2 thermidor an XI (21 juillet 1803) pour un montant de 1.623 francs. Ces réparations consistent principalement en travaux de couverture (toiture en lave), de charpenterie (plancher) et de menuiserie (portes). Par ailleurs, la salle de classe (de 5 mètres par 4,6 mètres) qui était jugée trop petite pour accueillir tous les élèves est agrandie grâce à la suppression d'une cloison permettant d'annexer un cabinet attenant.
Le 10 octobre 1817, le préfet adresse une remontrance au maire en raison du manque de décence de la justice de paix, également abritée dans l'hôtel de ville. On apprend à cette occasion que le premier étage de l'édifice est composé de deux salles séparées par une pièce plus petite. La première salle, qui donne sur la rue du Pont, sert à la fois au conseil municipal, à la justice de paix et au corps de garde, tandis que la seconde, située à l'arrière, est réservée aux joueurs de billard. La partie du rez-de-chaussée située sur la rue du Pont est enfin louée par la commune à un bourrelier.
Construction de 1831-1835
Le projet d'un nouvel édifice est présenté par l'architecte Pierre Duret le 1er mai 1831. On conserve ses plans, coupes et élévations. Le devis s'élève à 12.258 francs, non compris les honoraires de l'architecte. Les travaux commencent dès l'été 1831, mais ils sont ralentis ou interrompus à la suite d'une mésentente entre l'architecte, le charpentier Claude François Cornot et le maçon Pierre Varlet. L'architecte Charles Vincent Théodore Le Beuffe succède à Duret, vraisemblablement à la suite de la mutation de ce dernier dans le Rhône, et rectifie le projet et le devis le 14 octobre 1833. Le chantier est divisé en deux lots, correspondant à chacun des corps de bâtiment à construire. Une première adjudication des travaux a lieu le 27 octobre 1833 ; elle est remportée par Pierre Varlet pour un montant de 6.000 francs. Une seconde adjudication a lieu le 23 octobre 1834 ; elle est également remportée par Pierre Varlet pour un montant de 4.300 francs.L'ancien hôtel de ville est intégré dans le nouvel édifice de plan en U. Il en constitue l'aile sud. Le logement de l'instituteur est aménagé au premier étage de l'aile sud, celui de l'institutrice au premier étage de l'aile nord. Une salle d'audience et un cabinet des archives sont prévus au premier étage du corps antérieur, donnant sur la rue du Pont. On y accède par un grand escalier tournant. Les travaux au rez-de-chaussée, qui doit abriter les écoles, sont conduits par Jean-Baptiste Lempereur en 1835-1836. Les classes des filles sont installées dans l'aile nord ; celles des garçons, prévues dans le corps antérieur dans le projet initial de Duret, sont finalement installées dans l'aile sud. La cour intérieure, bordée par trois galeries couvertes de greniers et fermée à l'ouest par un mur, abrite les halles. Depuis la rue du Pont, on y accède par un portail et un passage cocher surmontés d'une tour qui surplombe l'ensemble de l'édifice.
En 1835, la commune commande du mobilier à Boudot, artisan à Scey-sur-Saône : une armoire pour la justice de paix, un buffet pour le secrétariat, trois tables et un cadre pour l'affichage officiel. Par ailleurs, des grilles sont prévues pour fermer les halles, l'une du côté de la rue du Pont, l'autre à l'arrière de l'édifice. Le sol des halles n'est pas pavé avant 1836.
Transformation et abandon de l'édifice
L'édifice semble rapidement avoir donné peu de satisfaction. Dès 1850, des infiltrations d'eau de pluie obligent à effectuer des travaux de réparations de la toiture de la tour. Ils sont conduits par Jean-Claude Maréchal. En 1861, l'architecte Claude François Charles Dodelier dresse un constat alarmant sur l'état des salles de classes et sur le manque d'air à l'intérieur. Le problème est accentué dans l'aile sud (classes des garçons, hautes de 2m40) où le plafond est plus bas que dans l'aile nord (classes des filles, hautes de 3m). Roger Alexandre de Bauffremont fait le même constat dans son Rapport sur la situation des écoles de garçons de Scey-sur-Saône ("Les enfants étaient agglomérés dans un rez-de-chaussée, rez terre, privé de sous-sol, de caves ; le plancher, pourri, suintait d'eau"). On y apprend que les deux salles de classes de garçons comprennent 110 élèves sur un espace restreint de 15,5 mètres de longueur et de 5 mètres de largeur. Le 12 mai et le 30 juin 1861, les travaux proposés par Dodelier sont acceptés par le conseil municipal, qui se ravise toutefois dès le 5 janvier 1862. La décision de construire un nouvel édifice à un autre emplacement est prise.Dans un arrêté en date du 20 janvier 1866, la préfet "considérant que les bâtiments où sont établis les services de justice de paix, de la mairie et de l'instruction primaire sont insuffisants et dans un état de vétusté voisin de la ruine [et] qu'ils ne pourraient être réparés utilement" autorise la commune à acquérir les terrains nécessaires à la construction d'une nouvelle maison commune. Sans plus aucune utilité, l'édifice est alors découpé et vendu à des particuliers. Le chapiteau ionique inséré dans la façade de la maison du n°15 de la rue Plançon, dans le quartier de l'église, pourrait être un fragment provenant de l'édifice.
- 2e quart 19e siècle
- 18e siècle
Date de naissance : 1753 - date de décès : 1837
Architecte de formation, c'est en tant qu’entrepreneur qu'il se fait remarquer. Il achève de 1785 à 1788 la construction de la nouvelle église de Port-sur-Saône d’après les plans d’Anatole Amoudru. A la fin de l'Ancien Régime, il conçoit de nombreuses fontaines dans la région de Vesoul. Par la suite, il développe un concept personnel des formes en imaginant, sur un espace restreint, des lavoirs courbes à bassins ovales accolés. Cette organisation a pour effet de faciliter la circulation du bétail devant l'abreuvoir et de protéger les laveuses. Son œuvre sera poursuivie par son fils, Jean-Baptiste, dit Pambet le Jeune.
Pierre Duret est conducteur principal sur le chantier du canal maritime de Suez, avant d'arriver en Haute-Saône en 1827. Il est inspecteur-voyer de l'arrondissement de Vesoul de 1829 à 1832. Il est ensuite muté dans le département du Rhône. Pendant ses années passées en Haute-Saône, il intervient sur plusieurs chantiers de fontaines-lavoirs (source de la Romaine à Fondremand, grande fontaine de Chaux-la-Lotière et grande fontaine de Rioz). Son style est inspiré du palladianisme ; ses réalisations sont caractérisées par une certaine austérité et une économie de moyens. Il a également proposé un projet pour la maison commune de Scey-sur-Saône.
Date de naissance : 14/01/1805 - date de décès : 17/11/1871
Né à Arbois (Jura), il étudie de 1827 à 1829 à l’École royale des beaux-arts et devient architecte du département de la Haute-Saône et de la ville de Vesoul. Ami d’Alexandre Dumas et de Charras, il participe avec eux à la révolution de 1830. Il réalise notamment la fontaine face à la préfecture, les abattoirs à Vesoul et aussi des fontaines à Besançon.
Entrepreneur en maçonnerie à Scey-sur-Saône, il construit notamment l'ancienne maison commune dans les années 1830.
Entrepreneur, sculpteur et tailleur de pierre établi à Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin au 19e siècle.
Description
L'édifice, construit principalement en moellon calcaire recouvert d'enduit, adopte un plan général en U. Le corps antérieur donne sur la rue Armand Paulmard, l'aile sud sur la rue des Forges et l'aile nord sur la rue des Fours. Une cour, très transformée, s'étend à l'arrière. Les trois façades sur rue s'élèvent sur trois niveaux (rez-de-chaussée, étage carré et étage en surcroît) et présentent une élévation ordonnancée. Chacun des trois corps est couvert d'un toit à longs pans et à croupe en tuile mécanique. Les angles de l'édifice sont marqués par des chaînes harpées. Les baies sont rectangulaires et surmontées de linteaux droits. Un balcon sur consoles en pierre et fer a été ajouté devant les deux travées nord de la façade sur la rue Armand Paulmard.
Le portail monumental donnant accès à la cour depuis la rue Armand Paulmard est encore en partie conservé. Le passage cocher est couvert d'un arc en plein cintre et encadré par deux pilastres d'ordre ionique, qui supportent un entablement. Les traces de rampants laissent penser qu'il était surmonté à l'origine d'un fronton triangulaire. Le portail, divisé aujourd'hui entre deux propriétaires différents, est partiellement obstrué par un mur dans lequel a été percée une porte piétonne. Une tour surmontait à l'origine ce portail. Elle présentait un second étage carré couvert d'un toit terrasse.
- calcaire
- moellon
- enduit
- tuile mécanique
- plan régulier en U
- rez-de-chaussée
- 1 étage carré
- étage en surcroît
- élévation ordonnancée
- escalier dans-oeuvre
- baie rectangulaire
- maison commune
Source(s) documentaire(s)
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Archives départementales de la Haute-Saône. B 8932. Actes extraordinaires intéressant les communes de Chassey, Ferrières, La Neuvelle et Scey-sur-Saône. [1649-1786].
Archives départementales de la Haute-Saône. B 8932. Actes extraordinaires intéressant les communes de Chassey, Ferrières, La Neuvelle et Scey-sur-Saône. [1649-1786].Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : B 8932 -
Archives départementales de la Haute-Saône. 482 E dépôt 46. Registre de délibérations du conseil municipal [1853-1867].
Archives départementales de la Haute-Saône. 482 E dépôt 46. Registre de délibérations du conseil municipal [1853-1867].Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 482 E dépôt 46 -
Archives départementales de la Haute-Saône. 482 E dépôt 70. Édifices communaux, monuments et établissements publics. [an III-1896].
Archives départementales de la Haute-Saône. 482 E dépôt 70. Édifices communaux, monuments et établissements publics. [an III-1896].Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 482 E dépôt 70 -
Archives départementales de la Haute-Saône. 3 O 481. Édifices publics de la commune de Scey-sur-Saône. [an XII-1849].
Archives départementales de la Haute-Saône. 3 O 481. Édifices publics de la commune de Scey-sur-Saône. [an XII-1849].Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 3 O 481 -
Archives départementales de la Haute-Saône. Cadastre de la commune de Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin. [1836-1954].
Archives départementales de la Haute-Saône. Cadastre de la commune de Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin. [1836-1954].
- Atlas parcellaire (1836)
- État de section (1839) : 3 P 230
- Matrices cadastrales (1839-1914) : 3 P 1593 (folio de 1 à 580), 3 P 1594 (folio 581 à 1140), 3 P 1595 (folio 1141 à 1718), 3 P 1596 (folio 1719 à 2214), 3 P 1597 (folio 2215 à 2355)
- Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1914) : 3 P 2437
- Matrice cadastrale dite "noire" des propriétés bâties (1911-1954) : 3 P 4650
- Matrices cadastrales dites "noires" des propriétés non bâties (1914-1954) : 3 P 4645 , 3 P 4646 (folio 1 à 600), 3 P 4647 (folio 601 à 1200), 3 P 4648 (folio 1201 à 1798), 3 P 4649 (folio 1793à 1924)Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul
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Plan de la traverse de Scey-sur-Saône dit le Bourg, grande route de Besançon à Nancy, levé à l'occasion du redressement projeté entre Scey-l'Église et le pont de Scey-le-Bourg. 10 février 1781.
Plan de la traverse de Scey-sur-Saône dit le Bourg, grande route de Besançon à Nancy, levé à l'occasion du redressement projeté entre Scey-l'Église et le pont de Scey-le-Bourg / Lingée. 10 février 1781. Dessin. Approuvé [...] par l'intendant du comté de Bourgogne à Besançon le 28 septembre 1788. In : Archives départementales de la Haute-Saône. C 576.Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : C 576 -
Projet des travaux à faire pour la construction d'une maison destinée à l'établissement de l'école des filles et pour la reconstruction des halles. [plans du rez-de-chaussée et de l'étage, coupes]. [1831].
Projet des travaux à faire pour la construction d'une maison destinée à l'établissement de l'école des filles et pour la reconstruction des halles. [plans du rez-de-chaussée et de l'étage, coupes] / Duret. [1831]. In : Archives départementales de la Haute-Saône. 482 E dépôt 70. Édifices communaux, monuments et établissements publics. [an III-1896].Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 482 E dépôt 70 -
Élévation principale de la maison commune de Scey-sur-Saône. Coupe. Plan général [du rez-de-chaussée]. [1831].
Élévation principale de la maison commune de Scey-sur-Saône. Coupe. Plan général [du rez-de-chaussée] / Duret. [1831]. In : Archives départementales de la Haute-Saône. 482 E dépôt 70. Édifices communaux, monuments et établissements publics (an III-1896).Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 482 E dépôt 70 -
Détails de la maison commune de Scey-sur-Saône. Coupe. Plan général du premier étage. [1831].
Détails de la maison commune de Scey-sur-Saône. Coupe. Plan général du premier étage / Duret. [1831]. In : Archives départementales de la Haute-Saône. 482 E dépôt 70. Édifices communaux, monuments et établissements publics. [an III-1896].Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 482 E dépôt 70 -
Maison d'école de Scey-sur-Saône. [Plan du rez-de-chaussée et de l'étage, et élévation]. [1864].
Maison d'école de Scey-sur-Saône. [Plan du rez-de-chaussée et de l'étage, et élévation] / [s.n.]. [1864]. In : Archives départementales de la Haute-Saône. 194 T 430. Plans d'écoles réalisés par les instituteurs [1864, 1888].Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 194 T 430
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Bauffremont. Rapport sur la situation des écoles de garçons de Scey-sur-Saône. [1872].
Bauffremont, Roger Alexandre de. Rapport sur la situation des écoles de garçons de Scey-sur-Saône (chef-lieu de Canton). Année 1872. Paris : Impr. de Jouaust, [1872].Lieu de conservation : Bibliothèque nationale, Paris - Cote du document : 8-LK7-16392 -
Dinant, Georges. Découverte du petit patrimoine architectural de Scey-sur-Saône. 2016.
Dinant, Georges. Découverte du petit patrimoine architectural de Scey-sur-Saône. [Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin] : Georges Dinant, 2016.
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Informations complémentaires
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