IMMEUBLE, ATELIER D'OUTILLAGE ET FONDERIE D'ABEL FEUVRIER, PUIS ATELIERS D'OUTILLAGE DE CAMILLE PUIS GABRIEL GARNACHE-CHIQUET ET D'AGILE PUIS ANDRÉ ET RAYMOND BONNET
25 - Les Gras
- Dossier IA25001598 réalisé en 2016
- Auteur(s) : Laurent Poupard
Historique
La maison appartient en 1822 à Marie Françoise Balanche, veuve du paysan chaudronnier Claude François Garnache-Chiquet (1782-1843). C'est peut-être une cuivrerie (l' "une des plus anciennes du Haut-Doubs", qui aurait fabriqué les tôles utilisées pour le clocher de l'église du village). Elle passe vers 1855 à la famille Bertin-Mourot : à Félix (1814-1858), ouvrier en cuivre et menuisier, à sa veuve Marie Joséphine Moyse puis à leur fils Louis Aubin (1856-1893). Abel Feuvrier (1867-1949), tourneur sur métaux, en devient propriétaire vers 1894-1895. Petit-fils de forgeron, il est le fils d'Aubin Feuvrier (1830-1910), également tourneur sur métaux, qui fabriquait dans le troisième quart du 19e siècle des "tours de lapidaire, tours aux vis, tours 3 pinces rouleaux, tours à l’archet, lapidaires", etc. Abel semble aussitôt agrandir le bâtiment puis le reconstruire (?) vers 1897. C’est alors un immeuble, abritant aussi des douaniers à l'étage de soubassement (leurs appartements seront ensuite transformés en garages). Vers 1900, il fait bâtir de l’autre côté de la rue un nouveau bâtiment (n° 22) à usage de fonderie (de cuivre, bronze, nickel et fonte mécanique) et de logement. Il fabrique des machines à arrondir, des tours universels, des tours à pivoter Jacot, des outils à planter, des perce-droit, des coupe-verres à molette, des fraises (avec ou sans guide), etc. Il édite en 1926 un tarif commun avec Georges Faivre, autre spécialiste des machines à arrondir, et emploie au moins cinq personnes en 1930. Après son décès, les bâtiments sont repris par deux de ses gendres : l’immeuble par le fabricant d’outils d’horlogerie Camille Garnache-Chiquet, la fonderie par Agile Bonnet (ses autres gendres sont Joseph Chopard-Lallier, associé d'Ernest Ruffion, et Henri Demangeon, mécanicien à Paris). Camille Garnache-Chiquet (1894-1960) avait fait bâtir en 1935 un atelier dans le prolongement de l’immeuble, décidant de ne pas suivre ses frères Marcel et Roger lorsque ces derniers avaient transféré leur fabrique d’outillage à Arbois. Il y fabrique, avec sa femme Alia et ses enfants (Raymonde, Régine et Gabriel), des tournevis à manches en bois, des tournevis d'horloger, des pinces à morille, etc. Gabriel (né en 1927) prend sa suite et se spécialise dans les tournevis. Il cesse toutefois son activité à la fin des années 1960 et part travailler à la FEG (Furia et Gancel, occupant l'ancienne fabrique de mandrins de la société Les Fils de V. Amyot, rue du Moulin). Il vend alors son équipement (marteau-pilon, etc.) et, depuis, le bâtiment n'abrite plus d'activité productive. Pour sa part, Agile Bonnet (1893-1953), marié à Henriette Feuvrier et repreneur de la fonderie, produit en famille et avec une ou deux personnes des coupe-verres, des bouterolles et des dés à emboutir, etc. Equipé de grosses machines à polir, l'atelier est au rez-de-chaussée. Ses fils André (1922-2002), gendre de René Voynnet (au 8 rue les Saules), et Raymond prennent sa suite. Ils font construire un garage en 1958. L'entreprise ferme vers 1982 et le bâtiment est ensuite converti en immeuble.
Période(s)
Principale :
- 4e quart 19e siècle
- 1er quart 20e siècle
- 2e quart 20e siècle
Description
Les bâtiments ont des murs de moellons calcaires enduits (avec des briques pour l'atelier ?) et sont coiffés de toits à longs pans, pignons couverts et tuiles mécaniques (sauf l'atelier, qui a un toit à un pan). L'immeuble comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé (accessible par un escalier extérieur droit), un étage carré et un comble à surcroît, desservis par un escalier dans-oeuvre droit en béton. L'atelier a un étage de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé, et l'ancienne fonderie compte un étage carré et un étage en surcroît (avec escalier dans-oeuvre droit en béton). Les ateliers de fabrication étaient éclairés par des fenêtres horlogères et des fenêtres multiples (en arc surbaissé côté fonderie).
Murs :
- calcaire
- moellon
- enduit
Toit :
- tuile mécanique
Etages :
- étage de soubassement
- rez-de-chaussée surélevé
- 1 étage carré
- comble à surcroît
Elévation :
- élévation à travées
Escalier :
- escalier dans-oeuvre, escalier droit, en maçonnerie
- escalier de distribution extérieur, escalier droit, en maçonnerie
Typologie :
- baie horlogère
- baie multiple
Energie utilisée :
- énergie électrique achetée
Source(s) documentaire(s)
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3 P 298 Cadastre de la commune des Gras, 1814-1967
3 P 298 Cadastre de la commune des Gras, 1814-1967
- 3 P 298 : Atlas parcellaire (11 feuilles), dessin (plume, lavis), par les géomètres du cadastre Vergne et Garcin, 1816
- 3 P 298/1 : Registre des états de sections (1816-1818)
- 3 P 298/2, 5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1822-1875
- 3 P 298/3-4 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1876-1914
- 3 P 298/6 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910
- 3 P 298/7 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1914-1967
- 3 P 298/8 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1967Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 298 -
Publicité pour Abel Feuvrier, 1902
Publicité pour Abel Feuvrier, 1902. Publiée dans : Annuaire suisse Chapalay et Mottier. Edition spéciale. Spécial pour : Horlogerie, bijouterie, pièces à musique et toutes professions qui s'y rattachent. 1902. - Genève : Annuaire du Commerce Chapalay et Mottier, 1902.Lieu de conservation : Collection particulière : Jean-Claude Vuez, Villers-le-Lac -
Fabrique d'outils d'horlogerie en tous genres. Spécialité de machines à arrondir. Abel Feuvrier, aux Gras (Doubs). Prix courant, 1er quart 20e siècle
Fabrique d'outils d'horlogerie en tous genres. Spécialité de machines à arrondir. Abel Feuvrier, aux Gras (Doubs). Prix courant, s.d. [1er quart 20e siècle]Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Leiser, Morteau -
Artisans des Gras. Fabricants d’outils d’horlogerie. 1855-1862, 20e siècle
Artisans des Gras. Fabricants d’outils d’horlogerie. 1855-1862. - S.d. [20e siècle]. 6 f. Liste manuscrite établie "d'après un livre de compte semblant appartenir à Cressier Philippe, fondeur au Dessus de la Fin" et complétée par les noms d'artisans et négociants de Grand'Combe-Châteleu et de la Suisse proche.Lieu de conservation : Collection particulière : Elisabeth Bonnet, Les Gras
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368 - Les Gras - Le bas du village, 1er quart 20e siècle [avant 1909]
368 - Les Gras - Le bas du village, carte postale, s.n., [1er quart 20e siècle, avant 1909]. Porte la date 22 septembre 1909 (tampon) au recto.Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces -
Le Doubs pittoresque. 108 - Les Gras - Le calvaire et l'entrée du village, 1er quart 20e siècle [avant 1916]
Le Doubs pittoresque. 108 - Les Gras - Le calvaire et l'entrée du village, carte postale, s.n., [1er quart 20e siècle, avant 1916]. Porte les dates 30 (manuscrite) et 31 (tampon) août 1916 au verso.Lieu de conservation : Collection particulière : Elisabeth Bonnet, Les Gras -
Sites pittoresques de Franche-Comté. Les Gras (Doubs) - Le bas du village, 1er quart 20e siècle [entre 1913 et 1919]
Sites pittoresques de Franche-Comté. Les Gras (Doubs) - Le bas du village, carte postale, s.n., [1er quart 20e siècle, entre 1913 et 1919], C. Lardier éd. à Besançon. Porte la date 3 mars 1919 (manuscrite) au verso.Lieu de conservation : Collection particulière : Elisabeth Bonnet, Les Gras -
Abel Feuvrier avec sa famille, son personnel et ses productions en 1930
Abel Feuvrier avec sa famille, son personnel et ses productions en 1930, photographie imprimée, s.n. Publiée dans : Belmont, Henry-Louis. La montre : méthodes & outillages de fabrication du XVIe au 19e siècle [...], 1991, p. 178. -
Paysages du Haut-Doubs - Les Gras [vue d'ensemble du village depuis l'est], 2e quart 20e siècle
Paysages du Haut-Doubs - Les Gras [vue d'ensemble du village depuis l'est], photographie, par Stainacre (à Pontarlier), s.d. [2e quart 20e siècle]Lieu de conservation : Collection particulière : Elisabeth Bonnet, Les Gras -
[Le bas du village des Gras, vu depuis l'est], 23 octobre 1950
[Le bas du village des Gras, vu depuis l'est], photographie, s.n., 23 octobre 1950 (date portée au crayon au verso).Lieu de conservation : Collection particulière : Elisabeth Bonnet, Les Gras
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Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques
Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
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Belmont, Henry-Louis. La montre : méthodes & outillages de fabrication du XVIe au XIXe siècle : de la naissance de la montre à la période proto-industrielle, 1991
Belmont, Henry-Louis. La montre : méthodes & outillages de fabrication du XVIe au 19e siècle : de la naissance de la montre à la période proto-industrielle. - Besançon : Cêtre, 1991. 199 p. : ill. ; 28 cm -
Laithier, René. Fabricants d’outils pour horlogers bijoutiers de la commune des Gras. Les artisans de la fin du 19e à la fin du 20e siècle, 1990
Laithier, René. Fabricants d’outils pour horlogers bijoutiers de la commune des Gras. Les artisans de la fin du 19e à la fin du 20e siècle. - 1990. 4 f. dactyl. Porte la mention : "Liste non exhaustive établie en 1990, par René Laithier, les Epaisses, Les Gras".Lieu de conservation : Collection particulière : Rémy Cerf, Les Gras -
Vuillet, Bernard. Le val de Morteau et les Brenets en 1900, 1978
Vuillet, Bernard. Le val de Morteau et les Brenets en 1900, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1978. 294 p. : cartes postales ; 31 cm.
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Aux environs de Morteau. - Le village des Gras, 4e quart 19e siècle.
Aux environs de Morteau. - Le village des Gras, carte postale, s.n., [4e quart 19e siècle], Ch. Pierre éd. à Morteau. Porte la date 1901 (tampon) au verso.Lieu de conservation : Collection particulière : Elisabeth Bonnet, Les Gras -
Bonnet Nelly (témoignage oral)
Bonnet Nelly, épouse d'André Bonnet et fille de René Voynnet. Les Gras -
Cerf Rémy (témoignage oral)
Cerf Rémy, neveu de Gabriel Garnache-Chiquet. Les Gras -
Garnache-Barthod Noël et Anne-Marie (témoignage oral)
Garnache-Barthod Noël et Anne-Marie, anciens propriétaires de la fabrique d'outils Garnache Outils. Les Gras -
Petitjean Guy (témoignage oral)
Petitjean Guy, ancien propriétaire de la maison Georges Vernier, commerce de fournitures et outils d'horlogerie. Les Gras -
Tisserand Roger (témoignage oral)
Tisserand Roger, fils d'Arsène Tisserand, ancien agriculteur. Les Gras
À voir
Informations complémentaires
D’après le témoignage de son neveu Rémy Cerf (14 septembre 2016)
La fabrication se répartit entre l’atelier et l’immeuble : forge et trempe à l’étage de soubassement de l’atelier, montage au rez-de-chaussée surélevé, vernissage et emballage au rez-de chaussée surélevé de l’immeuble à gauche en entrant, stockage des manches sur la droite. Les machines de l’atelier sont mues par un moteur électrique avec transmission par courroies.
La lame traversante est forgée à la main puis cette opération s’effectuera avec un marteau-pilon. Le bout est meulé puis elle passe à la trempe. Elle est décapée au tonneau puis polie sur une machine à bande (un « tank »).
Le manche, à l’origine fabriqué dans la commune, est à la fin acheté dans le Jura. Il est rainuré longitudinalement à la machine si besoin puis poli au tonneau. Il est ensuite peint (en rouge ou en noir) ou vernis, au trempé. Il reçoit sa virole puis est percé à l’aide d’un tour à perche.
Le manche est chassé sur la lame et une plaquette en métal est soudée à l’extrémité de la tige de cette dernière (soudage électrique). Cette plaquette est polie avant le chassage définitif du manche. Virole, manche et lame sont alors percés à l’aide d’une perceuse à colonne afin de mettre en place une goupille, rivée ensuite.
La lame est graissée et les tournevis sont emballés tête-bêche par 50 (et non par douzaines).
Gabriel Garnache-Chiquet fabrique aussi des tournevis d’horloger et d’électricien à manche en plastique (acheté à un fournisseur). Pour ceux dont la lame ne dépasse pas, la fixation est assurée par deux ailettes formées sur la tige.
Les tournevis sont livrés sans marque de fabrique.
Thématiques :
- patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton :
Pays horloger (le)
Complément de localisation :
- anciennement région de Franche-Comté
Dénomination :
immeuble, atelier, fonderie
Parties constituantes non étudiées :
- atelier de fabrication
- logement
- garage
- jardin potager
- © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine