HAUT FOURNEAU, PUIS USINE MÉTALLURGIQUE DE LA COMPAGNIE DES FORGES D’AUDINCOURT, PUIS FONDERIE
25 - Pont-de-Roide
rue de Montbéliard
- Dossier IA25001048 réalisé en 2012 revu en 2013
- Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Historique
En 1789, Pierre François et Jean Louis Bouchot, maîtres de forges à l’Isle-sur-le-Doubs, obtiennent le bail de l’usine métallurgique de Bourguignon (IA25001047). Ils la complètent par un haut fourneau, vraisemblablement mis en service en 1792, construit 1 km plus au sud sur le territoire communal de Pont-de-Roide. Établi sur une dérivation du ruisseau de la Ranceuse (affluent du Doubs), le haut fourneau alimente en fonte les forges de Bourguignon, mais fonctionne difficilement jusqu’en 1795 par manque de minerai de fer et d’ouvriers. Le bail est rompu en 1798, et Jean François Rochet devient fermier des deux sites métallurgiques. En 1799, il les acquiert au titre des Biens nationaux, dans un ensemble comprenant les forges d’Audincourt (IA00014830) et de Chagey (IA70000090).
Ces usines sont vendues en 1808 (ou 1809) à la société en nom collectif Saglio, Humann et Gast, qui prend pour nom Société anonyme des Forges d’Audincourt en 1824. En 1820, la haut fourneau emploie 18 000 quintaux métriques de minerai et consomme 26 000 quintaux métriques de charbon, ainsi que 11 à 12 0000 quintaux métriques de houille en provenance de Ronchamp et Champagney. Il semble qu’une fonderie de seconde fusion soit établie vers 1825 dans le bâtiment abritant le haut fourneau. En 1835, l’usine est pourvue d’un four à réverbère et d’un four à manche pour la coulée de seconde fusion (fabrication de cylindres de laminoirs). En 1839, le haut fourneau est doté d’un "équipement de soufflage à air chaud", actionné par une roue hydraulique verticale. L’arrêté préfectoral du 23 juillet 1856 autorise l’utilisation d’une machine à vapeur auxiliaire de 16 chevaux. Un magasin pour modèles est bâti en 1856, et le bâtiment abritant le haut fourneau est agrandi l’année suivante. En 1858, la Société des Forges d’Audincourt demande l’autorisation d’établir une deuxième chaudière et une deuxième machine à vapeur de 8 chevaux, destinées à actionner les machines de l’atelier des tours, ouvert en 1856 (tournage des cylindres de laminoirs). A cette date, une turbine hydraulique met en jeu le ventilateur du cubilot de la fonderie. En 1858, lorsque la société demande l’autorisation légale de maintenir en activité son usine de Pont-de-Roide, elle en précise la "consistance" et mentionne, outre le haut fourneau, une fonderie de fonte (deux cubilots et un four à réverbère) et une fonderie de cuivre (un four à réverbère). Le décret du 18 mars 1865 réglementant les ouvrages hydrauliques de l’usine mentionne les puissances de la roue hydraulique (16 ch) et de la turbine (6 ch), laquelle actionne le ventilateur de deux cubilots. Le bocard, équipement technique permettant le concassage du minerai de fer mais ne figurant pas sur le plan cadastral de 1837, est construit avant 1858. En 1865, il sert "à préparer les matières triturées destinées au travail des mouleurs" et est donc dédié à la marche de la fonderie. A cette date, l’établissement métallurgique consomme annuellement 6723 hl de minerai de fer, 115 000 hl de charbon, 282 000 hl de houille et 65 000 hl de coke. Il produit 600 000 hl de fonte (en sapots et bocages), dont 446 000 hl sont convertis à la fonderie de seconde fusion en pièces moulées, ainsi que 4795 hl de pièces en cuivre.
A l’arrêt du haut fourneau en 1873, l’usine se tourne exclusivement vers la fonderie de seconde fusion (cuivre et fer) avec trois cubilots et deux fours à réverbère, mais maintient son atelier de tournage des cylindres. Un atelier de fabrication de limes est attesté entre 1883 et à la charnière des 19e et 20e siècles. Selon la matrice cadastrale, l’atelier principal bénéficie en 1886 d’une "surélévation reconnue" (agrandissement ?) et une remise est bâtie la même année, vraisemblablement pour développer l’activité de la fonderie. A cette date, l'usine emploie 70 hommes, quatre femmes, cinq filles mineures et 18 enfants. En 1909, l’effectif est de 60 personnes et la production annuelle, destinée à l’usine d’Audincourt et aux particuliers, atteint 600 tonnes. En 1926, l’appareil de production ne compte plus que deux cubilots, actionnés par une machine à vapeur et deux turbines de 10 et 19 ch. Le bocard est démoli cette même année. Un casse-fonte (système de "chèvre" destiné à briser les pièces de fonte pour alimenter les cubilots) est attesté sur un plan de 1927.
La fonderie, communément appelée usine du Fourneau, a fermé ses portes en 1959. Elle employait alors une vingtaine de personnes. Les bâtiments ont été rasés, mais une partie du matériel (cubilot, grue à potence en bois et divers accessoires : lampes à huile, soufflets de mouleurs, fouloirs à main, spatules) a été déposée au musée du Fer de Jarville (57). Le terrain est aujourd’hui occupé par un collège construit en 1993-1994.
- 4e quart 18e siècle
- 3e quart 19e siècle
- 4e quart 19e siècle
Description
- énergie hydraulique produite sur place
- énergie thermique produite sur place
Source(s) documentaire(s)
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F 14/4346 Usines métallurgiques. Maintenue en activité de l'usine par la Compagnie des forges d'Audincourt. Dossier 30 (1837-1865)
Archives nationales, Paris : F 14/4346 Usines métallurgiques. Maintenue en activité de l'usine par la Compagnie des forges d'Audincourt. Dossier 30 (1837-1865)Lieu de conservation : Archives nationales, Paris - Cote du document : F 14/4346 -
M 1653 Etablissements classés (1927)
Archives départementales du Doubs, Besançon, M 1653 Etablissements classés (1927)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 1653 -
M 2371 Enquêtes sur les industries principales (1883)
Archives départementales du Doubs, Besançon : M 2371 Enquêtes sur les industries principales (1883)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2371 -
M 3038 Travail et main d’œuvre (1912)
Archives départementales du Doubs, Besançon, M 3038 Travail et main d’œuvre (1912)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 3038 -
M 3044 Travail et main d’œuvre (1926)
Archives départementales du Doubs, Besançon, M 3044 Travail et main d’œuvre (1926)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 3044 -
3 P 464/1 Registre des états de section (1837)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P4641 Registre des états de section (1837)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 464/1 -
3 P 464/2-3 Matrice des propriétés foncières bâties et non bâties XIXe siècle
Matrice des propriétés foncières bâties et non bâties 19e siècleLieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 464/2-3 -
3 P 464/4 Matrice des propriétés bâties (1882-1910)
Matrice des propriétés bâties (1882-1910)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 464/4 -
3 P 464/6 Matrice des propriétés bâties (1911-1956)
Matrice des propriétés bâties (1911-1956)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 464/6 -
Sp 1245 Police des cours d’eau. Usines (1851-1862)
Police des cours d’eau. Usines (1851-1862)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 1245 -
Sp 1273 Règlements d'eau, affaires liées aux usines (1851–1866)
Règlements d'eau, affaires liées aux usines (1851–1866)
Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 1273 -
428 S 5 Usines métallurgiques (1856-1865)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 428 S 5 Usines métallurgiques (1856-1865)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 428 S 5
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Annuaire du Doubs, 1821.
Annuaire statistique et historique du département du Doubs pour l'année 1821. - Besançon : Impr. Veuve Daclin, 1822. -
Baudouin, Gilbert. Un ensemble d’implantations industrielles : Pont-de-Roide (1789-1850), 1982.
Baudouin, Gilbert. Un ensemble d’implantations industrielles : Pont-de-Roide (1789-1850). Bulletin de la Société d'émulation de Montbéliard, n° 105 (1982). -
Bourin, F. Cie des Forges d’Audincourt et dépendances. 1909.
Bourin, F. Cie des Forges d’Audincourt et dépendances - Notice historique rédigée par ordre du Conseil d’administration, 1909.Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 8 J 11
À voir
Informations complémentaires
- patrimoine industriel du Doubs
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