FONTAINE-ABREUVOIR DITE DE CÉRÈS

La fontaine, toujours désignée dans les sources comme la fontaine Beljeux (l'ancien nom de la rue de la Libération), est probablement très ancienne. Elle est mentionnée en 1751 dans les archives du conseil municipal comme une fontaine déjà existante (292 E dépôt 15). Sur le cadastre napoléonien de 1820 et le plan d'alignement de 1839, elle figure sous la forme d'un bassin circulaire à son emplacement actuel. Elle est fréquemment réparée, mais en 1841, son bassin est jugé en mauvais état (non étanche et pavés inégaux), de même que son adduction en eau. Des recherches fructueuses de sources sont menées en 1848. Elles aboutissent à la construction d'un nouveau bassin en 1849, sur les plans, acceptés le 10 mai par le conseil municipal, de l'architecte Camille Jasseron pour la somme de 1 453,22 francs. L'entrepreneur est Augustin Henriot, de Senoncourt (archives conservées à l'hôtel de ville). L'imposant diamètre de pierre tient au fait qu'il s'agit de l'un des principaux abreuvoirs de la ville. Tant le bassin que la borne-fontaine en pierre actuels doivent dater de cette époque. La même année, au mois de septembre, le conseil municipal décide d'y installer une statue de Marianne (292 E dépôt 178). Le déplacement de la statue en 1852, dès le début du Second Empire, laisse la borne-fontaine sans ornement. En 1862, des travaux sont engagés pour améliorer l'alimentation de la fontaine, sous la direction de Jean-Baptiste Martin (3 O 302-1). Lorsque le conseil municipal décide de moderniser l'alimentation en eau de la ville, il est dans un premier temps question de déplacer la fontaine à l'autre bout de la rue du Parlement, ce qui n'a pas lieu. Le conseil municipal se décide alors de laisser la fontaine où elle se trouve et d'installer au-dessus de la borne-fontaine, sur les avis de l'architecte Charles Dodelier, une statue issue des production de la fonderie Ducel à Paris (3 O 302-1). Il s'agit d'une allégorie de l'Été ou de l'Agriculture. Bien qu'il s'agisse d'un jeune homme, elle est localement appelée Cérès. La confusion est peut-être volontaire dès l'origine car, selon Édouard Boeglin, le conseil municipal républicain aurait désiré acquérir une sculpture rappelant les allégories de Marianne de l'époque de la Seconde République, et notamment le type dit de Cérès. Elle a cependant été conçue comme une allégorie de l'Été par son auteur, le sculpteur Mathurin Moreau, qui travailla activement pour les fonderies Ducel puis du Val d'Osne. La sculpture doit être mise en place en même temps que les autres de la ville, en 1869-1872. Le même modèle orne d'autres fontaines comtoises, comme en Haute-Saône, à Maizières ou à Breuches-lès-Luxeuil (1846).