RUES GAMBETTA ET CHARLES-BONTEMPS, ANCIENNEMENT GRANDE-RUE.

Les rues Léon Gambetta et Charles Bontemps forment l'ancienne Grande-Rue de Jussey, l'axe principal de circulation de la ville basse, sans doute depuis le milieu du Moyen Âge. Deux portes disparues aujourd'hui en autorisaient l'accès : la porte Haute, située devant l'actuel cimetière, et la porte Basse, située dans la rue Gambetta, peu avant l'avenue de la gare. Au moins trois maisons (voire quatre peu avant la Révolution française) montrent qu'au 16e siècle vraisemblablement, des notables s'étaient établis dans la partie haute de la rue et exposaient leur réussite sociale par des maisons aux façades de pierre et à tours d'escalier en saillie sur la rue. Quelques fermes à deux niveaux se situent en haut de la rue Bontemps, au-delà des remparts médiévaux disparus. Après 1678 et le traité de Nimègue, des travaux de modernisation des voies sont entrepris, semble-t-il de manière sporadique. Ainsi, la fontaine de la croix, qui est située sur la chaussée, doit être déplacée sur le côté en 1737. Sous le règne de Louis XVI, la Grande-Rue devient une partie de la grande route de Besançon à Nancy et c'est probablement autour de 1774 qu'un plan d'alignement est défini, selon lequel la largeur de la chaussée est établie à 38 pieds environ, soit 12 m. Cette largeur condamne à la démolition les façades des maisons qui dépassent. Au total, les ambitieux travaux d'élargissement prévus n'ont pas été menés à bien, sauf pour les cas les plus problématiques. Par exemple, une maison située au milieu de la route, à l'entrée de Jussey dans la rue Bontemps, est achetée par la Ville en 1774 pour être démolie. D'ailleurs, le plan du cadastre de 1820 et le plan d'alignement établi en 1839 et validé en 1842 ne montrent pas d'évolutions significatives. Ainsi, dans la rue Bontemps, une seule maison paraît avoir vu son alignement rectifié dans la seconde moitié du 19e siècle. À l'inverse, un alignement a lieu dans la rue Gambetta à partir de 1867 sur plusieurs numéros, puisque la Ville vend à des particuliers des portions de l'espace public devant les parcelles F 54 à 61 (n° 60 à 70 de la rue), sous condition de résorber les retraits des façades, ce qui a été réalisé (4 O 292-2). Les n° 58 et 60 de la rue Gambetta construits alors respectent un même schéma : deux étages de fenêtres régulières et un demi-étage. Ce parti récurrent dans l'ancienne Grande-Rue paraît constituer un marqueur du milieu du 19e siècle, qui développe dans certaines demeures le demi-étage en un étage attique avec œils-de-bœuf (n° 24 de la rue Bontemps). Il ne semble pas que ces modifications aient beaucoup changé la composition sociale de la rue, qui va rester jusqu'au milieu du 20e siècle un lieu d'implantation du commerce et des demeures de qualité, avec la rue de l'hôtel de ville. Au 20e siècle, une partie de la rue, à partir de l'église et dans la partie haute, prend le nom de Charles Bontemps, maire de Jussey de 1878 à 1903, mais aussi conseiller général et député de la Haute-Saône, puis sénateur.