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FERME DITE "D'ANTOINE DESPIERRES" (LES BOUFFIERS)

71 - Prizy

Les Bouffiers

  • Dossier IA71003546 réalisé en 2018
  • Auteur(s) : Aurélien Michel, Philippe Mairot, Raphaël Favereaux
maison © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


La ferme appartient au début du XVIIIe siècle à François Desforges (1678-1723), marchand et bourgeois de Saint-Julien-de-Civry, qui loue les terres et les bâtiments à un granger. Sa veuve, Marie Desclaux (vers 1673-1743) se remarie le 24 septembre 1733 avec Antoine Despierres, Ier du nom, lui-même veuf depuis 1727, qui habite une autre ferme du hameau et à qui elle transmet la propriété. La famille Despierres s’y installe et occupe les lieux jusqu’en 1864, date à laquelle le domaine est vendu par les petits-enfants d’Antoine Despierres (1766-1848), IVe du nom, à Claude Labrosse (1833-1897), emboucheur, natif d’Ouroux-sous-le-Bois-Sainte-Marie. Ses descendants vont poursuivre l'exploitation du domaine, avant de revendre les bâtiments au milieu des années 1990 aux propriétaires actuels qui n’ont, eux, plus de lien avec l’activité agricole.
Quelques archives fournissent des éléments attestant de l’activité d’embouche dans cette ferme au XIXe siècle. La description qui en est donnée dans l’inventaire après décès de François Despierres, du 30 juin 1840, permet de constater que les relations familiales étaient interconnectées avec la gestion des affaires. François avait repris en 1819 la gestion de l’exploitation, pour le compte de son frère aîné, Antoine, IVe du nom, domicilié à Saint-Didier-en-Brionnais, qui avait reçu le domaine à titre de dot en 1785 (dans son contrat de mariage avec Pierrette Brancion – Cote 3E 24451, arch. dép. 71). Par ailleurs, François travaille « en société » avec un autre de ses frères, Laurent (1775-1825), puis avec la veuve de ce dernier et leur fils aîné Etienne (1812-1877). La ferme présente une activité d’embouche (mention de 2 bœufs « qu’on engraisse » à l’étable et 4 bœufs et 5 vaches « mis aux pâturages pour être engraisser »(sic) et d’élevage (mention de 2 taureaux reproducteurs, 3 vaches, 2 génisses et 5 veaux), mais possède encore des cultures (mention de 6 bœufs de trait, de 10 hectolitres de froment, 1,4 hectolitre de fèves et 2 hectolitres d’avoine dans le grenier de la maison, ainsi que de 12 hectolitres de vin « de différentes récoltes, du produit de Prizy et Amanzé » dans la cave). Le domaine d’une superficie de 44,3 ha est toutefois couvert majoritairement de prés (53 % contre 31,5 % pour les terres, 5,3 % pour les bois et 2,9 % pour les vignes). Il comprend notamment deux grands prés de plus de 5 ha (les prés dit « mal-carré » et « de fontbon »).
La maison a été édifiée en deux phases. La partie primitive était vraisemblablement déjà existante au moment du mariage entre Antoine Despierres, Ier du nom, et Marie Desclaux. Sa construction n’est pas datée, mais le bel escalier qu’elle abrite, construit en pierres bouchardées à ciselures relevées, atteste d’une réalisation de l’époque moderne, probablement la seconde moitié du XVIIe siècle. La maison était par ailleurs déjà existante en 1691, date à laquelle a été construite l’habitation voisine (celle des Mommessin), qui prend appui contre elle. Un agrandissement, d’abord prévu en direction du nord-ouest comme en témoigne les pierres d’attente à un angle du bâtiment, a finalement été réalisé à l’est. Au regard du style des ouvertures (linteau en cintre surbaissé), cette extension date probablement du deuxième quart du XVIIIe siècle. Les baies de la partie ancienne ont été refaites à cette époque pour harmoniser l’aspect général du bâtiment. Au dernier niveau de la façade, les maîtres d’œuvres par manque de place ont d’ailleurs été obligé de placer les linteaux des nouvelles fenêtres directement en contact avec les pièces de la charpente (chevrons). La distribution intérieure du bâtiment comprenait deux chambres, une grande cuisine, un vestibule et une bassie au rez-de-chaussée, ainsi que trois chambres au premier étage et deux petits cabinets en entresol. De nouvelles divisions intérieures ont été réalisées par la suite, pour des raisons liées au confort moderne. En revanche, à l’exception de deux petites fenêtres ajoutées récemment, l’aspect extérieur de la bâtisse a peu changé.
La grange - abritant deux écuries et une remise - a été édifiée au cours du XVIIIe siècle en lieu et place un précédent bâtiment, mentionné dans le terrier de 1708 et ne possédant qu’une seule étable. La quasi-totalité des ouvertures du bâtiment ont été reprises au XXe siècle en briques et parpaings. L’appentis abritant les soues à cochons est un ajout du XIXe siècle, postérieur au plan cadastral de 1823. L’ancien fournil, au fond du jardin, est également une construction du XIXe siècle et a succédé à un précédent bâtiment, qui était plus proche de la maison, comme l'atteste le plan de 1823. L’ancien cuvage, qui abritait également le pressoir, et le pigeonnier sont du XVIIIe siècle et n’ont pas subi de transformations majeures. La construction de ces derniers bâtiments, ainsi que celle de la grange et de l'extension de la maison, peut être attribuée à Antoine Despierres, Ier du nom.
Période(s)
Principale :
  • 4e quart 17e siècle
  • 2e quart 18e siècle

Description


Cette ferme, la première du hameau, est constituée de plusieurs bâtiments de part et d’autre de la route allant du bourg de Prizy à l'Argolay. La maison s’élève sur un rez-de-chaussée et un étage carré. La partie nord de l’édifice abrite un escalier rampe-sur-rampe, qui donne également accès à deux petites pièces en entresol. Le bâtiment est construit en moellons de calcaire et enduit. Seules les pierres d'encadrement des baies et les chaînes d'angles sont apparentes. Le toit est à deux pans, couvert en tuiles mécaniques. La façade antérieure est percée de 12 baies (2 portes et 10 fenêtres) couvertes d'arcs en cintre surbaissés, sans véritable ordonnancement. Son angle nord-ouest est marqué par des pierres d'attente. Elle présente également un léger décrochement en son centre, qui permet de constater que l'édifice se compose de deux parties distinctes, l'une légèrement en retrait par rapport à l'autre, correspondant vraisemblablement à deux phases de construction. La façade postérieure, sur le jardin, est percée de 7 ouvertures de même style.
Les dépendances se composent de plusieurs bâtiments :
- l’ancien fournil, au fond du jardin,
- la grange, de l’autre côté de la route, qui abrite une remise, deux étables de part et d'autre de celle-ci, toujours ornées de leurs crèches et râteliers, un fenil et des soues à cochons dans une partie annexe en appentis,
- l'ancien cuvage (avec un grenier au-dessus), également situé de l’autre côté de la route, sur lequel s'appuient deux petits appentis,
- et un pigeonnier, de plan carré, voisinant avec le bâtiment précédent.
Dans la grange, le mur séparant la remise des étables est percé de feurons, par lesquelles on jetait le foin dans les râteliers. Ces bâtiments sont également construits en moellons, couverts en tuiles plates et partiellement en tuiles mécaniques (notamment la grange, sur la partie basse des versants du toit ou égout retroussé).
Murs :
  • calcaire
  • moellon
  • enduit partiel
Toit :
  • tuile plate
  • tuile plate mécanique
Etages :
  • en rez-de-chaussée
  • 1 étage carré
  • entresol
Couvrement :
  • charpente en bois apparente
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre escalier tournant à retours en maçonnerie

Source(s) documentaire(s)

  • Archives départementales de la saône-et-Loire: 3P 361/1. Cadastre de la commune de Prizy. 1824-1965.
    Archives départementales de la saône-et-Loire: 3P 361/1. Cadastre de la commune de Prizy. 1824-1965.- 3P 361/1 MA : Registre des états de sections. 1824.- 3P 361/1 MA : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non-bâties. 1824-1882 (propriétés bâties), 1824-1914 (propriétés non-bâties).- 3P 361/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.- 3P 361/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non-bâties. 1914-1965.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : E 62. Terrier de la seigneurie d'Amanzé. 1702.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : E 62. Terrier de la seigneurie d'Amanzé. 1702.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : E 65. Terrier de la seigneurie de Prizy. 1708.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : E 65. Terrier de la seigneurie de Prizy. 1708.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : E 72. Terrier de la seigneurie de Prizy. 1782.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : E 72. Terrier de la seigneurie de Prizy. 1782.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : E 73. Terrier de la seigneurie d'Amanzé. 1782.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : E 73. Terrier de la seigneurie d'Amanzé. 1782.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 5927/4. Minutes de l'étude notariale de Charles-Antoine Goin (Charolles). 1840 (n° 391 à 502).
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 5927/4. Minutes de l'étude notariale de Charles-Antoine Goin (Charolles). 1840 (n° 391 à 502).Inventaire après décès de François Despierres, demeurant aux Bouffiers. 30 juin 1840.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 24478. Minutes de l'étude notariale de Claude-Philibert Grandjean, fils (Saint-Julien-de-Civry). 1819-1820.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 24478. Minutes de l'étude notariale de Claude-Philibert Grandjean, fils (Saint-Julien-de-Civry). 1819-1820.Testament de sieur Antoine Despierres, propriétaire demeurant au lieu des Bouffiers, commune de Prizy. 3 février 1819.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Saône-et-Loire, Mâcon
  • Vue de la maison, dite d'"Antoine Despierres" aux Bouffiers. Vers 1970.
    Vue de la maison, dite d'"Antoine Despierres" aux Bouffiers. Photographie (noir et blanc), par Raymond Oursel, vers 1970.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Saône-et-Loire, Mâcon

Informations complémentaires

Thématiques :
  • architecture rurale du Charolais-Brionnais
Aire d’étude et canton : Charolais-Brionnais
Dénomination : ferme
Parties constituantes non étudiées :
  • étable à vaches
  • fenil
  • remise agricole
  • toit à porcs
  • pigeonnier
  • cuvage
  • jardin
  • maison
  • fournil
Carte interactive
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