FERME, ATELIER ET ÉDIFICE COMMERCIAL (COMPTOIR D'OUTILLAGE POULIGNOT PUIS DUCOMMUN)
25 - Montécheroux
1 rue des Raichênes
- Dossier IA25001973 réalisé en 2018 revu en 2020
- Auteur(s) : Laurent Poupard
Historique
Qualifié en 1806 de "fabricant en tours d’horlogerie", Pierre Poulignot (1773-1854) est en 1830 propriétaire d’une maison (D 22) et d’une forge (D 23), dessinées sur le plan cadastral napoléonien et peut-être bâties au 18e siècle ou dans le premier quart du 19e siècle. Il reprend vers 1834 l’affaire des frères Blondeau, de Saint-Hippolyte, lesquels avaient eux-mêmes acquis entre 1813 et 1819 (en 1815 ?) celle fondée en 1788 par Jean Nicolas Abram (1754-1807).
Celui-ci a introduit avec son beau-frère, Jonas Brandt, la réalisation des outils d’horlogerie à Montécheroux. Maire de 1791 à 1807, il est au tout début du 19e siècle à la tête d’une fabrique d’outils réputée être la plus grosse du village. Il participe, avec un (ou plusieurs) fils, à l’exposition nationale de 1806, à Paris, et dans sa notice consacrée aux produits envoyés, le jury écrit : "L’importante manufacture de messieurs Abram à Montécheroux, arrondissement de St Hipolyte, date de 1788. Ils sont parvenus à donner à leurs ouvrages la beauté, le poli, la solidité et la justesse des ouvrages anglais de même genre, qu’on achetait à des prix plus que doubles. Ils occupent ordinairement 40 ouvriers qui gagnent depuis 1 f 20 c jusqu’à trois francs par jour. Les matières premières proviennent la plus part de Montbéliard et coûtent savoir : le fer en barre 60 cent[imes] le kilogramme, le petit fer 66 cent, l’acier en barre 1 f 60 c, le paquet de limes 2 f 20 c et les diverses espèces de limes depuis 20 jusqu’à 60 centimes pièce. Le prix des différents outils de leur manufacture est très modéré et établi de manière à soutenir avantageusement la concurrence des manufactures étrangères. C’est principalement en Allemagne et en Suisse que se débitent les ouvrages de Mr Abram ; ils en vendent aussi beaucoup en France ; ils fabriquent chaque année pour environ 22 000 f d’outils. Dans le moment actuel, l’écoulement diminue et ces manufacturiers seront peut-être forcés à réduire le nombre de leurs ouvriers."
A Abram succèdent donc les frères Blondeau (ou de Blondeau) : Alexandre Nazaire Joseph Stanislas (1789-1864) et Auguste Joseph Donat (1791-1868). Fonctionnaire de l’enregistrement à Saint-Hippolyte jusqu’en 1815, ce dernier est ensuite militaire dans la garde nationale et enfin maître de forges à Liebvillers ; il sera aussi député du Doubs de 1831 à 1836. Il envoie des échantillons à l’exposition nationale de 1819, à Paris. L’Annuaire du Doubs pour 1820 évoque la "Fabrique d’outils d’horlogerie de MM Blondeau, frères, à Montécheroux" : "On y confectionne tous les outils en fer nécessaires aux horlogers et aux tourneurs sur métaux. Les ouvriers ne sont point réunis dans un même local. La population presque entière travaille, lorsque les travaux de l’agriculture leur en laisse le temps. Cette industrie commence même déjà à gagner les villages voisins." A cette date, la fabrique emploie 180 personnes, consomme 40 t de fer en barres, issu des forges de l’arrondissement et d’une valeur de 20 000 F, et a produit en 1818 70 000 outils (estimés à 80 000 F), dont les 9/10e sont exportés.
Lorsque Pierre Poulignot participe à l’exposition nationale de 1834, la "Fabrique d’outils d’horlogerie, d’outils de bijouterie et de graveurs en bois de MM. Poulignot et fils aîné" emploie une petite cinquantaine de personnes et exporte la moitié de sa production (Belgique, Allemagne, Suisse). Récompensée par une médaille d’argent, la société disparaît par la suite (avec son fondateur ?).
La maison et la forge passent vers 1852 à Nicolas Ducommun (Pierre Nicolas Ducommun dit Véron, 1815-1892), cultivateur et limeur porté sous le nom de Pierre Véron sur la matrice cadastrale. Fils de Jean Nicolas Ducommun dit Véron (vers 1786-1842), cultivateur et forgeur, Nicolas a créé sa propre fabrique en 1848. Il semble remplacer en 1863 la forge par une maison (?). A son décès, l’une de ses filles, Amélie, mariée avec Héman Hugoniot (Heyman, 1854-1920), hérite des deux bâtiments tandis que son fils Ernest (1857-1928) reprend l’entreprise (il fondera par la suite la société Ducommun et Marti, qui établira une usine aux 1-3 rue de la Planchette). L’activité cesse sur le site au cours de la Deuxième Guerre mondiale. L’ancienne forge a été démolie et des garages ont été ajoutés en 1968.
- 18e siècle
- 1er quart 19e siècle
Description
L'habitation et la grange ont des murs en moellons calcaires enduits. La première compte un étage carré et un étage de comble tandis que la deuxième est en rez-de-chaussée. Chacune est coiffée d'un toit à longs pans, avec demi-croupes sur la première et pignons couverts pour la deuxième. Les baies de la façade antérieure de l'habitation ont un linteau délardé en arc segmentaire, celles de la partie gauche rappelant les fenêtres horlogères. Les garages, en parpaings de béton enduits, sont en rez-de-chaussée et protégés par un appentis. Les toitures sont couvertes de tuiles mécaniques.
- tuile mécanique
- 1 étage carré
- étage de comble
- élévation à travées
- escalier dans-oeuvre
- baie horlogère
Source(s) documentaire(s)
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3 P 394 Cadastre de la commune de Montécheroux, 1830-1934
3 P 394 Cadastre de la commune de Montécheroux, 1830-1934
3 P 394 : Atlas parcellaire (16 feuilles), dessin (plume, lavis), par le géomètre du cadastre Mestre, 1830
3 P 394/1 : Registre des états de sections, [1831]
3 P 394/2 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, [1832-1913]
3 P 394/3 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910
3 P 394/4-5 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1914-1934
3 P 394/6 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1934Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 394 -
M 2335 Encouragement à l’industrie. Expositions. Expositions nationales et universelles. Exposition des produits de l’industrie française à Paris, an 9-1834
M 2335 Encouragement à l’industrie. Expositions. Expositions nationales et universelles. Exposition des produits de l’industrie française à Paris, an 9-1834Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2335 -
M 2336 Encouragement à l’industrie. Expositions. Expositions nationales et universelles. Exposition des produits de l’industrie française à Paris, an 9-1819
M 2336 Encouragement à l’industrie. Expositions. Expositions nationales et universelles. Exposition des produits de l’industrie française à Paris, an 9-1819Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2336 -
Prix-courant de Poulignot et Fils aîné, fabricant d'outils d'horlogerie, bijouterie et graveurs en bois, à Montécheroux, près St.-Hypolite, département du Doubs, 1834
Prix-courant de Poulignot et Fils aîné, fabricant d'outils d'horlogerie, bijouterie et graveurs en bois, à Montécheroux, près St.-Hypolite, département du Doubs, 1834Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2335
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Auguste-Joseph-Donat de Blondeau, 2019
Auguste-Joseph-Donat de Blondeau. - 2019. Document accessible en ligne sur Wikipédia à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste-Joseph-Donat_de_Blondeau (consultation : 16 juillet 2019) -
Patois, René-Pierre. Recherches généalogiques
Patois, René-Pierre. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/ -
Roze, Jacqueline. Recherches généalogiques
Roze, Jacqueline. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
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Baudoin, Gilbert. Une histoire des fabricants d’outils "dits de Montécheroux". 1780-1920, 2017
Baudoin, Gilbert. Une histoire des fabricants d’outils "dits de Montécheroux". 1780-1920. - 2017. 48 p. : ill. ; 30 cm. Version provisoire en date du 30 septembre 2017. -
Poissenot, Aimé ; Abram, Luc ; Pourcelot, René. Histoire des pinces de Montécheroux, 2002
Poissenot, Aimé ; Abram, Luc ; Pourcelot, René. Histoire des pinces de Montécheroux. - Nancray : Folklore comtois, 2002. 339 p. : ill. ; 24 cm.
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Bourhis Myriam (témoignage oral)
Bourhis Myriam, trésorière de l’association Musons et Créons. Montécheroux
À voir
Informations complémentaires
La notice conservée aux Archives départementales du Doubs (M 2335) et rédigée à l'occasion de la participation de Pierre Poulignot à l’exposition nationale de 1834 présente la "Fabrique d’outils d’horlogerie, d’outils de bijouterie et de graveurs en bois de MM. Poulignot et fils aîné à Montécheroux : Cette fabrique emploie ordinairement de 40 à 50 ouvriers dont le salaire varie de 1 à 3 francs. Les articles très variés qui y sont confectionnés avec une grande perfection soit en fer, soit en acier fondu, ou en cuivre sont très recherchés. Une moitié se place en France, le reste s’exporte en Belgique, en Allemagne et en Suisse. Les objets fabriqués, ainsi exportés, sont en quantité considérable. Les fers, les aciers ordinaires sont tirés des usines les plus voisines et les charbons des forêts les plus à proximité. Les aciers fondus et les limes fines sont tirés d’Angleterre, les limes-râpes sont tirées de Styrie."
Un autre document précise : "Les aciers fondus, les fines limes sont tirés d’Angleterre parce qu’aucune qualité de ce qui est en France ne peut être comparée. Les limes-rappes sont tirées de Styrie, aucune fabrique de France n’en a encore pu fournir de même qualité. La difficulté et l’énorme dépense de tirer ces objets de l’étranger rendent la concurrence très difficile avec eux."
La fabrique envoie un échantillon de sa production : des tours (un "à lunette de 12 pouces", un "à pointe de 12 pouces", un "à pivoter de 1re qualité" et un de 2e qualité), des pinces (plates, "à bouts ronds et mâchoires de 5 pouces", à couper droit et à couper de côté, "à couper montées sur vis", "rondes pour bijoutiers", à goupilles, à vis, à tenons, aux aiguilles), des marteaux ("de 18 à 26 lignes", tranchants), des étaux ("à main de 4 ½ pouce", "d’établi forme anglaise", "d’établi forme suisse", "à parallèle", "à pattes", "à queue"), des bigornes, des brucelles, des gouges ("rondes, demi-rondes, plates, demi plates", "à vider"), un "porte-scie-coulant", une "presse à river", un "outil à trous", une "boule à redresser les boîtes", une douzaine de "butavent" et un "compas à 5 lames, de 7 pouces".
- patrimoine industriel du Doubs
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- logement
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- garage
- cour
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