DISTILLERIE CUSENIER, PUIS ÉCOLE PRIMAIRE DES SOEURS DE LA SAINTE FAMILLE, ACTUELLEMENT IMMEUBLE
25 - Ornans
9, 11 rue Eugène Cusenier
- Dossier IA00014695 réalisé en 2015 revu en 2016
- Auteur(s) : Raphaël Favereaux, Liliane Hamelin
Historique
Au début des années 1860, Eugène Cusenier acquiert des propriétés dans le bas de la rue du Rahoudard (aujourd'hui rue Eugène Cusenier). Après y avoir réalisé des travaux, il implante une distillerie artisanale de kirsch et d’absinthe, achevée d’après la matrice cadastrale en 1870. Secondé par ses frères Jules et Elisée, il ouvre peu après une maison de vente à Paris (226 boulevard Voltaire), qu’il transforme en distillerie vers 1871 pour satisfaire sa clientèle parisienne. Eugène Cusenier fonde en 1874 la société en nom collectif E. Cusenier Fils aîné et Cie et acquiert les parcelles attenantes à sa distillerie, qu’il agrandit progressivement. Une nouvelle salle de distillation, construite sur la cour et baptisée laboratoire, est inaugurée en 1881. Achevé l’année suivante, le logement patronal a sa façade nord orné de verrières signées du maître verrier bisontin Alphonse Gorgeon. Le bâtiment sur rue à usage d’entrepôt, intégrant le premier atelier de distillation, est construit entre 1882 et 1885. Parallèlement, E. Cusenier continue à développer son entreprise, qui devient société anonyme en 1879. Une 3e distillerie est créée en 1872 à Charenton, sur les quais de Bercy (IA00060698), puis une quatrième est ouverte en 1877 à Marseille, avenue du Prado, pour satisfaire la demande d’Afrique du nord, de Chine et d’Inde. Des usines sont inaugurées à Mulhouse et Bruxelles (1882), Cognac (1884), Buenos-Aires et Montevideo, et des comptoirs sont ouverts à Londres, New-York, Mayence, Alger, Tunis, Sao Paulo, Saïgon, Shangaï, Calcutta, Nouméa, etc. Vers 1880, la distillerie est équipée de trois alambics à bain-marie (600, 800 et 100 litres) et deux alambics à feu nu de 1180 litres chacun. Ses caves ont une capacité de stockage de 2000 hl et elle emploie alors 25 personnes. Pour faire connaître la marque, la société produit un grand choix d’articles publicitaires : cartes postales, buvard, pyrogènes, tire-bouchons, éventails, menus de comptoir, calendriers, sonnettes de tables, encriers, tapis de jeu, cuillères à absinthe, etc. A l’extrême fin du 19e siècle, la société vante les mérites de son absinthe oxygénée, l’oxygénation étant censée assurer "les propriétés hygiéniques, bienfaisantes et salutaires de l’absinthe". A la mort d’Eugène en 1894, l’affaire est reprise par son frère Jules, auquel succède Elysée. Vers 1910, l’usine utilise (au moins) 13 alambics. Après l’interdiction de la fabrication d’absinthe, la distillerie emploie une trentaine de personnes et produit du kirsch et des liqueurs. La société ouvre une grande distillerie à la Courneuve en 1935, mais ferme l’établissement d’Ornans en 1937, dont l’activité est transférée à Dijon. Les bâtiments sont vendus pour le franc symbolique à la commune, qui utilise le bâtiment sur rue comme caserne de pompiers (jusqu’en 1984). En 1953, l'école de la congrégation des Sœurs de la Sainte Famille, déjà présente au 7 rue Eugène Cusenier, achète le logement patronal. En 1981, elle occupe l’ancienne salle de distillation (laboratoire) qu’elle transforme en gymnase. L’école primaire ferme ses portes en 1999. Entre 2000 et 2003, l’ensemble a été converti en logements de standing, entraînant la disparition de l’atelier jouxtant le laboratoire. Le logement patronal a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 2000.
- 3e quart 19e siècle
- 4e quart 19e siècle
Date de naissance : 01/03/1872
Gorgeon, Alphonse, né à Saint-Marcel (Indre) le 1er mars 1872. D'après la rubrique, Peintre sur verre du Répertoire commercial ou Indicateur des professions paru dans l'Annuaire départemental du Doubs, Alphonse Gorgeon est présent à Besançon à partir de 1899 jusqu'en 1914. Dans un premier temps, son atelier est situé au 1 rue de Lorraine, puis au 20 rue de Glères (actuelle rue Courbet). Il a exercé dans les départements du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône.
Description
Construire en moellon de calcaire enduit, le logement patronal se compose d’un corps central, à un étage de soubassement et un étage carré, couvert d’un toit en pavillon. Les ailes est et ouest, ainsi que le bâtiment sur rue, sont pourvues d’un étage carré et d’un étage de comble, et couvertes d’un toit à longs pans brisés avec croupes. La salle de distillation est couverte d’une charpente métallique et d’un toit à longs pans.
- calcaire
- calcaire
- moellon
- pierre de taille
- enduit
- ardoise
- étage de soubassement
- 1 étage carré
- étage de comble
- élévation à travées
- vitrail
- énergie thermique produite sur place
- énergie électrique achetée
Source(s) documentaire(s)
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3 P 435/6-11 Matrices des propriétés foncières bâties et non bâties (19e siècle)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 435/6-11 Matrices des propriétés foncières bâties et non bâties (19e siècle)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 435/6-11 -
3 P 435/12 Matrices des propriétés bâties (1882-1910)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 435/12 Matrices des propriétés bâties (1882-1910)
Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 435/12 -
3 P 435/21-23 Matrice des propriétés bâties (1911-1974)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 435/21-23 Matrice des propriétés bâties (1911-1974)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 435/21-23 -
4 U 19/339 Justice de paix d'Ornans. Actes de société (1878-1925)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 4 U 19/339 Justice de paix d'Ornans. Actes de société (1878-1925)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon
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Chapuis Robert. Une aventure territoriale. La haute vallée de la Loue [...], 2006
Chapuis Robert. Une aventure territoriale. La haute vallée de la Loue. De la vigne, à l'usine et au patrimoine. - Besançon : Presses Universitaires de Franche-Comté, 2006, 194 p. -
Delahaye Marie-Claude. L'absinthe : dictionnaire des marques. Tome 2 (C), 2006
Delahaye Marie-Claude. L'absinthe : dictionnaire des marques. Tome 2 (C). - Auvers-sur-Oise : le Musée de l'absinthe, 2006, 356 p. -
Dossier de protection au titre des Monuments historiques (2000).
Dossier de protection au titre des Monuments historiques (2000).Lieu de conservation : Conservation régionale des Monuments historiques, Besançon -
Eugène Cusenier : 1832-1894, Association des Ornanais n'habitant pas Ornans", 1994.
Eugène Cusenier : 1832-1894. In : Association des Ornanais n'habitant pas Ornans", 1994 (juin), n° 8. -
Pitavy Jean-Jacques. Distillation et distilleries. Haute-Saône-Vallée de la Loue-Haut Doubs-Val-de-Travers, 2011
Pitavy Jean-Jacques. Distillation et distilleries. Haute-Saône-Vallée de la Loue-Haut Doubs-Val-de-Travers. Echevannes : l’auteur, 2011, 158 p. -
Pitavy Jean-Jacques. Vie et traditions des villages du pays d'Ornans. Ornans, Saules [...], 2007.
Pitavy Jean-Jacques. Vie et traditions des villages du pays d'Ornans. Ornans, Saules [...]. - Echevannes : J.-J. Pitavy, 2007, 95 p.
À voir
Informations complémentaires
Inscription du logement patronal, y compris son décor immeuble par destination de la distillerie Cusenier (ensemble de vitraux d'Alphonse Gorgeon).
- bureau
- atelier de fabrication
- logement patronal
- jardin d'agrément
- © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine