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COUVENT DE FRÈRES MINEURS (CORDELIERS) ET DEMEURE DE PHILIPPE DE MOLANS, ACTUELLEMENT INSTITUT MÉDICO-ÉDUCATIF "L'ENVOL" ET FOYER D'ACCUEIL MÉDICALISÉ "LA CITADELLE"

25 - Rougemont

quartier de la Citadelle

  • Dossier IA25000792 réalisé en 2010
  • Auteur(s) : Liliane Hamelin, Christophe Jacques
Vue d'ensemble depuis la route de Gouhelans. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Le pape Nicolas V autorise, le 11 février 1448, la fondation par Thiébaud de Rougemont d'un couvent de cordeliers à l'emplacement de la basse-cour du château. Le 10 mai 1449, quatre religieux de Dole s'y installent. La chapelle Saint-Georges est achevée en 1455 et son autel consacré en 1457. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, aurait donné 600 écus afin de poursuivre les travaux interrompus par la mort de Thiébaud de Rougemont, qui sont achevés par Thomas de Grammont, seigneur de Fallon. L'abbaye est pillée sous la Révolution et en 1876, Charles Thuriet écrit que "l'on retrouve encore dans quelques maisons des Christs, des madones et d'autres objets mobiliers qui proviennent de cet établissement". Le cadastre de 1835 montre que le site est davantage construit qu'actuellement, de nombreux bâtiments ayant été détruits depuis. L'un de ceux subsistant (AL 267) abrite la ferme Grosjean, donnée par Melle Mercier le 23 juin 1843 à la commune pour être une école de filles, tenue par les soeurs de la Charité (cette école fonctionnera jusqu'à l'ouverture du groupe scolaire en 1939). L'établissement se compose alors de salles de classe et du logement des institutrices d'un côté, d'une ancienne "grangerie" de l'autre. Il connaît d'amples modifications, en 1854-1855, par l'architecte Painchaux, qui assainit le bâtiment menaçant ruine (l'humidité des terres accumulées contre le rez-de-chaussée le rendant inhabitable), reconstruit le mur côté jardin, une partie des murs de refend et celui donnant sur la rue. Il rehausse la façade de la "grangerie" créant deux salles de classe en étage et aménage les combles en dortoir. Au rez-de-chaussée, un bûcher et une écurie encadrent un petit préau auquel on accède par une porte à pilastres, à entablement et à fronton triangulaire orné d'une croix.
Le site du couvent abrite encore plusieurs familles au début du 20e siècle. Le marquis de Moustier l'achète en 1898, hormis l'école des filles, et le donne à l'Oeuvre d'Ormesson qui y établit un sanatorium pour tuberculeux du milieu agricole. Les travaux, réalisés par l'entreprise Thavard, débutent en juillet 1900 sous la direction de l'architecte parisien Parant et s'interrompent en 1902 par la liquidation de la société d'Ormesson. Le 8 août 1924, la commune de Rougemont acquiert le site pour le convertir en groupe scolaire, avant de le revendre en 1928 à l'Office d'Hygiène sociale du Doubs qui y crée un institut médical (maison d'enfants) sur l'initiative du préfet Fauran et de son épouse. Cette école de plein air, inaugurée le 1er août 1929, voit le jour grâce à la générosité du marquis de Moustier et d'Arthur-Georges Veil-Picard, banquier et mécène bisontin. De 1929 à 1961, le lieu accueille des enfants de cinq à treize ans et est administré par les religieuses de Villersexel. Il héberge actuellement l'institut médico-éducatif "L'Envol" et le foyer d'accueil médicalisé "La Citadelle". Le bâtiment A (AL 267) correspond à l'ancienne école de filles, modifié après 1962 (date de la destruction de la toiture du lavoir de la citadelle) lorsque des baies sont percées au-dessus du lavoir et sur les autres façades. Actuellement ne subsistent que la partie correspondant à l'ancienne "grangerie" et une infime portion du bâtiment contigu. Le bâtiment B (Al 274), partiellement représenté sur le cadastre ancien, a perdu sa partie droite au 20e siècle et accueille désormais les locaux administratifs des deux structures. Il conserve une cave voûtée en berceau plein-cintre, une porte murée et les vestiges d'un portail dans le mur d'enclos. Le bâtiment C (AL 274) est le plus important du site. Il a été reconstruit à neuf, l'essentiel des travaux semblant avoir été effectué entre 1900 et 1902. Il reprend en partie l'implantation du bâtiment conventuel détruit à la fin du 19e siècle, en s'appuyant sur la cave ancienne (voûtée en berceau plein-cintre avec arc doubleau chanfreiné). Vers 1930, l'aile donnant sur le jardin avait été agrandie par un préau couvert d'un toit à longs pans en fibrociment mais, face à l'hostilité des rubrimontains, on lui a ajouté un étage couvert d'une toiture en tuiles. Vers 1950, on a remplacé les baies surbaissées donnant sur le village par des fenêtres cintrées et on a fermé le préau par des baies. Dans les années 1930, une véranda existait entre la tourelle de façade et l'aile en retour. Le bâtiment D (AL 274), chapelle Saint-Georges construite au milieu du 15e siècle, est l'unique vestige du couvent médiéval. Initialement isolé, il est partiellement englobé dans les constructions du 20e siècle. Il a connu de nombreuses modifications : ajout au 18e siècle de pilastres toscans montant de fond, établissement dans les années 1950-1960 (?) d'une dalle coupant son volume et cloisonnement, percement de baies dans les murs gouttereaux. Réalisé vers 1928-1929 (?) sur une cave préexistante, l'espace E (AL 274) porte la plaque de fondation de la maison d'enfants et donne accès à l'ancienne infirmerie. Le bâtiment F (Al 271) est l'ancienne demeure de Philibert de Molans, rénovateur de la confrérie des chevaliers de saint Georges. Il a été restauré drastiquement vers 1930 dans un style néo-Renaissance, avec galerie couverte portée par des colonnes, le tout en béton peint en jaune. Les seuls éléments anciens qui subsistent sont une cave voûtée en berceau et quatre baies des 16e et 18e siècles ; le puits a longtemps été l'unique point d'eau de la citadelle. Deux bâtiments sont encore construits dans les années 1950 : une galerie de cure H (AL 274) en 1953 sur des terrains vierges (galerie en béton armé, actuellement en ruine) et en 1954 une pouponnière G (AL 267), appelée "le nid", reliée en 1980 à l'ancienne école par une verrière.
Période(s)
Principale :
  • 15e siècle
  • 3e quart 19e siècle
  • 20e siècle
Auteur(s) & personnalité(s)

Molans, Philibert de. Rénovateur, vers 1435, de la confrérie des chevaliers de saint Georges (instituée à Rougemont vers 1300 et disparue à la fin du 14e siècle).(Source : Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Confr%C3%A9rie_de_Saint-Georges_de_Bourgogne)

Painchaux. Architecte à Besançon en 1846-1847.

Description


Les bâtiments ont des murs en moellons calcaires et sont majoritairement protégés par des toits à longs pans et couverture de tuiles plates. Outre ses murs gouttereaux, la chapelle Saint-Georges conserve sa façade d'origine (la demi-croupe est postérieure) avec son portail en accolade à bases prismatiques surmonté d'une niche et d'une baie brisée. Entre les deux, un solin et des corbeaux attestent la présence originelle d'un auvent. L'essentiel des bâtiments construits ou restaurés entre 1900 et 1960 use d'un vocabulaire architectural néo-gothique qui dénote un réel souci d'intégration des diverses constructions, conférant une cohérence à ce site hétérogène : toits pentus, lucarnes à pignon aigu en pierre, en accolade, contreforts et pignons à redents. De même, la chapelle Sainte-Thérèse de la demeure de Molans est percée de fenêtres à remplages et à archivoltes. Seules les baies cintrées à claveaux blancs passants un-sur-deux des créations et restaurations des années 1950-1960 sont d'une facture différente, ainsi que la maison de Molans qui évoque le palais Granvelle et l'hôtel de Champagney à Besançon. Un imposant escalier extérieur droit en maçonnerie dessert le bâtiment C.
Murs :
  • calcaire
  • béton
  • moellon
Toit :
  • tuile plate
  • tuile mécanique
  • tuile en écaille
Etages :
  • sous-sol
  • 1 étage carré
  • étage de comble
Couvrement :
  • voûte en berceau
Elévation :
  • élévation à travées
Couvertures :
  • toit à longs pans, pignon couvert
  • demi-croupe
  • croupe
  • noue
  • toit en bâtière
  • toit en pavillon
  • toit polygonal
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre,
  • escalier hors-oeuvre, escalier en vis,
  • escalier hors-oeuvre, escalier tournant à retours sans jour,
  • escalier de distribution extérieur, escalier droit,

Source(s) documentaire(s)

  • Archives départementales du Doubs : OAC 515/1 Archives communales. Rougemont. Maison commune - école. 1832-1883.
    Archives départementales du Doubs : OAC 515/1 Archives communales. Rougemont. Maison commune - école. 1832-1883.
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : OAC 515/1
  • Archives départementales du Doubs : OAC 515/4 Archives communales. Rougemont. Hôpital - hospice. 1892-1915.
    Archives départementales du Doubs : OAC 515/4 Archives communales. Rougemont. Hôpital - hospice. 1892-1915.
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : OAC 515/4
  • Archives départementales du Doubs : OAC 515/6 Archives communales. Rougemont. Préventorium. 1921-1926.
    Archives départementales du Doubs : OAC 515/6 Archives communales. Rougemont. Préventorium. 1921-1926.
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : OAC 515/6
  • Rougemont. - Ancien Couvent des Cordeliers (XVIe siècle). S.d. [limite 19e siècle 20e siècle].
    Rougemont. - Ancien Couvent des Cordeliers (XVIe siècle). Carte postale, par A. B. et Cie à Nancy. S.d. [limite 19e siècle 20e siècle].
  • Office d'Hygiène sociale et de Préservation Antituberculeuse (Doubs). Préventorium de Rougemont - Fondation Marquis de Moustier - Veil-Picard. S.d. [1ère moitié 20e siècle, avant 1932].
    Office d'Hygiène sociale et de Préservation Antituberculeuse (Doubs). Préventorium de Rougemont - Fondation Marquis de Moustier - Veil-Picard. Carte postale. S.d. [1ère moitié 20e siècle, avant 1932]. Porte la date 1932 (tampon) au recto.
  • Maison d'Enfants de Rougemont (Doubs). - Cure solaire. S.d. [1ère moitié 20e siècle].
    Maison d'Enfants de Rougemont (Doubs). - Cure solaire. Carte postale. S.d. [1ère moitié 20e siècle]. Editions C. L.B. Besançon.
    Lieu de conservation : Collection particulière
  • Rougemont (Doubs) - La Maison d'Enfants - Une cour. S.d. [1ère moitié 20e siècle].
    Rougemont (Doubs) - La Maison d'Enfants - Une cour. Carte postale. S.d. [1ère moitié 20e siècle]. C. Lardier, éditeur à Besançon (Doubs).
    Lieu de conservation : Collection particulière
  • Maison d'Enfants de Rougemont (Doubs). - Une cour. S.d. [1ère moitié 20e siècle].
    Maison d'Enfants de Rougemont (Doubs). - Une cour. Carte postale. S.d. [1ère moitié 20e siècle]. Editions C.L.B. Besançon.
    Lieu de conservation : Collection particulière
  • Maison d'Enfants de Rougemont (Doubs). Gentilhommière du XVe siècle - Appartement des Religieuses. S.d. [1ère moitié 20e siècle].
    Maison d'Enfants de Rougemont (Doubs). Gentilhommière du XVe siècle - Appartement des Religieuses. Carte postale. S.d. [1ère moitié 20e siècle]. Editions C. Lardier, Besançon (Doubs).
    Lieu de conservation : Collection particulière
  • [Vue aérienne]. S.d. [après 1953].
    [Vue aérienne]. Carte postale. S.d. [après 1953].
    Lieu de conservation : Collection particulière
  • Hamelin, Liliane ; Jacques, Christophe. Rougemont, petite cité comtoise de caractère, 2011
    Hamelin, Liliane ; Jacques, Christophe. Rougemont, petite cité comtoise de caractère. - Lyon : Lieux Dits, 2011. 80 p. : ill. en coul. ; 23 cm. (Parcours du patrimoine ; 361).
  • Thuriet, Charles. Etude historique sur le bourg de Rougemont. 1876.
    Thuriet, Charles. Etude historique sur le bourg de Rougemont. Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 1876, p. 197-290.

Informations complémentaires


Hamelin, Liliane ; Jacques, Christophe. Rougemont, petite cité comtoise de caractère. - Lyon : Lieux Dits, 2011, p. 14-15 : ill.

Rougemont peut s'enorgueillir d'être le berceau de la confrérie des chevaliers comtois placée sous la protection de saint Georges. Suite au traité d'Arras qui met fin le 21 septembre 1435 à l'un des épisodes de la guerre de Cent Ans, les seigneurs comtois rentrent dans leur château, ou plutôt, comme le souligne en 1592 l'historien comtois Louis Gollut, "dedans les ruines des chasteaux et dedans les cendres des villes".
Désirant renouveler les valeurs chrétiennes des chevaliers d'avant la guerre, ils se réunissent autour de Philibert de Molans, réputé pour son zèle religieux, dans sa demeure de Rougemont le jour de la fête de saint Georges, le 23 avril. Ils adoptent la figure emblématique du saint vêtu de l'armure des chevaliers terrassant le dragon, symbole de l'hérésie.
La date de création de la confrérie a été longtemps controversée. Il semble désormais acquis, à la suite des travaux de Charles Duvernoy, auteur en 1846 d'une version critique de l'ouvrage de Louis Gollut Les mémoires historiques de la république séquanaise, que la date ne puisse guère remonter au-delà des années 1435-1440, comme le prouve la présence des premiers confrères vivant au milieu du 15e siècle, parmi lesquels Humbert, sieur de Rougemont et d'Usie, mort en 1440, Antoine de Rougemont, sieur de Montmartin (1422-1467) et Philibert de Molans, mort avant 1450, présenté comme le fondateur. Des femmes aussi appartiennent à cette noble confrérie : Dame Henriette de Vienne-Neublans, femme de Humbert, sieur de Rougemont, morte en 1453, Dame Jeanne de Chauvirey et de Beveuges, femme d'Henri d'Accolans lui aussi confrère (1423-1449), Jaquette de Rougemont, femme de Philibert de Molans, décorée de l'ordre de saint Georges grâce au renom d'une branche de sa famille, les Saint-Mauris.
Jusqu'à la guerre de Dix Ans, les confrères se réunissent chaque année à Rougemont dans la chapelle Saint-Georges de l'église du Crotot. Les archives de la confrérie et les pièces d'orfèvrerie ont disparu lors de la tourmente révolutionnaire. Il ne reste aujourd'hui qu'un chemin "des chevaliers de saint Georges" qui, de la route de Gouhelans monte à la citadelle, et des représentations de diverses époques démontrant ainsi la permanence du souvenir des chevaliers de saint Georges dans l'esprit des Rubrimontains.
Observations :
La demeure de Molans doit son nom au rénovateur de l'Ordre des chevaliers de saint Georges, Philibert de Molans, mort avant 1450.
Thématiques :
  • petites cités comtoises de caractère
Aire d’étude et canton : Rougemont
Dénomination : couvent, demeure, établissement médical
Parties constituantes non étudiées :
  • puits
  • jardin
  • cour
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