Télécharger la version PDF

ANCIENNE FERME "MOMMESSIN" (ORVAL)

71 - Oyé

Orval

  • Dossier IA71003539 réalisé en 2018
  • Auteur(s) : Aurélien Michel, Raphaël Favereaux, Philippe Mairot
ferme © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Les bâtiments forment un ensemble homogène datant du dernier quart du XVIIIe siècle. Le linteau de la porte d’entrée de la maison porte la date de 1782. Les commanditaires de la construction sont Claude Mommessin (1745-1798) et son épouse Marcelline Merlin (1750-1827), native de la paroisse de Chassigny-sous-Dun. Le grand-père de Claude, Claude-Laurent Mommessin (1695-1777), né aux Bouffiers, paroisse de Prizy, et cadet de la famille, s’installe à Orval au début du XVIIIe siècle, probablement suite à son mariage avec Martine Papillon, native d’Oyé. Il est mentionné pour la première fois dans le registre de la taille (ou rôle de taille) d’Oyé en 1715. Il est d’abord désigné dans les archives comme laboureur, mais possède néanmoins une certaine aisance puisqu’il est propriétaire de sa maison, de sa charrue et de son bétail. A partir des années 1740, il est qualifié de marchand, notamment dans l’acte de mariage de son fils Antoine (1717-1778), du 19 février 1743. Le commerce du bétail semble donc être devenu son activité principale au cours de la décennie précédente. Ainsi, la maison, si elle est bien l’œuvre du petit-fils, illustre la réussite économique de la famille sur trois générations et près d’un demi-siècle.
Claude Mommessin et Marcelline Merlin ont quatre fils : Antoine (1768-1819), Benoît-Marie (1771-1843), Claude-Marie (1776-1848) et Jean-Baptiste (1784- ?). Le 15 février 1799, ils procèdent à un partage des biens immeubles provenant de la succession de leur père (Arch. dép. 71, 3E26251). L’inventaire de ces biens confirme la place importante occupée par l’embouche dans l’activité de la famille, puisqu’ils comprennent 11 prés sur les communes de Prizy, Amanzé, Saint-Julien-de-Civry et Oyé, permettant d’engraisser simultanément environ 91 bœufs. La succession comprend également une ancienne terre, baptisée le pré neuf, récemment convertie en herbe, faisant partie des biens confisqués au seigneur d’Amanzé pendant la Révolution et achetés par Claude Mommessin lors de la vente des biens nationaux.
L’activité des quatre fils est surtout connue grâce aux documents relatant leur faillite, déclarée par jugement du tribunal de commerce de Charolles le 19 mai 1810 (Arch. dép. 71, 6U975). Ces archives mettent en évidence une activité « traditionnelle » d’embouche avec des achats d’animaux maigres au printemps dans les pays naisseurs (Charolais et Bourbonnais principalement), une phase d’engraissement à l’herbe dans les prés qu’ils possèdent, mais aussi dans ceux qu’ils louent à d’autres propriétaires (les Perrin de Daron, les Circaud de Chaumont, les Bouthier de Rochefort et les Mathieu, d’Oyé), et enfin, la revente du bétail gras principalement à des bouchers de Villefranche-sur-Saône et Lyon. Entre 1808 et 1810, les associés deviennent les principaux fournisseurs des hôpitaux civils de Lyon.
La faillite est jugée « de grande importance » avec plus de 200 créanciers qui « résident dans différents départements ». La raison de cette faillite n’est pas due aux coûts générés par l’activité au quotidien, ni au niveau de vie de ces marchands (qui emploient tout de même un certain nombre de domestiques, ainsi que des gardes de pré). Elle réside d’abord dans l’existence de dettes déjà contractées du temps de leur père (plus de 130 000 livres) qui les met, au lendemain du décès de celui-ci, « dans l’incertitude de réussir dans leur commerce d’embouche » (ainsi qu’il est écrit dans un traité préalable au partage de 1799). Les frères contractent ensuite de nouvelles dettes en 1808 et 1809, suite à des dépenses importantes (consistant en des achats d’animaux destinés vraisemblablement à répondre à la demande de l’hôpital de Lyon), qu’ils n’ont malheureusement pas pu recouvrir et qui les « ont mis dans le cas de faire des emprunts considérables ». En effet, les frères ont délégué la vente de ces animaux à un boucher de la ville, un certain Gautillon, qui ne leur a pas reversé le produit des ventes (soit environ 160 000 livres). Cette faillite est donc plutôt due à un système complexe et fragile incluant de nombreux intermédiaires entre le vendeur et l’acheteur et reposant sur des investissements importants, parfois spéculatifs, dont le recouvrement n’était pas systématiquement assuré. Après la déclaration de faillite, les frères sont toutefois maintenus en leur domicile et dans leur activité. Ils sont néanmoins placés sous la surveillance des maires de leur commune de résidence, sans doute chargés de veiller au remboursement régulier et progressif de leurs dettes.
La ferme est transmise à Antoine, l’aîné des fils de Claude et Marcelline. Au moment de la faillite, ce dernier possède une soixantaine de bœufs et une vingtaine de vaches à l’embouche, ainsi que quelques autres animaux : 6 bœufs de traits, 35 moutons, 2 porcs, 3 juments (dont une avec son poulain) et 2 chevaux. Il vit dans cette ferme avec sa mère, sa femme et leurs enfants, ainsi que 4 domestiques et 2 servantes jusqu’à sa mort le 4 novembre 1819. Sa mère décède le 18 juillet 1827 et sa veuve (Marie Mommessin, une lointaine cousine, native de Saint-Julien-de-Civry) le 21 mai 1833. Sa fille aînée, qui vit avec son époux, Pierre Rousset, au bourg d’Oyé, dans la maison dite « de la Prébende », met les bâtiments en location. L’ensemble est acheté en 1882 par Félix-Gabriel Guittard, de Lyon, puis cédé en 1921 à Charles Augagneur, emboucheur à Orval, résidant dans la ferme voisine. Dans les années 1980, la maison et la grange font à nouveau l’objet d’une vente, mais séparément. La grange est partiellement transformée en habitation.
Période(s)
Principale :
  • 4e quart 18e siècle
Date(s)
1782 : porte la date

Description


L'ensemble est constitué d'un logis et de deux bâtiments à usage agricole. L'un - au nord ouest - à usage initial d'étable, de fenil et remise est aujourd'hui transformé en habitation, en rez-de-chaussée pour la partie ouest et comportant un étage carré pour la partie est. Son toit est à longs pans et à croupe, couvert en petites tuiles, bâti en moellons non enduits. Un escalier droit extérieur en maçonnerie, couvert en charpente (petites tuiles) dessert l'étage, au nord-est de l'ancienne grange. L'autre, perpendiculaire au précédent, en rez de chaussée, à usage probable de soue à cochons et poulailler est à présent une remise.
Le logis est bâti en moellons enduits. Il comprend un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble. Il est couvert d'un toit à longs pans, à croupes et égout retroussé. Certaines des baies sont surmontées d'arcs de décharge en briques. A la clé de la porte d'entrée figure la date 1782. Une tour d'angle -récemment ajoutée- flanque le nord-ouest.
Murs :
  • pierre
  • moellon
  • enduit
Toit :
  • tuile plate
Etages :
  • 1 étage carré
  • comble à surcroît
  • en rez-de-chaussée
Couvrement :
  • charpente en bois apparente
Elévation :
  • élévation ordonnancée
Couvertures :
  • toit à longs pans, croupe
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre,
  • escalier de distribution extérieur, escalier droit, en maçonnerie

Source(s) documentaire(s)

  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 337/1. Cadastre de la commune d'Oyé. 1826-1965.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 337/1. Cadastre de la commune d'Oyé. 1826-1965.- 3P 337/1 MA. Registre des états de section. 1826.- 3P 337/1 MA. Matrice cadastrale des propriétés bâties et non-bâties. 1826-1882 (propriétés bâties), 1826-1914 (propriétés non-bâties).- 3P 337/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.- 3P 337/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non-bâties. 1914-1965.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 6M 3459. Dénombrements de population de la commune d'Oyé. 1836-1936.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : 6M 3459. Dénombrements de population de la commune d'Oyé. 1836-1936.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 6U 975. Dépôts de bilans, dossiers de faillites, de liquidations judiciaires, de réglements transactionnels, de réhabilitations commerciales (Tribunal de commerce de Charolles). An IX-1818.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : 6U 975. Dépôts de bilans, dossiers de faillites, de liquidations judiciaires, de réglements transactionnels, de réhabilitations commerciales (Tribunal de commerce de Charolles). An IX-1818.Dossier de faillite d'Antoine, Benoit, Claude-Marie et Jean-Baptiste Mommessin, et Thomas Gondard, négociants à Oyé. 1810-1813.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Côte-d'Or : C 7452. Rôles des tailles de la paroisse d'Oyé. 1551-1789.
    Archives départementales de la Côte-d'Or : C 7452. Rôles des tailles de la paroisse d'Oyé. 1551-1789.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon
  • Vue de la ferme, dite "Mommessin", à Orval. Vers 1970.
    Vue de la ferme, dite "Mommessin", à Orval. Photographie (noir et blanc), par Raymond Oursel, vers 1970.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon

Informations complémentaires

Thématiques :
  • architecture rurale du Charolais-Brionnais
Aire d’étude et canton : Charolais-Brionnais
Dénomination : ferme
Parties constituantes non étudiées :
  • dépendance
  • mur de clôture
  • logis
Carte interactive
Haut de page