Verrerie, puis soudière et saline, puis usine de blanchiment de coton ⋅ Patrimoine en Bourgogne-Franche-Comté

Historique

Le moulin

Le moulin apparaît sous le nom de Moulin Neuf sur la carte de Cassini (1760). Etabli sur la rive droite du Doubs, il appartient en 1825 aux frères Gaspard et Jacques Morel, et est agrandi en 1841. Au milieu du 19e siècle, l'équipement du moulin comprend six paires de meules, une ribe à chanvre et une scierie. Le moulin échoit vers 1858 à Eléonore et Claude Siméon Colard, avant d’être cédé à une association formée par Adolphe et Emile Mallard, et M. Flagey, ingénieur centralien et industriel verrier, tous originaires de la région lyonnaise.

La verrerie

En 1860, M. Flagey expose aux autorités que les nouveaux propriétaires ont établi dans le courant de l’année 1859 "une usine pour la fabrication et la taille du verre", qu’ils ont remplacé les six roues hydrauliques par une turbine de grand diamètre (80 chevaux), et que le "bâtiment restauré pour l’usage de la taillerie (150 tours à tailler) a été élevé sur les fondations de l’ancien moulin". Outre un hangar, un magasin et des bureaux, l’usine comprend deux fours de huit creusets chacun, fonctionnant au bois, qui seront bientôt complétés par un 3e four alimenté au gaz de houille (trois creusets). La verrerie est "mise en roulement" le 13 janvier 1860. Parallèlement, des logements ouvriers sont construits au nord de l’usine dès 1859. La verrerie fabrique des services de table de luxe "façon cristal taillé" et de la verrerie courante (coupes, verres, carafes). Elle occupe 200 ouvriers en 1862, et des femmes sont embauchées en 1864 pour travailler à la taillerie. La production mensuelle atteint 130 tonnes de "matière susceptible d'être taillée", pour une consommation mensuelle de 1000 stères de bois. La matrice cadastrale fait apparaître le nom de la Compagnie des verriers de Montferrand, laquelle fait construire en 1862-1863 une dizaine de nouveaux logements au nord des premiers. La société Flagey et Cie est mentionnée à partir du milieu des années 1860. Le fils du fondateur, Camille Flagey, reprend la direction de l’usine vers 1871. Celle-ci est mise en vente en 1878 pour la somme de 200 000 francs. Encore en activité en 1883, elle emploie alors 250 hommes, 20 femmes, 40 filles mineures et 60 enfants. La société propriétaire, Flagey-Gérard et Cie, fait bâtir au nord-ouest des logements en 1882 et une école en 1883. La verrerie cesse son activité peu après.

L’usine de soude et la saline

Vraisemblablement fondée en 1888, la Compagnie anonyme des sels de Besançon obtient en 1889 une concession d’exploitation couvrant, outre Montferrand, les communes de Pouilley, Serre-les-Sapins, Pelousey, Champagney et Champvans. En 1890, deux sociétés distinctes semblent coexister sur le site de la verrerie : la société anonyme de la Soudière de Besançon et la Compagnie des sels de Besançon. La première implante une fabrique de soude et de carbonate de soude par l'ammoniac, la seconde exploite une saline pour produire du chlorure de sodium (sel). L'usine de soude est construite à l'emplacement de la verrerie, alors que les bâtiments de la saline sont implantés au nord-ouest, à proximité des logements ouvriers de la verrerie. La matière première, l’eau salée, est envoyée par un saumoduc de 12 km depuis un sondage établi sur la commune de Pouilley-les-Vignes (ou Serre-les-Sapins ?). Ce dernier comprend une pompe aspirante et foulante actionnée par une machine à vapeur. La saline s'engage à produire annuellement une quantité de 500 tonnes de sel, extrait par dissolution. Les maisons ouvrières bâties au nord sont démolies en 1889. En 1890 ou 1891, la Soudière de Besançon acquiert le moulin de Thoraise (IA25001700), établi à l’autre extrémité du barrage sur la rive gauche du Doubs, qu’elle utilise à des fins de production d’énergie (il est alors équipé de trois turbines). Le régime hydraulique des deux usines est réglementé par le décret du 13 avril 1892. Divers aménagements sont effectués sur le Doubs dans la décennie : mise en place d’un bac pour le passage des ouvriers et des marchandises et construction d’un pylône de câble télédynamique en 1891, construction d’un quai d’embarquement en 1893. La Soudière de Besançon vend son établissement à la société anonyme Soude française (en 1894 ?), qui la cède peu après à la société anonyme Soudière de Montferrand. Il semble que la production cesse dès 1897, suite à un accord avec la Compagnie des Mines et Salines de l’Est. En février 1899, la société anonyme Soudière de Montferrand cède l’usine et son matériel à MM. Desprez, Paquet, Savary et Vincent, négociants à Douai. Après avoir démonté les équipements, ces derniers vendent l’usine en 1904 à la Société générale de Matériel industriel (Paris, 19 rue de Rocroy), qui la vend l’année suivante (ainsi que l’usine de Thoraise) à la société anonyme pour le blanchiment de coton.

L’usine de blanchiment de coton

Daté de 1904, le plan de l’usine est signé de l’architecte bisontin Camille Cellard. Bâtie entre 1905 et 1909, l’usine comprend des "bâtiment des piles lave-essoreurs, séchoirs, bureau, atelier de menuiserie, magasins (coton blanchi et coton brut), bâtiment de la pompe, citernes, grue et estacade sur pilotis, tuyauterie d’eau, transmissions, voies pour wagonnets, bâtiment des lessiveuses, chantier". Par décret du 20 novembre 1912, la société est autorisée à établir une passerelle sur le Doubs en aval des usines de Montferrand et Thoraise pour le passage des ouvriers. L'usine emploie alors 50 personnes. Après la Première Guerre mondiale, l'usine est exploitée par la société anonyme pour le Blanchiment des Textiles (Paris, 39 bis rue de Châteaudun, puis 31 avenue Franklin D. Roosevelt). Fondée en 1920 par Léon Colson, ingénieur polytechnicien, et Henri Douge, industriel, cette société a pour objet "l'industrie et le commerce, sous toutes ses formes, de la cellulose et de toutes autres matières similaires, des produits nécessaires à leur fabrication, de ceux en dérivant directement ou indirectement, en particulier de leur blanchiment [...]". De nouveaux logements ouvriers sont construits à la fin des années 1930 (IA25001698). A cette période, l’établissement emploie près de 120 personnes. En 1947, une usine de ouate de cellulose est en activité à côté de l'usine de blanchiment. L’usine de blanchiment de coton ferme ses portes en 1957. Elle est ensuite occupée par un fabricant de farine animale, puis par une casse automobile. Les bâtiments industriels ont été rasés en 1987 en prévision de l’aménagement du canal à grand gabarit du Rhône au Rhin.

Période(s)

Principale :

3e quart 19e siècle
4e quart 19e siècle
1er quart 20e siècle

Date(s)

Auteur(s) & personnalité(s)

Auteur : Camille Cellard, architecte, attribution par travaux historiques

Illustrations

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Description

Le logement qui subsiste à l'entrée du site est bâti en moellon de calcaire enduit, à un étage carré et un étage en surcroît, et est couvert d'un toit à deux pans en tuile mécanique. Le magasin à sel ne conserve que ses murs en moellon de calcaire, lesquels accusent un fruit caractéristique de ces constructions.

Murs :

calcaire
moellon
enduit

Toit :

tuile mécanique

Etages :

1 étage carré
étage en surcroît

Energie utilisée :

énergie hydraulique produite sur place
énergie hydraulique produite à distance
énergie électrique achetée

Source(s) documentaire(s)

Documents d’archives

Bibliographie

Brelot, Claude-Isabelle ; Locatelli, René. Un millénaire d'exploitation du sel en Franche-Comté : contribution à l'archéologie industrielle des salines de Salins (Jura), 1981.
Brelot, Claude-Isabelle ; Locatelli, René. Un millénaire d'exploitation du sel en Franche-Comté : contribution à l'archéologie industrielle des salines de Salins (Jura). - Besançon : Centre régional de Documentation pédagogique, 1981. 109 p. : 29 p. de pl. ; 30 cm.
Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm.
Résal H. Statistique géologique, minéralogique et minéralurgique des départements du Doubs et du Jura, 1864
Résal H. Statistique géologique, minéralogique et minéralurgique des départements du Doubs et du Jura. - Besançon : impr. Dodivers et Cie, 1864.
Seurre, André. La verrerie en Franche-Comté, 1972
Seurre, André. La verrerie en Franche-Comté.- Besançon : Jacques du Demontrond, 1972. 139 p. : ill. ; 24 cm.
Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R.HA.3

À voir

Informations complémentaires

Thématiques :

patrimoine industriel du Doubs

Aire d’étude et canton : Vallées, plateaux et montagnes du Doubs

Hydrographie : le Doubs

Dénomination : verrerie, saline, usine de produits chimiques, usine de blanchiment

Parties constituantes non étudiées :

barrage
logement
magasin industriel

VERRERIE, PUIS SOUDIÈRE ET SALINE, PUIS USINE DE BLANCHIMENT DE COTON