USINE DE PRODUITS CHIMIQUES BUGNOT-COLLADON, PUIS BLONDEAU, ACTUELLEMENT ARDÉA
25 - Roche-lez-Beaupré
48 route Nationale
- Dossier IA25001653 réalisé en 2015 revu en 2017
- Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Historique
En décembre 1868, la société de distillerie Bugnot-Colladon demande l’autorisation de construire une distillerie à Roche. Son établissement industriel, situé place du Transmarchement (Jura) à Besançon, a été détruit par un incendie le 9 juin 1868. Construit en 1870-1872, cet établissement procède à la distillation (maïs, betteraves) et à la rectification des alcools extra-fins. Implantée au bord du canal, l’usine, parfois appelée "potasserie", dispose d’un "pont d’embarquement et de débarquement" sur le bief 47-48 du canal du Rhône au Rhin. Par arrêté préfectoral du 21 mars 1870, la société Bugnot-Colladon est autorisée à établir une prise d’eau dans le canal pour les besoins de sa distillerie. Une conciergerie et une "chambre à filtres" sont construites en 1880, puis un atelier de fabrication d’engrais, deux magasins et un local pour une machine à vapeur en 1881.
La société acquiert des terrains non attenants à son site, au nord-ouest, et fait construire en 1882 une "fabrique d’huile", desservie par une voie Decauville, complétée en 1884 d’un magasin industriel, puis d’un logement en 1886. A cette date, l'usine "d'alcool, d'huile et d'engrais" emploie 270 hommes et 4 enfants. La "fabrique d’huile" est agrandie en 1888. La Société Anonyme des distilleries Bugnot-Colladon et Boulet Réunies succède à la SA Bugnot-Colladon en 1897. Après la liquidation de la société en 1902, la partie sud du site est acquise par la Savonnerie moderne A. Thalmüller (Nomexy, 88), qui demande en 1903 l’autorisation d’y implanter une fabrique de savons. Le projet ne semble pas avoir abouti. Peu après, un dénommé Ernest Goëtz acquiert ces parcelles situées au bord du canal et projette en 1906 d’y établir une usine hydraulique. Ces terrains sont finalement cédés en 1909 à Léon Piquard. L'activité de fabrication d'engrais est reprise par le chimiste de la société, Charles Monnot, qui crée en 1905 la société Veuve Monnot et Fils, devenue ensuite la Société des Engrais Monnot (SEM). Elle transfère sa production au nord du site (aujourd'hui Algoflash Compo France) après la Première Guerre. Les terrains sont acquis par la société de papeterie Weibel, mais les bâtiments sont laissés sans affectation et tombent progressivement en ruines. Ils sont détruits dans les années 1950, et laissent place à un lotissement.
En revanche, l’activité de fabrication de produits chimiques est reprise en 1902 par Ernest Tock, auquel s’associe peu après Joseph Blondeau, pour donner naissance en 1907, suite au départ de M. Tock, à la société Joseph Blondeau. Qualifiée "d'usine d'alcool et d'éther", elle se développe alors au nord-ouest du site originel, à l’emplacement choisi en 1882 pour implanter la "fabrique d’huile". Cette situation permet notamment de relier l’usine au réseau ferroviaire par un embranchement particulier. L’activité se concentre sur la fabrication d’éther sulfurique et la dénaturation d’alcool industriel. En 1923, la production journalière atteint 6 tonnes "d’alcools de chauffage, d’éclaircissage, alcools spéciaux pour vernis", qui sont stockés dans des réservoirs et envoyés par wagons-citernes dans les dépôts de la société.
En 1921, la veuve de Joseph Emile Blondeau, née Boucard, fonde la Société des Carburants Excelsior, qui a pour but "l'achat, la fabrication, le magasinage, la manutention et le vente des hydrocarbures [...]", et dont l'établissement est à Nancy. Marcel Emile et Maurice Joseph Blondeau fondent en 1925 la SARL Société Industrielle d’Alcools et d’Ether, transformée en SA des Ets J. Blondeau en 1927. Malgré son demi-siècle d’existence, l’usine n’est légalement autorisée à fonctionner que grâce à l’arrêté préfectoral du 30 octobre 1936. Dans l’entre-deux-guerres, les sociétés Excelsior et Blondeau coopèrent et développent sur le site de Roche une activité de stockage des carburants liquides, pour laquelle cinq réservoirs de 400 m3 sont installés (cette capacité atteint 17 000 m3 en 1971). L’usine se développe vers le nord après la Seconde Guerre mondiale. Des ateliers, magasins et un bâtiment de bureaux sont construits dans les années 1950-1960. En 1981, la société prend pour nom SCB (société commerciale Blondeau) et se lance dans le conditionnement des alcools pour la grande distribution. La fabrication d’éther est arrêtée en 1988. L’effectif est alors de 60 personnes. Un nouvel atelier de conditionnement a été édifié au nord-ouest du site en 1996. En 2000-2001, deux bâtiments datant du début du 20e siècle (chaufferie et production de l’éther), situés au sud, ont été supprimés. Les bâtiments industriels du site originel ont été démolis dès le second quart du 20e siècle et ont laissé place à des habitations. Seuls trois logements ouvriers collectifs, construits vers 1880, ont été conservés (1A rue de la Barre, 2 et 9-13 rue du Canal).
En 2006 est fondée la société Ardéa, qui a pour but la distribution et le conditionnement de produits chimiques liquides (droguerie). En 2015, le site emploie 54 personnes et conditionne annuellement 45 millions de litres de produits.
- 4e quart 19e siècle
- 2e moitié 20e siècle
- 1er quart 21e siècle
Description
L'atelier de dénaturation des alcools (désaffecté) est construit en maçonnerie enduite, à un étage carré, couvert d'un toit à longs pans en tuile mécanique. Les autres bâtiments industriels sont construits en rez-de-chaussée, couverts de toits à longs pans en tuile mécanique, ciment amiante ou en tôle. Les logements ouvriers sont construits en maçonnerie (moellon de calcaire ?), l'un à un étage carré et l'autre à deux étages carrés, et sont couverts de toits à longs pans en tuile mécanique.
- calcaire
- béton
- moellon
- parpaing de béton
- enduit
- enduit
- tuile mécanique
- ciment amiante en couverture
- fer en couverture
- en rez-de-chaussée
- 2 étages carrés
- énergie électrique produite sur place
- énergie thermique produite sur place
Source(s) documentaire(s)
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3 P 496/2-5 Matrice des propriétés foncières (19e siècle)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 496/2-5 Matrice des propriétés foncières (19e siècle)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 496/2-5 -
3 P 496/6 Matrice des propriétés bâties (1882-1910)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 496/6 Matrice des propriétés bâties (1882-1910)
Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon -
3 P 496/9 Matrice des propriétés bâties (1911-1963)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 496/9 Matrice des propriétés bâties (1911-1963)
Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 496/9 -
M 1620 Etablissements classés (1903)
Archives départementales du Doubs, Besançon M 1620 Etablissements classés (1903)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 1620 -
M 1622 Etablissements classés (1913)
Archives départementales du Doubs, Besançon, M 1622 Etablissements classés (1913)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon -
M 1680 Etablissements classés (1930-1937)
Archives départementales du Doubs, Besançon, M 1680 Etablissements classés (1930-1937)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon -
M 2331 Industrie. Situation industrielle. Statistiques (1885-1889)
Archives départementales du Doubs, Besançon, M 2331 Industrie. Situation industrielle. Statistiques (1885-1889)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon -
M 2370 Enquêtes sur les industries principales (1883)
Archives départementales du Doubs, Besançon : M 2370 Enquêtes sur les industries principales (1883)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2370 -
3 S 600 Navigation intérieure. Prise d’eau, récolements (1833-1916)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 S 600 Navigation intérieure. Prise d’eau, récolements (1833-1916)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 S 600 -
7 S 88 Cours d’eau et usines. Dossier communal (1868-1910)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 7 S 88 Cours d’eau et usines. Dossier communal (1868-1910)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 7 S 88 -
4 U 14/262 Justice de paix de Marchaux (1874-1928)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 4 U 14/262 Justice de paix de Marchaux (1874-1928)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 4 U 14/262 -
4 U 14/264 Justice de paix de Marchaux (1904-1959)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 4 U 14/264 Justice de paix de Marchaux (1904-1959)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 4 U 14/264 -
4 U 14/265 Justice de paix de Marchaux (1924-1934)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 4 U 14/265 Justice de paix de Marchaux (1924-1934)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 4 U 14/265 -
6 U/495 Tribunal de commerce. Actes de société (1890-1939)
Archives départementales du Doubs, Besançon : 6 U/495 Tribunal de commerce. Actes de société (1890-1939)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 6 U/495 -
336 W 40 Établissements classés (années 1960-1970)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 336 W 40 Établissements classés (années 1960-1970)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 336 W 40 -
336 W 60 Etablissements classés (années 1960)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 336 W 60 Etablissements classés (années 1960)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 336 W 60
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33 Fi Fonds Bugnot-Colladon (4e quart 19e siècle)
Archives départementales du Doubs, Besançon : 33 Fi Fonds Bugnot-Colladon (4e quart 19e siècle)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 33 Fi
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Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm. -
Coutin Philippe. Si Roche-lez-Beaupré m'était conté, 2016.
Coutin Philippe. Si Roche-lez-Beaupré m'était conté, [Besançon] : les Éditions du Sékoya, 2016, 293 p. -
Distillerie Bugnot-Colladon SARL. Assemblée générale extraordinaire, 1868.
Distillerie Bugnot-Colladon SARL. Assemblé générale extraordinaire du 20 août 1868. Rapport de la commission, 6 p.Lieu de conservation : Bibliothèque municipale, Besançon - Cote du document : 269645 -
Le département du Doubs, 1923
Le département du Doubs. - [S.l.] : [s.n.], 1923 : ill. N° spécial de « L’Illustration économique et financière », supplément du 4 août 1923
À voir
Informations complémentaires
- patrimoine industriel du Doubs
- atelier de fabrication
- bureau
- atelier de conditionnement
- réservoir industriel
- magasin industriel
- garage
- entrepôt industriel
- logement d'ouvriers
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