PLAQUES COMMÉMORATIVES REMPLOYANT DEUX INSCRIPTIONS ANTIQUES

70 - Luxeuil-les-Bains

3 rue des Thermes, 7 rue Georges Clemenceau

  • Dossier IM70001220 réalisé en 2020
  • Auteur(s) : Fabien Dufoulon
inscription © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique

Découverte des vestiges au 18e siècle

Les deux inscriptions insérées dans les plaques commémoratives ont été découvertes au 18e siècle.

Découverte de l'inscription de Labienus (23 juillet 1755)

Dans le "pré du sieur George Bassand" qui était conseiller à l'Hôtel de Ville, lors de travaux effectués autour d'un écoulement d'eau chaude situé à "14 toises et 4 pieds" au nord du Bain des Capucins, une plaque de pierre de 15 pouces de hauteur, 13 pouces de largeur et 3 pouces d'épaisseur est découverte à 3,5 pieds de profondeur. Elle porte l'inscription suivante : LIXOVII THERM. / REPAR. LABIENVS / IVSS. C. IVL. CAES. IMP. La découverte est documentée grâce au procès-verbal de Pierre-François Guin, qui dirigeait les ouvriers (311 E dépôt 7). Le texte a été cité et commenté par Delacroix (1867) qui précise que Guin était un antiquaire et un collectionneur, puis publié par Roussel (1924). D'après ce dernier, un cadre de pierre est commandé à Henri Grobert, maître tailleur de pierres demeurant à Dambenoît, selon le marché du 25 juin 1756. L'inscription est fixée "dans le mur de la grand-chambre du conseil de l'Hôtel de Ville" d'après Grandmougin (1866).
Morand (1756) est le premier auteur à publier la découverte : "On vient de trouver à Luxeuil de nouvelles preuves de son antiquité, en faisant une fouille relative à la restauration des bains". Labienus, restaurateur des bains, est alors identifié au général Titus Labienus, qui participe à la Guerre des Gaules aux côtés de César. Dès les années qui suivent, l'authenticité de l'inscription est sujette à discussion. Caylus évoque l'inscription "écrite sur une table de pierre du pays" dans le tome 3 (1759) de son Recueil d'Antiquités. Et son jugement est sans appel : "Je la regarde comme moderne". Pour l'affirmer, il s'appuie notamment sur la beauté des caractères, que l'on ne trouve à l'époque de César qu'en Italie, et sur l'emploi du mot "reparare" au lieu de "restituere" qui conviendrait davantage. Caylus est suivi par Desjardins (1880) et Bonnard (1908) ; Delacroix (1867) est quant à lui indécis. Beaucoup d'auteurs ont été moins critiques : Gastel (1761), Fabert (1773), Froissard (1806), Greppo (1846) et Chapelain (1857) acceptent sans réserve l'attribution prestigieuse de la reconstruction des thermes antiques à Labienus.

Découverte de l'inscription de Bricia (18 mai 1781)

D'autres inscriptions sont découvertes dans les années 1770 et 1780. Une inscription trouvée en 1777 a été perdue. Celle mise au jour en 1781 a en revanche été conservée. Elle est également documentée grâce à un procès-verbal (311 E dépôt 115). La plaque est retrouvée "dans les fouilles qui se font au couchant du bâtiment des bains pour agrandir la cour extérieure [...] au milieu des ruines d'anciens bâtiments". Elle porte l'inscription suivante : DIVA AUXI / BRICIA REG / CAE AUG / COS / TIB ET PIS / DEDICATU / TEMPLUM. Plusieurs auteurs ont imaginé, à partir de l'inscription et du contexte, la présence d'un temple consacré à Brixia ou Bricia (divinité locale en lien avec la rivière de la Brèche) à cet emplacement. La municipalité prévient l'intendant Charles-André de Lacoré, qui répond le 3 juin 1781 : "la conservation de cette inscription exige qu'on la dépose dans les archives de votre ville" (311 E dépôt 115).

Création des plaques commémoratives au 19e siècle

Dans une lettre au préfet du 9 décembre 1817, le vicomte Lainé, ministre de l'Intérieur, porte un intérêt à l'inscription de Labienus "que l'on voit encore à l'Hôtel de Ville [...] dans une chambre louée à un particulier" et préconise son exposition dans l'établissement thermal (311 E dépôt 355). Son transfert peut être situé entre 1845 et 1850. Il se fait en effet à l'initiative de Pierre-Jean Chapelain, qui devient médecin-inspecteur en 1845. Et Aliès (1850) signale que l'inscription vient d'être installée dans le vestibule correspondant à l'ancien Bain des Cuvettes. Il est probable que les deux plaques commémoratives dans lesquelles sont insérées les inscriptions datent des mêmes années.
Période(s)
Principale :
  • Gallo-romain
  • 2e quart 19e siècle

Description


Les deux plaques, fixées au mur, sont en pierre bleue. Elles sont percées pour recevoir les inscriptions antiques. Elles présentent un cadre mouluré en relief et une inscription gravée.
Catégories :
  • sculpture
Structures :
  • rectangulaire vertical
Iconographie :
  • inscription
Inscriptions :
  • plaque signalétique
État de conservation :
  • L'une des deux plaques a été fracturée.

Source(s) documentaire(s)

  • Archives départementales de la Haute-Saône. 311 E dépôt 7. Registre de délibérations des mayeur, échevins, conseil et notables de la ville de Luxeuil (5 décembre 1750-15 octobre 1764).
    Archives départementales de la Haute-Saône. 311 E dépôt 7. Registre de délibérations des mayeur, échevins, conseil et notables de la ville de Luxeuil (5 décembre 1750-15 octobre 1764).
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 311 E dépôt 7
  • Archives départementales de la Haute-Saône. 311 E dépôt 115. Bains. [1492-an XI].
    Archives départementales de la Haute-Saône. 311 E dépôt 115. Bains. Inventaire (an XI) des titres constatant la propriété des bains pour la ville (1492-1770). Recherches et protection des sources, procès-verbaux constatant l’infiltration de fumier (1657-1782). Procès-verbaux de mesure des débits, qualité et chaleur des eaux (1762-1763). Inscriptions romaines trouvées dans les bains et inscriptions rappelant la protection de l’intendant de Lacoré (1769-1781). Taxes et bail pour les eaux et bains de Plombières (1756-1779).
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 311 E dépôt 115
  • Archives départementales de la Haute-Saône. 311 E dépôt 355. Édifices publics.
    Archives départementales de la Haute-Saône. 311 E dépôt 355. Édifices publics. Abattoir public : construction, achat de terrains (1829-1831, 1881-1891) avec plans. Bains de Luxeuil : location, entretien, travaux de réparation, aménagement, etc. avec plans (1779-1945).
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 311 E dépôt 355
  • Caylus (de), Anne Claude Philippe. Recueil d'antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises. 1752-1767.
    Caylus (de), Anne Claude Philippe. Recueil d'antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises. Paris : Chez Desaint et Saillant, 1752-1767. 7 vol.
  • Morand, Jean François Clément. Lettre sur des antiquités trouvées à Luxeuil en Franche-Comté, et sur les eaux thermales de cette Ville. 1756.
    Morand, Jean François Clément. Lettre sur des antiquités trouvées à Luxeuil en Franche-Comté, et sur les eaux thermales de cette Ville. In : Suite de la Clef, ou Journal historique sur les matières du tems, janvier-juin mars 1756, p. 193-198.
  • Gastel, Thimothée. Traité ou dissertation sur les Eaux minérales et thermales de Luxeuil. 1761.
    Gastel, Thimothée. Traité ou dissertation sur les Eaux minérales et thermales de Luxeuil. Besançon : chez Charmet, 1761. 72 p.
  • Fabert (de), Jean-Joseph. Essai historique sur les eaux de Luxeuil. 1773.
    Fabert (de), Jean-Joseph. Essai historique sur les eaux de Luxeuil. Paris : Impr. de Vincent, 1773. 195 p.
  • Froissard, Claude François. Notice sur l’antiquité de la ville de Luxeuil. 1806.
    Froissard, Claude François. Notice sur l’antiquité de la ville de Luxeuil, lue à la séance de la Société d’Agriculture, des Sciences et Arts du département de la Haute-Saône, du 3 messidor an 13. In : Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, commerce et arts du département de la Haute-Saône, 1806, vol. 1, p. 83-93.
  • Aliès, Barnabé. Études sur les eaux minérales en général, et sur celles de Luxeuil en particulier. 1850.
    Aliès, Barnabé. Études sur les eaux minérales en général, et sur celles de Luxeuil en particulier, précédées d'un aperçu historique, topographique et statistique sur la ville de Luxeuil. Paris : J.-B. Baillière, 1850. XLVII-220 p.
  • Chapelain, Pierre-Jean. Luxeuil et ses bains, propriétés physiques, chimiques et médicinales des eaux minéro-thermales de Luxeuil. 1857.
    Chapelain, Pierre-Jean. Luxeuil et ses bains, propriétés physiques, chimiques et médicinales des eaux minéro-thermales de Luxeuil, avec quelques recherches historiques prouvant l'importance de cette ville et de ses bains dans l'antiquité et le Moyen Âge. Paris : J.-B. Baillière et fils, 1857. 171 p.
  • Delacroix, Émile. Luxeuil, ville, abbaye, thermes. 1867.
    Delacroix, Émile. Luxeuil, ville, abbaye, thermes. In : Mémoires de la Société d’Émulation du Doubs, 4e série, 3e volume, 1867. p. 59-184.
  • Desjardins, Ernest. Les Monuments des thermes romains de Luxeuil. 1880.
    Desjardins, Ernest. Les Monuments des thermes romains de Luxeuil. Paris : Champion, 1880. 55 p.
  • Bonnard, Louis. La Gaule thermale. Sources et stations thermales et minérales de la Gaule à l'époque gallo-romaine. 1908.
    Bonnard, Louis. La Gaule thermale. Sources et stations thermales et minérales de la Gaule à l'époque gallo-romaine. Paris : Librairie Plon, 1908. 521 p.
  • Roussel, J. Luxovium ou Luxeuil à l’époque gallo-romaine. 1924.
    Roussel, J. Luxovium ou Luxeuil à l’époque gallo-romaine. Paris : Auguste Picard ; Besançon : Librairie Marion Frère et Sœurs ; Luxeuil-les-Bains : Librairie Paul Valot, 1924. 306 p.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • thermalisme en Bourgogne-Franche-Comté (le)
Aire d’étude et canton : Bourgogne-Franche-Comté
Dénomination : plaque commémorative
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