MOULIN DE COUR, PUIS TISSAGE WILD, SAUVEGRAIN ET TEXUNION
25 - Baume-les-Dames
1, 3 rue du Moulin
- Dossier IA25001097 réalisé en 2014
- Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Historique
Établi sur la rive droite du Doubs dans la commune de Cour (rattachée à celle de Baume-les-Dames en 1894), le moulin appartient aux Dames de l’Abbaye de Baume à la fin du Moyen-Âge. Il est reconstruit en 1741, ainsi que l'atteste une pierre, située à l'angle nord-est du bâtiment, et frappée de ce millésime et des armoiries, malheureusement bûchées.
Vendu comme bien national en 1791, le moulin (bâtiment situé sur l'île ?) est reconstruit en 1842 par son propriétaire, le sieur Ebelmann, et agrandi en 1843 d’un « magasin à blé et à farine ». En 1845, le moulin compte 8 paires de meules, une huilerie et 2 ribes, le tout actionné par sept roues hydrauliques. Il échoit à Victor Perrier, puis à son fils Louis, qui le cède en novembre 1892 à Georges Wild. A ce moment, le moulin est mis en jeu par quatre roues hydrauliques et une turbine de 20 chevaux.
Originaire d’Eschenbach (Suisse), l’industriel Georges Wild souhaite transformer le moulin en tissage mécanique de coton, et demande l’autorisation d’accroître la force motrice en élevant la hauteur du barrage. Malgré un décret du 4 octobre 1894 réglementant la prise d’eau, G. Wild renoncera à cette demande. Menés pendant l’année 1893 et la première moitié de 1894, les travaux comprennent l’agrandissement du moulin dans son prolongement occidental (ateliers de préparation du tissage : ourdissage, dévidage, encollage, etc.) et la construction d’une salle de tissage en rez-de-chaussée, au nord. Celle-ci est construite sur les plans de l’architecte Georges Goguely et d’après les conseils de François Bernasconi, technicien suisse qui dirigera le tissage pendant plus de 40 ans. D’une superficie de 2500 m², l’atelier de tissage est équipé de matériel suisse et mis en service en juillet 1894. Faute de main-d’œuvre, les 350 métiers ne seront en activité qu’en mars 1895. Ils sont actionnés, via des transmissions mécaniques, par une turbine hydraulique, suppléée en 1896 par une machine à vapeur d’occasion. Dès 1897, la salle de tissage est agrandie (600 m²) et équipée de 100 métiers supplémentaires. Exploitée depuis 1895 par la société en commandite G. Herr, Jules Ziegler et Cie, l'usine textile est reprise en 1905 par la société G. et R. Herr Frères et Compagnie.
En 1904, la production s’orientant vers les tissus d’ameublement de grande largeur (140 cm), l’atelier est de nouveau agrandi d’une surface de 400 m² où sont positionnés 120 métiers. Une nouvelle turbine porte la puissance hydraulique à 150 chevaux, en plus des 120 chevaux de la machine à vapeur. En juillet 1908, l’usine textile est vendue à Louis Sauvegrain, industriel de Roanne (42). En 1912, 120 métiers à tisser sont transférés dans un nouveau tissage construit à Gray, en Haute-Saône (IA70000336). Pendant le premier conflit mondial, le tissage travaille en partie pour l’effort de guerre. L'usine est exploitée entre 1911 et 1922 par la société G. Herr, Roelly et Cie, puis sous la raison sociale Veuve G. Herr et Cie. En 1919, elle emploie 79 personnes.
Dans la décennie 1920, le tissage utilise également, en plus du coton, le fil de soie naturelle, puis la soie artificielle. Un atelier de préparation de la rayonne est aménagé dans le bâtiment de l’ancien moulin. Vers 1930, le tissage Sauvegrain emploie 169 ouvriers. En 1934-1935, les 300 métiers sont remplacés par 170 métiers automatiques américains et 100 métiers automatiques lourds français. L’usine fabrique de la toile de tente et travaille pour l’aéronautique (toile pour ballons de barrage). En 1943, l’effectif est de 180 personnes, mais l’approvisionnement en matière première (coton, rayonne) étant irrégulier, un atelier de confection de vêtements pour enfants et jeunes filles est aménagé dans l’ancien moulin.
Entre 1946 et 1956, l’ensemble du matériel est modernisé. La société acquiert 200 métiers à tisser (180 cm de largeur) actionnés par des moteurs électriques individuels, ainsi que les machines de préparation : encolleuses à air chaud, ourdissoirs, bobinoirs, canetières, machines à nouer et à rattacher les fils. La machine à vapeur est remplacée par deux moteurs diesel. De nouveaux bâtiments sont construits (magasin des filés, bureaux) et les ateliers sont équipés d’une climatisation. La production passe de 224 t de tissu en 1953 à 704 t en 1961.
Les usines de Gray et de Baume-les-Dames sont intégrées vers 1960 dans une filiale des Ets Sauvegrain, appelée Tissages de Franche-Comté, avant d’intégrer le groupe Texunion en 1964. L’usine emploie 210 personnes en 1962. Elle ferme ses portes en 1979, où l'effectif n'est plus que de 115 personnes (dont 99 ouvriers). Le matériel en place consiste alors en deux bobinoirs Comelor (80 broches), deux bobinoirs SACM (90 broches), un ourdissoir Comelor (2 cantres 672 bobines) et une encolleuse Zelle pour la préparation du fil et 200 métiers Diederichs CRK pour le tissage. Menaçant ruine, la cheminée de 34 m de haut a été réduite de moitié en 1985. Les bâtiments construits dans les années 1950, bordant la rue du Moulin au nord, sont partiellement ruinés. La partie occidentale de l’atelier de tissage a été détruite, alors que la moitié orientale a laissé place à de nouveaux bâtiments utilisant partiellement les anciens murs. Le bâtiment du moulin abrite une centrale hydroélectrique, exploitée depuis 2008 par la SARL Moulin de Cour. Au moment du rachat, elle renferme une turbine Fontaine-Girard (à l'arrêt) et une turbine de type Francis.
- 2e quart 18e siècle
- 4e quart 19e siècle
- 2e quart 19e siècle
- 1er quart 20e siècle
- 3e quart 20e siècle
Description
Les deux bâtiments du moulin construits de part et d’autre du bief sont en moellon de calcaire enduit, à un étage carré et un étage en surcroît, couverts de toits à longs pans en tuile mécanique. Le magasin industriel construit à l’est le long du Doubs possède également un étage carré et un étage en surcroît, et est couvert d’un toit à longs pans, avec demi-croupes. Il est flanqué, sur ses façades est et ouest, de deux adjonctions couvertes d’un appentis. Le bâtiment construit dans le prolongement occidental du moulin est en rez-de-chaussée, couvert de toits en tuile mécanique. L’atelier de tissage, dont il ne reste que quelques traces, était bâti en moellon de calcaire enduit, ajouré d’arcs segmentaires en brique, et couvert de sheds. Le bâtiment reconstruit sur la partie orientale est couvert de toits à longs pans en tôle. Le bâtiment des bureaux situé au nord du moulin, de l’autre côté de la route, est en parpaing de béton enduit, à deux étages de soubassement, couvert de sheds.
- calcaire
- béton
- brique
- moellon
- parpaing de béton
- enduit
- enduit
- tuile mécanique
- fer en couverture
- 2 étages de soubassement
- en rez-de-chaussée
- 1 étage carré
- étage en surcroît
- énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
- énergie thermique produite sur place
- énergie électrique achetée
Source(s) documentaire(s)
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M 769 Conflits du travail, grèves, coalitions (1918-1919)
Archives départementales du Doubs, Besançon : M 769 Conflits du travail, grèves, coalitions (1918-1919)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 769 -
3 S 1664 Navigation intérieure. Canal du Rhône au Rhin. Prise d’eau et usines (1819-1949)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 S 1664 Navigation intérieure. Canal du Rhône au Rhin. Prise d’eau et usines (1819-1949)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 S 1664 -
M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930
M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 3044 -
2093 W 20 Aide aux entreprises
Archives départementales du Doubs, Besançon, 2093 W 20 Aide aux entreprisesLieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 2093 W 20
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Belzacq, Patrice. Le tissage de Cour, 1987
Belzacq, Patrice. Le tissage de Cour. Mon Vieux Baume, 1987. -
Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm. -
Microcentrales hydroélectriques, valorisation industrielle franc‐comtoise, 2009.
Microcentrales hydroélectriques, valorisation industrielle franc‐comtoise [Rapport du cabinet Reilé] / ARID (Association des Riverains Industriels du Doubs), 2009.
À voir
Informations complémentaires
- patrimoine industriel du Doubs
- atelier de fabrication
- logement
- bief de dérivation
- cheminée d'usine
- chaufferie
- bureau
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