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LE MOBILIER DU THÉÂTRE

58 - Nevers

8 place des Reines de Pologne

  • Dossier IM58002444 réalisé en 2024
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
théâtre © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Le théâtre de Nevers a connu trois décors différents au 19e siècle, résultant de la campagne de construction initiale (1809-1824), d'une première restauration (1853-1854) puis d'une deuxième (1898-1899). Seuls subsistent le plafond de la première restauration et le décor de la deuxième, alors que le mobilier a entièrement été renouvelé depuis. Le premier décor est essentiellement l'oeuvre du peintre italien Bernardin Lago, suivant son marché du 28 octobre 1823 portant sur "mécanisme, décorations, peintures, dorures et fourniture de tous les objets nécessaire pour les dites décorations". Le cahier des charges mentionne que les quinquets (lampes à huile) seront "à la moderne, et en fer blanc brillant", que "l'appui de trois rangs de loges sera en velours bleu d'Utrecht, arrêté avec des clous dorés", que "les banquettes des 1res, 2mes loges et amphithéâtre seront rembourrées en foin, et recouvertes de toile verte. Les draperies des deux loges d'avant-scène seront en taffetas bleu, garni [sic] de franges dorées. Le papier tenture sera bleu, et parsemé d'étoiles dorées". Le lustre est fourni par le Parisien Chopin (qui le remplacera en 1835). Pour leur part, le maçon Gilbert Penauille, associé au menuisier Jacques Alfroy et au plâtrier Michel Taverna, met en place "16 colonnes [doriques] en bois pour soutenir les planchers inférieurs des premières ", quatre autres pour les loges d'avant-scène (2,16 m de haut et 16 cm de diamètre), un châssis portant les armoiries de la ville sur l'avant-scène, etc.
Le décor du milieu du siècle est dû au peintre Saint-Léon, de son vrai nom Antoine Victor Barbereau, qui refait entièrement la salle. Le 27 mai 1851, il établit un devis comprenant la salle, la "tapisserie" (garniture des chaises, banquettes et divans, stalles et appuis des garde-corps) et les décors scéniques. Le premier poste comprend la réalisation de garde-corps et de séparations pour les loges, l'ornementation de l'avant-scène ("devantures, corniches, moulures, frontons, socles, piédestaux, encadrements des 1ères, 2èmes, 3èmes et baignoires, et quatre colonnes"), le renouvellement des plafonds (de la salle et de l'avant-scène), les corniches, tout ce qui est dorure (moulures, chapiteaux, colonnes, etc.), le manteau d'arlequin et les rideaux, les ornements rapportés (en cuivre estampé ou en "carton-pierre", avec notamment les "9 frontons à enfants saillants"), les papiers peints, etc. Les travaux sont réalisés en 1853 et un devis supplémentaire, le 30 juin, les complète en remplaçant les anciens décors scéniques ("qui formaient avec les nouveaux un contraste fâcheux") et en renouvelant le mobilier des autorités (avec, notamment, les "2 blasons [du Nivernais et de la ville] et ornemens devant les loges du Maire et du Préfet") et le décor du foyer. L'éclairage est modernisé avec l'installation du gaz dans la salle (la scène devra attendre 1873 ou 1874).
La deuxième restauration, en 1898 et 1899, voit le remplacement total du décor de la salle mais aussi une reprise de la façade avec création d'un porche et d'un décor sculpté en pierre. Pour ce dernier, l'architecte Charles Brazeau fait appel au sculpteur neversois François Franc, dont le marché est signé le 13 mars 1899. Le lot concernant le décor de la salle est partagé entre le Parisien Léopold Flandrin pour le staff - garde-corps des trois galeries (avec un motif de paires de putti à la troisième) et cariatides soutenant le plafond, colonnes des loges, etc. - et le Tourangeau Emile Vernon pour la peinture - le plafond circulaire et ses écoinçons, un registre intermédiaire, deux frises au cadre de scène et un motif central (allégorie - Ville de Nevers). Flandrin accuse réception de sa commande le 22 décembre 1898 et son poseur arrive à Nevers le 8 février 1899 ; Vernon est réglé dès le 9 mai 1899. L'auteur de l'article publié le 5 novembre dans Le Journal de la Nièvre écrit notamment : "La façade des loges et des balcons est peinte d'un ton crème d'une exquise fraîcheur tempérée par des rechampis verts et rosés d'une nuance fine et délicate et rehaussé d'ors rutilant sous la lumière du lustre et des girandoles. Elle se détache en clair sur le fond rouge sombre des intérieurs des loges". Et plus loin : "M. Brazeau, l'architecte directeur des travaux, a fait de notre salle de spectacle une véritable bonbonnière, du meilleur goût et du plus gracieux effet". Le grand lustre a été remplacé par la Société anonyme d'Eclairage par le Gaz de la Ville de Nevers (il disparaîtra à la fin de la Première Guerre mondiale).
L'installation électrique, réalisée en 1917-1919 par les troupes alliées, est refaite en 1930. Après une nouvelle campagne de travaux, de 1978 à 1980, qui voit les scénographes Demangeat et Rioualec convertir le théâtre à la musique, la dernière en date, de 2015 à 2018, restitue à l'établissement sa fonction initiale. Les décors de la fin du 19e siècle sont restaurés et à cette occasion, le plafond de Saint-Léon est retrouvé sous celui de Vernon. Les deux sont déposés pour restauration. Les travaux se poursuivent jusqu'au premier semestre 2018, avec intervention de professionnels, tel le sculpteur Patrice Chevrier, mais aussi d'élèves de l'Ecole de la 2e Chance Nièvre-Bourgogne (oeuvrant pour l'insertion sociale et professionnelle des jeunes), de citoyens au sein de chantiers participatifs, d'élèves de l'Ecole supérieure d'Arts appliqués de Bourgogne (Esaab) qui conçoivent le mobilier des loges d'acteurs, fabriqué ensuite par les élèves du lycée Bérégovoy, du personnel de l'atelier municipal tapisserie (qui refont les sièges en velours), etc. Le théâtre ouvre ses portes le 6 octobre 2018.
Période(s)
Auteur(s) & personnalité(s)

- date de décès : 1824

Lago, Bernardin. Peintre-décorateur né au 18e siècle à Castelletto Stura (province de Coni, Italie) et mort à Coni en 1824. Auteur de décors de théâtre à Mons et Bruxelles en Belgique, Avesnes, Bourges et Nevers (en 1823).

Date de naissance : 31/10/1813 - date de décès : 27/06/1891

Barbereau, Antoine Victor, dit Saint-Léon (1813-1891). Peintre décorateur de théâtre, né le 31 octobre 1813 à Verviers (Belgique) et mort le 27 juin 1891 à Colombes. Issu d’une famille liée au monde du spectacle : son père Léon Charles Louis Barbereau, dit Saint-Léon, est directeur de théâtre ; son frère Alexandre Marc Antoine (né en 1824 à Dijon) est artiste dramatique, de même que sa sœur Adèle (née en 1826 à Chalon-sur-Saône). Travaille dans les théâtres de Rochefort, Tours, Blois et La Châtre, et reconstruit les salles de ceux d’Orléans, Gray et Nevers.

Date de naissance : 1858 - date de décès : 1924

Brazeau, Charles (1858-1924). Né à Orléans en 1858. Architecte à Nevers (14 rue Saint-Gildard) de 1893 à 1924. Ses papiers personnels et professionnels sont conservés aux Archives départementales de la Nièvre (11 J 1-83).(Source : Linsolas, Jean-Marie. La restauration du théâtre de Nevers à la fin du XIXe siècle. 2016.)

Franc, François. Sculpteur établi au 3 rue du Carrefour à Nevers en 1899. Auteur des sculptures extérieures du théâtre de Nevers.

Date de naissance : 17/04/1867 - date de décès : 30/01/1913

Flandrin, Achille Henri Léopold (1867-1913). Fils du sculpteur Alfred Palémon Flandrin (1839-1892 ?). Elève à l'école des Beaux-Arts de Paris en 1885, élève de Léon Ginain et de Charles Roufosse. Décorateur au 15 quai de Bourbon à Paris en 1898. Nommé officier d’académie le 30 août 1901 à l’occasion de la clôture des travaux de la Nouvelle Sorbonne (JO du 31 août). (Sources : https://ssl-agorha2.coexya.eu/ark:/54721/ffb9e439-6759-4e5e-afd3-d9cb7f387d8b et https://www.geneanet.org/cercles/view/colgnecac75d/1421572)

Date de naissance : 14/03/1872 - date de décès : 31/01/1920

Vernon, Emile (1872-1920). Peintre formé à l'école des beaux-arts de Tours puis à celle de Paris, où il suit l'enseignement de William Bouguereau et d'Auguste Truphème. Etabli en 1898 au 10 rue Lakanal à Tours. Auteur en 1899 des décors des théâtres de Châtellerault (plafond et rideau de scène) et de Nevers (plafond). Auteur de portraits à l'aquarelle de femmes et d'enfants. (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Vernon)

Source(s) documentaire(s)

  • Archives départementales de la Nièvre : 11 J Fonds Charles Brazeau, architecte à Nevers. 1893-1924.
    Archives départementales de la Nièvre : 11 J Fonds Charles Brazeau, architecte à Nevers. 1893-1924.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Nièvre, Nevers - Cote du document : 11 J
  • Archives municipales de Nevers : 4 M 203/33-37 Petit théâtre. An II-1947.
    Archives municipales de Nevers : 4 M 203/33-37 Petit théâtre. An II-1947.
    - 4 M 203/33 Construction d’une salle de spectacle dans le local communal du petit château : actes administratifs, règlement, actions nominatives, devis, factures, plan, correspondance. An II-1811.
    - 4 M 203/34 Construction d’une salle de spectacle : société des actionnaires, registre des délibérations (1809-1811), liste des actionnaires : registre (1809). 1809-1811.
    - 4 M 203/35 Construction d’une salle de spectacle : mémoires de travaux, entretien, devis, factures, croquis, affiche, correspondance. 1812-1829.
    - 4 M 203/36 Salle de spectacle : inventaire des décors et objets accessoires et mobiliers, chauffage, restauration, éclairage, bail du local à café, réparation des décors, reconstruction d’escalier, ameublement du foyer. 1833-1869.
    - 4 M 203/37 Eclairage électrique, acquisition de décors, travaux de réfection et appropriation, inventaire des meubles, fourniture de mobilier de scène, chauffage central, location du café, concession du théâtre. 1822-1947.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Nevers - Cote du document : 4 M 203/33-37
  • [Cadre d’arlequin, avec au verso des détails d’architecture (corniche et base de colonne)]. S.d. [1er quart 19e siècle ?].
    [Cadre d’arlequin, avec au verso des détails d’architecture (corniche et base de colonne)]. Dessin (plume, lavis), s.n. S.d. [1er quart 19e siècle ?]. 19,5 x 32 cm, éch. de 4 pieds [pour 11 cm].
    Lieu de conservation : Archives municipales, Nevers - Cote du document : 4 M 203/37
  • [Projet de lustre]. S.d. [1824].
    [Projet de lustre]. Dessin sur calque (crayon de papier), par Chopin Fils. S.d. [1824]. 25 x 18,5 cm, éch. de 2 pieds pour 8 cm.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Nevers - Cote du document : 4 M 203/35
  • Projet de restauration de la salle de spectacle de la ville de Nevers. 9 avril 1851.
    Projet de restauration de la salle de spectacle de la ville de Nevers. Dessin sur calque collé sur papier (plume, lavis), par l’architecte de la ville Paillard. Nevers le 9 avril 1851.
    - Plan du rez-de-chaussée. 56 x 44,5 cm, 1/100.
    - Plan du 1er étage. 55 x 44 cm, sans éch.
    - Plan du 2ème étage. 54 x 43 cm, sans éch.
    - Coupe transversale [et] Coupe longitudinale. 55,5 x 45 cm, sans éch.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Nevers - Cote du document : 4 M 203/37
  • [Croquis de décors et cariatide]. S.d. [décennie 1890].
    [Croquis de décors et cariatide]. Dessin (crayon de papier), s.n. [par Brazeau ?]. S.d. [décennie 1890]. 40 x 31 cm, sans éch.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Nièvre, Nevers - Cote du document : 11 J 68
  • Théâtre de Nevers. Salle de spectacle [projet de décor, par Auberlet]. S.d. [1898].
    Théâtre de Nevers. Salle de spectacle [projet de décor, par Auberlet]. Dessin (tirage bleu), par A. Auberlet. S.d. [1898].
    - [Elévation de la salle côté cour]. 30 x 33,5 cm, 1/50.
    - [Projet de décor divers et de cariatide]. 43 x 66,5 cm, 1/10.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Nièvre, Nevers - Cote du document : 11 J 51
  • [Projet de décor pour la salle, par Thiébault]. S.d. [1898].
    [Projet de décor pour la salle, par Thiébault]. Dessin (support, technique ?), par Alfred Thiébault. S.d. [1898]. 57,5 x 49 cm, sans éch.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Nièvre, Nevers - Cote du document : 11 J 51
  • [Projet de décor pour la salle, par Flandrin]. S.d. [17 juin 1898].
    [Projet de décor pour la salle, par Flandrin]. S.n. [par Flandrin]. S.d. [17 juin 1898].
    A [devant de loge d'entrecolonne, avec deux enfants]. Dessin sur calque collé sur carton (plume, lavis). 39 x 50,5 cm, sans éch.
    B [devant de balcon des premières galeries]. Dessin sur calque collé sur carton (plume, lavis, crayon de papier). 27 x 50 cm, sans éch.
    C [devant de balcon des deuxièmes galeries]. Dessin sur calque (plume, lavis). 16 x 35,5 cm, sans éch.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Nièvre, Nevers - Cote du document : 11 J 51
  • Théâtre de Nevers. Salle de spectacle. 1/2 Elévation du développement. 27 avril 1898.
    Théâtre de Nevers. Salle de spectacle. 1/2 Elévation du développement. Dessin (plume, crayon de papier), par Brazeau. 27 avril 1898. 31,5 x 36,5 cm, 1/50.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Nièvre, Nevers - Cote du document : 11 J 68
  • [Projet de décor du porche]. S.d. [13 mai 1898].
    [Projet de décor du porche]. Dessin (tirage), par la société Gilardoni Fils, A. Brault et Cie. S.d. [13 mai 1898]. 81 x 59 cm, sans éch.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Nièvre, Nevers - Cote du document : 11 J 68
  • Plan de lustre de théâtre. N° 14897. 17 février 1899.
    Plan de lustre de théâtre. N° 14897. Dessin (mine de plomb, gouache), par l’Usine à gaz de Nevers. 17 février 1899. 60 x 51 cm, 1/5.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Nièvre, Nevers - Cote du document : 11 J 51
  • [Projet de décor : rideau de scène]. S.d. [4e quart 19e siècle].
    [Projet de décor : rideau de scène]. Dessin (crayon, plume), s.n. [par Brazeau ?]. S.d. [4e quart 19e siècle]. 43,5 x 52,5 cm, sans éch.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Nièvre, Nevers - Cote du document : 11 J 68
  • Petit théâtre [vue de la salle de spectacle depuis la scène]. 1935.
    Petit théâtre [vue de la salle de spectacle depuis la scène]. Photographie, par Pierre Premery. 1935. Négatif N&B.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Nevers - Cote du document : 9 Fi 124
  • [Photographies lors de la campagne de travaux de 2015-2018].
    [Photographies lors de la campagne de travaux de 2015-2018]. Photographie en couleur, s.n. 2015-2018.
    Lieu de conservation : Ville de Nevers, Services techniques
  • Conruyt, Claire. La surprenante découverte d'une toile cachée dans le théâtre de Nevers. 19 juin 2017.
    Conruyt, Claire. La surprenante découverte d'une toile cachée dans le théâtre de Nevers. Le Figaro [en ligne], 19 juin 2017, ill. [consultation du 2 septembre 2024]. Accès internet : https://www.lefigaro.fr/culture/2017/06/19/03004-20170619ARTFIG00261-la-surprenante-decouverte-d-une-toile-cachee-dans-le-theatre-de-nevers.php
  • N., J. de la. Le théâtre de Nevers. 5 novembre 1899.
    N., J. de la. Le théâtre de Nevers. Le Journal de la Nièvre, 69e année, n° 259, dimanche 5 novembre 1899, p. 2. Document accessible en ligne : https://archives.nievre.fr/ark:/60877/zlbjg98f5nch/91994a41-487d-4ab5-aa8c-42a7c7d17e31
  • Payet, Lara. Trois mois de retard pour le théâtre. 16 juin 2017.
    Payet, Lara. Trois mois de retard pour le théâtre. Le Journal du Centre, vendredi 16 juin 2017, p. 7 : ill.
  • Rouault, Anne-Elizabeth ; Valli, Simona ; Aguilella-Cueco, David ; Delnef, Florence. Théâtre de Nevers. Etude préalable à la restauration des décors. Janvier-mars 2017.
    Rouault, Anne-Elizabeth ; Valli, Simona ; Aguilella-Cueco, David ; Delnef, Florence. Théâtre de Nevers. Etude préalable à la restauration des décors. Janvier-mars 2017. S.l. : s.n., 2017. 79 p. : ill. ; 30 cm.
  • Rouault, Anne-Elizabeth ; Guétault, Nathalie ; Arnaudeau, Louis-Marie. Théâtre de Nevers. Etude des décors en relief. Février-avril 2017.
    Rouault, Anne-Elizabeth ; Guétault, Nathalie ; Arnaudeau, Louis-Marie. Théâtre de Nevers. Etude des décors en relief. Février-avril 2017. S.l. : s.n., 2017. 23 p. : ill. ; 30 cm.
  • Souverain, Dominique. Plus que trois mois avant les trois coups. 14 avril 2018.
    Souverain, Dominique. Plus que trois mois avant les trois coups. Le Journal du Centre, samedi 14 avril 2018, p. 6 : ill.

Informations complémentaires


LE THÉÂTRE DE NEVERS
 
Le théâtre de Nevers, complètement remis à neuf, va ouvrir ses portes ce soir samedi, après dix-huit mois d'interruption.
Cette période, qui a peut-être paru très longue à beaucoup, n'a pas été inutilement employée : M. Brazeau, l’architecte directeur des travaux, a fait de notre salle de spectacle une véritable bonbonnière, du meilleur goût et du plus gracieux effet, tout en restant dans les limites qu'il ne pouvait dépasser.
Tous ceux qui ont pu se rendre un compte détaillé, ces jours-ci, des embellissements et des améliorations apportés au vieux bâtiment municipal, sont d'avis qu'il était matériellement impossible d'en mieux tirer parti.
M. Brazeau et ses collaborateurs, peintres, sculpteurs, tapissiers, etc., ont droit à nos félicitations, - et le public, nous en sommes persuadé, ne se fera pas faute de ratifier notre jugement.
Hier soir, à la répétition générale de l'orchestre, la salle étant éclairée comme pour le spectacle, nous avons pu nous livrer à un examen plus complet ; en quelques lignes nous allons faire une description de notre théâtre :
Le plafond, oeuvre de M. E. Vernon, artiste-peintre, élève de MM. Bouguereau et Truphème, dont on a pu déjà apprécier le talent à Nevers, est composé de quatre groupes de figures allégoriques représentant l'Agriculture et l'Industrie nivernaises, la Poésie, la Musique et les Arts, planant dans un ciel aux colorations riches et harmonieuses.
A signaler aussi les panneaux formant le complément du plafond du côté de la scène, dont la couleur plus soutenue fait une transition heureuse entre l'éclat lumineux du plafond et le ton plus sombre du nouveau rideau de scène également remarquable. L'un de ces panneaux représente la première comédie humaine (Eve tentée par le Serpent) ; une autre ligure le premier drame (Caïn s'enfuyant après le meurtre d'Abel) ; le panneau du milieu se compose d'une figure allégorique tenant un cartouche sur lequel est inscrit la devise : Omne Labore.
Au-dessus du rideau, une frise représentant des enfants jouant avec un masque de tragédie est d'une charmante originalité.
La façade des loges et des balcons est peinte d'un ton crème d'une exquise fraîcheur tempérée par des rechampis verts et rosés d'une nuance fine et délicate et rehaussé d'ors rutilant sous la lumière du lustre et des girandoles. Elle se détache en clair sur le fond rouge sombre des intérieurs des loges, et forme avec le plafond un ensemble harmonieux.
Un rideau-réclame (genre Paris) complète l'ensemble de la restauration de la salle et servira de distraction au public pondant les entr'actes.
Parmi les modifications apportées à la décoration intérieure, à signaler encore les nouveaux balcons des quatre principales loges, la disposition heureuse de la tenture de ces loges et le cadre de scène surmonté d'une allégorie de la Ville de Nevers.
Les anciennes stalles d'orchestre, fixes, ont disparu et sont allées former les quatre premiers rangs du parterre. Elles ont été remplacées par de confortables fauteuils se relevant à bascule et laissant ainsi plus d'espace à la circulation.
La facilité des allées et venues a été augmentée partout où cela était possible : un couloir central a été formé dans toute la longueur du parterre au moyen de strapontins se relevant automatiquement ; les colonnes gênant l'entrée aux fauteuils d'orchestre et aux baignoires ont disparu, etc.
Les artistes ont des loges parfaitement quoique simplement aménagées, et, en cas de danger, ils ont à leur disposition un escalier par où ils pourraient rapidement gagner la petite cour derrière le Palais.
Une herse supplémentaire éclaire la scène ; les décors ont été retouchés et plusieurs nouveaux viendront compléter la collection.
Le foyer du public a été mis en communication directe avec le couloir des premières par deux escaliers de quelques marches. Ce foyer, d'une exiguïté regrettable n'a, malheureusement pu être agrandi, mais la terrasse remplaçant le balcon de jadis en formera une annexe importante qui ne sera pas à dédaigner par les beaux temps. Par contre, en cas de pluie, cette terrasse servira d'abri au public attendant l'ouverture des portes du théâtre.
La construction de la terrasse a entraîné la restauration de la façade principale, dont l'architecture d'une simplicité par trop exagérée n'indiquait qu'imparfaitement la destination de l'édifice qu'elle renfermait.
Chacun a suivi, pour ainsi dire au jour le jour, avec intérêt et curiosité, la restauration de cette façade : des pilastres ont été dégagés dans la masse, des chapiteaux, bases, clefs, etc., incrustés dans la façade existante ; une fine corniche a été taillée dans l'ancienne, deux frontons sont venus couronner les avant-corps et le tout a été surmonté d'un attique finement profilé. Les sculptures des frontons et des chapiteaux aux motifs variés sont dus [sic] au ciseau de M. Franc, sculpteur nivernais.
Enfin deux escaliers nouveaux, en pierre, larges et spacieux, flanquent les façades latérales et, desservant tous les étages du théâtre permettraient une évacuation rapide de la salle en cas de danger ; tout ce qui concerne le service d'incendie a été réglé avec une scrupuleuse attention, et les sapeurs-pompiers sont au courant des moyens mis à leur disposition pour combattre efficacement le feu, si par malheur il venait à éclater
J. de la N.
 
Rappelons le programme des trois soirées de réouverture :
Ce soir samedi 4 novembre, représentation de gala avec le concours de la Comédie-Française :
La Joie fait peur, comédie en un acte, de Mme Emile de Girardin.
Mme Pierson, Mlle Muller, M. de Féraudy, sociétaires de la Comédie-Française, joueront les rôles qu'ils interprètent à la Comédie-Française.
L'Ami Fritz, comédie en trois actes, de Erckmann-Chatrian.
Mme Muller et M. de Féraudy joueront les rôles qu'ils interprètent à la Comédie-Française.
 
Demain dimanche 5, deuxième représentation de gala, avec le concours de Mlle Renée du Minil, sociétaire de la Comédie-Française :
Denise, comédie en quatre actes, d'Alexandre Dumas fils.
Prix des places : loges de face et de côté, 5 fr. ; fauteuils de balcon, 5 fr. ; fauteuils d'orchestre, 4 fr. ; deuxièmes loges de face et de côté, 3 fr. ; baignoires et chaises d'orchestre, 3 fr. ; pourtour, deuxièmes galeries et parterre numéroté, 2 fr. ; parterre, 1 fr. 50 ; troisièmes loges, 1 fr. ; troisièmes galeries, 0 fr. 75 ; amphithéâtre, 0 fr. 50.
 
Lundi 6 novembre, représentation populaire : avec également le concours de Mlle Renée du Minil, sociétaire de la Comédie-Française :
La Dame aux Camélias, comédie en cinq actes, d'Alexandre Dumas fils.
Prix des places : loges de face et de côté, 3 fr. 50 ; fauteuils de balcon, 3 fr. ; fauteuils d'orchestre, 3 fr. ; deuxièmes loges de face et de côté, 2 fr. 50 ; baignoires et chaises, 2 fr. 50 ; pourtour, deuxième galerie et parterre numéroté, 1 fr. 50 ; parterre, 1 fr. 25 ; troisièmes loges, 1 fr. ; troisièmes galeries, 0 fr. 75 ; amphithéâtre, 0 fr. 50.
Bureaux, à sept heures et demie, rideau, à huit heures et demie chaque soir.
 
Thématiques :
  • salles de spectacle de Bourgogne-Franche-Comté
Aire d’étude et canton : Bourgogne-Franche-Comté
Parties constituantes non étudiées :
  • lustre
  • luminaire d'applique
  • relief
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