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FERME ET FORGE ARTISANALE DE LOUIS GIRARD

25 - Grand'Combe-Châteleu

Les Cordiers

  • Dossier IA25001683 réalisé en 2017
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Forge : vue d'ensemble de l'intérieur, partie droite (le foyer est à gauche). © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Selon une tradition familiale, la ferme est réputée bâtie au 17e siècle (la date 1621, accompagnée des initiales IM, est visible en remploi au-dessus d'une fenêtre de la forge). Une plaque en fonte à l'intérieur du poêle en faïence (provenant de Couvet, en Suisse) porte le millésime 1787 (la plaque de cheminée présente dans le "tué" et datée 1728 n'est pas d'origine). Représenté sur le plan cadastral de 1816 (B 768), le bâtiment appartient au maréchal-ferrant Pierre Joseph Girard (ou Myotte-Girard, 1768-1840). Son père est le vétérinaire Antonin Myotte-Girard (1728-1815), formé dans la toute récente école royale de Lyon (créée en 1761). Selon un contrat du 2 février 1750 (conservé dans les archives familiales), ce dernier appris le métier de maréchal ferrant auprès d'Antonin Léonard, lequel s'est engagé à venir travailler pendant quatre ou cinq mois dans sa forge. Le site reste jusqu'à nos jours aux mains de la famille Girard, dont les membres sont forgerons de père en fils : Louis (1809-1890) - plutôt paysan tandis que ses frères Joseph Xavier (1803-1873) et Claude Etienne (1805-1889) exploitent la forge -, Francois (dit Francis, 1858-1922), Louis (1890-1975) et son frère Joseph (1892-1988), puis en 1957 le propriétaire actuel également prénommé Louis (né en 1929) et son frère Pierre. L'affaire associe maréchalerie et charronnage, travail du métal et travail du bois : au début du 20e siècle, la première est le domaine de Louis Girard père, la seconde de Joseph (habitant la maison de l'autre côté de la rue, cadastrée 2017 AC 3) lequel, avant l'électrification, façonne le bois avec une scie à ruban actionnée par un manège à cheval (après son départ, ce travail sera sous-traité à Morteau chez Girardot ou à Montlebon chez Emile Sauge, à Derrière le Mont). A cette activité est adjointe au 20e siècle la mécanique générale. Electrifié au début des années 1920 (arrivée de la lumière en 1922, de la force en 1925), l'établissement compte parmi ses clients des artisans (tel en 1890 Joseph Marguet, fabricant de balanciers) et des industriels comme Zéphyrin puis Marcel Jacquet, les scieurs Bertin, Boillot, Burgunder, etc. Et bien entendus les paysans, pour les besoins desquels un travail à ferrer métallique, breveté par E. Vinsot, vétérinaire à Chartres (Eure-et-Loir), est acquis à la fin des années 1950 de Lucien Pelletier, vétérinaire à Puiseaux (Loiret). L'affaire emploie habituellement dans le troisième quart du 20e siècle trois personnes (dont un ouvrier). Si Louis père avait acheté dans les années 1930 l'outillage nécessaire pour installer l'eau courante dans les écoles, Louis fils se reconvertit quarante ans plus tard dans le sanitaire et le chauffage, et la forge ferme au cours de cette même décennie 1970. Le bâtiment a été modifié à plusieurs reprises avec, peut-être, extension ancienne de la construction d'origine au nord et au sud, et reconstruction en 1938 du mur en maçonnerie qui avait remplacé la façade antérieure initiale (vraisemblablement un pan de bois essenté de planches formant rang pendu) ; à cette occasion, les encadrements en bois des baies ont été remplacés par d'autres en pierre. Le plafond en bois de la forge a cédé la place en 1928 à une dalle en béton, due au maçon local Barassi ; l'atelier de mécanique a été aménagé vers 1946 ; un garage a été construit en 1956. La toiture a été refaite en 1983, ce qui permit de retrouver en place l'ancienne couverture en tavaillons (ou clavins). A l'intérieur, la salle de bain et les sanitaires réalisés en 1946-1947 dans le "tué" (grande cheminée) ont été supprimés vers 1998 et un four à pain a été reconstruit, tandis que le poêle en faïence de la pièce voisine a été restauré en 2003 ; une chaufferie aux granulés de bois a été créée au nord, près de la porte du sous-sol dotée d'un linteau orné d'un arc en accolade. La forge et l'atelier de mécanique ont conservé leur outillage, notamment un soufflet en cuir portant la date 1803, et sont ouverts à la visite en partenariat avec l'association des Arts et Traditions populaires du Beugnon qui gère les Fermes-musée du Pays horloger.
Période(s)
Principale :
  • 17e siècle
Secondaire :
  • 2e quart 20e siècle
Date(s)
1787 : porte la date

Description


Le bâtiment a des murs en moellons calcaires enduits au rez-de-chaussée, en pan de bois essenté de planches à l'étage de comble. En rez-de-chaussée, il compte un sous-sol et un étage de comble (grange), accessible par un escalier dans-oeuvre droit en charpente et par une rampe d'accès (levée de grange) au sud. La forge (dans l'angle sud) comporte deux baies avec linteau délardé en arc segmentaire et une fenêtre d'atelier à encadrement en briques, la mécanique (à l'ouest) est éclairée par trois fenêtres d'atelier. Le toit est à longs pans et pignons couverts (avec lambrichure et noues), la couverture en tuiles mécaniques. La remise au nord-ouest correspond à l'ancien abri du travail à ferrer en bois, en pan de bois essenté de planches, avec toit à longs pans, pignons couverts et tuiles mécaniques. Le travail à ferrer métallique est implanté à l'est, à côté du garage aux murs en parpaings de béton enduits et au toit à un pan ; les extensions au nord sont couvertes d'un appentis en tôle ondulée.
Murs :
  • calcaire
  • bois
  • béton
  • moellon
  • pan de bois
  • parpaing de béton
  • enduit
  • essentage de planches
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
  • tôle ondulée
Etages :
  • sous-sol
  • en rez-de-chaussée
  • étage de comble
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre escalier droit en charpente
Autre :
  • rampe d'accès
Typologie :
  • baie d'atelier
Energie utilisée :
  • énergie animale produite sur place
  • énergie électrique achetée moteur électrique

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 287 Cadastre de la commune de Grand'Combe-Châteleu, 1814-1961
    3 P 287 Cadastre de la commune de Grand'Combe-Châteleu, 1814-1961
    - 3 P 287 : Atlas parcellaire (14 feuilles), dessin (plume, lavis), par le géomètre du cadastre Vial, 1816
    - 3 P 287/1 : Registre des états de sections, 1818
    - 3 P 287/2-3 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1822-1874
    - 3 P 287/4-5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1874-1914
    - 3 P 287/6 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910
    - 3 P 287/7-8 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1914-1961
    - 3 P 287/9 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1961
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 287
  • Grand'Combe. Les Cordiers [vue d'ensemble du hameau depuis l'est], 4e quart 19e siècle [avant 1902]
    Grand'Combe. Les Cordiers [vue d'ensemble du hameau depuis l'est], carte photo, s.n., [4e quart 19e siècle, avant 1902]. Porte la date 1902 (tampon) au verso.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Elisabeth Bonnet, Les Gras
  • Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques
    Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Girard Louis (témoignage oral)
    Girard Louis, propriétaire de l'ancienne forge des Cordiers, à Grand'Combe-Châteleu.

Informations complémentaires


Dans la forge

Fonctionnement manuel puis, avec l'arrivée de l'électricité en 1925, installation d'un moteur électrique Oerlikon de 3 ch et d'une transmission par poulies et courroies. Passage entre les deux guerres au soudage oxyacétylénique, avec générateur d'acétylène au carbure de calcium, puis au soudage électrique vers 1951.

Forge à double foyer
Soufflet en cuir, daté 1803 (dans le comble)
Tas de forgeron
Enclumes, marteaux, pinces, étaux ; etc.
Frappeur mécanique ou marteau mécanique (machine à forger libre) : Blake & Burton (Angleterre) ; vu à Paris en 1925 ; remplace les frappeurs devant
Perceuse (machine à percer) : achetée d'occasion en Suisse en 1919 ; manuelle et transformée par l'adjonction d'une poulie à gradins pour un entraînement par courroie
Refouleuse (machine à refouler) : Grosperrin Frères à Besançon ; permet de diminuer le diamètre du cercle métallique destiné à être posé sur une roue en bois
Cisaille à balancier, poinçonneuse et étampeuse (machine à découper par cisaille et par poinçon et à estamper) : A. Vernet à Dijon ; 1921 pour la machine, 1923 pour son socle
Poinçonneuse (machine à découper par poinçon) : utilisée pour poinçonner les fers des chevaux
Grande cintreuse (machine à modeler par cintrage) : Jules Grosperrin à Besançon ; sur banc en bois
Petite cintreuse (machine à modeler par cintrage)
Touret (machine à meuler)
Scie à ruban et mortaiseuse (machine à scier et à percer) : Mougeotte à Melay en Haute-Marne (voir IA52070273) ; scie à ruban combinée avec une mortaiseuse à plateau diviseur, destinée à réaliser les moyeux de roue ; achetée par Joseph Girard vers 1920
Dégauchisseuse (machine à dégauchir) : achetée aux Ets Borel de Belfort
Tour à bois (machine à tourner) : en bois ; utilisé pour tourner les moyeux de roue et les "tours" (treuils) des voitures à fourrage


Dans l'atelier de mécanique

Gros tour de mécanicien ancien (machine à tourner)
Tour de mécanicien (machine à tourner) : Ernault ; acheté au début des années 1950
Petit tour de mécanicien : Simonet & Co AG, à Soleure (Solothurn) en Suisse
Perceuse (machine à percer) : provenant d'un atelier d'Orchamps-Vennes
Fraiseuse (machine à fraiser) : machine inachevée
Scie alternative (machine à découper par scie)
Scie alternative (machine à découper par scie) récente
Touret (machine à meuler) : provenant de l'entrepreneur en travaux publics Martignoni à Morteau
Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Complément de localisation :
  • anciennement région de Franche-Comté
Dénomination : ferme, forge
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • atelier de réparation
  • logement
  • grange
  • chaufferie
  • remise
  • garage
  • travail à ferrer
  • poulailler
  • jardin potager
Carte interactive
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