DEMEURE DIT HÔTEL DE CITEY, PUIS CHÂTEAU DE POINCTES
70 - Faverney
6, 8 place de la République
- Dossier IA70000533 réalisé en 2012 revu en 2013
- Auteur(s) : Liliane Hamelin, Carole Josso
Historique
D’après les historiens, cette demeure pourrait avoir été construite au 15e siècle. A cette époque, la famille de Citey est présente à Faverney : Guillaume, seigneur de Citey, près de Gray, époux d’Isabelle de Montormentier, y décède en 1485. Le 27 octobre 1573, leur arrière-petite-fille Françoise épouse Guillaume de Grammont, seigneur de Vezet. Leur fille, Bénigne, s’allie à Claude de Séroz, baron de Choye décédé en 1630. Ce sont leurs armoiries qui figuraient sur une cheminée décrite par l’abbé et historien de Faverney, Louis Eberlé, en 1912 lors d’une visite de "l’antique manoir seigneurial des familles de Citey et de Séroz […] Dans une grande salle des gardes située au premier étage [de la tour] et qui mesure 13 x 6m, se trouve une curieuse cheminée sculptée par Guillaume Lulier. L’écusson central de la cheminée était celui de Citey, autour à droite, est indiqué le blason de Citey-Séroz, et à gauche, les armoiries de Citey-Grammont. Le millésime 1610 est placé à droite." Sur une vue de Faverney dessinée par le père Etienne Martellange en 1617, la demeure est reconnaissable à sa toiture volumineuse et à sa tour. Le village ayant été plusieurs fois incendié, en 1568 par les troupes du duc des Deux-Ponts, puis en 1595 par Tremblecourt, et de nouveau en 1641 par le comte de Grancey, on peut supposer que la demeure a aussi subi des destructions et des reconstructions.
Au 18e siècle, elle devient la propriété de la famille de Poinctes-Gevigney présente en Champagne dès le 15e siècle par Jean de Poinctes qui s’allie à Jacqueline de Gevigney, fille de Guillaume dont il relève le nom et les armes. Au cours de ce siècle sont édifiés quelques bâtiments, que signalent leurs baies à linteau en arc segmentaire ornés d'une agrafe. La descendance de Jean de Poinctes est scindée en quatre branches. La quatrième branche est celle de Faverney dont un membre, Antoine de Poinctes, seigneur de Mareille en Haute-Marne, né en 1750, épouse le 17 avril 1770 Jeanne-Louise Aumont de Voisey, fille d’un avocat au Parlement demeurant à Faverney. Son fils Charles-Antoine, né à Faverney en 1776, épouse en secondes noces Jean-Baptiste-Gabrielle Buson de Champdivers, à Maranville. Seigneur de Gressoux, capitaine des cuirassiers du roi, Charles-Antoine de Poinctes-Gevigney devient maire de Faverney du 20 février 1814 au 21 juillet 1822. Il est connu pour ses libéralités envers la basilique Notre-Dame. Son fils, Louis-Charles-Amédée (1822-1881), inspecteur des forêts royales, épouse en 1857 à Versailles Sophie Benard. Devenue veuve, cette dernière se retire dans son château de Faverney et par ses nombreux dons participe à l’aménagement de la basilique Notre-Dame. Parmi ses dons figure la verrière de la chapelle des fonts baptismaux ; ses armoiries et celles de son époux sont représentées au bas de la verrière.
D'après un plan daté de 1873, la demeure comprenait un logis (désigné sous le terme de "Grosse maison") accosté d’une tour et, disposés autour d'une cour, une remise, une "chambre à four", un "grangeage" (grange). La propriété s’étendait au-delà de la rue Bayard (ancienne rue du Pavillon) par un jardin et des constructions diverses : un bûcher, la maison du fermier, un autre grangeage et deux pavillons de jardin. D’après les cartes postales anciennes, le logis était couvert d’un toit à longs pans et larges croupes et la tour d’un toit en pavillon ; un pigeonnier était aménagé à son sommet. En 1944, la propriété appartient au vétérinaire Besancenot. Incendiée en juin 1945, elle est achetée par les familles Tisserand et Bognard, garagistes, et Cardot, négociant en vins à Port d’Atelier. Finalement, après le désistement de ce dernier et la mort accidentelle de Bognard, l’immeuble est vendu par ses héritiers à Julien Robert, menuisier à Faverney, le 31 janvier 1951. Quelques semaines plus tard, le 23 mars, le conseil municipal décide de l’acquérir dans un but d’urbanisme : "le terrain servant à son implantation devrait être, après démolition de l’immeuble, transformé en place publique, ce qui dégagerait la visibilité de la Grande Rue (très fréquentée étant sur le trajet du CD n° 22 desservant lui-même la RN 434) et en supprimant l’étranglement existant dans la rue Bayard avantagerait l’esthétique de la commune tout en dégageant l’entrée de la basilique". Le 20 avril 1951, le préfet prend un arrêté déclaratif d’utilité publique en faveur de la commune. Julien Robert s’étant désisté, il obtient en échange le bâtiment dit de la Forge faisant partie de l’ancienne caserne et propriété de la commune. Au printemps de 1952, l’entreprise de démolition Bourgau Fils, de Bourguignon, commence les travaux qui se poursuivent en avril 1953 ; ils s’achèvent par la démolition de la tour en 1954 par l’entreprise Léon Müller, de Mersuay. Ne subsistent alors que deux corps de bâtiment secondaires au nord (actuels 6 et 8 place de la République). Le 17 juin 1955, le conseil municipal décide l’aménagement à l'emplacement de la demeure d’un square sur lequel, quelques mois plus tard (décision du 6 octobre 1955), il transfèrera le monument aux morts jusque-là implanté place des Casernes (actuelle place du Général de Gaulle).
- 15e siècle
- 18e siècle
Description
L'ancien hôtel de Citey, plus connu localement sous le nom de château de Poinctes, occupait un îlot délimité au nord par les parcelles AB 473 et 683 (bâtiments subsistants), AB 684 et le square, à l'ouest par la rue du commandant Druais, au sud par celle des Glacis et à l'est par la rue Rollin (ancienne rue Percée). Il comprenait un vaste jardin et diverses constructions dont, après la destruction du logis et de la tour, ne subsiste qu'une partie des anciens bâtiments ruraux (la grange et la "chambre à four"), datés du 18e siècle par la forme de leurs baies. Convertis en logements, ces derniers donnent sur la place de la République (n° 6 et 8), séparés par un portail (fermant la cour) constitué de deux piliers en pierre et d'une porte métallique de la fin du 19e siècle. Ils sont construits en moellons de calcaire enduits et comportent chacun un étage carré et un étage en surcroît. Ils sont tous deux coiffés par un toit à longs pans, demi-croupes et tuiles plates.
- calcaire
- moellon
- enduit
- tuile plate
- 1 étage carré
- étage en surcroît
- élévation à travées
- escalier dans-oeuvre
Source(s) documentaire(s)
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Immeuble de Poinctes à démolir. 1951
Immeuble de Poinctes à démolir. Dossier, 1951 (archives non classées).Lieu de conservation : Archives diocésaines, Besançon - Cote du document : Archives non classées
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Eberlé, Louis (abbé). Faverney, son abbaye et le miracle des Saintes-Hosties, 1915
Eberlé, Louis (abbé). Faverney, son abbaye et le miracle des Saintes-Hosties. - Luxeuil : impr. P. Valot, 1915. XXXVIII-834 p.
Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : I 574 -
Hamelin, Liliane ; Josso, Carole ; Boisnard, Patrick ; Déforet, Thomas. Faverney : petite cité comtoise de caractère, 2013
Hamelin, Liliane ; Josso, Carole ; Boisnard, Patrick ; Déforet, Thomas. Faverney : petite cité comtoise de caractère. - Lyon : Lieux Dits, 2013. 88 p. : ill. (Parcours du patrimoine ; 384).Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R.US. 5118 -
La Haute-Saône, Nouveau Dictionnaire des Communes, Tome II, Société d'Agriculture, Lettres, Science et Arts de la Haute-Saône, Vesoul, 1971
La Haute-Saône, Nouveau Dictionnaire des Communes, tome III, SALSA (Société d'Agriculture, Lettres et Arts de la Haute-Saône, Vesoul, 1971, p.42Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R.US 149 -
Mugnier, Bernard. Le château de la comtesse, 1989.
Mugnier, Bernard. Le château de la comtesse. In SALSA, n°29, avril, mai, juin, 1989, p. 6-7 :ill.Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon
À voir
Informations complémentaires
- petites cités comtoises de caractère
- © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine