CHÂTEAU DE VOUGÉCOURT
70 - Vougécourt
1 rue des Marronniers
- Dossier IA70000754 réalisé en 2016
- Auteur(s) : Philippe Mairot
Historique
Selon les anciens propriétaires (information orale) la date de construction pourrait être 1734. Un inventaire du château est établi le 29 novembre 1753 (archives Vosges B 3203). Les plaques de cheminée portent les dates 1699, (remploi?) 1731, 1772. Le baron de Tricornot, lorsqu'il vient se marier à Vougécourt en 1774 (zone frontière disputée par trois souverainetés - dite terre de surséance) , écrit dans ses mémoires (p. 397) : "le village de Vougécourt est partie de la Champagne et partie du Barrois ; le château est moitié de l'un et moitié de l'autre ; une girouette porte la fleur de lis (sic) et l'autre la croix de Lorraine". Lors de l'arpentement de tous les fonds de leurs terres, effectué à la demande de Françoise Simonet veuve de Jean Baptiste Dubois, seigneur d'Orain et de la Rochette, Nicolas Piot de La Tour et Louise Gabrielle de Simonet, son épouse, demeurant à Langres, et Jean-Baptiste René Adrien baron de Tricornot, capitaine commandeur aux régiment de Schomberg Dragons, le 10 mai 1777, le château est déjà attesté par le géomètre arpenteur qui précise que dame Françoise Simonet « vit en son château de Vougécourt » (tandis que le baron de Tricornot « vit en son château de Sermange»). D’après ce document, le clos du château comprend alors huit journaux (prés, verger, jardin potager, parterre) et en outre « les bâtiments du château, grangeages, hebergeages, remises, cours et basses cours le tout clos de murs. » Selon la mémoire orale locale, la date de 1702 figurerait dans un souterrain partant du château, souterrain qui aurait causé l'effondrement à côté du 10 rue des Marronniers.
Le journal Le Radical, dans son édition du 13 juillet 1898, évoque le projet de l'hôtel de ville de Paris d'implanter une école d'agriculture pour les enfants assistés débiles dans le château de Vougécourt. Monsieur Adnot aurait acheté le château à la famille de Tricornot et l’a lui-même vendu en 1935 aux propriétaires de la verrerie de Passavant-la-Rochère, qui l’ont à leur tour cédé en 2015.
- 2e quart 18e siècle
Date de naissance : 1744 - date de décès : 1831
Baron Jean-Baptiste-René-Adrien de Tricornot du Trembloy, baron de Tricornot (de Vougécourt) chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis et ancien lieutenant colonel du régiment de dragons de Schönberg". Il épouse Marie-Thérèse Simoney (ou Simonet) de Vougécourt, le 11 juillet 1774, fille du seigneur de Vougécourt. Il est élu maire de Vougécourt le 10 mai 1790. Il rapporte l'épisode ainsi dans ses mémoires (p 503) : "il y a longtemps, monsieur, que vous êtes notre père, il faut aussi que vous soyez notre maire." Il est également nommé conseiller général. Il donne à la commune une maison et ses dépendances pour y créer un établissement de religieuses de la Charité de Besançon. (autorisation donnée par décret du 21 décembre 1810) Il vit entre Sermange, ( Jura) une autre de ses seigneuries et Vougécourt.
Description
Le parc du château jouxte l’église au sud-est et se trouve donc au cœur du village. Un passage privé permet d’ailleurs un accès direct à l’église et à son ancienne chapelle seigneuriale par le parc. La partie principale du château est orientée perpendiculairement à la route et présente sa façade antérieure au sud-est. Une plus petite aile perpendiculaire fait retour le long de la même route, vers le nord-ouest et une aile de dépendances se trouve à droite de la demeure, en retour d’équerre, fermant la perspective au nord-est et délimitant un espace devant la façade antérieure, parallèlement au mur de clôture, percé de deux portes piétonnières et de trois portes flamandes, suivant la route. Tous les bâtiments sont édifiés en calcaire, (moellons enduits et pierre de taille) mais on remarque ici et là l’usage épars de grès rose. Ils ont des toits à longs pans avec des demi-croupes, couverts en petites tuiles plates, à l’exception de l’appentis jouxtant l’église, couvert en tuiles mécaniques. La façade antérieure est percée de trois portes : une porte bâtarde centrale à deux vantaux surmontée d’un fronton semi-circulaire ; deux plus étroites portes latérales, à un vantail, rejetées aux extrémités de la façade. L’élévation comporte quatre niveaux (surmontant une cave voutée en plein cintre) délimités par trois cordons régnant sur toute la longueur : un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré, un étage en surcroît et un second étage de comble marqué par deux lucarnes surmontées de frontons semi-circulaires et flanquées d’ailerons à volutes supérieures saillantes et volutes inférieures rentrantes. L’avant-corps est souligné par des pilastres à bossage et couronné d’un fronton triangulaire nu, en pierre de taille, soulignant l’axe de symétrie. (Dans le dictionnaire des communes, Suchaux note qu'"on voit à la façade du château seigneurial un écusson ainsi armorié : d'azur au chevron d'or, accompagné de deux molettes de sable posées en chef, et d'une croix fleuronnée de même en pointe. "-ce qui parait correspondre au blason des Simonet.)
L’escalier central est situé dans l’axe de l’entrée. Il est en pierre, en équerre à retour avec jour à trois volées et rampe d’appui en ferronnerie, portant le blason des Simonet. Au rez -de-chaussée comme à l'étage, les pièces ( deux de part et d'autres de l'escalier) sont en enfilade sur cour, séparées par des portes d’enfilade et une pièce est disposée en retour d’équerre le long de la rue. Les cheminées sont adossées et plusieurs sont surmontées de glaces de trumeau. On y trouve des plaques en fonte portant les dates suivantes : 1699, 1731, (paire de colonnes à demi engagées, trois putti), 1772, (marquée St Louis et Louis XV.) L’une, sans date, est aux armes de France avec la devise de Louis XIV « seul contre tous ». Une dernière est sans date et porte une paire de colonnes à demi engagées encadrant trois colonnettes en sautoir. La plupart ne sont pas au format de la cheminée et ne correspondent pas toujours au style de la cheminée : on peut donc supposer que plusieurs sont des remplois. On trouve deux placards - l’un semi-encastré, l’autre encastré - à battants sculptés. Dans la maçonnerie de la cave, figure un élément sculpté en bas relief : une figure féminine portant un linge. (sainte Véronique présentant la Sainte Face? 16ème siècle? )
La ferme du domaine, aujourd'hui en ruine, jouxtait le parc du château plus bas dans la même rue au sud-est. Les ouvriers agricoles habitaient les maisons contiguës dont le pignon donne sur la même rue des marronniers : au 7 on lit l'inscription de fondation de la fille du baron (?) : Françoise de Tricornot en date du 20 may 1778.
- calcaire
- moellon
- enduit
- tuile plate
- tuile mécanique
- plan régulier
- 1 étage carré
- sous-sol
- étage en surcroît
- voûte en berceau plein-cintre
- charpente en bois apparente
- élévation ordonnancée
- escalier dans-oeuvre, escalier droit, en maçonnerie
- escalier dans-oeuvre, escalier en équerre, en maçonnerie
Source(s) documentaire(s)
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Les voyages du baron de Tricornot
Les Voyages du baron de Tricornot, lieutenant-colonel du régiment des dragons de Schonberg. Analyse de ses mémoires (1744-1831)... Édition: Besançon : impr. P. Jacquin, 1894 [publié par l'abbé Hyppolite Rigny]
ou : Mémoires du baron de Tricornot, lieutenant colonel du régiment de Schomberg-dragons [publ. par son petit-fils]Lieu de conservation : Bibliothèque d'étude et de conservation, Besançon
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Lamard Elisabeth (témoignage oral)
Lamard Elisabeth, érudite locale. Vougécourt.
À voir
Informations complémentaires
Ce château avec ses dépendances constitue un ensemble caractéristique et très lisible, digne d'intérêt, notamment du fait de ses nombreuses cheminées et de ses lambris.
- val de Saône
- clôture
- dépendance
- jardin d'agrément
- portail
- © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine