BASTION SAINT-PIERRE
71 - Chalon-sur-Saône
rue Professeur Leriche
- Dossier IA71003782 réalisé en 2024 revu en 2025
- Auteur(s) : Guillaume Gézolme

Historique
En 1547, l'ingénieur Bellarmato lance le chantier de la nouvelle enceinte fortifiée de Chalon, voulue par François 1er. Le tracé du projet du Siennois agrandit le périmètre des deux enceintes déjà bâties, celle du 3e siècle et celle des ducs de Valois, intégrant le coteau et le faubourg Saint-Pierre, point haut de l'agglomération (20 m au-dessus de la Saône). C’est précisément à cet endroit que Bellarmato va ériger un des bastions de sa nouvelle enceinte, sur un terrain appartenant à l'abbaye Saint-Pierre. Les terrassements semblent débuter en mars 1547 pour ce qui est des fossés et du talus de terre nécessaire à l'élévation du bastion. Comme le révèle l’inscription sur la pierre de fondation retrouvée en 1846, Claude de Lorraine, gouverneur de Bourgogne, en est le maitre d'ouvrage. Le chantier s'étale de 1547 à 1550. Les pierres utilisées pour le parement en pierre du bastion proviennent d'un hôpital en cours de démolition au faubourg Saint-André. La plateforme est aménagée pour recevoir des canons à ses flancs et pratiquer le tir à la "barbette" aux faces. A sa pointe sont placés un blason (dont les inscriptions ont été martelées) et une échauguette (disparue). L'ingénieur ajoute une galerie d'escarpe ou de contremine aux flancs et aux faces du bastion. Ce principe est repris également au bastion Saint-Paul, qui flanque l'ouvrage Saint-Pierre et inversement. Cette galerie, constituée d'une succession de casemates à embrasures, permet de tirer dans les fossés, sert d’organe de circulation pour les soldats et alerte les assiégés de la présence de sapeurs (ouvrant des tranchées et brèches), grâce aux vibrations de bassines remplies d'eau disposées dans chacune des casemates de la contremine. Dans le cas où une mine explosive atteindrait le bastion, seule la galerie s’effondre tandis que le mur de l’ouvrage resterait intact. Ces galeries sont, comme les fronts bastionnés, imaginées à la fin du 15e siècle et perfectionnées au début du siècle suivant dans la péninsule italienne. La création de telles galeries à Chalon est forcément liée à la présence de Bellarmato. Le Siennois reproduit probablement à Chalon ce qu'il a mis en place à Dijon, au bastion de Guise (?). A Dijon, on retrouve encore Claude Lorraine, comme le souligne Nicolas Faucherre, qui avait déjà utilisé ce système à Châlons-en-Champagne lorsqu’il était gouverneur de Champagne. Au 17e siècle, le bastion Saint-Pierre est doté d'une contregarde protégeant ses faces et d'une demi-lune appelée Saint-François défendant le raccordement de son flanc à la courtine Saint-Vincent. A la fin du siècle, des plans indiquent que les fossés sont plantés d'arbres, soulignant que depuis l'annexion de la Franche-Comté en 1674, le rôle militaire du bastion pourtant désigné comme le verrou défensif de la cité a perdu de son importance. Au 19e siècle, il échappe au démantèlement des fortifications. Un réservoir d'eau est installé sur la plateforme vers 1910. Son classement au titre des Monuments historiques reconnait sa valeur historique. A la fin du 20e siècle, des restaurations sont entreprises et son étude par Nicolas Faucherre permet de le remettre à l'honneur.
- 2e quart 16e siècle
- 3e quart 16e siècle
Date de naissance : 24/08/1493 - date de décès : 28/04/1555
Bellarmato, Girolamo, architecte et ingénieur. Né le 24 aout 1493 à Sienne, il fuit l'Italie et est présenté à François 1er. Le roi lui confie le chantier du Havre des fortifications ainsi que le tracé urbain de la future ville. Nommé en 1546 «<span style="font-style:italic;">commissaire général du roi aux fortifications du duché de Bourgogne</span>» , il est chargé de fortifier la nouvelle enceinte de chalon-sur-Saône, place forte du roi. Il y meurt en 1555.
Date de naissance : 20/10/1496 - date de décès : 12/04/1550
Charles de Lorraine duc de Guise (1496-1550). Fondateur de la maison des Guise. Il est aussi duc d'Aumale.
Description
Le bastion est un pentagone régulier non retranché de 77 m de long pour ses faces et 29 m pour les flancs. Il est joint à sa gorge par les courtines de Saint-Pierre et de Saint-Vincent. L'ouvrage, élevé en terre, est couvert d'un parement en pierre de taille (grand appareil) à bossage. La plateforme est désormais en partie occupée par un château d'eau et une habitation. La galerie d'escarpe ou contremine consiste en un mur placé à 3 m au devant de celui du bastion, largeur dans laquelle un couloir intérieur permet de circuler et de distribuer les 48 casemates séparées par des contreforts s'appuyant sur le mur du bastion. Ces casemates sont dotées d'embrasures (une sur deux pour celles situées aux faces) et de bassines pour prévenir en cas de sapes. Chaque casemate est couverte par un arc à ressauts formés de trois rouleaux surbaissés. Un système de ventilation est assuré par des hottes laissant évacuer la fumée des tirs au niveau du parapet. Des escaliers situés à la jonction des flancs et des courtines (encore visibles au bastion Saint-Paul) assurent une communication avec le bastion et les fossés grâce aux poternes situées dans les flancs de l'édifice.
- calcaire
- grès
- grand appareil
- bossage
- système bastionné
- escalier dans-oeuvre,
Source(s) documentaire(s)
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Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 558. Projets des travaux à effectuer aux bâtiments militaires de la place : mémoires, états, correspondance, plans. 1691-1875.
Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 558. Projets des travaux à effectuer aux bâtiments militaires de la place : mémoires, états, correspondance, plans. 1691-1875.Lieu de conservation : Ministère de la Défense, Service historique de la Défense, Vincennes - Cote du document : 1 VH 558
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36. Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). – Rempart Saint-Vincent. 1916.
36. Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). – Rempart Saint-Vincent. Carte postale, s.n. 1916. Edit. P.O.Lieu de conservation : Archives municipales, Chalon-sur-Saône - Cote du document : 69 Fi 355
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Faucherre, Nicolas. Le bastion Saint-Pierre de Chalon-sur-Saône : un chef d’œuvre de la Renaissance, une technologie de pointe pour la guerre moderne. 1994.
Faucherre, Nicolas. Le bastion Saint-Pierre de Chalon-sur-Saône : un chef d’œuvre de la Renaissance, une technologie de pointe pour la guerre moderne. In : Mémoires de la société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône. 1994. -
Faucherre, Nicolas. Les citadelles du roi de France sous Charles VII et Louis XI. 2019.
Faucherre, Nicolas. Les citadelles du roi de France sous Charles VII et Louis XI. Centre de Castellologie, 2019. -
Gras, Pierre. Les fortifications et la topographie ancienne de Chalon. 1943.
Gras, Pierre. Les fortifications et la topographie ancienne de Chalon. In : Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône, t. 30, 1943. -
Morin-Dufoix, Christelle. Les trois enceintes de Chalon-sur-Saône : constructions, remplois, destructions, réhabilitations. 2011.
Morin-Dufoix, Christelle. Les trois enceintes de Chalon-sur-Saône : constructions, remplois, destructions, réhabilitations. Dans : Semur-en-Auxois - Société des sciences historiques et naturelles de Semur-en-Auxois. Les fortifications urbaines en Bourgogne : colloque tenu à Semur-en-Auxois les 10-11 juin 2011. Dijon : Conseil général de la Côte-d'Or, 2015. -
Niepce, Léopold. Des diverses fortifications de Chalon s/S. 1847/49.
Niepce, Léopold. Des diverses fortifications de Chalon s/S. In : Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône, vol. 2 1847/1849. -
Pérouse de Montclos, Jean-Marie. Architecture : description et vocabulaire méthodiques. 2011.
Pérouse de Montclos, Jean-Marie. Architecture : description et vocabulaire méthodiques. Paris : Ed. du Patrimoine, 2011. 665 p.
À voir
Informations complémentaires
Remparts du 16e siècle : classement par arrêté du 28 décembre 1937.
- fortifications royales et nationales en Bourgogne-Franche-Comté
- galerie
- poterne
- © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine