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USINE MÉTALLURGIQUE DITE FORGE DE PESMES, PUIS USINE DE TAILLANDERIE, ACTUELLEMENT MUSÉE ET CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE

70 - Pesmes

Les Forges

  • Dossier IA00016549 réalisé en 2008
  • Auteur(s) : Christiane Roussel, Raphaël Favereaux
Bâtiment du haut fourneau est. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Par lettres patentes du 31 janvier 1660, Philippe IV d'Espagne autorise Charles de la Baume, marquis de Saint-Martin, à établir un fourneau et une forge pour la fabrication d'armes (bombes, grenades et balles). Réputé, le fer de Pesmes fournit les arsenaux de Toulon et Rochefort, la manufacture d'armes de Saint-Etienne et la région lyonnaise. La production de fonte atteint 500 t en 1772, contre 650 t en 1788. Celle de fer passe de 300 t en 1755, à 350 t en 1772. La forge est affermée de 1768 à la Révolution française à Joseph Rossigneux et son fils Jean-Baptiste. La maison de maître de forges, ainsi que les dépendances (écuries, remises) et 26 logements ouvriers, sont construits en 1788 et 1789. Propriété du marquis de Choiseul, l'établissement industriel est vendu comme bien national à Claude-Pierre Dornier en 1795. A sa mort en 1807, l'usine sera administrée par sa veuve, Catherine Rochet, fille du maître de forges Jean-François Rochet. Entre 1824 et 1830, l'établissement subit d'importantes modifications sous la direction de l'architecte Champonnois l'aîné : la demeure patronale et les dépendances de la cour sont transformées et agrandies, et un pont enjambant l'Ognon est reconstruit. Enfin, un second haut fourneau est édifié, conformément à l'ordonnance royale du 16 septembre 1831 autorisant son établissement. En 1860, les forges sont vendues par les héritiers Dornier à la Société des Hauts Fourneaux, Fonderies et Forges de Franche-Comté, dans le capital duquel elles étaient entrées dès 1856. Leur régime hydraulique est réglementé par arrêté préfectoral du 21 avril 1868, modifiant un décret du 25 avril 1863. Un fourneau est supprimé en 1870, le second l'est en 1874. Après l'extinction de deux feux de forge avant 1869, l'usine métallurgique ferme ses portes vers 1875. Les tours des hauts fourneaux sont démantelées vers 1883 (mais les bâtiments les contenant sont conservés), en même temps que sont rasés la halle à charbon, la charronnerie et les logements d'ouvriers. L'usine est vendue à Henri Jouclard qui tente, en vain, d'établir un nouveau haut fourneau (1886-1889). En 1893, Auguste Chrétien, industriel à Dole (39), s'installe dans les bâtiments et développe une unité de fabrication d'outils en fer (spécialisation de sécateurs). L'entreprise est dirigée de 1894 à 1899 par la veuve d'Auguste Chrétien, jusqu'en 1907 par Victor Mathieu, puis jusqu'en 1920 par Aimé Rosselange. L'établissement est connu en 1901 sous l'appellation Manufactures de sécateurs et coutellerie Georges Gérard Fils (maisons réunies E. Mathieu, de Pesmes et G. Gérard fils, de Dole), puis Forges de Pesmes E. Mathieu (anciens établissements Gras-Jacquot-Chrétien) en 1904. Il est agrandi vers 1908, acquis en 1920 par MM. Lévy et Gouvy, et exploité par Paul et Jean Billardet, et Jacques Marx. Il est connu en 1929 sous le nom de Manufacture Générale Franc-Comtoise. L'affaire est reprise en 1930 par René Amstutz, industriel implanté à Villars-sous-Dampjoux (25). En 1936, il reprend l'usine de Fraisans (39), et transfère le matériel à Pesmes. Outre la gamme des sécateurs, échenilloirs et cisailles à haies, René Amstuz fabrique également du petit outillage (tenailles, cisailles, burins, marteaux divers, tournevis, pinces coupantes). Un bâtiment couvert de sheds est construit dans le second quart du 20e siècle à l'emplacement d'une halle à charbon. Devenue société des Forges de Pesmes en 1963, l'entreprise est transformée en société anonyme en 1971, et dépose son bilan en 1973. L'usine est aussitôt louée, puis achetée en 1976 par la société ardennaise des Forges et Taillanderie de la Givonne. Elle produit 200 t d'outils en 1980. Devenue la société L'outillage franc-comtois en 1991, elle poursuit la fabrication d'outillage à main, jusqu'à la fermeture en 1993. Cette même année, les bâtiments ont été acquis par la commune et l'appareil de production acheté par la Conservation départementale des Musées de Haute-Saône. Inauguré en 1998 dans le bâtiment du second haut fourneau, le musée des Forges propose la visite in situ d'une cinquantaine de machines (presses, martinets, marteaux-pilons, cisailles, fours, étaux, fraiseuses, etc.). La centrale hydroélectrique, mise en service à l'emplacement du déversoir en 1976, est toujours en activité. La demeure patronale est habitée par un particulier.
En 1840, l'usine se compose de 2 hauts fourneaux et de 4 feux d'affinerie, contre 2 hauts fourneaux, 2 feux d'affinerie et un feu de martinet en 1851. L'usine dispose d'une puissance hydraulique de 200 ch en 1893. Installation de deux turbines de marque Goulut-Borne dans les années 1930. En 1976, la centrale hydroélectrique développe une puissance de 440 kW. Elle renferme aujourd'hui 3 groupes-bulbes.
Les forges emploient 66 personnes en 1840. L'usine de taillanderie emploie 37 personnes en 1911, et une cinquantaine après la Seconde Guerre, contre 12 en 1973 et 34 en 1976.
Période(s)
Principale :
  • 17e siècle
  • 4e quart 18e siècle
  • 2e quart 19e siècle
  • 1ère moitié 20e siècle

Description


Les bâtiments des hauts fourneaux sont construits en moellon de calcaire et enduit partiel, couverts de toits à longs pans en tuile mécanique. Le bâtiment ouest a été pourvu d'un étage carré ; celui situé à l'est porte un cartouche gravé de l'inscription : Edifié par Mme Catherine Rochet veuve Dornier. Les deux ateliers construits au 20e siècle sont en rez-de-chaussée, couverts de sheds. Un petit magasin industriel, placé contre le transformateur, est construit en parpaing de mâchefer. Edifiée en moellon de calcaire enduit, la conciergerie comprend un étage carré et est couverte d'un toit à demi-croupes. Le logement patronal comprend un corps de bâtiment principal flanqué de deux ailes en retour. Ce bâtiment central, précédé sur ses deux façades d'un large perron, est pourvu d'un rez-de-chaussée surélevé, dont la travée centrale à un étage carré est surmonté d'un fronton triangulaire percé d'un oculus. Les ailes en retour sont en rez-de-chaussée, couvertes de toits à longs pans, croupes et tuile plate. Les dépendances sont également construites en moellon de calcaire, pourvues de longues toitures couvertes de tuile plate.
Murs :
  • calcaire
  • résidu industriel en gros oeuvre
  • béton
  • moellon
  • parpaing de béton
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
  • tuile plate
  • verre en couverture
Etages :
  • 1 étage carré
Elévation :
  • élévation à travées
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre
Energie utilisée :
  • énergie hydraulique
  • produite sur place
  • turbine hydraulique

Source(s) documentaire(s)

  • Plan et coupe d'un haut fourneau à construire aux forges de Pesmes.
    Plan et coupe d'un haut fourneau à construire aux forges de Pesmes. Papier, plume, lavis, par l'architecte Champonnois aîné, le 27 février 1826.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 301 S 11
  • Ancienne usine à fer de Pesmes. Demande du sieur Jouclard en révision de règlement. Plan général.
    Ancienne usine à fer de Pesmes. Demande du sieur Jouclard en révision de règlement. Plan général. Calque, échelle 1:2500, 1886, par l'ingénieur Charbonnel.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 301 S 11
  • Plan géométrique du bâtiment où il existe un martinet et un feu de forge qui doivent être supprimés.
    Plan géométrique du bâtiment où il existe un martinet et un feu de forge qui doivent être supprimés. Papier, plume, lavis, par le géomètre Gonzal, 1826.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 301 S 11
  • Plan de la forge.
    Plan de la forge. Papier, plume, lavis, 1860.
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 61 J
  • Usine de Pesmes (Jura) et dépendances [plan-masse].
    Usine de Pesmes (Jura) et dépendances [plan-masse]. Papier, échelle 1:2500, 1892.
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 61 J
  • Projet de règlement des forges de Pesmes appartenant à M. Dornier. Plan des lieux [partie gauche].
    Projet de règlement des forges de Pesmes appartenant à M. Dornier. Plan des lieux [partie gauche]. Papier, échelle 1:2500, 1855.
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 61 J
  • Vue aérienne depuis le sud.
    Vue aérienne depuis le sud. Photogr., s.n., s.d. [vers 1960]. Dans : " Catalogue de la société des Forges de Pesmes Amstutz René ", p. 1.
  • Projet de règlement des forges de Pesmes appartenant à M. Dornier. Plan des lieux [partie droite].
    Projet de règlement des forges de Pesmes appartenant à M. Dornier. Plan des lieux [partie droite]. Papier, échelle 1:2500, 1855.
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 61 J
  • Pesmes - Les Forges.
    Pesmes - Les Forges. Carte postale, A. Bergeret (Gray), s.d. [fin 19e ou début 20e siècle].
    Lieu de conservation : Collection particulière
  • Plan du local où se propose Me Dornier, [pour] construire un haut fourneau [plan-masse].
    Plan du local où se propose Me Dornier, [pour] construire un haut fourneau [plan-masse]. Papier, plume, lavis, par l'architecte Champonnois aîné, le 27 février 1826.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 301 S 11
  • Pesmes (Haute-Saône) - Les Forges.
    Pesmes (Haute-Saône) - Les Forges. Carte postale, s.n., s.d. [fin 19e ou début 20e siècle].
    Lieu de conservation : Collection particulière

Informations complémentaires

Observations :
L'ensemble protégé comprend un vaste corps de logis bâti en U et des dépendances (magasins, remises, écuries, orangeries) , construit à la fin du 18e siècle pour la famille Rossigneux, remanié et agrandi vers 1830 par l'architecte Champonnois l'aîné.
Eléments remarquables : logement patronal
Protection
inscrit MH partiellement : 1993/04/05
Thématiques :
  • patrimoine industriel de la Haute-Saône
Aire d’étude et canton : Haute-Saône
Hydrographie : dérivation de l' Ognon
Dénomination : usine métallurgique, usine de taillanderie
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • entrepôt industriel
  • transformateur
  • bureau
  • conciergerie
  • logement
  • logement patronal
  • enclos
  • parc
  • communs
  • orangerie
Carte interactive
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