THÉÂTRE DE PLEIN AIR DIT THÉÂTRE DES ROCHES
21 - Alise-Sainte-Reine
- Dossier IA21005892 réalisé en 2023
- Auteur(s) : Laurent Poupard

Historique
L'abbé Louis Jovignot (1903-1985), curé d'Alise-Sainte-Reine de 1939 à 1985, décide à son arrivée dans la paroisse de relancer le pèlerinage de sainte Reine. Il fait donner le 7 septembre 1943 quelques scènes du Martyre de sainte Reine dans une ancienne carrière, désaffectée depuis le début du siècle au moins et qui aurait été exploitée pour les travaux de canal de Bourgogne. Le 7 septembre 1945, la tragédie est jouée dans la carrière, devant 3 000 personnes. L'abbé Jovignot fait alors aménager le site en théâtre de plein air, le "théâtre des Roches", ce qu'il relate ainsi : "Après une visite attentive d'Orange, de Vaison-la-Romaine et de Vienne, les travaux commencèrent. Le terrassement était terminé en mars 1946. Il fut exécuté par des P. G. [prisonniers de guerre] allemands entraînés et dirigés par les fouilleurs professionnels du Mont-Auxois. Il fallut dénuder les roches, combler une immense dépression qui fit naguère tant de mécontents, dégager une vaste scène, dessiner un orchestre et donner au terrain transformé un plan incliné descendant vers la scène pour que de partout le spectacle pût être perçu [...]" Le nouveau théâtre est inauguré le dimanche 7 juillet 1946, le théâtre couvert étant alors délaissé et ne servant plus qu'en temps de pluie.
Période(s)
Principale :
- 2e quart 20e siècle
Date(s)
1946 :
daté par travaux historiques
1946 :
daté par tradition orale
Auteur(s) & personnalité(s)
Description
La scène surélevée est délimitée par un mur bas en moellons calcaires, interrompu sur chaque retour par un escalier droit en maçonnerie. Elle comporte, au lointain côté jardin, deux murs isolant les coulisses, aménagées dans un retrait du front de taille. Le parterre est accessible de plain-pied à l'est et grâce à un escalier symétrique indépendant au sud-est.
Murs :
- calcaire
- moellon
Escalier :
- escalier isolé, escalier symétrique,
Végétation :
- groupe d'arbres
Source(s) documentaire(s)
-
[Plan de l'escalier et coupe du terrain]. S.d. [1945 ou 1946].
[Plan de l'escalier et coupe du terrain]. Dessin, s.n. S.d. [1945 ou 1946]. 18,5 x 42 cm, sans échelle.Lieu de conservation : Amicale du Mystère de Sainte Reine, Alise-Sainte-Reine - Cote du document : non coté -
[Coupe des gradins]. S.d. [1945 ou 1946].
[Coupe des gradins]. Dessin, s.n. S.d. [1945 ou 1946]. 16,5 x 22 cm, sans échelle.Lieu de conservation : Amicale du Mystère de Sainte Reine, Alise-Sainte-Reine - Cote du document : non coté -
Le théâtre des Roches. Le mur, la scène et l'orchestre. S.d. [1946].
Le théâtre des Roches. Le mur, la scène et l'orchestre. Photographie imprimée, par Maillard. S.d. [1946]. Publiée dans : Jovignot, L. Les fêtes d'Alise-Sainte-Reine, 1946, photogr. h.t. -
[Scène du Martyre de sainte Reine au théâtre des Roches]. 1er juillet 1946.
[Scène du Martyre de sainte Reine au théâtre des Roches]. Photographie, s.n. 1er juillet 1946.Lieu de conservation : Amicale du Mystère de Sainte Reine, Alise-Sainte-Reine - Cote du document : non coté -
Les saintes Reine de la procession au théâtre des Roches, 1946.
Les saintes Reine de la procession au théâtre des Roches, 1946. Photographie, s.n. Publiée dans : Reine au Mont Auxois. Le culte et le pèlerinage de sainte Reine des origines à nos jours. 1997, p. 354.Lieu de conservation : Amicale du Mystère de Sainte Reine, Alise-Sainte-Reine -
Alise-Ste-reine (C.-d'Or). 685 - Le théâtre des roches. S.d. [milieu 20e siècle].
Alise-Ste-reine (C.-d'Or). 685 - Le théâtre des roches. Carte postale, s.n. S.d. [milieu 20e siècle].Lieu de conservation : Amicale du Mystère de Sainte Reine, Alise-Sainte-Reine -
Alise Sainte-Reine - Le Théâtre des Roches. S.d. [début des années 1950].
Alise Sainte-Reine - Le Théâtre des Roches. Carte postale, s.n. S.d. [début des années 1950]. Publiée dans : Gibassier, Daniel. Le tout-Alise (ou presque...). Alise Sainte Reine. 2022, p. 180. -
[Scène du Martyre de sainte Reine au théâtre des Roches]. S.d. [milieu 20e siècle].
[Scène du Martyre de sainte Reine au théâtre des Roches]. Photographie, s.n. S.d. [milieu 20e siècle].Lieu de conservation : Amicale du Mystère de Sainte Reine, Alise-Sainte-Reine - Cote du document : non coté -
[Sainte Reine au théâtre des Roches]. S.d. [milieu 20e siècle].
[Sainte Reine au théâtre des Roches]. Photographie, s.n. [par Voillot ?]. S.d. [milieu 20e siècle]. Trois tirages noir et blanc.Lieu de conservation : Amicale du Mystère de Sainte Reine, Alise-Sainte-Reine - Cote du document : non coté -
[Messe sur la scène du théâtre des Roches]. 1959.
[Messe sur la scène du théâtre des Roches]. Photographie, s.n. 1959.Inscription au verso : "1959 / Claude Henguiot (Ticomphante) / Nicole Barozet (Martyre)".Lieu de conservation : Amicale du Mystère de Sainte Reine, Alise-Sainte-Reine - Cote du document : non coté
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Clerc, Jean-Paul. Le pèlerinage de sainte Reine après 1945. 1997.
Clerc, Jean-Paul. Le pèlerinage de sainte Reine après 1945. Dans : Reine au Mont Auxois. Le culte et le pèlerinage de sainte Reine des origines à nos jours / sous la dir. de Philippe Boutry et Dominique Julia. Dijon : Ville de Dijon ; Paris : Cerf, 1997, p. 350-359 : ill. -
Gibassier, Daniel. Le tout-Alise (ou presque...). Alise Sainte Reine. 2022.
Gibassier, Daniel. Le tout-Alise (ou presque...). Alise Sainte Reine. Dijon : Dague Editions, 2022. 199 p. : ill. ; 30 cm. -
Jovignot, L. Les fêtes d'Alise-Sainte-Reine. 1946.
Jovignot, L. Les fêtes d'Alise-Sainte-Reine. Semur-en-Auxois : Impr. générale, 1946. 41 p. : [8] photogr. h.t. ; 15 cm. -
Reine au Mont Auxois. Le culte et le pèlerinage de sainte Reine des origines à nos jours. 1997.
Reine au Mont Auxois. Le culte et le pèlerinage de sainte Reine des origines à nos jours / sous la dir. de Philippe Boutry et Dominique Julia. Dijon : Ville de Dijon ; Paris : Cerf, 1997. 448 p. : ill. ; 30 cm.
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Maillard, Pierre (témoignage oral)
Maillard, Pierre. Erudit local. Alise-Sainte-Reine.
À voir
Informations complémentaires
Jovignot, L. Les fêtes d'Alise-Sainte-Reine. Semur-en-Auxois : Impr. générale, 1946, p. 33-38.
« IV. Le Théâtre des Roches
Beaucoup de pèlerins se sont étonnés que nous n'ayons pas utilisé le théâtre romain pour y représenter la Tragédie. Nous y avions pensé, puisque nous devions renoncer à la salle de la Tragédie, trop petite malgré ses mille places. Nous avions prévu aussi les inconvénients, les incommodités du terrain magnifique où nous avions projeté de faire jouer le drame, et nous entendions déjà les critiques... Nous aurions sollicité avec une entière confiance de la Société des Sciences de Semur la permission d'utiliser le théâtre romain. Mais ce vénérable théâtre ne pouvait répondre à notre désir. Il n'a plus de mur, le Mur fameux des théâtres antiques, haut et large, qui fait la bonne acoustique, repose la vue des spectateurs, dessine les acteurs et fait ressortir la beauté des costumes. De plus, dans l'après-midi du 7 Septembre, les spectateurs auraient eu dans les yeux un soleil très bas et encore éclatant, ils auraient dû avoir constamment la main en visière pendant les trois heures du spectacle.
Les anciens utilisaient certainement ce théâtre avant midi, en « matinée », ou quand la nuit était venue.
Car nous avions prévu pour le soir une seconde représentation ; il aurait fallu des projecteurs, et il était impossible dans les conditions actuelles de transporter le courant électrique jusqu'au Mont-Auxois.
Mais la Providence fait bien les choses. Il existe dans le parc de la Maison Jouard (le presbytère actuel) d'anciennes carrières, exploitées peut-être dès le temps d'Alésia, et d'où furent extraites certainement les pierres du Couvent des Cordeliers, du Canal de Bourgogne, et les blocs qui constituent l'assise de notre statue de Jeanne d'Arc. Abandonnées depuis longtemps, il s'en est fallu de peu qu'elles ne fussent exploitées à nouveau vers 1900. Le curé de l'époque, l'abbé Voisenet, s'y est opposé. Comme il fut bien inspiré ! Nous lui devons déjà l'agrandissement de la chapelle Sainte Reine et la construction de la salle de la Tragédie ; sans le prévoir, il nous a préparé le Théâtre des Roches !
Depuis mon arrivée à Alise en 1939, je me rendait souvent au fond du parc, sous les grandes roches déchiquetées, fendues, blessées encore ici et là des coups de barre à mine. A mesure que je débroussaillais, que je frayais des sentiers dans ce maquis de ronces et d'épines, la beauté du site m'attirait. J'aimais y conduire mes amis. L'un d'eux me dit un jour : « quel cadre magnifique pour Jouer Orphée ! » Et de me décrire les utilisations scéniques possibles. C'était pour moi un trait de lumière. Le 7 septembre 1943, timidement, clandestinement, nous donnions là quelques scènes du Martyre de Sainte-Reine. Monsieur Toutain, présent à la fête, me dit alors : « Ne cherchez plus une autre scène », un autre décor pour votre Tragédie, ne pensez même plus à notre théâtre romain. C'est ici qu'il faut jouer. Jamais je n'ai compris autant qu'aujourd'hui la beauté et la simplicité du drame antique ». En 1944, nous avons donné toute la Tragédie, et nous quittions les carrières pour aller chanter à la chapelle Sainte-Reine le Te Deum de la délivrance : car nous venions d'apprendre, après le troisième acte, le beau dénouement du grand drame !
Mon choix, dès lors, était fait : c'était ici qu'il fallait jouer Sainte Reine ; la salle de la Tragédie servirait pour d'autres spectacles, religieux aussi, et serait notre refuge en cas de mauvais temps. Mais avant de prendre la décision finale, je voulus tenter une dernière expérience, en faisant jouer Polyeucte de jour et de nuit dans les carrières. La troupe du Théâtre d'Art et d'Education interpréta magnifiquement le chef-d'œuvre de Corneille, que les familiers du Martyre de Sainte-Reine étaient plus que d'autres capables d'apprécier. Après quelques résistances un peu vives au nom de la tradition vénérable qui n'admettait pas d'autre local que la salle de la Tragédie, la population alisienne acceptait de bonne grâce le nouveau Théâtre. C'était une première victoire
Le 7 septembre 1945, 3.000 personnes s'écrasaient dans les carrières. Je cite les réflexions humoristiques et sympathiques d'un témoin (Auxois Libre, 15 Sep. 1945) : « L'après-midi, au Théâtre de verdure, ingénieusement aménagé dans le parc du presbytère, la troisième partie du programme des fêtes (la tragédie) s'est déroulée devant des spectateurs tout vibrants encore de la cérémonie du matin...
Le Théâtre de verdure d'Alise ! La représentation de Polyeucte l'a rendu célèbre, la représentation de Ste-Reine lui donnera une notoriété régionale.
Un fond de rochers à pic, d'une grande hauteur, où s'accrochent des arbrisseaux. Au dessus des rochers, de grands arbres se penchent, étendant leur ombre dansante sur le sol. Devant, un terre-plein, puis le chemin dévalant vers le presbytère. A droite et à gauche, des pentes abruptes qui s'incurvent sous de grands arbres. Les spectateurs s'étagent sur ces pentes... Les places sont assises par terre, et toutes les places reçoivent généreusement les rayons d'un soleil tenace, ardent, éclatant, que les feuillages sont impuissants à tamiser. Des milliers de pèlerins et de curieux montèrent ainsi... Près du théâtre, des garçonnets tendaient, avec des bâtons, une barrière mouvante... Les barrages furent bientôt rompus, et tous s'entassèrent, sans souci d'ordre, sur les pentes, sur les arbres. C'était pittoresque, naïf comme au bon vieux temps ! »
Ce pittoresque est bien fini, pareille cohue ne se renouvellera pas. Les essais dans les carrières ayant été pleinement satisfaisants, dès après les fêtes de Sainte-Reine des mesures ont été prises pour aménager le Théâtre des Roches sur le modèle des théâtres antiques. Après une visite attentive d'Orange, de Vaison-la-Romaine et de Vienne, les travaux commencèrent. Le terrassement était terminé en mars 1946. Il fut exécuté par des P. G. [prisonniers de guerre] allemands entraînés et dirigés par les fouilleurs professionnels du Mont-Auxois.
Il fallut dénuder les roches, combler une immense dépression qui fit naguère tant de mécontents, dégager une vaste scène, dessiner un orchestre et donner au terrain transformé un plan incliné descendant vers la scène, pour que de partout le spectacle pût être perçu.
On accède au Théâtre des Roches par un escalier double de cinquante marches. Arrivé au sommet, au pourtour extérieur, on voit se dresser le Mur de grandes roches verticales de 12 m. de hauteur, avec des failles, des crevasses, des grottes, des angles, des arbrisseaux, du lierre, des fleurs, accrochés au petit bonheur pour le ravissement des yeux. Ce mur a 43 mètres de façade. A sa base, une scène immense de 200 M2 à laquelle deux escaliers rustiques donnent accès. Devant la scène, l'orchestre pourra contenir 300 personnes ; de l'orchestre au pourtour extérieur, sur une longueur moyenne de 24 mètres et selon une pente de 15 %, 40 rangées de gradins logeront 6.000 spectateurs.
Nous avons tout trouvé sur place : la terre et la « caillasse » pour étager l'enceinte du théâtre et la pierre pour construire les murs. Ici encore, la Société des Sciences nous fut d'un grand secours, en mettant à notre disposition les rails et les wagonnets des Fouilles.
Nous avions promis que le Théâtre des Roches serait prêt pour la prochaine Sainte-Reine. Nous avons tenu notre promesse. »
Thématiques :
- salles de spectacle de Bourgogne-Franche-Comté
Aire d’étude et canton :
Bourgogne-Franche-Comté
Dénomination :
théâtre de plein air
Parties constituantes non étudiées :
- escalier indépendant
- mur de soutènement
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