MAISON ET USINE DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MÉTAUX ET D'HORLOGERIE (USINE DE CADRANS POUR L'HORLOGERIE) DE LA SOCIÉTÉ HAENNI (ELECTOR)
25 - Charquemont
1-5 rue Victor Hugo
- Dossier IA25001197 réalisé en 2013 revu en 2014
- Auteur(s) : Laurent Poupard
Historique
En 1913, Albert Haenni fait construire dans l'actuelle rue Victor Hugo (au n° 2) une maison avec un atelier de galvanoplastie (dorage), dans lequel il emploiera une dizaine d'ouvriers. Originaire de Berne (Suisse), Haenni aurait été fromager puis boucher à Valangin (Suisse) avant de s'établir comme doreur à Morteau ou Villers-le-Lac. Il vient à Charquemont au début du 20e siècle et, assisté d'un ouvrier nommé William Beuret, installe une entreprise de dorage Rue Neuve, au n° 6 dans la maison de Paul Loichot puis, vers 1905, au n° 5 dans celle qui accueillera par la suite la société Froidevaux Frères. En 1926, il agrandit son site par la construction d'un nouveau bâtiment (de 10 x 12 m) au 4 rue Victor Hugo (le cadastre enregistre cette construction vers 1932).
Marié en 1911 à Lucienne Jacquot, Albert a trois enfants : Gilberte (née en 1913), Georges (né en 1917) et Serge (né en 1920). Georges développe l'affaire en lui adjoignant la fabrication des cadrans de montre, sous la marque Elector, dont la direction est confiée à Silvio Zanesco. En 1945 (1940 ?), il entre en possession de la propriété Jacquot, située à proximité immédiate. Cette propriété semble issue d'une ferme édifiée vers 1866 pour l'horloger suisse Frédéric Rotschi (1832-1887), originaire de Rosières (ou Welschenrohr, canton de Soleure), qui s'est établi à Charquemont au milieu du 19e siècle (vraisemblablement en 1850) et dont le fils Henri Rotschi (1862-1941) ouvrira au tout début du 20e siècle une importante usine d'assortiments cylindre à Maîche, au 9 rue du Mont. Le site avait été repris à l'extrême fin du 19e siècle par l'entrepreneur de matériaux de construction André Delastre, originaire de Lyon, qui y avait bâti briqueterie, maison et dépôt vers 1896, atelier et bâtiment pour un broyeur vers 1903 (d'où son surnom : la Sablière ou le Sable). Il était passé vers 1925 (en 1913 ?) à Paul Jacquot (maire en 1922), ancien chef d'atelier chez Loichot, qui y avait installé sa fabrique de montres. Haenni rehausse le bâtiment d'un étage (il était en rez-de-chaussée avec un étage en surcroît occupé par des logements).
Le 26 octobre 1954, la Sarl Elector (au capital de 9 millions de francs) est dirigée par Serge Haenni (créée le 1er janvier 1946, elle sera transformée en SA le 22 août 1957). Elle demande l’autorisation "d’installer un atelier de travail de métaux par choc mécanique (presses) et de galvanoplastie", où il est prévu de frapper des cadrans métalliques et d'argenter des mouvements de montres (elle pratique aussi le dorage, le rhodiage et le nickelage). Les plans produits avec cette demande montrent l'habitation Haenni (à droite), le bâtiment de 1926 (repéré usine 2) et l'ancien atelier Jacquot (repéré usine 1), mesurant 13 m sur 25. Le nouvel atelier (11 x 26 m) doit être implanté au nord-ouest de l'ancien, séparé de lui par un passage de 8 m de large (qui sera ensuite fermé). Il est bâti en 1956.
Par ailleurs, Serge Haenni ouvre plusieurs unités à Maîche, dirigées par des sociétés différentes : Elector est à la tête de la fabrique d'assortiments (échappements) ancre créée en association avec M Stimesse et Securitor (Sarl au capital de 15 000 F fondée le 15 novembre 1948) gère une usine de galvanoplastie (placage or, marques Plaquor et Superplaquor déposées) en association avec un M Bourgeois de Damprichard. Elle dispose aussi à Annemasse d'un atelier de galvanoplastie, sous la responsabilité d'Henri Renaud, et acquiert en 1974 l'ancienne usine Victorin Frésard au 12 rue du Château, où elle réalise des index pour cadrans de montres. L'exploitant est là la société Indexor (société en nom collectif née le 30 janvier 1970 et transformée en Sarl le 1er décembre suivant, capital 60 000 F), qui sera transférée à Maîche en 1995-1996 (sous le nom d'IMM Développement) dans l'usine Rotschi au 9 rue du Mont.
A partir de la fin des années 1980 ou du début de la décennie suivante, le groupe est dirigé par Bernard Haenni (d'où la dénomination BH adoptée ultérieurement). Confronté à la concurrence, il ouvre en 1991 une filiale à l'île Maurice et élargit sa production à l'industrie du luxe (fermoirs de sacs et autres articles en laiton décoré notamment). Au cours de cette décennie 1990, il supprime une maison située dans la cour et la remplace par le corps d'entrée actuel. Il intègre également deux corps de bâtiments au nord-ouest qu'il relie à l'usine par une passerelle. Ces constructions sont dues à la société Léon-Georges Petit et Cie (SA au capital de 300 000 F, fondée le 13 août 1964), fabrique de montres (marque Europe et trigramme LGP) établie au 9 rue Victor Hugo, qui employa une centaine de personnes avant de disparaitre à la fin de l'année 1997.
Durant la décennie 2000, la société BH, SAS au capital de 40 000 €, emploie encore 36 personnes sur place (certaines sources en mentionnent 70).
En 2008-2009, Bernard Haenni vend ses actions au groupe Imi (Industries micromécaniques internationales), fondé en 1987 par Jean-Pierre Gérard et établi au 48 rue des Founottes à Besançon.
En 2014, cette entité emploie environ 500 personnes (dont 300 dans la région bisontine) et réunit cinq sociétés spécialisées dans les microtechniques et la fabrication de composants pour les industries du luxe : celles du groupe Cheval soit Cheval Frères (créée en 1848 et intégré à Imi en 1994), Laser Cheval (née en 2000 d'un département de Cheval Frères organisé en 1980) et Cheval Far East Ltd (ouverte durant les années 1990 à Hong Kong), plus Hardex ("née en 2006 de la fusion entre le département d'usinages de matériaux durs de la société Cheval Frères (département UMD) et d'une usine de mise en forme des poudres de céramique", installée à Marnay) et Imi Swiss (anciennement BH Cadrans, transférée de Charquemont au Locle en août 2009).
L'usine ferme donc en juillet 2009 (elle compte alors 21 salariés) et, depuis, ses locaux sont désaffectés malgré un projet de reconversion en bureaux, habitations et commerces.
- 1er quart 20e siècle
- 2e quart 20e siècle
- 3e quart 20e siècle
- 4e quart 20e siècle
Description
Les bâtiments antérieurs à la deuxième guerre mondiale ont des murs en moellons calcaires enduits, ceux postérieurs font appel au béton enduit. Les toits sont à longs pans et pignons couverts, les couvertures en tuiles mécaniques. Le premier bâtiment (logement patronal au 2 rue Victor Hugo) compte un sous-sol, un étage carré et un étage en surcroît. Protégé par des ardoises, il est coiffé d'un toit en pavillon, avec lucarne pignon (à demi-croupe) côté rue au sud-ouest et au sud-est un petit corps individualisé par son propre toit en pavillon. Le deuxième (4 rue Victor Hugo) compte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé (accessible par un escalier extérieur à deux volées convergentes), un étage carré et un étage en surcroît. Il est complété au nord-est par un petit atelier (désaffecté) en rez-de-chaussée et à étage de comble.
Le premier corps de bâtiment de l'usine, au sud-est (ancienne propriété Jacquot), a un étage carré et un étage en surcroît. Il est éclairé par des fenêtres horlogères (ouvrant le mur pignon) et des fenêtres multiples (sur les murs gouttereaux) ; certaines baies ont un encadrement de briques, les autres en béton. Le deuxième corps, ajouté au nord-ouest au milieu des années 1950, compte deux étages carrés et est coiffé d'un toit à croupes. Entre les deux, l'étage carré de l'ancien passage est sommé par un toit terrasse en béton, mode de couverture aussi adopté pour les garages dans la cour (en rez-de-chaussée). L'entrée s'effectue par un corps de forme octogonale contenant un escalier en vis métallique, associant béton au rez-de-chaussée et pan de fer avec essentage de tôles à l'étage, le tout coiffé d'un toit plat. La jonction avec l'ancienne usine Léon-Georges Petit est assurée par une passerelle à structure métallique, parois vitrées et toiture en plastique transparent.
- calcaire
- béton
- moellon
- enduit
- enduit
- tuile mécanique
- béton en couverture
- matériau synthétique en couverture
- ardoise
- 1 étage carré
- étage en surcroît
- élévation à travées
- escalier dans-oeuvre,
- escalier de distribution extérieur, escalier symétrique, en maçonnerie
- escalier hors-oeuvre, escalier en vis avec jour, en charpente métallique
- fenêtres horlogères
- fenêtres multiples
- énergie électrique achetée
Source(s) documentaire(s)
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3 P 128 Cadastre de la commune de Charquemont, 1812-1963
3 P 128 Cadastre de la commune de Charquemont, 1812-1963
- 3 P 128/1 : Registre des états de sections (1812)
- 3 P 128/2-3 : Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties [1823-1906]
- 3 P 128/5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1910)
- 3 P 128/8-9 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1911-1963)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 128 -
312 W 4 Établissements classés (1954-1968)
312 W 4 Établissements classés (1954-1968)
Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 312 W 4 -
Papier à en-tête de la société Elector, 26 octobre 1954
Papier à en-tête de la société Elector, 26 octobre 1954Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 312 W 4
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Aliénation d'immeubles communaux [terrain au 1 rue Victor Hugo à aliéner à A. Delastre], 8 novembre 1896
Aliénation d'immeubles communaux [terrain au 1 rue Victor Hugo à aliéner à A. Delastre], dessin sur calque (plume, lavis), par le géomètre Bourquin, Maîche le 8 novembre 1896, 31,5 x 42 cm, échelle 1/1000Lieu de conservation : Archives communales, Charquemont -
Etablissements " Elector " - " Securitor ". Plan sommaire de situation des bâtiments et des abords [existant], 1954
Etablissements " Elector " - " Securitor ". Plan sommaire de situation des bâtiments et des abords [existant], dessin (tirage à l'ammoniaque), s.n., s.d. [1954], 19,5 x 30 cm, échelle 1/1000Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 312 W 4 -
Etab[lissement]s " Elector " - " Securitor ". Plan d'ensemble de situation. Bâtiments et abords [projet d'extension], 1954
Etab[lissement]s " Elector " - " Securitor ". Plan d'ensemble de situation. Bâtiments et abords [projet d'extension], dessin (tirage à l’ammoniaque), s.n., s.d. [1954], 36,5 x 47,5 cm, échelle 1/200Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 312 W 4 -
7. - Charquemont. - Quartier de la Gare [avec la voie ferrée en construction], entre 1900 et 1906
7. - Charquemont. - Quartier de la Gare [avec la voie ferrée en construction], carte postale, par la veuve Sandoz, s.d. [1er quart 20e siècle, avant le 15 mars 1906], Veuve Sandoz éd. à Charquemont. Porte la date 15 mars 1906 (au recto)Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont -
[Inauguration de la gare de Charquemont], 11 août 1905
[Inauguration de la gare de Charquemont], photographie, s.n., 11 août 1905. Publiée (avec le titre : Août 1905 : inauguration du Tacot. La Démocrate accueille le Ministre [Jean-Baptiste Bienvenue Martin]) dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - 1991, p. 102.Lieu de conservation : Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans -
1085. Charquemont - Entrée du Village, entre 1913 et 1916.
1085. Charquemont - Entrée du Village, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [1er quart 20e siècle, entre 1913 et 1916], Simon éd. à Maîche et Ornans. Porte la date 30 septembre 1916 au verso.Lieu de conservation : Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans -
1086. Charquemont [carrefour des rues de Besançon et Victor Hugo, et de la Grande Rue, depuis le nord-ouest], 1er quart 20e siècle
1086. Charquemont [carrefour des rues de Besançon et Victor Hugo, et de la Grande Rue, depuis le nord-ouest], carte postale, par Ch. Simon, s.d. [1er quart 20e siècle], Ch. Simon éd. à Maîche et OrnansLieu de conservation : Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces -
359. - Charquemont - Route de Maîche, entre 1913 et 1920.
359. - Charquemont - Route de Maîche, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [entre 1913 et 1920], Ch. Simon éd. à Maîche. Porte la date 1er janvier 1920 au verso.Lieu de conservation : Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans -
Charquemont (Doubs). Passage à niveau et route des cités, 2e quart 20e siècle
Charquemont (Doubs). Passage à niveau et route des cités, carte postale, s.n., s.d. [2e quart 20e siècle], Combier (Cim) impr. à Mâcon, coll. Joly à CharquemontLieu de conservation : Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces -
En avion au-dessus de... 7. Charquemont (Doubs) [vue aérienne des rues de la Gare, Victor Hugo et des Villas depuis le sud], entre 1958 et 1967
En avion au-dessus de... 7. Charquemont (Doubs) [vue aérienne des rues de la Gare, Victor Hugo et des Villas depuis le sud], carte postale (tirage photographique), s.n., s.d. [3e quart 20e siècle, entre 1958 et 1967], Lapie éd. à Saint-MaurLieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont -
Charquemont (Doubs). Vue aérienne [quartier de la gare, de la Rue Neuve et des Cités, vu depuis le sud], entre 1968 et 1975
Charquemont (Doubs). Vue aérienne [quartier de la gare, de la Rue Neuve et des Cités, vu depuis le sud], carte postale en couleur, s.n., s.d. [entre 1968 et 1975], Combier Imprimeur à MaconLieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont -
Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle)
Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle). Consultables en ligne via le site du Géoportail (www.geoportail.gouv.fr)
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Annuaire des Entreprises de France, le fichier national des chambres de commerce et d'industrie
Annuaire des Entreprises de France, le fichier national des chambres de commerce et d'industrie
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Donzé, Jacques. Charquemont. Comment ? Pourquoi ? 1339-2010, 2010
Donzé, Jacques. Charquemont. Comment ? Pourquoi ? 1339-2010.- S.l. [Charquemont] : s.n. [l’auteur], 2010. 209 p. : ill. ; 30 cm. -
Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche, 2007
Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - Maîche : M. Simonin, 2007. 143 p. : ill. ; 30 cm. -
Sornay, Lionel. Prosopographie des entreprises horlogères et de leurs financeurs sur le plateau de Maîche 1925-1973, 2003
Sornay, Lionel. Prosopographie des entreprises horlogères et de leurs financeurs sur le plateau de Maîche 1925-1973. - Besançon : Université de Franche-Comté, 2003. 56 p. : ill. ; 30 cm. Mém DEA : histoire industrielle : Besançon : 2003 ; 51. -
Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, 1991
Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991. 243 p. : cartes postales ; 31 cm.
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Donzé Jacques (témoignage oral)
Donzé Jacques, ancien horloger, historien de Charquemont
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