MAISON ET TANNERIE BRIOT
25 - Saint-Hippolyte
2-4 impasse de la Tannerie, 2-3 place du Chapître, 2 rue Jacques Courtois
- Dossier IA25001990 réalisé en 2019 revu en 2020
- Auteur(s) : Laurent Poupard
Historique
Connue dès le 16e siècle pour ses tanneries spécialisées dans les cuirs forts (peaux de boeufs), utilisés notamment pour les semelles de chaussures et la bourrellerie, Saint-Hippolyte compte au milieu du 18e siècle trois établissements, exploités par Claude François Preslot, Guillaume Ignace Menoux et Jean Antoine Perrot. Une autre famille est aussi présente dans ce domaine : les Briot. Mathieu Briot (1671-1757), fils d’un bonnetier-tisseur originaire de Damprichard et venu s’installer à Saint-Hippolyte (François Briot dit Pochelle, 1646-1686), est à l’origine d’une lignée de tanneurs dont le métier se transmet de père en fils : Jean Pierre (1704-1779), Jean-Baptiste Albert (1747-1826), Augustin (1778-1854), Constant (1818-1881) et Auguste (1820-1886), puis Charles (1871-1916) - fils d’Auguste.
Augustin Briot, qui sera maire de Saint-Hippolyte, est propriétaire de bâtiments antérieurs au cadastre de 1830 : la tannerie (cadastrée B 204), face à elle une maison (B 231) donnant sur l’actuelle rue Jacques Courtois (au n° 2), un peu plus loin une partie de maison (B 206) qu'il acquiert vers 1845. Cette dernière est représentée sur le plan cadastral sous forme d'une parcelle bâtie unique, appartenant au juge Théodule Perreciot (vers 1755-1841) de Baume-les-Dames, mais peut-être y en a-t-il deux. En effet, lors du partage qui suit le décès du juge, si Briot devient propriétaire de la partie proche de sa tannerie (2 impasse de la Tannerie), l’autre partie au nord (3 place du Chapître) est signalée en 1846 en "Etat de constructeur" [construction] lorsqu’elle passe au maréchal-ferrant Joseph Bécoulet (elle reviendra par la suite à la famille du tanneur). Briot, qui possède aussi les jardins encadrant la tannerie (B 203 au sud d'elle et B 205 au nord), aménage vers 1845 des fosses dans celui au nord.
La tannerie est en expansion à partir du milieu du 19e siècle sous la direction de deux enfants d’Augustin, Auguste et Constant (frères de l’astronome, physicien et mathématicien Charles Briot). Ceux-ci sont autorisés, par l’arrêté préfectoral du 28 décembre 1859, à faire usage d’une machine à vapeur de 2 ch pour "mettre en mouvement un marteau à battre les cuirs". Cette machine, dont la chaudière (de 3 ch) utilisera comme combustible "de la tannée, au besoin de la houille", provient de la tannerie Goeguel, à Montbéliard. Son installation est l’occasion d’un agrandissement de l’atelier vers le sud, avec création d’un nouveau séchoir. Les frères Briot rebâtissent en 1874 leur maison au 2 impasse de la Tannerie, incendiée en 1871. Au décès d’Auguste, l’affaire est reprise par sa veuve Henriette Rondot (1836-1926), originaire de Charmauvillers, et par leur fils Charles.
L'entreprise fabrique elle-même son propre tan, depuis que, le 7 janvier 1835, Xavier Jobard, propriétaire du Moulin Neuf sur la rive droite du Doubs, a autorisé Augustin à installer dans son canal de fuite une roue hydraulique verticale en-dessous actionnant un moulin à tan. Cet équipement ayant été détruit lors de l’incendie du Moulin Neuf le 11 septembre 1891, Henriette et Charles le font reconstruire vers 1894 mais sur la rive gauche du Doubs (C 25), avec logement et stockage (l'établissement, qui fournira son électricité à la maison Briot à la fermeture de la tannerie, sera en grande partie détruit en 1985). Charles fait aussi édifier vers 1898, au niveau de la tannerie, sur la rive gauche du Dessoubre un bâtiment porté comme "remise à tan et fosses" (C 38). Il achète en même temps celui (B 235) appartenant auparavant à la famille Maréchal et intercalé entre la tannerie et la maison de la rue Courtois (il agrandira cette dernière vers 1903). En 1900, l’affaire fabrique toujours des cuirs forts par tannage à la jusée de chêne (solution de tan), avec séjour de 20 à 24 mois en fosse. Elle emploie au maximum 25 personnes, mais ce chiffre est assez fluctuant.
L’établissement est dirigé à partir de 1916 par la veuve de Charles, née Irma Boffy (1879-1966). Des problèmes de santé empêchent son fils Pierre de poursuivre l’activité et la tannerie ferme en 1922. Ses installations sont partiellement démolies vers 1940, de même que celles de l’autre côté du Dessoubre (magasin à tan et fosses, comblées par leur nouveau propriétaire). Elle a été convertie en immeuble d’habitation (mais aurait conservé des fosses à l’étage de soubassement), ce que sont restés ou redevenus les deux autres bâtiments (rue Courtois et impasse de la Tannerie).
- Temps modernes
- 1er quart 19e siècle
- 3e quart 19e siècle
- 4e quart 19e siècle
- 1er quart 20e siècle
Description
L'ancienne tannerie comporte un étage de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé, accessible au nord par un escalier extérieur droit en maçonnerie ; le séchoir a été transformé en logements (avec étage carré et étage en surcroît). Elle a des murs en moellons calcaires enduits, surmontés de pans de bois essentés de planches, et est coiffée d'un toit à longs pans (en appentis pour le corps plus bas côté rivière), pignons couverts et tuiles mécaniques. Les habitations sont en moellons calcaires enduits, avec toits à longs pans et couvertures en tuiles mécaniques, tuiles plates ou tuiles plates mécaniques. Comme ceux au 2 impasse de la Tannerie (présentant une demi-croupe au sud) et au 3 place du Chapître, l'immeuble de la rue Courtois comporte étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 2 étages carrés et étage de comble, desservis par un escalier tournant à retours en bois. Deux fenêtres coiffées chacune d'un arc en accolade sont visibles dans le décrochement de l'ancienne maison Maréchal sur l'impasse de la Tannerie. Le séchoir rive gauche est en moellons calcaires et béton pour le soubassement, pan de bois et essentage de planches pour le rez-de-chaussée surélevé, coiffé d'un toit à longs pans, pignons couverts, tuiles mécaniques et tuiles plates.
- calcaire
- bois
- moellon
- pan de bois
- enduit
- essentage de planches
- tuile mécanique
- tuile plate
- tuile plate mécanique
- étage de soubassement
- rez-de-chaussée surélevé
- 2 étages carrés
- étage de comble
- élévation à travées
- escalier dans-oeuvre, escalier tournant à retours avec jour, en charpente
- escalier de distribution extérieur, escalier droit, en maçonnerie
Source(s) documentaire(s)
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3 P 520 Cadastre de la commune de Saint-Hippolyte, 1830-1956
3 P 520 Cadastre de la commune de Saint-Hippolyte, 1830-1956
3 P 520 : Atlas parcellaire (6 feuilles), dessin (plume, lavis), par les géomètres du cadastre Gounaud et Morel, 1830
3 P 520/1 : Registre des états de sections, [1832]
3 P 520/2 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, [1832-1913]
3 P 520/3 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910
3 P 520/4 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1914-1956
3 P 520/5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1956Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 520 -
Sp 759 Service hydraulique. Réglementation, autorisations de travaux, renseignements divers (1839-1919)
Sp 759 Service hydraulique. Réglementation, autorisations de travaux, renseignements divers (1839-1919)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 759 -
432 S 7 Appareils à vapeur. Déclarations (1862)
Archives départementales du Doubs, Besançon, 432 S 7 Appareils à vapeur. Déclarations (1862)Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 432 S 7
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Plan des localités p[ou]r demande en autorisation [de machine à vapeur]. Mr Briot, tanneur à St Hippolyte (Doubs), [1859]
Plan des localités p[ou]r demande en autorisation [de machine à vapeur]. Mr Briot, tanneur à St Hippolyte (Doubs), dessin sur calque (plume, lavis), s.n., s.d. [1859], 1/500, 39 x 36,5 cmLieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 432 S 7 -
Plan des localités devant servir à la demande en autorisation p[ou]r l’établissement de : une machine à vapeur et sa chaudière chez Monsieur Briot, tanneur à St Hippolyte (Doubs), [1859]
Plan des localités devant servir à la demande en autorisation p[ou]r l’établissement de : une machine à vapeur et sa chaudière chez Monsieur Briot, tanneur à St Hippolyte (Doubs), dessin sur calque (plume, lavis), s.n., s.d. [1859], 1/50, 35,5 x 42,5 cmLieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 432 S 7 -
Mr Briot, tann[eu]r à St Hippolyte (Doubs). Chaudière de 3 chevaux, [1859]
Mr Briot, tann[eu]r à St Hippolyte (Doubs). Chaudière de 3 chevaux, dessin sur calque (plume), s.n., s.d. [1859], sans échelle [1/100], 28,5 x 38 cmLieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 432 S 7 -
Le Dessoubre à St Hyppolyte, décennie 1880
Le Dessoubre à St Hyppolyte, gravure, par Eugène Sadoux, décennie 1880. Publiée dans : Bouchot, Henri. La Franche-Comté / ill. Eugène Sadoux. - Paris : Plon, 1890, p. 102. -
Saint-Hippolyte (Doubs) - Vallée du Dessoubre, la Tannerie, 1er quart 20e siècle [décennie 1900]
Saint-Hippolyte (Doubs) - Vallée du Dessoubre, la Tannerie, carte postale en couleur, s.n., s.d. [1er quart 20e siècle, décennie 1900], Bauer-Marchet éd. à Dijon. Porte la date 23 décembre [décennie 1900] (tampon) au recto. Le monogramme BM (Bauer-Marchet et Cie, à Dijon) figurant au recto a été utilisé par l'éditeur de 1904 à 1909.Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 6 Fi 25519/43 -
St-Hippolyte. La Tannerie, [1er quart 20e siècle ?]
St-Hippolyte. La Tannerie, carte postale, s.n., s.d. [1er quart 20e siècle ?]Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 6 Fi 25519/6 -
Saint-Hippolyte. Le confluent du Doubs et du Dessoubre, 1er quart 20e siècle [avant 1923]
Saint-Hippolyte. Le confluent du Doubs et du Dessoubre, carte postale, s.n., [1er quart 20e siècle, avant 1923], Pernet éd. Porte la date 11 janvier 1923 (manuscrite et tampon) au verso.Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 6 Fi 25519/10 -
9. St-Hippolyte. Les bords du Dessoubre, [milieu 20e siècle ?]
9. St-Hippolyte. Les bords du Dessoubre, carte postale, s.n., s.d. [milieu 20e siècle ?], Cie des Arts photomécaniques (CAP) éd. à Strasbourg - SchiltigheimLieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 6 Fi 25519/5
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Chipaux, Roger. Recherches généalogiques
Chipaux, Roger. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/ -
Levain, André. Recherches généalogiques
Levain, André. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/ -
Pierfit (base). Recherches généalogiques
Pierfit (base). Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/ -
Tanneries, une activité qui a marqué la ville, 2019
Tanneries, une activité qui a marqué la ville. - Saint-Hippolyte : Commune de Saint-Hippolyte, 2019. Ill. Article consultable en ligne sur le site internet de la commune de Saint-Hippolyte à l’adresse : http://www.ville-saint-hippolyte.fr/fr/information/55968/tanneries (consultation : 4 juillet 2019). -
Vaucheret, Bernard. Recherches généalogiques
Vaucheret, Bernard. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
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Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm. -
Saillard, Emmanuel. Livret-guide industriel et commercial de la Franche-Comté. - Besançon. - Besançon : veuve J. Dreher, 1901.
Saillard, Emmanuel. Livret-guide industriel et commercial de la Franche-Comté. - Besançon. - Besançon : veuve J. Dreher, 1901.
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Arcis Marie-Lise (témoignage oral)
Arcis Marie-Lise, descendante du tanneur Armand Mirousset, à Saint-Hippolyte
À voir
Informations complémentaires
- patrimoine industriel du Doubs
- atelier de fabrication
- entrepôt industriel
- pièce de séchage
- logement
- passerelle
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