L'ARCHITECTURE LIÉE À L'EAU DE LA COMMUNE DE RUPT-SUR-SAÔNE
70 - Rupt-sur-Saône
- Dossier IA70000842 réalisé en 2016 revu en 2017
- Auteur(s) : Liliane Hamelin
Historique
La présence de l’eau sur le territoire communal est mentionnée dès l’époque romaine. En 1866, l’auteur du dictionnaire des communes de la Haute-Saône signale la présence de canaux de briques « qui s’enchâssent les uns dans les autres et qui servaient à conduire les eaux vers Ovanches. Dans le bois de la Revêche, il y avait aussi - souligne l’auteur - un de ces bassins que les Romains appelèrent d’abord dividiculum et qu’ils nommèrent ensuite castella (châteaux d’eau). Ce château d’eau était alimenté par les Sept-Fontaines situées sur la pente qui est un peu plus au nord. Ces sources non intermittentes - précise l’auteur - se réunissent, par des sinuosités pittoresques, en une espèce de biez qui tombe dans le ruisseau appelée le Ruz-de-Vau qui alimente la fontaine [au centre du village] et faisait tourner le moulin du Bois situé à la sortie du village en direction de Port-sur-Saône. »
Un autre ruisseau, la Fontenotte ou petite fontaine, a donné son nom à la rue conduisant à Ovanches et à la fontaine. Il descend de la colline où s’élevait le couvent de minimes. D’après des témoins, ce ruisseau, qui traverse le village et se jette dans la Saône, était encore à découvert il y a une cinquantaine d’années.
Le village est séparé de la Saône par une large zone humide appelée le Breuil. Ce terme signifie « taillis où se cache le gibier. Ce nom est lié à des zones humides non constructibles. »
Pour les habitants de Rupt, l’eau est parfois synonyme d’épreuves. En effet, par sa situation au pied des trois collines qui le dominent et avant les travaux réalisés au cours du 19e siècle, le village subit d’importants dégâts, dont se fait l'écho le cahier de doléances de 1789 : « [Le village] reçoit directement les eaux de la moindre des pluies. Mais lorsqu’elles deviennent abondantes par la réunion des courants et la masse de leur volume, il se forme des ravins si considérables qui tombent avec une précipitation effrayante sur la plupart des maisons qu’elles en deviennent les tristes victimes… Le territoire de Rupt est dégradé au point que plusieurs héritages ont changé de surface et sont devenus des précipices, les autres ont notablement diminué de valeur parce que les terres ont été emportées en grande partie par ces ravins [...] » Au début du 19e siècle, la commune décide de canaliser les ruisseaux, dont celui qui descend de la colline du château. Afin de débarrasser les boues des « rues et de la fontaine » au centre du village, elle lance des adjudications par voie d’affichage. Il est écrit que « l’adjudicateur sera tenu d’enlever les boues au fur et à mesure qu’il les amassera sans pouvoir les laisser en dépôt sur le lieu, de manière à ne pas nuire à l’abord de la fontaine ou à la salubrité des eaux. »
A la fin de la décennie 1870, d’importants travaux de (re)construction de fontaines sont engagés d’après les plans de l’architecte départemental Dodelier, auquel succédera à partir de 1881 Charles Desgranges. Ce dernier signe « un plan d’ensemble d’une conduite d’eau et de cinq fontaines ». Les travaux sont approuvés par le conseil municipal et adjugés à Edmond Hézard, à la tête de la fonderie de La Romaine, le 30 novembre 1883. Des travaux supplémentaires sont adjugés au même l’année suivante, le 30 juillet 1884. Leur procès-verbal de réception provisoire est approuvé par la préfecture le 8 mai 1885 et celui de réception définitive le 1er juillet 1886. L’aménagement des édicules liés à l’eau se poursuit au début du 20e siècle. En 1905, par exemple, la mairie commande la fontaine et abreuvoir du 9 rue du Pâquis (dénommée rue de Vy-les-Rupt sur le cadastre de 1837) à la fonderie de La Romaine, dont le nom est présent sur la face antérieure de l’abreuvoir.
Des travaux d'adduction sont réalisés au cours de la décennie 1950, notamment la couverture du ruisseau qui actionnait le moulin à la sortie du village en direction de Port-sur-Saône. Cet aménagement a eu pour effet de modifier l’agencement des bassins en fonte de la ruelle du Moulin. Seule la borne-fontaine est restée en place. Signalons aussi les bornes fontaines en fonte et bassins en pierre subsistant à l’entrée des rues du Pâquis (devant la parcelle 2017 B 676) et de la Dame Blanche.
Fontaine-abreuvoir, 13 rue du Pâquis
Fontaine et abreuvoir près du 13 rue de Pâquis (devant la parcelle 2017 B 676), avec un bassin en pierre et une borne fontaine en fonte.Fontaine-abreuvoir, 9 rue du Pâquis
Fontaine et abreuvoir au 9 rue du Pâquis (devant la parcelle 2017 B 37), due à la fonderie de La Romaine.Fontaine-lavoir, 1 rue du Pâquis
Présente sur le cadastre napoléonien de 1837, la fontaine-lavoir proche du 1 rue du Pâquis est alimentée par la source des Sept Fontaines, sur la colline du château. Cadastrée 2017 B 752, elle est constituée d’une borne fontaine et d’un lavoir auquel on accède par un escalier droit de quelques marches. Des bancs complètent l’aménagement intérieur. L’ensemble est construit en pierre calcaire. En 1894, le conseil municipal décide de couvrir le lavoir : « Ce dernier sera protégé du côté Nord par un parpaing surmonté d’une cloison en planches ; du côté de l’Ouest par le mur de soutènement de la route. Les deux autres faces Sud et Est resteront ouvertes dans leur partie supérieure pour éclairer et aérer la fontaine.» Après examen, il accepte les plans et devis établis par l'architecte Humbert, de Vesoul. Ce dernier précise que « les travaux seront exécutés avec des matériaux de premier choix, tirés des meilleures provenances, et mis en oeuvre d’après les règles de l’art ». Parmi ces matériaux, il cite les « moellons neufs provenant des meilleures carrières de la localité dites "le Chauffour" posés à bain de mortier hydraulique [...] La pierre de taille travaillée à la boucharde des parpaings des faces Nord, Est et Sud [et] des marches d'escalier [sera issue] des meilleures carrières de Scey-sur-Saône posées à mortier fin ». La charpente sera « en sapin premier choix » et les quatre poteaux seront en chêne. « Les tuiles mécaniques, grand format, proviendront de Passavant et seront de premier choix. » La dépense, d'un montant de 600 F, est acceptée par le préfet, René Pichon, le 11 décembre 1894.Fontaine-abreuvoirs, 4 rue de la Garenne
Les travaux de cette fontaine (en avant de la parcelle 2017 B 181) consistent en « Fourniture et mise en place de deux auges en fonte en avant des deux bornes fontaines dans la rue du Château […] Ces bassins auront chacun 2 m de long et 0 m 55 de large et seront du modèle en fabrication à l’usine de la Romaine. Ils seront posés sur des dès en pierre de taille, solidement assujettis sur des massifs en maçonnerie. » Actuellement, il ne subsiste plus qu’un ensemble, vraisemblablement recomposé, constitué d’une borne fontaine et de trois abreuvoirs en fonte, dont l'un possède la marque de l’entreprise La Romaine.Fontaine de l’Abondance, place de l'Abondance
Implantée en 1884 au centre du village selon un projet de l'architecte Desgranges, cette fontaine doit son nom à la statue en fonte du Val d'Osne qui l'orne : une déesse portant une corne contenant des fruits et brandissant une grappe de raisin dans sa main droite.Fontaine, lavoir et abreuvoir au Lion, 9 rue de la Dame Blanche
La fontaine (cadastrée 2017 B 755 et 829) est alimentée par les eaux du Ruz de Vaux. Elle a été réalisée en 1884 sur des plans de l’architecte Charles Desgranges. Elle est ornée d’une statue de lion de la Société anonyme des Hauts Fourneaux et Fonderies du Val d'Osne (Haute-Marne). Le lavoir a été couvert en 1900, suivant le projet de l'architecte Humbert.Fontaine-abreuvoir, entre les 13 et 15 rue de la Dame Blanche
Fontaine et abreuvoir (cadastrée 2017 B 680), avec un bassin en pierre et une borne fontaine en fonte.Fontaine, lavoir et abreuvoir, rue de de la Fontenotte
Cette fontaine, lavoir et abreuvoir (entre le 27 et le 29 rue de la Fontenotte, sur la parcelle 2017 B 754) est située au pied de la colline où s’élevait le couvent des minimes. Elle est alimentée par la source de la Fontenotte, qui a donné son nom au ruisseau et à la rue (ancienne rue d'Ovanches). Ce long bâtiment (13,60 m environ) abrite un lavoir prévu pour vingt laveuses, un abreuvoir destiné à vingt-deux têtes de bétail et une borne fontaine sur le côté est. Ses linteaux le datent de la seconde moitié du 19e siècle. L'alambic communal, encore en fonction, y a été aménagé vers 1947-1950.- 2e moitié 19e siècle
- 4e quart 19e siècle
- 1er quart 20e siècle
Date de naissance : 30 juin 1816 - date de décès : 1er mars 1882
Claude-François-Charles Dodelier, fils de Jacques Dodelier, arpenteur-géomètre. Il s'installe en tant qu'architecte à Vesoul (Haute-Saône) après avoir étudié à l’École centrale des arts et manufactures. Il sera membre de la Société d’agriculture, lettres, sciences et arts de la Haute-Saône (SALSA), fondée en 1801.
Charles Desgranges, architecte. 19e siècle.
Humbert, Jacques : architecte à Vesoul (Haute-Saône) au 19e siècle. Il effectue des réparations à l'église et au presbytère de Demangevelle en 1878.
Usine issue d'un fourneau bâti au 16e siècle et propriété de la famille Guyot au 18e siècle. Fabrication élargie à la fonte de moulage vers 1830. Exploitée sous le Second Empire par la société du Taillis et Cie, qui devient Hézard et Cie en 1871 (Jean-Claude puis son fils Edmond). Arrêt du haut fourneau en 1887, de la fonderie en 1936 (cf. dossier IA70000350).
Description
Les fontaines sont majoritairement dotées d'un bassin en pierre qui, pour deux d'entre elles (rue de la Dame Blanche et rue du Pâquis), a été « doublé » par un bassin en fonte.
Source(s) documentaire(s)
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Lassus, François ; Taverdet, Gérard. Noms de lieux de Franche-Comté : introduction à la toponymie, 1995
Lassus, François ; Taverdet, Gérard. Noms de lieux de Franche-Comté : introduction à la toponymie. - Paris : C. Bonneton, 1995. 231 p. : ill. ; 18 cm.Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R.US LAS -
Suchaux, Louis. Département de la Haute-Saône. Dictionnaire historique, topographique et statistique, 1991
Suchaux, Louis. Département de la Haute-Saône. Dictionnaire historique, topographique et statistique. - Paris : Res Universis, 1991. 2 vol., 400 p.-[12] f. de pl., 396-[16] p.-[11] f. de pl. ; 20 cm. Reprod. en fac-sim. de "La Haute-Saône : dictionnaire historique, topographique et statistique des communes du département". - Vesoul : A. Suchaux, 1866 (Monographies des villes et villages de France ; 754-755).Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R.US.4299
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Informations complémentaires
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