Fromagerie de Courtefontaine ⋅ Patrimoine en Bourgogne-Franche-Comté

Historique

Deux fruitières sont signalées en 1845, quatre en 1851 : celle du village créée le 25 mars 1847 (produisant 6 t de fromage avec le lait de 50 vaches) et trois particulières à la Roue (1812, 2,7 t de fromage), au Pré de Cernay (1812, 3,2 t) et au Pré au Compte (1849, 1,2 t). La commune, souhaitant construire une fromagerie, envisage en décembre 1856 l’achat d’une vieille maison et du droit de prendre l’eau dans le puits voisin. Cette maison, qui appartenait en 1830 à Marcelin Garnier, était passée vers 1832 aux frères Tirole (Joseph, Victor, Marcelin, Eugène et Laurent) et à leur sœur Joséphine. En 1858 ou 1859, ces derniers cèdent pour 400 F à la municipalité "une petite maison en ruine pour y établir un chalais pour faire le fromage". Le 2 novembre 1859, le maire évoque ainsi l’alimentation en eau : "la fontaine pour servir à la fromagerie ne nécessite aucun entretien vu que c’est un puits construit dans la marne, qui est bien établi en pierre et qui s’alimente de lui-même" (le modèle de cette fontaine disparue, d’un type commun dans le village, est connu par celles encore subsistantes).
Le devis de l’architecte Wetzel, de Montbéliard (vraisemblablement Luc Wetzel, né à Blamont en 1814), date du 5 janvier 1857. Il prévoit un bâtiment de 14,40 m sur 15,10 m (avec deux retraits en façade de 2,70 m de large sur 3 en profondeur), en rez-de-chaussée et avec un comble comportant une chambre éclairée par "une longue fenêtre à trois divisions". La façade sera crépie et colorée "d’une pointe d’ocre jaune". La cuisine sera dallée et dotée d’une cheminée "en tuf du pays", dont les linteaux seront supportés par six piliers en pierre de taille ; les caves seront pavées de moellons plats posés de champs. La charpente en sapin supportera un toit à demi-croupe, recouvert de tuiles mécaniques ("de la fabrique de Mr Blondeau de St-Hippolyte") et "entièrement encadré par une forte corniche en planches, décorée de découpures en planches de fil, le tout suivant modèle fourni". Le devis estimatif se monte à 8 215,11 F (incluant une chaudière en cuivre et sa crémaillère pour 480 F) soit, avec la somme à valoir et les honoraires de l’architecte (1/20e) 9 488,45 F. La construction est adjugée à l’entrepreneur Loretty, de Saint-Hippolyte, mais mal réalisée. En effet, dans un courrier daté du 8 mai 1863, l’architecte dit n’avoir accepté les travaux (réalisés en 1860), "qui sont d’une exécution fort grossière", que sur la demande de la municipalité.
La fromagerie accueille la nouvelle société de vente de lait, issue de la fusion en 1891 de celles existantes. Le sol et les murs des deux caves sont bétonnés en mai 1921 par l’entrepreneur Charles Righi sous le contrôle de l’ "ingénieur architecte" Alphonse Dubois, tous deux de Saint-Hippolyte. Le fromager est alors un anabaptiste, M Venger, auquel succède l’année suivante M Brunner. Le bâtiment est rehaussé d’un étage avant 1929 (dès 1898 ?) car à cette date, la police d’assurance fait état de "caves, rez-de-chaussée, étage, grenier, remises, avec logement occupé par une locataire et une salle de mairie". L’établissement traite alors 400 000 l de lait, employé à la fabrication d’emmental. Des caves (pièces d'affinage) sont bâties en retour d’équerre à l’est durant les années 1980. Forte d’une dizaine de sociétaires, la société fusionne en 1987 avec celle des Plains-et-Grands-Essards. Le bâtiment est vendu l’année suivante et converti en habitation.

Période(s)

Principale :

3e quart 19e siècle

Secondaire :

limite 19e siècle 20e siècle
4e quart 20e siècle

Date(s)

1860 : daté par source

Auteur(s) & personnalité(s)

Auteur : Luc Wetzel, architecte, attribution par source

Luc Wetzel, architecte. 19e siècle.

Illustrations

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Description

La fromagerie, aux murs de moellons calcaires enduits, comporte un étage carré, un étage en surcroît et un comble, desservis par un escalier dans-oeuvre. Ses fenêtres sont à encadrement rectangulaire en pierres de taille, à l'exception de celles à l'étage des murs gouttereaux (ouest et est) qui ont des encadrements en briques et arc segmentaire. Le corps en retour à l'ouest (pièce d'affinage) est en parpaings de béton enduits, avec un étage carré ; il se poursuit au nord par un garage en rez-de-chaussée, protégé par une toiture en appentis. Les toits sont à longs pans, pignons couverts et tuiles mécaniques.

Murs :

calcaire
béton
moellon
parpaing de béton
enduit
enduit

Toit :

tuile mécanique

Etages :

1 étage carré
étage en surcroît
étage de comble

Escalier :

escalier dans-oeuvre

Energie utilisée :

énergie électrique achetée

Source(s) documentaire(s)

Documents d’archives

3 P 176 Cadastre de la commune de Courtefontaine, 1830-1936
3 P 176 Cadastre de la commune de Courtefontaine, 1830-1936- 3 P 176 : Atlas parcellaire (8 feuilles), 1830- 3 P 176/1 : Registre des états de sections, [1832]- 3 P 176/2 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, [1833-1913]- 3 P 176/3 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910- 3 P 176/4 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1914-1936- 3 P 176/5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1936
Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 176
185 O 4 Courtefontaine. Travaux communaux divers, 1843-1930
185 O 4 Courtefontaine. Travaux communaux divers, 1843-1930
Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 185 O 4
185 O 11 Courtefontaine. Travaux communaux. Affaires diverses, 1824-1920
185 O 11 Courtefontaine. Travaux communaux. Affaires diverses, 1824-1920
Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 185 O 11

Documents figurés

Emplacement du sol à acquérir et fontaine à puiser de l’eau [plan-masse et de situation sur fonds de plan cadastral], 1859
Emplacement du sol à acquérir et fontaine à puiser de l’eau [plan-masse et de situation sur fonds de plan cadastral], dessin sur calque (plume, lavis), s.n., s.d. [1859], sans échelle [1/1 250], 40 x 25 cm
Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 185 O 4

Bibliographie

Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm.
Fromageries [statistique], 1851
Fromageries [statistique]. Annuaire du Doubs, 39e année, 1851, p. 235-267.
Garapon, Louis. Enquête agricole 1929. Département du Doubs. Rapport général, 1937
Garapon, Louis. Enquête agricole 1929. Département du Doubs. Rapport général. - Besançon : Jacques et Demontrond, 1937. 405 p. : ill. ; 25 cm.
Narbey, Bernard (dir.). Evolution d’un territoire laitier sur le plateau de Maîche. Exploitations et fromageries du XIXe au XXIe siècle, 2016
Narbey, Bernard (dir.). Evolution d’un territoire laitier sur le plateau de Maîche. Exploitations et fromageries du XIXe au XXIe siècle. - S.l. : Mémoire de l’Agriculture comtoise, Au Clos du Doubs, avril 2016. 28 p. : ill. ; 30 cm.
Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, 1991
Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991. 243 p. : cartes postales ; 31 cm.

Témoignages oraux

Lab Lionel (témoignage oral)
Lab Lionel, président de la fromagerie des Plains-et-Grands-Essards. Courtefontaine

À voir

Informations complémentaires

Thématiques :

patrimoine industriel du Doubs

Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)

Dénomination : fromagerie

Parties constituantes non étudiées :

atelier de fabrication
pièce d'affinage
logement
garage