Télécharger la version PDF

FILATURE ET TISSAGE MORGENROTH, COHENDET PUIS RIAT, PUIS TRÉFILERIE BANNEROT

25 - Saint-Hippolyte

rue du Dessoubre

  • Dossier IA25001991 réalisé en 2019 revu en 2020
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Vue d'ensemble, depuis la rive droite du Dessoubre (au nord-est). © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


En 1829, Jean Gaspard Morgenroth, citoyen allemand déclaré "fabricant de percale", vient d’établir sur la rive gauche du Dessoubre une "fabrique de tissus de lin, de fil et de cotton", occupant un bâtiment dessiné sur le plan cadastral de 1830 (C 76). "Pour donner à cet établissement toute l’utilité et les avantages dont il est susceptible par sa position, il serait nécessaire non seulement de teindre la plus grande partie des produits de sa fabrique, mais même de leur donner la dernière préparation au moyen d’un moulin à foulon." Morgenroth prévoit donc d’installer teinturerie et foulon dans un bâtiment parallèle au premier et juste en amont de lui (C 78), et il sollicite l’autorisation de placer en lit de rivière une roue hydraulique de 5 à 6 m de diamètre. Sur le plan joint à sa demande, il identifie la fabrique par la mention "maison d’habitation où sont placés plusieurs métiers de tisserand" et il précise : "La plus part des tissus soit en cotton, fil, laine ou lin sont destinés à être teints pour les personnes de la campagne". L’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées précise la procédure à suivre mais ajoute en commentaire qu’il conviendrait d’inviter le demandeur "à examiner s’il ne serait pas plus convenable de construire sa roue sans supports dans le lit du Dessoubre à l’instar de celles qui existent sur la Loue à Ornans et en d’autres lieux, cette modification pouvant faciliter singulièrement l’obtention de l’autorisation qu’il sollicite". Suggestion acceptée le 20 août 1830 par l’intéressé, qui présente toutefois l’année suivante une nouvelle demande intégrant la construction d’un barrage (apparemment déjà réalisé). Propriétaire des deux bâtiments représentés en bordure de rivière sur le plan cadastral, Morgenroth en acquiert un troisième vers 1832 : une petite maison (C 66) située de l’autre côté de la route, appartenant aux familles Galliot, Lanternier et Camard et bâtie en 1810 (chronogramme visible sur un linteau avec les initiales I E ME HE). Son associé Rondot et lui-même sont cependant en faillite en 1839.
A cette date, le percepteur de Landresse, Roy, sollicite l’autorisation d’établir une filature sur la rive droite du Dessoubre, face à la leur. En 1842, il se désiste au profit d’un parent, François Cohendet (1806-1866, marié avec Catherine Riat), qui vient d’acheter l’usine Morgenroth et lui a déclaré que la rivière ne pourrait suffire pour deux établissements en temps de sécheresse et basses eaux. Cohendet modifie en 1858 les bâtiments, en en convertissant les combles en atelier. Maire de Saint-Hippolyte en 1863, il est alors à la tête d’un petit tissage mécanique, avec atelier de teinturerie.
Son usine passe au milieu de la décennie suivante à Hippolyte Riat (1838-1918), un neveu par alliance. Dit filateur de laine, Riat l’agrandit vers 1879 et, le 13 février 1882, sollicite l’autorisation d’exhausser son barrage afin d’augmenter la force disponible, autorisation accordée par l’arrêté préfectoral du 7 juin 1883. L’usine, au plan en U, est alors composée des deux corps dessinés en 1830 réunis par un troisième côté rivière, et d’un "magasin" établi juste en amont. Elle est incendiée en 1885 et immédiatement rebâtie, Riat prolongeant par ailleurs vers 1893 du côté nord la maison située de l’autre côté de la route. Au tournant des 19e et 20e siècles, le site accueille côté rivière maison, remise, écurie, filature et tréfilerie. Remplaçant la teinturerie, cette tréfilerie est exploitée par Louis et Achille Bannerot. Ceux-ci font, vers 1908, construire un nouveau bâtiment (ou transforment l’un de ceux existants), porté comme atelier de galvanisation et remise sur la matrice cadastrale, qui enregistrera aussi en 1925 la création de "bobines" par Achille Bannerot. La tréfilerie comptera alors sept ouvriers.
Le site est acquis à l’issue de la Première Guerre mondiale par Ernest Simonin, lequel achète ensuite les installations de Bannerot. La remise et le bâtiment des "bobines" sont supprimés vers 1940 puis la propriété est partagée à l’issue de la Deuxième Guerre entre Georges et Michel Simonin, tous deux curés, le premier professeur à la maîtrise à Besançon, le second à Vesoul. Les locaux semblent alors désaffectés. En 1954, le garagiste Elie Silvant (1909-1968) en loue une partie pour héberger une activité de fabrication de treuils à câble destinés à équiper les tracteurs agricoles et forestiers. Il y emploie une quinzaine d’ouvriers, puis une vingtaine lors de son décès en 1968. Madeleine, sa veuve, et Gérard, leur fils, transfèrent en 1971 l’entreprise aux Vieux Moulins, en amont. L’usine a été démolie au cours de la dernière décennie du 20e siècle mais les logements subsistent.
Période(s)
Principale :
  • 1er quart 19e siècle
  • 2e quart 19e siècle
  • 4e quart 19e siècle
  • 1er quart 20e siècle
Date(s)
1810 : porte la date

Description


Les murs sont en moellons calcaires enduits, avec pan de bois et essentage de planches pour une partie de la grange. Le logement oriental comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré ; le logement occidental a un sous-sol partiel, un étage carré et un étage de comble ; les dessertes sont assurées par des escaliers dans-oeuvre. Ils sont couverts par des toits à longs pans et tuiles mécaniques (partiellement en tuiles plates sur la grange), avec croupes brisées sur le premier et pignons couverts pour le second.
Murs :
  • calcaire
  • bois
  • moellon
  • pan de bois
  • enduit
  • essentage de planches
Toit :
  • tuile mécanique
  • tuile plate
Etages :
  • étage de soubassement
  • rez-de-chaussée surélevé
  • 1 étage carré
Elévation :
  • élévation à travées
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre
Energie utilisée :
  • énergie hydraulique produite sur place

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 520 Cadastre de la commune de Saint-Hippolyte, 1830-1956
    3 P 520 Cadastre de la commune de Saint-Hippolyte, 1830-19563 P 520 : Atlas parcellaire (6 feuilles), dessin (plume, lavis), par les géomètres du cadastre Gounaud et Morel, 18303 P 520/1 : Registre des états de sections, [1832]3 P 520/2 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, [1832-1913]3 P 520/3 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-19103 P 520/4 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1914-19563 P 520/5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1956
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 520
  • M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930
    M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 3044
  • Sp 759 Service hydraulique. Réglementation, autorisations de travaux, renseignements divers (1839-1919)
    Sp 759 Service hydraulique. Réglementation, autorisations de travaux, renseignements divers (1839-1919)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 759
  • Sp 1241 Fonds des Ponts et Chaussées. Service hydraulique. Usines (1823-1910)
    Sp 1241 Fonds des Ponts et Chaussées. Service hydraulique. Usines (1823-1910)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 1241
  • Sp 1270 Fonds des Ponts et Chaussées. Service hydraulique. Police des eaux - usines (1818-1895)
    Sp 1270 Fonds des Ponts et Chaussées. Service hydraulique. Police des eaux - usines (1818-1895)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 1270
  • Plan d’un établissement projeté par le Sr Morgenroth sur la rivière du Dessoubre pour teindre les produits de ses métiers et les fouler, [1829]
    Plan d’un établissement projeté par le Sr Morgenroth sur la rivière du Dessoubre pour teindre les produits de ses métiers et les fouler, dessin (plume, lavis), s.n., s.d. [1829], 1/200, 28 x 41 cm
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 1241
  • Plan d’une partie du cours de la rivière du Dessoubre à l’amont du pont de St Hypolite, 10 novembre 1830
    Plan d’une partie du cours de la rivière du Dessoubre à l’amont du pont de St Hypolite, dessin (plume, lavis), par Thomassin, Montbéliard le 10 novembre 1830, sans échelle, 37,5 x 58,5 cm
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 1241
  • Commune de St Hippolyte. Rivière du Dessoubre. Règlement de l’usine appartenant au sieur Riat et exhaussement du barrage. Plan et profils en long et en travers, 2 mars 1883
    Commune de St Hippolyte. Rivière du Dessoubre. Règlement de l’usine appartenant au sieur Riat et exhaussement du barrage. Plan et profils en long et en travers, dessin (plume, lavis), par l’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées Weisgerber, Montbéliard le 2 mars 1883, échelles diverses (plan = 1/2 500), 31 x 189 cm (ADD : )
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 1241
  • Plan à l’appui de la demande en autorisation d’établir une filature sur la rive droite du Dessoubre au territoire de St Hippolyte, 22 juin 1839
    Plan à l’appui de la demande en autorisation d’établir une filature sur la rive droite du Dessoubre au territoire de St Hippolyte, dessin (plume, lavis), par Roy, Landresse le 22 juin 1839, 1/500, 42 x 62 cm
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 1270
  • St-Hippolyte - La filature, fin 19e siècle-début 20e siècle [avant 1906]
    St-Hippolyte - La filature, carte postale, s.n., [fin 19e siècle-début 20e siècle, avant 1906]. Porte la date 27 juin 1906 (tampon) au verso.
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 6 Fi 25519/8
  • Saint-Hippolyte (Doubs), 1er quart 20e siècle [entre 1904 et 1909]
    Saint-Hippolyte (Doubs), carte postale en couleur, s.n., s.d. [1er quart 20e siècle], Bauer Marchet éd. à DijonLe monogramme BM figurant au recto a été utilisé par l'éditeur de 1904 à 1909 (puis remplacé de 1909 à 1916 par le tampon rond Bauer Marchet et Cie Dijon).
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 6 Fi 25519/39
  • 412. Entrée du Dessoubre à Saint-Hippolyte, fin 19e siècle-début 20e siècle [avant 1908]
    412. Entrée du Dessoubre à Saint-Hippolyte, carte postale, par Ch. Simon à Maîche, [fin 19e siècle-début 20e siècle, avant 1908]. Porte la date 1908 (tampon) au verso.
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 6 Fi 25519/47
  • Courcelle, Agnès. Recherches généalogiques
    Courcelle, Agnès. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Monneret, Christian. Recherches généalogiques
    Monneret, Christian. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Silvant, Gérard ; Cattin, Claude ; Clerc, Danièle ; Clerc, Hervé. L’épopée des treuils Silvant, novembre-décembre 2013
    Silvant, Gérard ; Cattin, Claude ; Clerc, Danièle ; Clerc, Hervé. L’épopée des treuils Silvant. Au Clos du Doubs, n° 126, novembre-décembre 2013, p. 14-16 : ill.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Dénomination : filature, tissage, tréfilerie
Parties constituantes non étudiées :
  • logement
  • grange
  • remise
  • vanne
  • barrage
Carte interactive
Haut de page