FILATURE DE COTON MURBACH, PUIS ANTOINE, ACTUELLEMENT ATELIERS, ENTREPÔT COMMERCIAL ET CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE
70 - Fougerolles
Fougerolles-le-Château - R.D. 83
- Dossier IA70000242 réalisé en 2006
- Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Historique
En janvier 1853, Joseph Murbach, "filateur" au Val d'Ajol (88), achète au sieur Nardin l'ancien moulin banal du château et les terrains attenants. Il fait édifier une filature de coton, consistant en un bâtiment de pierre mesurant 40 m sur 14 m, et s'élevant sur deux étages. D'après un procès-verbal de visite, l'établissement industriel est achevé et en fonctionnement en septembre 1854 ; il sera réglementé par arrêté préfectoral le 3 juillet 1856. En 1865 est créée la société Alphonse et Emile Murbach (fils de Joseph). Alphonse Murbach achète en 1875 l'ancien château seigneurial, surplombant la filature, et qui devient demeure patronale. Un nouveau canal d'amenée, aménagé en 1880-1881, alimente des turbines sous une chute de 5 m. L'usine est agrandie à cette époque, et des logements ouvriers sont construits à proximité. La filature est vendue par Maurice Chané (petit-fils d'Alphonse Murbach), en mai 1904, à Auguste Antoine, industriel vosgien originaire de la vallée de la Moselle. Le matériel étant obsolète, ce dernier commande à la firme anglaise Dobson et Barlow l'équipement pour une usine de 12 000 broches, les métiers renvideurs (ou self-actings) étant remplacés par des continus à filer. De nouveaux ateliers en rez-de-chaussée sont construits au sud de l'atelier primitif à étages, qui est reconverti en lieu de stockage jusqu'en 1920 et démoli vers 1926. L'installation de nouveaux moteurs hydrauliques et thermiques entre 1905 et 1908 entraînent la reconstruction du bâtiment d'eau, de la salle des chaudières et de la cheminée. Après la Première Guerre mondiale, l'entreprise est gérée par Marcel Antoine et Paul Jacamon, respectivement fils et gendre d'Auguste, via la SARL Auguste Antoine et Cie fondée en 1925. Le moulin Nardin, qui avait été reconverti en logement et bureau, est rasé vers 1920 et laisse place à de nouveaux ateliers des continus à filer. Une nouvelle conciergerie est édifiée. La production de fil écru est revendue aux tissages de la vallée de la Moselle. Le matériel de filature est modernisé après la Seconde Guerre mondiale. En 1947, la filature est alimentée par le réseau électrique. Un atelier de réparation est construit à cette époque. Dans les années 1960, la filature traite également la fibranne puis les fibres synthétiques (nylon, polyester), mélangées au coton, ce qui permet de diversifier la clientèle (fil pour la bonneterie, l'alimentation, pour tissus de "support"). Un nouvel entrepôt industriel de 900 m² est construit dans cette décennie. La chaufferie et la cheminée, détruites en 1971, laissent place à un atelier de bobinage. A partir de 1975, le matériel de préparation du coton (battage, cardage, étirage) est renouvelé ; le parc des continus à filer totalise 20 000 broches. La production mensuelle atteint 160 t. Au début des années 1980, les continus à filer sont remplacés par des métiers à turbines (Open End) d'origines tchèque et allemande, ce qui permet d'automatiser la fabrication et d'accroître la productivité. Transformée en société anonyme en 1986, la filature est reprise par un nouveau dirigeant en 1988. Malgré de nouvelles modernisations du matériel, le dépôt de bilan est prononcé en 1991. Le site industriel est acheté par la commune en 1995 et revendu à divers entrepreneurs, dont un qui exploite une petite centrale hydroélectrique.
En 1853, le moulin compte trois tournants. En 1854, la filature est équipée de matériel Koechlin (Mulhouse, 68) : ouvreuses, batteurs, cardes, étirages, bancs à broches et métiers à filer, de type Mule Jenny. En 1856, le moteur consiste en une roue hydraulique de 4 m de largeur. Un arrêté préfectoral du 19 juillet 1859 autorise la mise en service d'une chaudière et d'une machine à vapeur d'appoint de 15 ch, de marque Stamm (Thann, 68). Elles seront remplacées, d'après une autorisation préfectorale du 11 septembre 1861, par une chaudière et une machine à vapeur de 30 ch des Ets André Koechlin et Cie (Mulhouse, 68). Une usine à gaz assurant l'éclairage des ateliers, attestée en 1861, est supprimée en 1908. Achat de 4 métiers self-acting de 540 broches chacun en 1873. En 1902, la filature compte 9 000 broches. Modernisée dès 1904, elle compte 17 métiers (dont 4 self-acting) de 1 000 broches chacun, et un total de 15 000 broches en 1918. Deux turbines jumelées de 120 ch et une de 80 ch, à axe horizontal, de marque J. M. Voith (Heidenheim-sur-Brenz, Allemagne) sont installées en 1906-1907 ainsi qu'une machine à vapeur double, de marque Bollinckx (Bruxelles, Belgique), d'une puissance de 500 ch, et trois chaudières Scheidecker et Kohl (Lure, 70). Le matériel, renouvelé par la société Schlumberger (Guebwiller, 68) dans les années 1920, comptabilise 20 000 broches. En 1978, le matériel comprend 10 cardes et 47 continus à filer Comélor (Fougerolles).
La filature emploie 75 ouvriers (dont 32 enfants) en 1867, contre 34 hommes, 17 femmes et 23 enfants en 1893, 100 personnes en 1904, 80 en 1911, 160 vers 1955 et 72 en 1991.
Période(s)
Principale :
- 1er quart 18e siècle
- 4e quart 19e siècle
- 1ère moitié 20e siècle
- 3e quart 20e siècle
Date(s)
1717 :
daté par travaux historiques
Description
Les ateliers de fabrication sont en rez-de-chaussée, construits en moellon de grès enduit, couverts de sheds et tuile mécanique. Les bâtiments industriels les plus récents sont en parpaing de béton enduit, avec charpente métallique, et toits à longs pans couverts en tôle ou en ciment amiante. La demeure patronale - ancien château - porte la date 1717 (date vraisemblable de remaniement) ; elle est composée d'un rez-de-chaussée surélevé, d'un étage carré et d'un étage de comble, le tout couvert toit à longs pans brisés en ardoise.
Murs :
- grès
- béton
- moellon
- parpaing de béton
- enduit
Toit :
- ardoise
- tuile mécanique
- fer en couverture
- ciment amiante en couverture
- verre en couverture
Etages :
- rez-de-chaussée surélevé
- 1 étage carré
- étage de comble
Energie utilisée :
- énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
- énergie thermique produite sur place
- énergie électrique achetée
Source(s) documentaire(s)
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L'atelier à étages de la filature.
L'atelier à étages de la filature. Photogr., s.d. [fin du 19e siècle]. Dans : " De l'orgueil à l'amertume " [...], p. 66. -
Vue aérienne de la filature.
Vue aérienne de la filature. Photogr., cliché Gérard (Thaon), s.d. [vers 1960]. Dans : " De l'orgueil à l'amertume " [...], p. 187.
À voir
Informations complémentaires
Thématiques :
- patrimoine industriel de la Haute-Saône
Aire d’étude et canton :
Haute-Saône
Hydrographie :
dérivation de la Combeauté
Dénomination :
filature
Parties constituantes non étudiées :
- atelier de fabrication
- logement patronal
- logement d'ouvriers
- conciergerie
- magasin industriel
- entrepôt industriel
- bief de dérivation
- bâtiment d'eau
- © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine