FILATURE DE COTON BEZANSON, PUIS SOCIÉTÉ TEXTILE DE BREUCHES, PUIS SOCIÉTÉ COTONNIÈRE DOLLER, PUIS TRÉFILERIE, PUIS USINE DE MENUISERIE DE LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE BOIS, ACTUELLEMENT CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE ET CENTRE D'ACCUEIL POUR ENFANTS
70 - Breuches
- Dossier IA70000256 réalisé en 2007
- Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Historique
Par ordonnance royale du 1er juin 1828, Augustin Bezanson est autorisé à "convertir le moulin qu'il possède en une filature de coton avec tissage à mécaniques". Une demeure patronale, attestée en 1832, est également édifiée à l'ouest. L'usine textile subit un incendie en février 1833. Reconstruite, elle est reprise peu après par Joseph Bezanson, neveu du fondateur. Vers 1855, Paul et Charles, neveux de Joseph, fondent un tissage au Val d'Ajol (88), alimenté par les filés de la filature de Breuches. Celle-ci est dirigée par Paul Bezanson jusqu'à sa mort en 1893, sous la raison sociale P. et C. Bezanson, puis par ses trois fils, sous la dénomination C. et G. Bezanson. La demeure patronale est détruite, remplacée entre 1893 et 1898 par un nouveau logis, agrémenté d'un parc et de dépendances (écuries, remises, chenil, conciergerie, serre). De même, la filature à étages est rasée (usine dite en démolition en 1901) et reconstruite en rez-de-chaussée, plus à l'est, à la charnière des 19e et 20e siècles. Elle produit 320 t de fil par an à cette époque. De nouveau détruite par un incendie le 17 juin 1933, la filature est reconstruite peu après. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'usine file des fibres de genêt. Elle est cédée vers 1950 à la Société Textile de Breuches (maison-mère à Oberbrück, 68), puis reprise en 1957 par la Société cotonnière Doller. En 1951, la production atteint 326 t de fil. La filature ferme ses portes en 1960. Les bâtiments industriels sont vendus en 1965 à la société Gauthier, de Vesoul (70), abritent un temps une tréfilerie puis, à partir de 1975, la Société Industrielle de Bois (fabricant de cuisines). Après sa fermeture, la plupart des bâtiments industriels ont été détruits, et notamment la cheminée de 42 m, abattue en septembre 2001. Le parc, la demeure patronale et ses dépendances ont été acquis en 1972 par une association qui y a implanté une maison d'enfants (aujourd'hui Alefpa : Association Laïque pour l'Education et la Formation Professionnelle des Adolescents). Ils ont été inscrits à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1994. La centrale hydroélectrique, qui alimentait encore l'usine de tréfilerie jusqu'en 1973, est remise en service par un particulier en 1987. Elle est toujours en activité.
A ses débuts, la filature est mise en mouvement par une roue hydraulique de 4,70 m de largeur et de diamètre. En 1842, la filature comptabilise 10 800 broches, réparties sur 28 métiers, qui produisent 100 t de fil. Par arrêté préfectoral du 14 mars 1848, Joseph Bezanson est autorisé à maintenir en activité une chaudière dite à tombeau (Mamby, Wilson et Cie à Charenton), en service depuis 1834, pour chauffer à la vapeur les 4 ateliers de sa filature. Elle est remplacée par une chaudière Mathebs (Thann, 68) autorisée le 28 juillet 1855. Un nouveau générateur pour la vaporisation des filés de coton est autorisé le 17 janvier 1856. Une chaudière et une machine à vapeur de 50 ch des Ets André Koechlin (Mulhouse, 68) sont autorisées le 16 mars 1859 pour actionner les métiers de la filature. L'arrêté préfectoral du 9 octobre 1862 autorise l'installation d'une nouvelle chaudière pour le chauffage des ateliers et la production de vapeur. Mention d'une usine à gaz pour l'éclairage électrique en 1869. La filature compte 15 000 broches en 1870 et en 1918, et 18 000 en 1930. En 1873, les moteurs hydrauliques et les machines à vapeur produisent chacun 100 ch. Trois chaudières à vapeur de la SACM (Mulhouse, 68), un appareil à vaporiser et une installation de chauffage Scheidecker et Kohl (Lure, 70) sont autorisées en 1905. Trois turbines sont installées à la centrale hydroélectrique en 1988, pour une puissance totale de 260 kW.
La filature emploie 250 ouvriers en 1842, 60 hommes, 40 femmes, 30 enfants en 1875, 53 hommes, 18 femmes et 39 enfants en 1893, 99 ouvriers en 1931, et 133 salariés en 1951.
- 2e quart 19e siècle
- limite 19e siècle 20e siècle
- 2e quart 20e siècle
Description
Construit en brique et en pierre de taille calcaire, le logement patronal comprend un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble. Il est couvert de toits à croupes en ardoise. La serre se compose de murs-pignons en moellon de grès enduit et d'une structure métallique soutenue par quatre colonnes en fonte. La charpente métallique définit une voûte en berceau segmentaire flanqué de berceaux brisés rampants. La conciergerie est construite en rez-de-chaussée. Construit en U, le bâtiment abritant les écuries et les remises est bâti en moellon de grès enduit, avec chaînes d'angle harpées en pierre de taille de grès. Les baies semi-circulaires et les portes charretières sont couvertes d'arcs cintrés à voussoirs passants un-sur-deux. La centrale hydroélectrique est couverte de toits à longs pans, ajourés de baies en plein-cintre en pierre de taille de grès. Les autres logements sont construits en moellon de grès enduit, à un ou deux étages carrés, et couverts de toits à longs pans en tuile mécanique.
- calcaire
- grès
- brique
- pierre de taille
- moellon
- enduit
- tuile mécanique
- ardoise
- verre en couverture
- rez-de-chaussée surélevé
- 2 étages carrés
- étage de comble
- charpente métallique apparente
- énergie hydraulique produite sur place
- énergie thermique produite sur place
- énergie électrique achetée
Source(s) documentaire(s)
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Installation du système de chauffage dans la nouvelle filature
Installation du système de chauffage dans la nouvelle filature. Photogr., s.n., s.d. [vers 1900].- Cote du document : CRMH, Besançon -
L'ancienne demeure patronale
L'ancienne demeure patronale. Photogr., s.n., s.d. [fin 19e siècle].- Cote du document : CRMH, Besançon -
Portrait de la famille Bezanson [?].
Portrait de la famille Bezanson [?]. Photogr., s.n., s.d. [fin 19e ou début 20e siècle].- Cote du document : CRMH, Besançon
À voir
Informations complémentaires
Inscrite dans l'ensemble des dépendances de la demeure patronale, la serre offre un bel exemple, à pignons en maçonnerie, aujourd'hui conservé.
Demeure d'industriel, dite château, comprenant le parc, le corps de logis et la serre (cad. A 505 à 512)
- patrimoine industriel de la Haute-Saône
- atelier de fabrication
- bâtiment d'eau
- bief de dérivation
- logement
- logement patronal
- écurie
- remise
- chenil
- conciergerie
- serre
- © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine