Télécharger la version PDF

FERME, USINE D'HORLOGERIE PATOIS (USINE D'ASSORTIMENTS À CYLINDRE PUIS DE MONTRES) ET USINE DE LA BONNETERIE FRANC-COMTOISE

25 - Frambouhans

2 rue de la Bonneterie, 14 rue du Capitaine Treilhes

  • Dossier IA25001171 réalisé en 2013 revu en 2014
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Machine à carder rotative : les cardères à foulon. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Bâtie en 1727 (date portée sur une plaque de cheminée), la ferme est dessinée sur le plan cadastral de 1811 (C 6). Elle appartient à Félix Romain, des Fontenelles, avec le jardin (C 7) et le verger situé à l'arrière (C 5). Elle passe à Melchior Romain puis, au début des années 1860, à Joseph (Jean Joseph) Richard. Celui-ci la modifie ou l'agrandit en 1861 (date portée sur un linteau avec les noms Richard et Romain), puis vers 1886 et 1897 (surélévation dans l'intention de la transformer en hôtel). Elle devient en 1901 propriété de Marguerite Spaar, qui a en 1887 épousé René Richard (le fils de Joseph), puis est acquise en 1912 par Alire Patois (1876-1951), l'un des dix enfants d'Odile Monnot et Jules Patois (1848-1918). Renommé pour son endurance, ce dernier livrait tous les samedis les pièces d'assortiments à cylindre fabriquées dans les fermes alentours à la maison Huot, établie aux Bois (Suisse), parcourant ainsi une soixantaine de kilomètres dans la journée (il remporta par ailleurs une médaille lors de la course Paris-Belfort, organisée en 1892 par le Petit journal).
Alire est fabricant d’horlogerie depuis 1907 (suivant un papier à en-tête) : il réalise des assortiments à cylindre dans la ferme et emploie quelques ouvriers à domicile. Son affaire se développant, il remplace en 1920 (année retenue comme date de fondation de son entreprise) la remise implantée au nord par une petite usine, dans laquelle il installe deux industries. Le rez-de-chaussée est occupé par la Bonneterie franc-comtoise, vraisemblablement issue d'une activité de fabrication et vente de bas initiée par sa femme. Elle occupe 15 personnes en 1930 à une production rappelée par un papier à en-tête : "Manufacture d'articles tricotés, layettes, sous-vêtements, vêtements, sur-vêtements, sport - plage, modèles spéciaux pour grande exportation" (à destination de la France et ses colonies, Afrique essentiellement). L'étage est réservé à l'atelier d'horlogerie, comptant une dizaine de personnes fabriquant des assortiments à cylindre et faisant du pivotage sur jauge. Alire y débute en 1927 la fabrication de montres-bracelets sous la marque Erila (également utilisée pour la bonneterie). Il est aidé par son neveu Raymond Pillot, de Charquemont, qui forme ses cousins Étienne, André, Gilbert, Noël et Jules au métier d'horloger complet. L'usine est agrandie en 1936, doublant de superficie en profondeur.

En 1942, Etienne (1906-1994) s'associe avec Noël (1913-?) et Gilbert (1912-2004) pour fonder la société Patois Frères. Ils sont rejoints l'année suivante par leur frère Jules (qui s'installera à son compte à Bonnétage en 1952). La société reprend la marque Erila et fabrique également sous d'autres marques : Centrama (Centre d'Articles de Marque), Covama (Comptoir de Vente d'Articles de Marque), Contremont et Courtain (du nom de lieux-dits locaux), Régéhor (Régie d'Horlogerie) et Reglora. En 1952, elle achète 2 120 ébauches françaises aux sociétés Joseph Jeambrun et Maire et Perrier (MP) à Maîche, Virgile Cupillard à Villers-le-Lac et Horlogerie de Savoie à Annemasse. Après leur séparation au milieu des années 1950 (1953 ?), Etienne réinstalle dans la ferme la fabrication horlogère (pratiquée en famille), la bonneterie restant dans l'usine jusqu'à sa fermeture en 1981. Il réalise des montres aux calibres 5 1/4 à 10 1/2, avec échappements à ancre et à cylindre, production qu'il abandonne progressivement pour se tourner vers le rhabillage, plus rentable et nécessitant moins de stock, et la sous-traitance pour des établisseurs locaux et quelques grossistes parisiens.
Lorsqu'il prend sa retraite en 1981, ses enfants s'établissent en tant qu'artisans indépendants : Bruno est horloger à Maîche, Gérard et sa sœur Simone demeurent à Frambouhans, Denis est horloger-bijoutier à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Détruite par un incendie en 1984, l'ancienne ferme est rebâtie en 1987 (au même endroit mais sur des dimensions moins importantes) par l'entreprise Jean et Lucien Salvi, de Sancey-le-Grand (rue Joseph Montravers) et Belleherbe, suivant des plans de l'architecte Raymond Chavanne. Gérard et Simone y poursuivent leur activité jusqu'à leur départ en retraite en 2005-2006. Désaffectée, l'usine est incendiée le 3 décembre 2008 et reçoit une couverture neuve en 2013. Elle conserve encore une machine à carder rotative (équipée de cardes ou cardères à foulon) et quatre machines à tricoter à plat, dont un métier à mailles retournées des établissements H. Stoll & Co de Reutlingen (Bade-Wurtemberg, Allemagne), fondés en 1873 par Heinrich Stoll et Christian Schmidt (actuellement H. Stoll GmbH & Co).
Période(s)
Principale :
  • 2e quart 18e siècle
  • 2e quart 19e siècle
  • 1er quart 20e siècle
  • 2e quart 20e siècle
  • 4e quart 20e siècle
Date(s)
1727 : porte la date
1861 : porte la date
1920 : daté par tradition orale
1936 : daté par tradition orale
1987 : daté par tradition orale
Auteur(s) & personnalité(s)

Date de naissance : 04/08/1927

Raymond André Chavanne : fils de l’architecte André Marie Chavanne (1903-1996). Elève de Charles Lemaresquier. Formé à l’école des Beaux-Arts entre 1951 et 1961 (diplôme : 9 mars 1961). Architecte à Pontarlier. [Sources : agorha.inha.fr et gw.geneanet.org]

Entrepreneur à Sancey-le-Grand et Belleherbe à la fin du 20e siècle

Entrepreneur à Sancey-le-Grand et Belleherbe à la fin du 20e siècle

Description


L'usine se compose de deux corps de bâtiments accolés, chacun coiffé d'un toit à longs pans et pignons couverts, celui près de la rue parallèle à elle et l'autre perpendiculaire. Les murs sont en moellons calcaires enduits, la couverture en tuiles mécaniques. L'étage carré est desservi par un escalier dans-oeuvre droit en charpente. La façade est percée de deux séries de cinq fenêtres multiples superposées et porte les inscriptions "Fabrique de bonneterie", "Paletots, chandails, robes" et "Layettes, marinières, bas, etc." La maison a des murs en parpaings de béton enduits, un toit à longs pans et pignons couverts et une couverture en tuiles mécanique. Elle comporte un étage carré, un étage en surcroît et un étage de comble, aussi desservis par un escalier dans-oeuvre droit en charpente ; l'étage carré est par ailleurs accessible au nord par une ancienne levée de grange. La façade antérieure est encadrée par deux coches (murs pare-vent) symétriques s'achevant par un chapiteau, la partie haute occupée par une lambrichure chantournée. Des fenêtres horlogères sont visibles en façade.
Murs :
  • calcaire
  • béton
  • moellon
  • parpaing de béton
  • enduit
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
Etages :
  • 1 étage carré
Elévation :
  • élévation à travées
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre escalier droit en charpente
Typologie :
  • coches
  • baie multiple
  • baie horlogère
Energie utilisée :
  • énergie électrique achetée

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 258 Matrices cadastrales de la commune de Frambouhans, 1812-1961
    3 P 258 Matrices cadastrales de la commune de Frambouhans, 1812-1961 :
    - 3 P 258/1 : Registre des états de section, 1812
    - 3 P 258/2 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1823-1880
    - 3 P 258/3 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1880-1914
    - 3 P 258/4 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910
    - 3 P 258/6 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1961
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 258
  • 50 J 37 Syndicat de fabricants d'horlogerie de Besançon. Correspondance avec les fabricants, 1948-1970
    50 J 37 Syndicat de fabricants d'horlogerie de Besançon. Correspondance avec les fabricants, 1948-1970
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 50 J 37
  • Papier à en-tête de la fabrique d'assortiments à cylindres Alire Patois, 28 janvier 1921
    Papier à en-tête de la fabrique d'assortiments à cylindres Alire Patois, 28 janvier 1921
    Lieu de conservation : Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans
  • Papier à en-tête de la fabrique de bonneterie mécanique Alire Patois, 4 décembre 1935.
    Papier à en-tête de la fabrique de bonneterie mécanique Alire Patois, 4 décembre 1935
    Lieu de conservation : Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans
  • Papier à en-tête de la Bonneterie franc-comtoise Erila, 2e quart 20e siècle
    Papier à en-tête de la Bonneterie franc-comtoise Erila, s.d. [2e quart 20e siècle]
    Lieu de conservation : Collection particulière : Gérard Patois, Frambouhans
  • 3 P 717 Plan cadastral parcellaire de la commune de Frambouhans [...] terminé sur le terrain le 28 juillet 1811 [...] par M Lépagner géomètre du cadastre
    3 P 717 Plan cadastral parcellaire de la commune de Frambouhans [...] terminé sur le terrain le 28 juillet 1811 [...] par M Lépagner géomètre du cadastre
    - Section C du village en une feuille, levée par Mr Girardier géomètre, échelle 1/2 500
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 717
  • [Vue d'ensemble de l'ancienne ferme après surélévation], 1914
    [Vue d'ensemble de l'ancienne ferme après surélévation], photographie, par Henri Patois, 1914
    Lieu de conservation : Collection particulière : Gérard Patois, Frambouhans
  • Frambouhans. - Le Château, carte postale, 1ère moitié 20e siècle (avant le 15 janvier 1928).
    Frambouhans. - Le Château, carte postale, s.n., s.d. [1ère moitié 20e siècle, avant le 15 janvier 1928]. Porte la date 15 janvier 1928 au verso.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans
  • Bonneterie mécanique en tous genres. Usine électrique. Alire Patois, Frambouhans (Doubs) [...], entre 1920 et 1924
    Bonneterie mécanique en tous genres. Usine électrique. Alire Patois, Frambouhans (Doubs). R.C. Montbéliard N 1972, carte postale, par Henri Patois à Maîche, s.d. [entre 1920 et 1924]. Existe aussi dans une version coloriée au Archives départementales du Doubs : 6 Fi 25256/4
    Lieu de conservation : Collection particulière : Gérard Patois, Frambouhans
  • [Carte publicitaire de la fabrique de bonneterie imprimée à l'occasion de la 3e foire-exposition comtoise, à Besançon du 24 mai au 21 juin 1924]
    [Carte publicitaire de la fabrique de bonneterie imprimée à l'occasion de la 3e foire-exposition comtoise, à Besançon du 24 mai au 21 juin 1924], gravure, par Ch. Abram.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Gérard Patois, Frambouhans
  • Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle)
    Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle). Consultables en ligne via le site du Géoportail (www.geoportail.gouv.fr)
  • Belmont, Henry-Louis. L'échappement à cylindre (1720-1950) : le Haut-Doubs, centre mondial au XIXe siècle, 1984
    Belmont, Henry-Louis. L'échappement à cylindre (1720-1950) : le Haut-Doubs, centre mondial au 19e siècle. - Besançon : Technicmédia, 1984. 328 p. : ill. ; 28 cm.
  • Caboco, Laëtitia. Recensement du patrimoine horloger du Pays horloger, 2009-2010
    Caboco, Laëtitia. Recensement du patrimoine horloger du Pays horloger, 2009-2010.
    Lieu de conservation : Pays horloger, Le Bélieu
  • Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
    Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm.
  • Le patrimoine des communes du Doubs, 2001.
    Le patrimoine des communes du Doubs. - Paris : Flohic, 2001. 2 vol., 1387 p. : ill. ; 25 cm. (Le patrimoine des communes de France)
  • Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche, 2007
    Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - Maîche : M. Simonin, 2007. 143 p. : ill. ; 30 cm.
  • Patois Gérard (témoignage oral)
    Patois Gérard, descendant d'Étienne Patois et ancien horloger. Frambouhans

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Dénomination : ferme, usine d'horlogerie, usine de bonneterie
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • logement
  • rampe d'accès
  • garage
  • jardin
Carte interactive
Haut de page