FERME ET ATELIER D'OUTILLAGE DE CLAUDE FRANÇOIS GARNACHE-BARTHOD DIT LE SERGENT, D'ISIDORE PUIS DE CLARA ET D'EDMOND GARNACHE-BARTHOD
25 - Les Gras
Les Seignes - Seignes - 60 rue les Seignes
- Dossier IA25001638 réalisé en 2016 revu en 2017
- Auteur(s) : Laurent Poupard
Historique
La ferme succède à un premier bâtiment daté de 1766 : cette date est portée avec les initiales ICV (ou HCV ?) sur une pierre en remploi placée au bas de la coche (mur coupe-vent) de droite. Elle est rebâtie en 1810 pour le cultivateur Claude François Garnache-Barthod (1769-1830), dit le Sergent car il eut ce grade dans l'armée impériale, frère de Jean Antoine Thomas et de Pierre Philippe qui occupent des fermes voisines. L'abbé Garneret signale que la date 1810 est inscrite sur le four dans le tué (18 FGS 10, FGS pour François Garnache-Sergent) et sur le "tablar" (étagère de milieu) à fromages à la cave (18 FGS MAF 10, MAF pour Marie Augustine Faivre mariée à Claude François en 1810). La ferme est dessinée sur le plan cadastral de 1816 (D 457) avec un bassin de retenue (D 459), qui lui permet d'animer une petite forge (puis une scierie ?) créée vers 1812, en remplacement d' "un moulin à blé, un soufflet et une meulière" bâtis par les frères François et Jean-Claude Garnache-Barthod en suite de l'autorisation du prieur de Morteau enregistrée le 30 juin 1722. Claude François Garnache-Barthod est le père de Lucien (1811-?), qui est certainement en 1834 l'introducteur dans la commune de la fabrication des outils d'horlogerie (après un apprentissage à La Brévine, en Suisse), de Juvénal (1816-1875) et d'Isidore (1819-1894), tous dits tourneurs sur métaux aux Seignes (il est aussi le beau-père de Joseph Alexis Ligier, futur fabricant d'équarrissoirs). Le bâtiment passe à Isidore, qui semble l'agrandir dans la deuxième moitié du 19e siècle (il comptera jusqu'à six locataires, ouvriers horlogers travaillant notamment pour la Suisse). Dans les années 1860, Isidore produit des outils à graduer, machines à justifier, machines à tailler, outils à colonne, outils à resserrer les trous, etc. Deux de ses enfants, Clara (1853-1941 ?) et Edmond (1859-1945), aussi fabricants d'outillage, prennent sa suite puis cèdent vers 1938 la propriété au cultivateur Francis de Gribaldy (1896-1984), entraînant la disparition de l'atelier. Désaffecté, le bâtiment est en cours de rénovation (le bassin de retenue a disparu depuis longtemps).
- 3e quart 18e siècle
- 1er quart 19e siècle
Description
Le bâtiment a des murs de moellons calcaires enduits, avec pan de bois et essentage de planches (lambrichure) sur les pignons sud et nord, ainsi qu'à l'étage carré de ce dernier. Il comporte un sous-sol, un étage carré et un étage de comble, desservis par un escalier dans-oeuvre ; l'ancienne grange est accessible au nord par une rampe d'accès (pont). Des fenêtres multiples (à trois baies) sont visibles sur la façade antérieure. Le toit est à longs pans, pignons couverts et tuiles mécaniques (tôle ondulée pour une reprise sur le versant oriental), masquant l'ancienne couverture en tavaillons. Un petit corps en appentis au nord utilise les mêmes matériaux (moellons enduits et tuiles mécaniques).
- tuile mécanique
- tôle ondulée
- sous-sol
- 1 étage carré
- étage de comble
- élévation à travées
- escalier dans-oeuvre
- rampe d'accès
- baie multiple
Source(s) documentaire(s)
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3 P 298 Cadastre de la commune des Gras, 1814-1967
3 P 298 Cadastre de la commune des Gras, 1814-1967
- 3 P 298 : Atlas parcellaire (11 feuilles), dessin (plume, lavis), par les géomètres du cadastre Vergne et Garcin, 1816
- 3 P 298/1 : Registre des états de sections (1816-1818)
- 3 P 298/2, 5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1822-1875
- 3 P 298/3-4 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1876-1914
- 3 P 298/6 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910
- 3 P 298/7 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1914-1967
- 3 P 298/8 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1967Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 298 -
EAC 1358 M 20 Fonderie de cuivre, 1811-1849
EAC 1358 M 20 Fonderie de cuivre, 1811-1849Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : EAC 1358 M 20 -
Artisans des Gras. Fabricants d’outils d’horlogerie. 1855-1862, 20e siècle
Artisans des Gras. Fabricants d’outils d’horlogerie. 1855-1862. - S.d. [20e siècle]. 6 f. Liste manuscrite établie "d'après un livre de compte semblant appartenir à Cressier Philippe, fondeur au Dessus de la Fin" et complétée par les noms d'artisans et négociants de Grand'Combe-Châteleu et de la Suisse proche.Lieu de conservation : Collection particulière : Elisabeth Bonnet, Les Gras
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Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques
Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
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Garneret, Jean ; Bourgin, Pierre ; Guillaume, Bernard. La Maison du montagnon, 1980
Garneret, Jean ; Bourgin, Pierre ; Guillaume, Bernard. La Maison du montagnon. - Besançon : Folklore comtois, 1980. 4-558 p. : ill. ; 30 cm. (Les maisons paysannes en Franche-Comté ; 1) -
Laithier, René. Fabricants d’outils pour horlogers bijoutiers de la commune des Gras. Les artisans de la fin du 19e à la fin du 20e siècle, 1990
Laithier, René. Fabricants d’outils pour horlogers bijoutiers de la commune des Gras. Les artisans de la fin du 19e à la fin du 20e siècle. - 1990. 4 f. dactyl. Porte la mention : "Liste non exhaustive établie en 1990, par René Laithier, les Epaisses, Les Gras".Lieu de conservation : Collection particulière : Rémy Cerf, Les Gras -
Vegliante, Gianfranca. L’artisanat dans le canton de Morteau au XIXe siècle, 1976
Vegliante, Gianfranca. L’artisanat dans le canton de Morteau au 19e siècle. – Besançon : Faculté des Lettres, 1976. 164 f. dactyl. ; 30 cm. Mém. Maîtrise : Histoire : Besançon : 1976.
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Garnache-Barthod Edouard (témoignage oral)
Garnache-Barthod Edouard, fils du fabricant d'outillage Laurent Garnache-Barthod. Besançon -
Tisserand Roger (témoignage oral)
Tisserand Roger, fils d'Arsène Tisserand, ancien agriculteur. Les Gras
À voir
Informations complémentaires
Transcription partielle du texte de l'affiche (Archives départementales du Doubs : EAC 1358 O 20)
Demande pour l'établissement d’usine
A Monsieur,
Monsieur le Baron de l'Empire, Chevalier-Commandant de la Légion d'honneur, Préfet du Département du Doubs,
Claude-François Garnache-Barthod, ex-sergent à la 2e compagnie de la 2e demi-brigade de vétérans au Fort de Joux,
A l'honneur d'exposer,
Que ses propriétés foncières se trouvent en grande partie situées au lieu dit Les Seignes, commune des Gras, canton de Morteau, son lieu natal, sur lesquelles il y avait anciennement un moulin à blé, un soufflet et une meulière, qui roulaient au moyen d'une fontaine abondante qui flue et se perd sur ses fonds, laquelle usine avait été établie ensuite d'autorisation accordée à François et Jean-Claude Garnache-Barthod frères, par le ci-devant Prieur de Morteau, suivant acte reçu Jacquemet, notaire en ce dernier lieu, le 30 juin 1722, lequel bâtiment est tombé en ruines il y a quelques années, faute d'être entretenu.
Le réclamant qui n’a droit que pour un cinquième dans une vieille maison où il ne peut se loger, se trouve obligé de bâtir une maison pour son habitation et pour héberger ses fourrages, et désire en même tems construire une petite forge pour y travailler de sa profession de forgeron, et une scierie, ce qui serait très utile pour les habitans de ces montagnes, qui sont très éloignés pour conduire leur plots aux scieries et en ramener les planches pour la réparation de leurs maisons.
Comme il ne pourra bâtir sans placer une partie de son bâtiment sur le communal, à raison de la direction de l'eau et de l'entonnoir dans lequel elle se perd, il a déjà rempli à cet égard les obligations prescrites par l'arrêté du Gouvernement du 7 germinal an 9, contre lequel établissement aucun des habitans voisins n'y met obstacle.
Pourquoi il recourt à ce qu'il vous plaise, Monsieur le Préfet, ensuite de l'avis du Maire des Gras, l'autoriser à édifier le bâtiment dont il s'agit, pour y construire une scierie et une petite forge, sous soumission qu’il fait comme il l'a déjà faite en demandant à ce que la commune fut autorisée à lui aliéner la portion de communal qui lui sera nécessaire, de payer ce qui a été fixé par le conseil municipal ; il ose espérer que vous accueillerez sa demande, ce faisant vous obligerez un militaire au service depuis 1793, qui désire se procurer une chaumière pour se retirer en quittant le service.
Le suppliant observe de plus à M. le Baron que, dans le projet de cette petite usine, elle consistera, 1° en une seule fournaise dont le soufflet sera mû par un petit arbre ; 2° en un petit marteau ou martinet ; 3° que le fer et l'acier seront les substances qui y seront traitées pour la fabrication d'outils aratoires seulement. Pour cette fabrication il tirera annuellement environ 15 mètres cubes de charbon sapin et hêtre, produit de ses propriétés.
Il fournira les plans demandés dans le tems prescrit.
Garnache.
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Le Maire de la commune des Gras,
Vu la pétition ci-dessus, certifie qu'elle est véritable en tout son contenu ; il voit avec satisfaction qu’il n'y a aucune réclamation de la part des voisins. Cet établissement n’est qu’un bien pour les montagnes qui l'avoisinent ; au surplus, est d'avis qu'il soit fait droit à sa demande, vu que le réclamant est un ancien militaire, et qu'il mérite des égards, par rapport à sa fidélité dans le service, et qu'il est obligé de se bâtir une maison.
Aux Gras, le 8 février 1808.
F. X. Moyse, maire.
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Le Sous-Préfet de l’arrondissement de Pontarlier
Vu la pétition et les observations du Sous-inspecteur des forêts, à la date du 19 mars dernier, desquelles il résulte que l’établissement d’une Scierie, tel qu’il est proposé, pourrait porter préjudice à la conservation des forêts, desquelles l’établissement ne se trouverait d’ailleurs pas éloigné, ainsi qu’il est prescrit par les ordonnances,
Est d’avis qu’il y a lieu d’autoriser l’exposant à construire seulement un martinet pour servir à la fabrication des instruments aratoires.
A la Sous-Préfecture, le 12 avril 1808
Micaud
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Le Directeur des Douanes impériales à la résidence de Besançon, soussigné, est d'avis d'après les renseignemens qu'il s'est procurés, qu'on peut permettre au pétitionnaire de construire un martinet pour servir à la fabrication des instrument aratoires seulement : si on donnait plus d'extention à cette permission, si, par exemple, le sieur Garnache-Barthod avait la faculté de fabriquer des bouchardes, de la taillanderie, il en résulterait, à raison de la grande proximité où est le terrain sur lequel il se propose de construire, de la principauté de Neuchâtel, qu’il pourrait impunément verser en fraude dans la consommation, toutes les bouchardes qui se fabriquent à la Chaux-du-Milieu, commune située sur l’étranger et dans le voisinage des Gras. Cette fraude aurait un certain appât pour le pétitionnaire, puisque l’entrée des bouchardes est imposée à 40 f. 80 c. par quintal décimal, et que celle de la taillanderie est prohibée.
Le pétitionnaire devra donc être prévenu que, s'il voulait par la suite, présenter comme provenant de sa fabrique, d'autres objets que des instrumens aratoires, tels que socs de charrue, herses, faulx, pêles, pioches, etc., l’usage de son usine lui serait interdit.
Fait à Besançon, le 17 août 1811.
Faurie
- patrimoine industriel du Doubs
- anciennement région de Franche-Comté
- atelier de fabrication
- logement
- étable à vaches
- grange
- rampe d'accès
- dépendance
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