ENSEMBLE D'IMMEUBLE À LOGEMENTS DIT IMMEUBLES-BINOT

58 - Cosne-Cours-sur-Loire

avenue de Verdun, rue Général Binot, rue Fernand Petit, avenue du 85ème de Ligne

  • Dossier IA58001174 réalisé en 2015 revu en 2017
  • Auteur(s) : Julien Defillon
Bâtiment Binot-D, vue en situation. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Les immeubles dénommés Binot, en référence à l’ancienne caserne dont ils occupent l’emplacement, sont les premiers bâtiments construits du nouveau quartier Saint-Laurent. Si l’emploi du nom de Binot pour désigner ces immeubles est attesté dans les documents d’archives datant du début du projet, le terme de cité de Verdun a également été trouvé, mais à seulement deux reprises. Le nom de quartier « extension sud » puis quartier « Saint-Laurent » pour nommer le site est plus tardif et date de la fin des années 1960.
Suite à l’acquisition des terrains de l’ancienne caserne, la municipalité cosnoise obtient l’agrément de l’Administration le 3 décembre 1951 pour l’exécution du projet de 100 logements HLM de type A (prévu pour loger environ 380 personnes) et pour lancer une première tranche de travaux de 25 logements. Le type A a été choisi pour des raisons de coûts car, à la différence du type B, il n’a pas de chauffage central. L’architecte du département, Emile Berthelot, est chargé de mettre au point un projet avec un plan de masse pour l’édification d’un nouveau quartier. La première tranche est validée lors des délibérations du Conseil municipal le 12 mars 1954.
Lors de l’élaboration du projet, s’est posée la question de la réutilisation des anciennes constructions de la caserne Binot, notamment les soubassements des bâtiments encore debout après le dynamitage de la caserne par l’armée allemande en 1944. Mais en 1952, le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme fait savoir qu’il n’est pas disposé à suivre cette proposition, notamment à cause du manque d’harmonie du futur quartier qui ressemblerait alors trop à une caserne. En outre, après une visite du site et les résultats des sondages effectués, l’architecte Berthelot estime que les fondations des soubassements ne sont pas suffisantes pour supporter des charges plus importantes avec la réalisation de niveaux supérieurs et refuse de prendre la responsabilité d’un projet fondé sur la réutilisation des anciens bâtiments de la caserne. L’Office Public Départemental HLM suit les volontés du ministère et propose un projet avec des immeubles de deux à trois étages, comparable à la réalisation de la Cité du Parc à Nevers ; cet ensemble était notamment mis en avant par le ministère à l’époque. Une partie des édiles municipaux s’oppose à ce projet. Ils affirment que la typologie d’immeubles à étages ne convient pas à Cosne où est préféré le logement individuel et, qu’en outre, le château d’eau actuel qui desservirait les futurs bâtiments ne permet pas un approvisionnement au-dessus du premier étage. Mais la persévérance des agents de l’État et des architectes a finalement gain de cause.
Suite à l’intervention du préfet de la Nièvre, l’architecte Jean Louria est mandaté pour dessiner un nouveau projet. Le nouveau plan date du 10 octobre 1953, et projette un vaste ensemble le long de la route nationale 7 composé de plusieurs immeubles. Néanmoins, E. Berthelot reste l’architecte en chef de groupe chargé de construire les bâtiments. Le plan masse évolue encore jusqu’en 1954. Dans sa version du 11 août 1954, les bâtiments dessinés ne sont plus qu’au nombre de 5 et approximativement positionnés à l’emplacement où ils seront construits. Des modifications continuent à être proposées au fur et à mesure de l’avancement de la procédure pour édifier l’ensemble par tranches successives. Au final, les travaux sont réalisés sous la direction d’Emile Berthelot en tant qu’architecte en chef de groupe et de Jean Louria et Charton, architectes d’opération.

Bâtiments A et B : première tranche, programme de 24 logements.
Bien que déposé au mois de mars 1955, le permis est validé en décembre, mois où comment également les travaux. Ils sont déclarés achevés le 27 décembre 1957, les appartements étant déjà occupés à cette date.

Bâtiment C et D : deuxième tranche, programme de 24 logements.
C’est lors du Conseil municipal du 4 juillet 1955 qu’est officiellement demandé à l’office HLM départemental de réaliser la deuxième tranche des travaux pour les immeubles Binot. Les maîtres d’œuvres et le conseil municipal hésitèrent entre différents positionnements pour les futurs immeubles, mais c’est l’harmonisation des typologies architecturales qui est privilégiée. Le 15 février 1956, le président de l’office HLM annonce effectivement qu’il est favorable à ce que les nouveaux bâtiments à construire conservent le même aspect que les deux précédemment réalisés. La seule modification importante concerne l’orientation de l’entrée de l’immeuble D que J. Louria justifie par le besoin d’avoir un accès visible depuis la voie publique et la suppression des vestibules au rez-de-chaussée afin de les remplacer par des chambres. Les derniers plans sont datés du mois de mars 1956. Le permis de construire est accordé le 9 août 1956, les travaux commencent le 15 décembre de la même année et sont achevés à la mi-janvier 1959.

Bâtiment E et F : troisième tranche, programme de 61 logements.
Afin de respecter le plan de masse arrêté, le nombre de logements est monté à 60, puis 61 pour cette troisième tranche de travaux en 1956. Elle consiste alors en deux immeubles à trois niveaux, le bâtiment E avec 24 logements et le bâtiment F avec 37 logements. Les plans définitifs sont livrés le 22 octobre 1956. Les travaux commencent le 20 septembre 1958 pour le bâtiment F et sont terminés le 8 novembre 1960. Le bâtiment E est quant à lui commencé le 23 novembre 1956 et est achevé à la fin du mois de juin 1961.

Les immeubles Binot étaient pourvus à la construction d’un chauffage individuel par appartement à air chaud avec le charbon comme combustible. De nouveaux appareils individuels mais fonctionnant au gaz sont installés en remplacement en 1974.
Entre le milieu des années 1980 et les années 1990, le quartier Saint-Laurent fait l'objet, comme de nombreux sites identiques en France avec la mise en place de la nouvelle Politique de la Ville, d'une opération DSQ (Développement Social des Quartiers). Les immeubles Binot reçoivent un nouvel essentage, notamment afin d'améliorer l'isolation thermique. L'objet de ce nouveau bardage est également de donner une autre images à ces barres avec davantage de coloris.

Description


Les fondations des immeubles sont des semelles filantes en béton tandis que les murs porteurs des façades sont réalisés en moellons appareillés hourdés en mortier recouverts d’un enduit en ciment à l’origine. Les moellons ont été récupérés sur les anciens bâtiments de la caserne Binot. Les charpentes sont en sapin avec une couverture à deux pans et croupes en tuiles mécaniques. Les murs de refend et les cloisons sont en briques tandis que les planchers sont en béton armé avec hourdis creux. Les escaliers sont également en béton armé. L’ensemble des immeubles Binot n’a pas été réalisé selon des méthodes de préfabrication industrielle, mais plutôt selon des techniques traditionnelles.
Les immeubles se composent d’un niveau semi-enterré de caves éclairées par des soupiraux, d’un rez-de-chaussée surélevé puis de deux étages. Les claustras en béton armé des séchoirs ont été supprimés et remplacés par de petites fenêtres lors de l’opération DSQ.
L’ensemble des immeubles Binot est composé exclusivement de T2 (43,66 m²), T3 (53,24 m²) ou de T4 (62,27 m²).

Distribution :
Chaque palier dessert deux appartements. Le hall d’entrée distribue la cuisine qui elle-même donne accès au séchoir anciennement éclairé par des claustras, les toilettes et le séjour. Cette pièce fait figure d’espace principal de l’appartement car il est nécessaire de la traverser pour avoir accès aux pièces de nuit : les chambres et la salle d’eau, précédées d’un couloir. Excepté les dimensions identiques des pièces techniques (cuisine et salle d’eau) quelle que soit la dimension de l’appartement, et la présence d’un séchoir, la distribution s’avère ainsi plutôt classique.
Murs :
  • pierre
  • moellon
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre

Source(s) documentaire(s)

  • Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 200 W 5. Permis de construire PC 238.
    Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 200 W 5. Permis de construire PC 238.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Cosne-Cours-sur-Loire
  • Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 200 W 5. Permis de construire PC 274.
    Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 200 W 5. Permis de construire PC 274.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Cosne-Cours-sur-Loire
  • Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 200 W 8. Permis de construire PC 415.
    Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 200 W 8. Permis de construire PC 415.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Cosne-Cours-sur-Loire
  • Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 202 W 489.
    Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 202 W 489.
    Lieu de conservation : Cosne-Cours-sur-Loire, Archives municipales.
  • Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 202 W 490.
    Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 202 W 490.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Cosne-Cours-sur-Loire
  • Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 1 W 2208.
    Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 1 W 2208.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Cosne-Cours-sur-Loire
  • Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 64 W 37.
    Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 64 W 37.
    Lieu de conservation : Archives municipales, Cosne-Cours-sur-Loire
  • Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 1 W 906.
    Archives municipales de Cosne-Cours-sur-Loire. Série W ; 1 W 906.
    Lieu de conservation : Cosne-Cours-sur-Loire, Archives municipales.
  • Cosne-Cours-sur-Loire. Vue de la façade postérieure du bâtiment Binot-F. Photographie ancienne, s.d., [1995-2005].
    Cosne-Cours-sur-Loire. Vue de la façade postérieure du bâtiment Binot-F. Photographie ancienne, s.d., [1995-2005].
    Lieu de conservation : Archives municipales, Cosne-Cours-sur-Loire - Cote du document : 202W683 - 2Fi90

Informations complémentaires

Thématiques :
  • les grands ensembles en Bourgogne
Aire d’étude et canton : Bourgogne
Dénomination : immeuble à logements
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