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DEMEURE ET FERME, DITES "DES PÈRES"

71 - Dyo

Mans

  • Dossier IA71003555 réalisé en 2019
  • Auteur(s) : Philippe Mairot, Aurélien Michel
ferme © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


La propriété fut baptisée "domaine des Pères" dans quelques sources écrites, telle Dyo, au vieux temps, chronique sur le village de l'abbé Descharmes publiée en 1920 dans Le Réveil du Charolais et du Brionnais. Elle a en effet appartenu au XVIIIe siècle à la communauté du Tiers-Ordre franciscain de Charolles (fondée le 11 septembre 1619 et confirmée par lettres patentes de Philippe IV, roi d'Espagne et comte de Charolais, en 1626). A l'origine, ce domaine faisait partie de la réserve de la seigneurie de Dyo, avant d'être acquis en 1655 par Pierre Guillevert, seigneur du Verger et capitaine du château de Dyo, pour la somme de 7000 livres. En 1705, il est légué aux religieux de Charolles, ainsi que le souhaitait, dans son testament, Pierre Guillevert, IIe du nom, lieutenant de chevau-léger et fils du précédent, dans le cas où lui et son frère Claude (tué à la bataille d'Asti pendant la guerre de succession d'Espagne) décèderaient sans postérité. Propriété de la noblesse, puis de l'Eglise, le domaine était donc exploité par un fermier. Selon l'abbé Descharmes, le fermage comprenait, à l'époque des Pères, un loyer d'un montant initial de 615 livres, passé à 750 à la veille de la Révolution, et quelques paiements en nature (24 pigeons, 12 chapons, 4 dindes et 40 fagots de paille par an, livrables à la résidence de la communauté à Charolles, au faubourg de la Madeleine).
En 1790, les biens du Tiers-Ordre sont confisqués et revendus comme biens nationaux. Le domaine du Mans est acquis par Louis Grandjean (v. 1727-1802), fils d'un marchand et bourgeois de Saint-Julien-de-Civry. La propriété est ensuite transmise à sa nièce Marie-Françoise-Claudine Grandjean (1784-1850), épouse de Philippe Loreton (1778-1848), propriétaire du domaine du Montet à Vareilles, dont il fut le maire de 1806 à 1826. En 1845, elle est vendue à Jeanne-Marie-Suzanne Bluget de Valdenuit (1809-1894), veuve du vicomte Alexis-Charles-Aldonce de Rotalier, qui avait acheté deux ans plus tôt un autre domaine dans la commune de Dyo, où elle résidait régulièrement avec son fils, Théobald-Charles (1831-1902) : le domaine d’embouche du Trembly, d'une cinquantaine d'hectares, comprenant le grand pré de la Ramée de 16,2 hectares. Suite au décès du fils, les deux domaines sont acquis par Gilbert-Dominique-Alfred Sourissat, avocat à Dijon. Celui de Mans est ensuite revendu vers 1910 à Claude-Marie Verchère, qui en était le fermier depuis plusieurs années (il y est recensé pour la première fois en 1896). Le domaine est aujourd'hui encore en activité et spécialisé dans l'élevage bovin. A l'époque de l'établissement du cadastre napoléonien, il n'est pas très étendu. Il couvre près de 13 ha, dont plus de la moitié en prés (avec notamment le « Grand pré » d'une superficie de 4 ha), et peut donc être considéré, dès cette époque, comme une exploitation d'embouche, bien que les cultures y gardent une place significative.
Sur le plan cadastral de 1826, l'ensemble des bâtiments est existant, en dehors des stabulations au sud de la propriété, construites dans la première moitié des années 1980 et à la fin des années 1990. La maison du fermier, composée de deux corps de logis, a probablement été construite en deux phases, mais sans doute assez rapprochée au regard de l'harmonie stylistique de l'ensemble. La date de « 1678 » est gravée sur l'arc couvrant la porte de la façade principale du logis sud et permet une datation précise. Au-dessus, ont été sculptées des armoiries, aujourd'hui bûchées, soutenues par deux lions, vraisemblablement celles du sieur Guillevert. L'état originel du bâtiment est bien conservé, en dehors du bouchage d'une porte sur la façade postérieure, ayant permis le percement d'une nouvelle ouverture au XXe siècle, et l'ajout d'un auvent en haut de l'escalier extérieur qui permettait à l'origine l'accès à l'étage de la maison.
La dépendance, fermant la cour au nord, abrite, dans sa partie est, une remise et une écurie dont la porte d'entrée, apparentée à celles de la maison, permet une datation de la seconde moitié du XVIIe siècle. Le bâtiment a été agrandi à deux reprises, vers l'ouest, sans doute au XVIIIe siècle. La partie centrale comprend un ancien logement attesté par la présence d'une pierre d'évier. Cette modeste habitation – sans doute celle d'un domestique – occupait uniquement le rez-de-chaussée et était surmontée d'un grenier, éclairé à l'origine par une fenêtre d'attique, à laquelle ont été ajoutées plus récemment (XIXe siècle?) deux lucarnes, suite à une reprise de la couverture. Les deux pigeonniers, ainsi que les soues à cochons et l'ancien fournil (à l'intérieur duquel se trouvent encore les restes d'un ancien cuvier à lessive en pierre), n'ont pas connu de modifications. Le bâtiment des bovins, au sud de la cour, a connu une modernisation plus importante, avec la reprise de l'ensemble des ouvertures au XIXe siècle. Toutefois, le débord des murs-pignons du bâtiment, élément caractéristique des constructions locales sous l'Ancien-régime, plaide pour une datation ancienne, sans doute contemporaine des autres bâtiments. Ainsi, malgré quelques transformations, ce domaine présente un des ensembles bâtis de la seconde moitié du XVIIe siècle les mieux conservés du Brionnais.
Période(s)
Principale :
  • 4e quart 17e siècle
Date(s)

Description


L'ensemble est bâti au sud du hameau de Mans, commune de Dyo, le long de la route qui dessert, un peu plus au sud, la chapelle de Mans. Il se compose de plusieurs bâtiments édifiés en moellons de calcaire. une première dépendance, au nord de la cour, couverte en tuiles plates et mécaniques, abritait porcherie, poulailler, étable à chevaux, écurie de chèvres et de moutons. Au sud, une grange, aevc un toit à longs pans débordants, se compose des habituels remise, étables et fenils.
Le logis, haut d'un étage-carré occupe le fond de la cour. Bâti en moellons de calcaire, partiellement enduit et constitué de deux parties conjointes, il est coiffé par des toits à croupes en petites tuiles plates, percés de deux lucarnes donnant sur la façade antérieure et ornées de boules. La porte principale est voutée en plein cintre. La clef de l'arc porte la date de 1678 et est surmontée d'un fronton triangulaire incluant un blason. Un escalier droit extérieur en maçonnerie, sur le côté sud de la maison, donne accès à l'étage. Un autre, le long de la façade antérieure de la même maison, donne accès au sous-sol.
A l'ouest de la grange, une autre dépendance comprend des poulaillers, ainsi que l'ancien four à pain et le vestige d'un cuvier à lessive, ainsi qu'un pigeonnier. Conformément à une disposition fréquemment rencontrée, la grange a été agrandie, sur sa façade postérieure, par une étable à vaches en stabulation. A l'arrière du bâtiment, se dresse également un second pigeonnier. Les deux pigeonniers sont couverts par des toits en pavillon à égout retroussé, en petites tuiles. Deux grands hangars de stabulation complètent l’équipement au sud.
Murs :
  • calcaire
  • moellon
  • enduit
  • enduit partiel
Toit :
  • tuile plate
  • tuile mécanique
Etages :
  • 1 étage carré
Couvertures :
  • toit en pavillon
  • toit à longs pans, croupe
  • appentis
Escalier :
  • escalier de distribution extérieur, escalier droit, en maçonnerie
  • escalier dans-oeuvre,
  • escalier dans-oeuvre, en charpente

Source(s) documentaire(s)

  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 185/1. Cadastre de la commune de Dyo. 1826-1965.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 185/1. Cadastre de la commune de Dyo. 1826-1965.
    - 3P 185/1 MA : Registre des états de sections. 1826.
    - 3P 185/1 MA : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties. 1826-1882 (propriétés bâties), 1826-1914 (propriétés non bâties).
    - 3P 185/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.
    - 3P 185/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non bâties. 1914-1965.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : H 371. Tiers-Ordre de St-François ou Picpus de Charolles : titres relatifs au domaine de Mans, paroisse de Dyo. 1422-1659.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : H 371. Tiers-Ordre de St-François ou Picpus de Charolles : titres relatifs au domaine de Mans, paroisse de Dyo. 1422-1659.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : H 372. Tiers-Ordre de St-François ou Picpus de Charolles : Domaine de Mans. 1660-1764.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : H 372. Tiers-Ordre de St-François ou Picpus de Charolles : Domaine de Mans. 1660-1764.
    Divers titres.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : Q 305-306. Biens nationaux : table des ventes suite aux confiscations de la période révolutionnaire. 1790-1811.
    Archives départementales de la Saône-et-Loire : Q 305-306. Biens nationaux : table des ventes suite aux confiscations de la période révolutionnaire. 1790-1811.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Vue des bâtiments du domaine de Mans (Dyo). Vers 1970.
    Vue des bâtiments du domaine de Mans (Dyo). Photographie (noir et blanc), par Raymond Oursel, vers 1970.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Vue de la demeure du domaine de Mans (Dyo). Vers 1970.
    Vue de la demeure du domaine de Mans (Dyo). Photographie (noir et blanc), par Raymond Oursel, vers 1970.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Vue d'un des pigeonniers du domaine de Mans (Dyo). Vers 1970.
    Vue d'un des pigeonniers du domaine de Mans (Dyo). Photographie (noir et blanc), par Raymond Oursel, vers 1970.
    Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • DESCHARNES (Abbé). Dyo, au vieux temps. 1920.
    DESCHARNES (Abbé). Dyo, au vieux temps. Le Réveil du Charolais, 8 août 1920.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • architecture rurale du Charolais-Brionnais
Aire d’étude et canton : Charolais-Brionnais
Dénomination : ferme
Parties constituantes non étudiées :
  • remise agricole
  • fenil
  • étable
  • logis
  • cour
  • four
  • toit à porcs
  • poulailler
  • jardin potager
  • mur de clôture
  • puits
  • pigeonnier
Carte interactive
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