DEMEURE ET FERME DE FOUGÈRE
71 - Saint-Christophe-en-Brionnais
Fougère
- Dossier IA71003534 réalisé en 2018
- Auteur(s) : Aurélien Michel, Raphaël Favereaux, Philippe Mairot
Historique
Les bâtiments de Fougère ont été construits sur le site d’un ancien château. Attestée depuis le XIIe siècle, la seigneurie de Fougère est constituée à partir d’un démembrement partiel des biens de la maison seigneuriale de Semur destiné à former l’héritage d’un fils cadet. Différentes familles locales possèdent Fougère au fil des siècles. Courtepée écrit dans Description générale et particulière du duché de Bourgogne (Tome IV, 1779) : « des d’Alenai qui en jouissait en 1380, [Fougère] retourna à la maison de Semur en 1490, d’où elle tomba en celle d’Amanzé en 1588, de Busseul en 1595 ; saisie et adjugée à Laurent de Tenay en 1629 par sentence du baillage de Mâcon. » Laurent de Tenay (ou Thenay) n’était autre que le baron de Saint-Christophe, devenu l’un des grands seigneurs du Brionnais, après avoir réuni plusieurs seigneuries voisines de la baronnie ; Fougère, Noyer, Sainte-Foy, Sancenay, ainsi qu’une partie de celles de Briant et Saint-Laurent-en-Brionnais.
Deux siècles plus tard, le comte Henri-Antoine de Busseul (1788-1842), lieutenant-colonel au régiment de dragons de la garde royale, chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis et officier de la Légion d’honneur, hérite par sa grand-tante, Marie-Charlotte de Charbonnier-Crangeac, d’une grande partie des biens des anciens seigneurs de Saint-Christophe. Cette dernière en avait elle-même hérité de sa sœur, Marie-Françoise-Catherine de Charbonnier-Marillac, veuve du dernier seigneur de Saint-Christophe, Marc-Jean de Tenay (+ 1787). Le comte de Busseul décide de faire démolir les vestiges du château de Fougères, ruiné pendant les guerres de religion à la fin du XVIe siècle (cit. Courtepée). Aujourd’hui, seule subsiste une partie des douves qui entouraient l’édifice, et l’ancien pigeonnier, à-demi arasé, dans le pré voisin.
Le comte fait bâtir les actuels bâtiments au début des années 1820. Bien que le projet initial soit resté inachevé (il prévoyait l’édification de deux tours carrées sur les côtés de la demeure), l’ensemble – surtout le majestueux bâtiment de dépendance – témoigne d’une recherche manifeste d’ostentation dans l’architecture. La date précise de la construction n’est pas connue, mais elle est antérieure au plan cadastral de 1825 sur lequel les bâtiments sont représentés. Leur aspect a peu évolué depuis cette époque. Dans le courant du XIXe siècle, un petit bâtiment annexe est ajouté à l’arrière de la grande dépendance pour abriter des soues à cochons. Il est construit à l'identique de deux autres bâtiments déjà existants (l’un servant de remise à bois, l’autre de réserve à betteraves). Une remise à voitures est également élevée contre la face nord de la maison. Plus récemment, la grande dépendance a été restaurée (reprise de la couverture et agrandissement des ouvertures d’aérations du fenil) sans perdre son authenticité. A l’arrière du bâtiment, une stabulation a été construite dans la seconde moitié des années 1970. A la fin des années 1980, un hangar à foin est aménagé le long du chemin d’accès de la propriété.
Après la mort du comte de Busseul, le domaine est partagé devant maître Bergerand, notaire à Saint-Christophe, les 26 juin et 9 juillet 1844, entre cinq de ses sept enfants : Olivier Antoine Marie (né en 1815), qui réside en Autriche, Antoinette Louise (née en 1817), célibataire, résidant au château de Saint-Christophe, Antoinette Hyppolite (née en 1821), épouse d’Alfred de la Forest-Divonne, Louise Antoinette Alexandrine (née en 1818), épouse de Ferdinand de Monspey, et Marie Antoinette Olympe (née en 1828), encore mineure. Les bâtiments font partie du lot attribuée à cette dernière. Quatre ans plus tard, le 19 décembre 1848, le frère et les quatre sœurs revendent d’un commun accord leur part du domaine à Jean Denis Roux, négociant à Lyon. La propriété s’étend alors sur 92,3 hectares, dont une petite partie est située sur la commune de Vauban. Plus du tiers du domaine est occupé par l’ancien bois seigneurial des faons d’une contenance d’environ 35 hectares. Les surfaces agricoles (57 ha) sont principalement consacrées à l’herbe : 66% de près et pâtures et 34% de terres cultivées. Le domaine, exploité par des fermiers, parfois mentionnés comme marchands de bétail dans les recensements de population (comme Claude Foucaud en 1846 et 1852), est ensuite vendu à deux reprises : en 1870 à Louis Melchior Pierrat, docteur en médecine à Charlieu, puis, en 1909, à Claude-Marie-Jules Raquin, originaire de Ligny-en-Brionnais, qui s’y installe et l’exploite en faire-valoir direct. Il y demeure avec sa femme, leurs trois enfants et deux domestiques, d’après le recensement de 1911. Ses descendants en sont toujours propriétaires et poursuivent l’activité agricole, aujourd’hui spécialisée dans l’élevage bovin allaitant.
Période(s)
Principale :
- 1er quart 19e siècle
Description
Construit en moellons, le bâtiment à usage agricole est pourvu d'une charpente en bois et couvert d'un toit à longs pans à croupes en tuiles plates. La remise, dont le sol est dallé, est flanquée de quatre étables : deux à l'ouest et deux à l'est. Les ouvertures rectangulaires, localement appelées feurons et encore munies de leurs volets en bois, permettaient de charger le foin dans les râteliers des étables. Au milieu du mur séparant la remise des étables, un retrait pratiqué dans la maçonnerie permettait de loger l'échelle donnant accès aux fenils. Cinq portes, toutes couvertes d'un arc en anse de panier, s'ouvrent sur la façade antérieure : une porte charretière et quatre pour le passage des bovins. Quatre ouvertures ont été aménagées sur cette façade pour le chargement du foin à l'étage. Une soue, une loge prolongée d'un bûcher, et une stabulation (ajoutée en 1980) ont été adossées contre la façade postérieure de ce bâtiment. Bâti en moellons enduits, le logis comprend un sous-sol, un rez-de-chaussée et un étage carré et est couvert d'une haute toiture à croupes, égout retroussé et tuiles plates. Il est flanqué, sur son mur-pignon nord, d'une extension (fonction originelle indéterminée) en moellons de silex, couverte d'un toit à croupes en tuiles mécaniques. Une mare abreuvoir (crot) jouxte les vestiges des douves au sud-ouest.
Murs :
- silex
- moellon
- enduit partiel
Toit :
- tuile plate
- tuile mécanique
Etages :
- en rez-de-chaussée
- 1 étage carré
- sous-sol
Couvrement :
- charpente en bois apparente
Couvertures :
- toit à longs pans, croupe
Source(s) documentaire(s)
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 399/1. Cadastre de la commune de Saint-Christophe-en-Brionnais. 1827-1965.
Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 399/1. Cadastre de la commune de Saint-Christophe-en-Brionnais. 1827-1965.
- 3P 399/1 MA : Registre des états de sections. 1827
- 3P 399/1 MA : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non-bâties. 1827-1882 (propriétés bâties), 1827-1914 (propriétés non-bâties).
- 3P 399/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.
- 3P 399/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non-bâties. 1914-1965.Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon -
Collection particulière. Vente de la propriété de Fougères. 12 décembre 1848.
Collection particulière. Vente de la propriété de Fougères. 12 décembre 1848.
Minute de l'étude notariale de Maître Charnay (Charlieu).Lieu de conservation : Collection particulière
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Vue de la grange du domaine de Fougère. Vers 1970.
Vue de la grange du domaine de Fougère. Photographie (noir et blanc), par Raymond Oursel, vers 1970.Lieu de conservation : Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
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COURTEPEE, BEGUILLET. Description générale et particulière du Duché de Bourgogne. Tome III : Bailliages de Charolles, Montcenis, Semur, Chalon-sur-Saône et Noyers.
COURTEPEE, BEGUILLET. Description générale et particulière du Duché de Bourgogne. Tome III : Bailliages de Charolles, Montcenis, Semur, Chalon-sur-Saône et Noyers. Avallon : Editions F.E.R.N., 1967 (3e ed.).
À voir
Informations complémentaires
Thématiques :
- architecture rurale du Charolais-Brionnais
Aire d’étude et canton :
Charolais-Brionnais
Dénomination :
ferme
Parties constituantes non étudiées :
- étable à vaches
- fenil
- remise
- cour
- abreuvoir
- toit à porcs
- logis
- © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine, PETR du Pays Charolais-Brionnais