PRÉSENTATION DE LA COMMUNE DE ROUGEMONT

25 - Rougemont

Dossier IA25002020 réalisé en 2010
Auteur(s) : Liliane Hamelin, Christophe Jacques

ville © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique

La commune de Rougemont fusionne avec celles de Chazelot, Montferney et Morchamps le 1er juillet 1973.

Un habitat ancien

Fièrement campée sur son promontoire, la cité de Rougemont étage ses maisons sur la pente du coteau de la "citadelle", en raison de la fondation d'un château fort, et d'un couvent de cordeliers, dont il reste la chapelle et quelques vestiges parmi les bâtiments actuels, modifiés ou reconstruits au 20e siècle. À proximité se dressent le presbytère et l'église paroissiale de la Nativité de la Vierge. Plus haut, sur le coteau de Montaucivey, dont les pentes, jusqu'à la première guerre mondiale, sont couvertes de vigne, une chapelle a été érigée au 19e siècle en souvenir du choléra qui a épargné ses habitants. Le bourg dévale les pentes de la citadelle en direction des anciennes fortifications dont la rue des Fossés garde le souvenir. L'axe, constitué par la Grande Rue prolongée par la rue du Vieux-Moulin, est bordé d'un ensemble d'édifices : fermes, maisons, demeures, commerces plusieurs fois reconstruits et remaniés à cause des guerres et des incendies qui ont ponctué la longue histoire de la cité et, plus récemment, des aménagements consécutifs à la modification des pratiques agricoles et commerciales. Sur la colline, face à la citadelle, se dresse le quartier de Rougemontot. Ses rues très pentues bordées de maisons viticoles conduisent à l’ancien cimetière. Au 19e siècle, Rougemont se dote d'un ensemble d’édifices publics remarquables (mairie, halle, lavoir, fontaine). La voie ferrée Lure-Montbozon inaugurée le 15 novembre 1896 est à l'origine d'un nouveau quartier marqué par l'avenue de la gare et de l'extension de l'activité économique dans les rues avoisinantes. Entre ces deux collines : la plaine où serpente le Drigeon, affluent de l'Ognon ; là s'étendent les terrains dévolus aux céréales et aux vergers. Des moulins ont utilisé la force du ruisseau alimenté par la Crolière, le Breuil et de nombreuses sources.
Le territoire de la commune a été occupé dès l'époque néolithique comme en témoigne l'outillage de pierre ramassé sur son territoire et exposé au musée communal. Lors des travaux de construction de la gare, des pieux en chêne ont été découverts qui pourraient révéler un site palafitte. Tous ces éléments archéologiques confirment une occupation ancienne. Rougemont a donné son nom à l'une des plus illustres familles du Comté de Bourgogne, présente au château jusque vers 1440. Elle a donné trois archevêques et plusieurs vicomtes de Besançon. Ses armes "D'or à l'aigle de gueules, becquée et membrée d'azur et couronnée de même" ont été adoptées par la commune.

Rougemont, village fortifié

À l'instar de nombreux bourgs du Moyen Âge, l'implantation humaine a parfaitement su tirer parti du site géologique. Le village est l'aboutissement d'un urbanisme volontaire, reflet d'une époque d'intense création. Probablement vers le 12e siècle, une agglomération castrale se constitue sur l'éperon divisé en une basse-cour (bourg-dessus) occupant la pointe du promontoire et, au sud, en un château fort barrant le paysage. À la même époque, Rougemont devient le siège d'un décanat, circonscription administrative dont la compétence s'étend jusqu'aux portes de Montbéliard. Le château possède d'après une description de 1585 un fossé, un pont-levis et "cinq grosses tours quarrées faites en partie de pierre taillée et le surplus de bonne pierre de jauge". Charles Thuriet, en 1876, rapporte que d'après les anciens ces tours avaient "une élévation de cent pieds en maçonnerie". Devenus propriété du marquis de Grammont, ces vestiges sont détruits en 1809. Comme à Belvoir, un bourg-dessous semi-circulaire est créé en contre-bas. Il est entouré d'une enceinte, à l'origine peut-être en palissades, et est entouré d'un fossé. Le rempart est construit en maçonnerie postérieurement, avant 1370, date de la charte de franchise qui en fait mention. En 1783, le père Dunand écrit : "on y voyait des tours rondes et quarrées placées de distance en distance". Quatre portes donnent accès à la ville : les deux portes Fourquay au sud, la porte du moulin en face du faubourg de Rougemontot et la porte du vieux-moulin en direction de Baume-les-Dames. Rougemont va connaître de multiples vicissitudes. Le village est pris par les Suisses en septembre 1476, puis est pillé et incendié en novembre 1479. Gilbert Cousin, en 1552, décrit le bourg comme étant à moitié détruit. En 1595, les troupes de Tremblecourt l'incendient, laissant l'enceinte urbaine et le château à l'état de ruine. Rougemont est encore ravagé, en 1636, par les troupes suédoises et françaises. Malgré le lourd tribut payé lors des guerres, l'économie y reste prospère. Les dénombrements de 1391 et de 1456 révèlent l’existence d'un marché et l'importance locale de la viticulture. De plus, en 1541, Rougemont compte trois foires. A l'heure actuelle, l'enceinte et ses portes d'accès ne subsistent qu'à l'état de vestiges. Durant les années 1983-1984, une importante partie de muraille élevée entre les emplacements des portes Fourquay disparaît.

Le quartier de la citadelle

Ce quartier accueille l'église paroissiale de Rougemont. Si la paroisse du village est citée pour la première fois dans les textes en 1106, l'église originelle semble être celle de la Trinité, dans le quartier de Rougemontot, en dehors des murs du bourg. Elle tombe en ruine vers 1460, période à laquelle la chapelle castrale - intra-muros - dite du Crotot (d'après le nom du lieu-dit où elle est située) devient église paroissiale. En 1716, cette église menace ruine et dix ans plus tard a lieu l'adjudication de travaux. Des problèmes sont signalés au bout d'une quarantaine d'années et une nouvelle église est commencée à la toute fin du 18e siècle dans le bas du village, mais les travaux ne sont pas achevés. Finalement, c'est le devis du 1er septembre 1836 de l'architecte J. Auguste Clerc qui est retenu et le bâtiment du Crotot est totalement reconstruit. Le haut du quartier est occupé, à l'emplacement de la basse-cour du château, par un couvent de cordeliers autorisé en 1448 par le pape Nicolas V. Ce couvent est pillé sous la Révolution et le site réoccupé par plusieurs familles. La ferme Grojean est donnée en 1843 à la commune pour devenir une école de filles, tenue par les soeurs de la Charité (cette école fonctionnera jusqu'à l'ouverture du groupe scolaire en 1939). Le reste du site est acquis en 1898 par le marquis de Moustier qui le donne à l'Oeuvre d'Ormesson pour y établir un sanatorium pour tuberculeux du milieu agricole, repris en 1928 par l'Office d'Hygiène sociale du Doubs qui y crée un institut médical (maison d'enfants). Il héberge actuellement l'institut médico-éducatif "L'Envol" et le foyer d'accueil médicalisé "La Citadelle".

Le centre

Pour les Rubrimontains, le "centre" désigne à la fois l'ancien bourg médiéval, situé entre le château et le Drigeon, le faubourg de Rougemontot et le quartier de la gare créé à la fin du 19e siècle. L'axe principal du bourg est la Grande Rue qui se poursuit par la rue du Vieux-Moulin et enserre le "haut du bourg" constitué de rues étroites et tortueuses - certaines au nom évocateur de "ruelle du Casse-Cou" - qui montent fortement en direction du quartier de la Citadelle. Quant au faubourg on y accède par la rue du Pont. À partir de la fontaine dite de la Vierge, la montée abrupte de la rue des Gratteris conduit à l'esplanade matérialisée par l'enclos de l'ancien cimetière, face au bourg que domine le quartier de la Citadelle. À main droite, la ruelle du Sabbat longe l'ancien cimetière et descend rudement en direction de la fontaine d'où l'on rejoint la rue des Juifs. Deux chemins pédestres balisés y conduisent aussi. Le village ayant subi moultes destructions au cours des guerres qui ont marqué l'histoire tourmentée de la Comté, notamment au cours de la guerre de Dix Ans, la plupart des maisons sont postérieures au 17e siècle. Toutefois quelques rares vestiges antérieurs sont encore visibles comme la baie à meneaux au n° 12 de la Grande Rue. Dans le bourg, d'anciennes demeures de familles nobles côtoient maisons agricoles et commerces.

Rougemontot

Situé à quelques centaines de mètres du centre du village, le faubourg de Rougemontot est installé sur une éminence boisée. Dès le 12e siècle, les textes mentionnent un cimetière et une église dédiée à la Trinité. D'après la tradition, rapportée par Charles Thunet en 1876, c'est à cet emplacement que le seigneur de Rougemont rendait la justice et qu'avaient lieu les exécutions. Il précise que ce quartier "avait été affecté à la demeure des Juifs et au commerce de ces marchands". Leur souvenir reste fortement présent par le nom donné à certaines rues : la rue des Juifs ou encore la rue du Sabbat, jour de repos hebdomadaire consacré à Dieu dans la religion Israélite. On ignore si l'incendie du centre, en 1636, a touché ce faubourg. Les dates présentes sur certains linteaux de baies n'étant pas antérieures au 17e siècle, il est fort probable que ce quartier ait subi des dommages rendant nécessaire la restauration ou la reconstruction de nombreuses maisons.

Le quartier de la gare

Après bien des atermoiements, le tracé de la ligne de chemin de fer Lure-Montbozon via Rougemont est adopté par le conseil municipal, le 30 mai 1889. Les travaux de la voie ferrée qui traverse la cité, ceux de la gare et de ses dépendances commencent alors. La gare étant située à quelque 200 m de la place du Marché, une avenue longue de 300 m est aménagée, qui franchit le Drigeon sur un pont en pierre à une arche. Des commerces s'y installent - les Grands Économats à l'entrée de l'avenue et le café de la Paix - ainsi que des entreprises comme la scierie de Maurice Fournerot et même une ferme, en 1907. Une grande activité anime le quartier, avec les marchands de vin (Bichet, rue du Vieux-Moulin, et Muller, rue de la Petite-Côte), de bière et d'eaux minérales (Grojean, Grande Rue), de charbon, de fourrage (Besançon, route de Cuse), de farine (le meunier de Montferney), de bois sciés ou de chauffage (Fournerot), etc. Les terrains au-delà de la voie ferrée, en direction de la route de Tressandans, accueillent diverses entreprises après la première guerre mondiale (travaux publics Thavard, scierie Belmont, usine Bost).

Saint-Hilaire

A l'ouest du village se trouvent la chapelle Saint-Hilaire et le cimetière. Des fouilles archéologiques effectuées en 1987 ont révélé les ruines d'un ou plusieurs bâtiments de l'époque gallo-romaine, probablement une grande villa qui fut sans doute, dès le 4e siècle, pourvue d'un oratoire christianisé à l'origine de la chapelle. Le cimetière de Rougemont, auparavant situé à Rougemontot, est transféré à proximité de la chapelle en 1910 puis une nécropole nationale est créée en 1952.

Illustrations

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Source(s) documentaire(s)

Documents d’archives

Archives départementales du Doubs : OAC 515/1-28 Archives communales. Rougemont. Presbytère. 1804-1968.
Archives départementales du Doubs : OAC 515/1-28 Archives communales. Rougemont. Presbytère. 1804-1968.
Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : OAC 515/1-28

Documents figurés

Bibliographie

Bichet, Robert. Histoire de Rougemont. 1973.
Bichet, Robert. Histoire de Rougemont. Persan : Impr. de Persan-Beaumont, 1973. 276 p.
Bichet, Robert. La Résistance à Rougemont et dans sa région. 1993.
Bichet, Robert. La Résistance à Rougemont et dans sa région. Langres : D. Guéniot, 1993. 133 p.
Bouveresse, Alfred (abbé). Histoire des villages et du canton de Rougemont (Doubs). 1976.
Bouveresse, Alfred(abbé). Histoire des villages et du canton de Rougemont (Doubs). Vesoul : Impr. M. Bon, 1976. 203 p.
Bouveresse, Alfred (abbé). Le canton de Rougemont en histoire imagée. 1990.
Bouveresse, Alfred(abbé). Le canton de Rougemont en histoire imagée. Cuse-et-Adrisans : A. Bouveresse, 1990. 133 p.
Bouveresse, Alfred (abbé). La vigne au pays de Rougemont. 1995.
Bouveresse, Alfred(abbé). La vigne au pays de Rougemont. La Racontotte, n° 46, 1995, p. 58-62.
Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm.
Gauthier, Louis (abbé). Rougemont et ses souvenirs. 1955.
Gauthier, Louis (abbé). Rougemont et ses souvenirs. Lyon : Impr. M. Lecuyer et Fils, 1955. 18 p.
Gollut, Loys. Les mémoires historiques de la république séquanaise. 1979.
Gollut, Loys. Les mémoires historiques de la république séquanoise... Roanne : Horvath, 1979. 2 vol. Réimpr. de l'éd. d'Arbois, 1846.
Hamelin, Liliane ; Jacques, Christophe. Rougemont, petite cité comtoise de caractère, 2011
Hamelin, Liliane ; Jacques, Christophe. Rougemont, petite cité comtoise de caractère. - Lyon : Lieux Dits, 2011. 80 p. : ill. en coul. ; 23 cm. (Parcours du patrimoine ; 361).
Thuriet, Charles. Etude historique sur le bourg de Rougemont. 1876.
Thuriet, Charles. Etude historique sur le bourg de Rougemont. Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 1876, p. 197-290.

À voir

Informations complémentaires

La famille de Moustier à Rougemont

Hamelin, Liliane ; Jacques, Christophe. Rougemont, petite cité comtoise de caractère. - Lyon : Lieux Dits, 2011, p. 34 : ill.

Depuis le 18e siècle, la famille de Moustier, installée à Cubry au château de Bournel, joue un rôle important dans l'histoire du canton de Rougemont et plus largement dans l'histoire comtoise.
Lignée de valeureux militaires puis de diplomates, elle va s'intéresser à la vie politique républicaine. À la tête de plusieurs mandats de conseillers généraux, députés, sénateurs, trois d'entre eux Léonel Rémi de Moustier (1817-1869), René de Moustier (1850-1935) puis son fils Léonel de Moustier (1882-1945), s'illustreront par leur engagement au Conseil général du Doubs. À mettre au bénéfice de leurs mandats, une politique sociale active qui trouvera sa traduction à Rougemont dans l'installation dans un premier temps d'un hospice puis dans un second temps d'une maison d'enfants.
Au cours du premier conflit mondial, cette famille viendra au secours des populations apportant son concours aux œuvres d'entraide, y compris par la cession de biens à la communauté sur sa fortune personnelle.
En 1940, Léonel de Moustier, parlementaire progressiste fidèle aux valeurs de la république, prouve sa détermination en refusant de voter les pleins pouvoirs à Pétain. Son engagement et ses actes de résistance lui vaudront d'être arrêté et déporté à Neuengamme, où il trouvera la mort le 8 mars 1945.

Thématiques :

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